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les légumes, les anciens donnoïent le premier
rang à hfève>faba 3 mvu[Mç. Cette prééminence ,
étoit fondée fur ce qu’on avoir trouvé le moyeg
de faire avec fa pulpe une farine quon appeloit
lomcntum, & qu on pouvoit employer pour faire
du pain. Cette farine , il eft v ra i, lorsqu’elle étoit
employée feule -3 produifoit un pain pefant ,
comme celui, qu’on fer oit de la farine de tout
autre légume ; mais on corrigeoit ce défaut en y
inêiant de la farine de froment , fur-tout du parus
3 & plulïeurs peuples fe nourrifloient de cette
forte de pain. Il paroît cependant que la plus
grande confommation de ce légume ne fe faifoit
pas de cette manière ; on le préparoit à la cui-
line 5 & en l ’affaifonnant diverfement , on en
faifoit pour l’homme un mets agréable & fain.
i/avanrage que l’on trouvoit à cultiver des fèves
ne fe bornoit pas-là encore j on en nourriffoit
les beftiaux, qui en mangeoient également , &
les coffes & les fabales ou pailles..»
a® La fève eft celui des légumes que l’on met !e premier
en terre.Onla feme (en Italie) avant le coucher
des Pléiades & avant l’hiver. Cependant l’opinion
de Virgile ell qu'on la feme au printemps,
comme cela fe' pratique aux environs du Pô.
Mais les fèves famées. de bonne-heure, c eft-a-
d ire., en automne 3 réufliffent toujours mieux
que celles qu’on ne féme qu’au printemps î le
bétail en mange plus volontiers les codes & les
tiges. Il eft néceffaire d’arrofer cette plante lorf-
qu’ elle eft en fleur j elle a moins befoin d’ eau
après la fljraifon. On eft dans -la perfuafion
qu’elle améliore la terre où on 1 a femee , &
qu’elle lui tient lieu d’engrais. C ’eft par cette'
raifon qu’en Macédoine & en Theffalie , lorique
la fève étoit en fleur , on retournoit la terre /
& on l ’enfouiffoit fous les mottes pour ferv;r de
fumier. »
: ce La fève demeure quinze ou vingt jours en
terre fans lever. Elle commence par pouffer des
feuilles , d'où il s’ élève enfuite une tige ou un
tuyau fans noeuds j cette tige eft feule & unique
dans la fève , comme dans le lupin. Tous les autres
légumes produifent plufieurs tiges , ôc quelques
uns , comme le cicer, Yervum & lajentille
ont leur tige rameufe & branchue : la fève feule
jette un bouquet de racine*. Les autres légumes,
fans en excepter le lupin qui a le plus de rapport
avec la fève 3 ne produifent qu’une racine fur-
culeufe en formé d'un long pivot, & c’eft dans
le cicer que cette racine eft la plus profonde^ La fève eft en fleur durant quarante jours , &
beaucoup plus long-temps qu’aucun autre légume.
La gouffe de la fève eft groffe & charnue , & de
plus les lobes de la femence font enfermées dans
une membrane forte & épaiffe, ce qui eft çauie
qu’elles -s’échauffent facilement. »
P Lorfque la f v e & Us autres légumes fe font
F i t *
élevés de terre à la hauteur de quatre doigts , S
eft temps d’en extirper les mauvaifes herbes, avec
le farclok. On excepte le lupin auquel cette manière
de farder eft nuiiible , parce que n’ayanc
qu’une feule racine , la plante meurt auffi-tot
qu’on Ta coupée , ou qu’on l’a feulement offen-
fée 5 & quand même cer accident n’arriveroit pas ,
ie farclage ne feroit pas moins inutile au lupin »
parce qu'il eft le feul d'entre les légumes q u i.
loin d’être incommodé des mauvaifes herbes,
les fait périr. Beaucoup de perfonnes penfent qu’il
ne ne faut pas farder les fives , parce que quand
elles font parvenues à leur maturité, on les arrache
avec la main , & que de cette manière on
les fépare facilement des mavaifes herbes que l’on
coupe enfuite pour faire du foin. Pour moi. dit
Coluraeile , je penfe qu’un laboureur eft très-
blâmable de fouffrir que Iqs herbes nuiiibles croif-
fent dans fes grains 5 je fuis donc d’avis qu’ il fard
e les fèv e s , Sc même jufqu’à trois fois; car
l’expérience nous a appris que trairées dé cette
manière , elles produifent beaucoup plus de graines
, que les coffes font plus maigres & plus min-
. ces , & le fruit plus nourri, & qu’enfin ,un mo-
dius de fèves écoffées rempliffent encore prefque
le modius f , après qu’on les a dérobées & de-
barraffiées de leurs peaux. «
t, Virgile veut qu’avant que de femer Xts fèves ,
on les faffe tremper dans de la lie d’huile
imprégnée de nitre ; il prétend que cette préparation
fait grandir la plante & groffir le fruit;
d’autres. pour le même effet, prefcrivenr.de les
faire tremper durant trois jours dans de l’urine.
C'eft vers le fôlftice d’ été qu’on fait la récolté
des fèves. C e légume eft très-fécond ; on en a
vu une^tige chargée de cent graines. Le modius
d t fèves pefe 10 livres ( l ÿ ) livres le boiffeau } ,
& rend, trois modius dé farine. On dit que les
fèves & les autres légumes enfermés avec- de la
cendre dans des vafes de l'efpèce de ceux qui fervent
à mettre de l’huile , fe confervent très-longtemps.
On a gardé des fèves de cette manière du*
rant cent vingt atis , qui étoient très bonnes. On
prétendau ffi que fi l’on introduit dans la pulpe des
fèves des graines de poireau, de roquette, de
laitue, de perfil, de chicorée ou de ftafitor ,
& qu’on les sème en cet état dans le fumier de
chèvre, ces plantes, en fenourriffant delà fubf-
tance de la fève , viennent d'une grandeur pro-,
digieufe. Nous abandonnons à l’expérience _ là
vérification I de toutes ces merveilles vantées
par les t anciens a« fujet de la fèveg & nous
ne parlerons point des ufages mylliques & fus.
péril itieux qu’on en faifoit dans quelques cérémonies
de là religion payenne. Nous ne nous
fouîmes propofes ici que de faire voir que^ la
fava des Romains , eft la fèbe commune que l’on
connoît fous cette dénomination fimple dans la
plupart des provinces, & qu’on appelle à Paris,
F E U
fève ie marais. C e n’eft pas l'opinion du pete
Hardouin , ni de la plupart des critiques > les
raifons qu’ils en apportent fon t, i° . que , Suivant
le témoignage de quelques anciens écrivains,
la fève des Romains éepit ronde & très-petite ,
au lieu que la nôtre eft un peu î longue &
grofie j 2®. que les anciens procédoient aux fuf-
frages avec la fève grecque ; que cette fève étoit
naturellement blanche ou noire j que la blanche
fervoit pour approuver ou pour abfoudre, &
la noire pour exclure ou pour condamner. «
« Quant à la forme de la fève des anciens,
je n’en dira!* rien , n’ayant pas vu les autorités
fur lefquelles ©n fe fonde. A l’égard de la couleur
, il ne faut que voir faire une récolte de
/év«-de-marais pour s’ affurer qu’il y en a de
blanches & de purpurines ou violettes , & que
ce font ces dernières que les anciens ont pu appeler
noires. La groffeur de ces fèves antiques
eft une queftiôn un peu plus emb.iraffante. J’ai
eu occafion , en traitant des pbids, d'obier ver
que la fève grecque pefoit un Scrupule ou vingt-
quatre grains de bled , & par conséquent environ
22 grains du poids de Paris- Mais qu’eft-ce que
la fève grecque ? Pline ( l i b .X V I , cap. 30 ; &
iib. X X X V , cap. 2. ) appelle faba gr&ca le lotos ,
dont le fruit à noyau -, fcmblable à la cerife , &
délicieux à manger , eft aftringent. Nous avons
également obfervé que la fève d’Egypte & de
Syrie étoit égale en poids à la drachme Afia-
tique , c'eft-.à-dire , à environ 44 grains du
poids de Paris , & que notre fève de marais
fans être choifle , étoit de 41 grains. Ces deux
poids diffèrent peu l’ un de l’autre. .' Mais par
fève d’Egypte & dé Syrie on entend une autre
produélion : voyons ce que c’eft. Pline ( lib.
X I I I , cap. 17. ; & lib. X V I I I , cap. 12. ) dit
que l’Egypte produit une efpèce de feve qui à la
tige molle , groffe & épine 11 fe 3 fans noeuds ,
haute dé quatre coudées 5 elle eft Turmontée d’un
fruit de couleur de rofe , femblable à celui du
pavot , mais découpé différemment , dans lequel
il y a au plus trente grains femblables à des
grains de millet. L ’auteur dit d’abord qu’on fait
pourrir ces fèves par monceaux , & qu’enfuite
on en fépare, par des lotions , les graines dont
en fait du pain, puis il dit ailleurs que ce fruit
eft amer , même à l’odeur, & femble infinuer que
fes graines ne font point bonnes à manger 5 mais
que fa racine, qui reffemble à celle du rofeau ,
çft fort bonne ,_crüè , & encore meilleure, cuite.
Peut-on croire que les Médecins anciens ayent
choifi, cette efpèce de putamen pour régler leurs
poids ? N-’auroient-ib pas dû préférer les graines
qu’ils contenoit , de qui de voie n* être plus égales :
Au relie , je parle d’une chofe que.je ne connois
que fur le rapport d’autrui , & je puis me tromper
; mais la defeription de la fève commune des
anciens » telle que je l ’ai expofé« d’après leurs
FEU 66f\
témoignages, me paroît fuffi faute pour prouver
que c ’étoit notre fève de marais, n
Fève d’Egypte , ancien poids de l’Afie & de
l’Egypte. Voyez ci-deffus & l ’article drachme ,
& l’ article l o t u s .
.FEUILLE à la main de quelques figures. Voye^
Eventail.
Feuille ( donner la ) aux pierres précieufeU.
Winckelmann parle dans fa defeription des prer*
res gravées deStofch, d’une belle tête de Pompé
e , gravée fur une cornaline. La tranfparence 6c le feu de cette pierre la faifoient prendre pour
un rubis. Elle étoit montée dans un anneau d’or ;
& r.onobllant fa beauté on y avoit mis la feuilla
. qui étoit d’or pur. Les anciens mettoient h f u i lie
à plufieurs pierres , -comme le dit Pline : Funda
includuntur perfpicu&j c&teris fubjicitur aurichalcum*
( lib. X X X V U y cap. 12. )
Feuille ( Nu'mifm ). On voit pour type une
j: feuille fur les médailles de Maronée du Péloponr.
néfe.
Feuilles ( diplomatiques ).
Q u’on ait autrefois écrit fur les feuilles de
palmier., & même de certaines mauves } nous
; en avons pour garans Pline l'h’ftorien & faint
lfidore de Séville , qui donne à fon tour pour le
lien ,. Cinna , dont il rapporte ces deux vers :
Levis in aridulo malva deferipta lïbcllo
Prufiacd vexi munera navicutâ.
Tout le monde fait en quels termes Virgile
parle des feuilles 3. fur lefquelles la Sybille arran-
geoit fes vers. Les Syracufains & les Athéniens
remàrquo'ient-ils parmi leurs concitoyens quelqu’
un , dont la puiffance pouvoit alarmer leur
liberté , ils ne balançoient pas à la iKcrifier à leur
j-iloufie : ils condamnoient à l’ exil , en mettant fon
nom par écrit, les premiers fur des feuilles d’olivier
, & les féconds fur des écailles d’huirre.
De là l’Oftracifme fi fameux dans Thiftoire. Les
feuilles d’ arbres , dont les anciens fe fervoient
pour écrire , n’ont rien de- comparable avec celles
du Macarequcau , dont on ufe en guife de
papier ’, dans quelques contrées des Indes Orientales.
Celles ci ont plus d’une toife de long » fur
un pied de large.
« L ’examen attentif des recueils de Reinefiu*
33 & de Fabretri a convaincu l’abbé Lebeuf ; que
>» les feuilles ( qui fe voient à côté deslignes dans
» les anciennes épitaphes), doivent être prites?^
» pour des ornemens employés par les graveurs*
» c ’étoient Us feuilles de quelque arbiiffeau, qui