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debout , relevant d’une main fa robe, St de
l’autre tenant une fleur. Il exifte un bas-relief
où cette divinité 3 debout & couronnée de fleurs,
a dans la main gauche des pavots & des épis,
& s’appuie de la droite fur une colonne ( Boijfard.
Antiq. rom. ) 3 devant elle on voit une ruche d’où
fortent des épis & des fleurs. Tous ces emblèmes
nous femblent très - ingénieux 3 car l’homme
efpère ou des biens, ou des plaifirs, & Yefpé-
rance lui fait oublier fes maux; or les biens
pouvoient-ils mieux être défignés que par un épi ?
les plaifirs que par une fleur ? & l’oubli des peines
que par un p a v o t? .. . . . . La ruche, cachant les
tréfors qu’elle renferme, tréfors qui ne font point
le produit du travail de l’homme, ne nous paroît
pas moins heureufement imaginée.
Nous apprenons de Lampride (in Anton. He-
liogabal. ) qu’on diftinguoit à Rome la Spes ancienne
d’avec la moderne. Celle que l’on voit,
pl. 88 des pier. grav. du palais royal, réunit des
ailes à fes attributs ordinaires ; & il faut avouer
que les ailes conviennent parfaitement à YEfpé-
rance y cependant, comme cet attribut fe rencontre
très-rarement, fe fur les pierres & fur les
médailles, on pourroit, à l’exemple de Boze,
prendre cette figure pour une victoire, conftam-
ment repréfentée avec des ailes, & dans les mains
de laquelle on voit aufli des épis & des pavots 3
mais le Calatus ou le Modius, dont la tête de
ce camée eft ornée, & qu’on retrouve fur une
figure de YEfpérance , qui eft au revers d’une
médaille de Pefcennius Niger , détruit le fentiment 1
de Boze , & ne laifle aucun doute fur l’explica-
tion de M. l’abbé le Blond.
On voit fur une prime d'émeraude de la collection
de Stofch, YEfpérance debout, tenant de
la main droite une fleur , fon fymbole ordinaire.
Sur d’autres ( Gruter. infer. p. Cil. ) monumens
elle porte aufli des épis de bled & des têtes de
pavot.
Cette figure, de même que les trois autres
EJpérances de cette collection, font habillées à
la manière des figures étrufques , quoique les trois
gravures en total ne foient point de la manière
de cette nation. Il fe pourroit bien que le genre
de draperie qu’on leur v o it , & qui eft caraétérifé
par des plis parallèles, eut été particulier à
YEfpérance. En effet, on obferve le même goût
dans les vêtemens de cette déeffe fur une médaille
de Claudius & de Philippe l’Arabe , aufli
bien que dans fa ftatue à la villa Ludovifià Rome.
Cette ftatue, haute de deux pieds, méconnue
autrefois pour une ftatue de YEfpérance, parce
que l’infcription, gravée fur fa bafe~, étoit couverte
par une croûte épaifle de terre endurcie
fe de moufle 3 la voici :
E S Q
Q. A Q V IL 1Y S . D IO N Y S IV S . ET.
N O N I A . F A V S T I N A , S P E M . RES
T I T V E R V N T .
E SPRIT. Les platoniciens difoient qu’il y avoir
un efprit répandu dans l’univers, qui animoit tout,
qui étoit le principe de toute génération, qui
donnoit la fécondité à tous les êtres 3 que c’étoit
une flamme pure, vive & toujours a Clive, à
laquelle ils donnoient le nom de dieu. Voye^ Génies.
Esprits.grecques ce s Ocnar atcrtoèurevse Hfu r, qHu e3 lqleu esp remméideari lleefls:
Yefprit doux, le fécond Yefprit fort.
; ( le mont} J } une des fept collines
- de la ville de Rome ; c ’ell ce qu’on appelle
aujourd’hui la montagne Ste. Marie Majeure.
On écrit aufli en latin exquilisy & l’on croit que
ce nom s’eft' formé, par corruprion, d'excubis, s
& qu’il fut donné à cette hauteur, à c-aufe des
fentinelles que Romulus y mit, de crainte d’être
furpris par Tatius, duquel il fe méfioit. D ’autres
veulent qu’il ait été formé de q u if qui lis, , parce
que c ’étoit là que ceux qui prenoient des oifeaux ,
tendoient leurs filets , & qu’ils jettoient des ordures
, quifquilias, potir les attirer & leur fervir
d’appas. D ’autres enfin prétendent qu’il vient
A'excolo y qu’on le donna à cet endroit lorfqu’il
fut cultivé, de même que nous avons appelle
cultures, ^coutures, des endroits nouvellement
cultivés, & que ce nom leur eft enfuite refté.
Quoi qu’il en foit, Servius Tullus l’enferma dans
Rome, & s’y fit un palais & des jardins. Le
mont Efquilin avoit à l’Orient les murailles de
la ville , au Midi., la voie Javicane, à l’Occident,
la vallée qui étoit entre le mont Coelius & le
mont Palatin, & au Septentrion, le montVimi-!
nal. Il formoit la cinquième région ( quartier )
de Rome, à laquelle il donnoit fon nom , &
qu’on nommoit région , Efquiline.
La porte Efquiline éroit une porte de Rome ÿ
qui étoit du côté du mont Efquilin. La tribu
efquiline étoit la fécondé des quatre tribus de la
cité de Rome.
On exécutoit les criminels hors de la porte
Efquiline. ( Tacit. annal. I I . 3.2. y .) C ’étoit là
aufli que l’on brûloit ou enfévelifîbit les corps
des efclaves. Mécène planta des jardins fur le
mont Efquilin. L ’empereur Gallien en aimoit le
féjour, & il y fit bâtir un arc de triomphe*
qui porte fon nom.
E S U
ESSAYEUR. Il y avoit dans chaque ville plu-*
fleurs, ou au moins un ejfayeur des monnoies,
appellé chez les grecs Çuyosetnis, & chez les
romains libripeus.
E S S E D A R I I . \ 11 (f j , 111 J B
E S S E D U M j L effedüm étoit une efpèce
de chariot en ufage chez les belges & chez d’autres
peuples des Gaules 3 il étoit à deux roues, •
& tiré par deux chevaux ou deux mulets, marchant
l ’un à la queue de l’autre. On s’en fervoiç
à la guerre. Les combattans , appelles ejfedarii, .
étoient debout dans leur ejfedum. Les gens du
peuple & les perfonnes diftinguées voyageoient
dans cette voiture ; on y mettoit indiftinélement
fe des hommes fe des bagages 5 on en conduifoit
dans les triomphes 3 on en fit courir dans les
cirques 3 on en fit même monter par des gladiateurs
, qui jcombattoient fur Y ejfedum, & qui
furent appellés ejfedarii.
eetiaia. Héfychius donne ce nom à des fa-
crifices folemnels offerts à V e fta , appellée par
les grecs EsU. Il n’étoit permis à perfonne autre
que les facrificateurs, d’emporter quelque partie '
des viétimes.
ÉSUS ou HÉ SUS, grande divinité des gaulois
, que l’on croit être leur dieu de la guerre.
Lorfqu’ils étoient fur le point de donner bataillle,
ils faifoient voeu de lui confacrer toutes les dé-^
pouilles, & de lui immoler non - feulement les
chevaux qu’ ils prendroient fur l’ ennemi, mais
encore tons les captifs : ce qu’ils n’exécutoient
que trop fidellement. C ’eft par Teffufion du fang
humain, dit Lucain, qu’ils appaifent leur dieu
Éfus. Ils portoient même quelquefois leur inhumaine
fuperftition , jufqu’ à lui immoler leurs
propres' enfans, & leurs femmes, pour fe le
rendre favorable.
. ; On lit Héfus dans Lucain ( l. I . v. 445. ) ,
Éfus dans LaCtance, & même dans les manuferits
de Lucain, à ce que dit Grotius. Bochart, dans
fon Chanaan l. I . c. 41 , croit que Héfus fignifie
proprement fo r t , qu’ il vient de l’hébreu, ou
phénicien, Hisgu^ y que les phéniciens'donnèrent
ce nom à Mars, & l’appellèrent A Ç t& s ,
comme Julien l’ apoftat l’afliire , d’après Jambli-
q u e , dans fon oraifon fur le foleil, & ailleurs'
encore 5 il dit que Hé fus , ou A çi^u s, étoit honoré
par ceux d’E defle, en Syrie 5 qu’ il fe joignoit
au foleil ; qu’ il étoit le précurfeur du foleil.
Il ajoute que H é fu s , ou le Mars des gaulois
( Csf. bell. gallic. lib. V I . ) & des germains ,
n’étoit point comme chez les romains l’ aftre de
Mars , mais Jupiter ou Apollon. De l’étymologie
rapportée ci-deflus, il s’enfuit que 1 Efus des
manuferits eft mieux que Héfus. Sur l’un des
monumens qui ont été trouvés dans les fondemens
E T
du nouvel autel ,de Notre-Dame de Paris, il y
a une figure d’Efus. Il eft fans barbe, couronné
de laurier, vécu d’une fimple tunique qui n’a
point de manches, fe qui depuis le cou iufqu’ à
la ceinture, ne lui couvre que l’épaule & le côté
gauche 5 la partie qui devroit couvrir le côté
droit, paroît ramaffée autour de la ceinture. Il
a le bras droit nu, pour pouvoir agir plus librement.
La tunique ne defeend que jufqu’aux genoux.
Il appuie la main gauche fur un arbre tronqué
; de la droite il tient une hache élevée,
& dans la pofture d’ un homme qui en décharge
un coup fur quelque chofe. Au r e f te fo n nom
fur ce monument eft écrit Esus. On trouve dans
les mémoires de l’Académje des Infcriptions les
deflins de ces monumens gaulois.
E S YM N E T E , a ’iruftvîms.
Le verbe Kio-vp^ùw fignifioit dans les anciens
temps régner, gouverner. ( Héfychius. ) Lorfqu’on
élifoit un prince, pour gouverner une ville, on
l’appelloit éfymnete, ou tyran, Uâxow Ki<rug,r/,Tw
% rupuyvov, parce que le prince rendoit la juftice ,
& la faifoit obferver, roc à In a , 0 ïsi, râ
vtfciï ou T>jpe7, d’où il étoit appellé At<rufcvr,7-/,s y
ou ( lliad , l. X X I V . v. 347. ) Homère
fait mention de Y éfymnete. Ce fouverain ,
magiftrat créé par éleélion , étoit à v ie , ou feulement
pour un temps. Arijlot. polit. I. I I I . c.
X I V . ) Un marbre de T é o s , en Ionie, d’ une
grande antiquité, prouve que cette vflle étoit
gouvernée par un éfymnete, (Chishull. ant. ajiatic.
p. 98. ) & qu’ il cpmmandoit dans la ville & dans
fon,:territoire : AISïm n q i en t e ü i h r a i th i
THIHI.
Dans la fuite des temps on donna le nom d'éfym-
netes aux préfidens des jeux publics, ou à leurs
-miniftres , Ai<rvp.vrf\cu ol TOU A’ymoç Trpotsurts sj
u-ârqpeTcii. La ville de Chalcédoine, fuivant un
marbre, publié par le comte de Caylus ( Rec. 1 .
p. 175. ) étoit gouvernée par un fénat ; mais
elle avoit fix magiftrats fouverains, appellés éjym-
nétes, qui changeoient tous les mois.
Denys d’Halicarnafle appelle en grec éfymnétes,
les dictateurs romains.
É s y m n e t e , furnom donné à Bacchus, à caufe
d’une de fes ftatues, faite de la main de Vulcain,
& donnée à Dardanus par Jupiter même. Voye%
E u r y p i l e .
C e furnom a ïcrufcg.viiT^ pouvoir venir du mot
umoytpitjT^s, de bon augure.
E T . La particule & , ainfi formée,- ne fe
trouve ordinairement que dans les écritures cur-
fives & minufcules anciennes. Elle y eft non-
feulement féparée, mais elle entre encore dans
la compofîtion des mots, comme dans RfeiNfe,