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d’emboljaria aux femmes de théâtre ^qui tendoient
des pièges aux hommes comme courtifanes ?
EMBOLISME , intercallation.
Fmbolifmus. Les grecs fe fervoienr de Tannée
lunaire , qui eft de 3 54 jours 5 mais pour l'approcher
de Tannée folaire , qui eft de 365 3 fans
compter quelques heures de part & d'autre, ils
ajoutoient, tous les deux ou tous les trois .ans ,
un treizième mois lunaire, qui s'appelloit embo-
limceus , parce qu'il étoit inféré & intercalé. Em-
bolifme vient du grec 'î^oKuruo? , formé de
*uv3 inférer.
E M B O L U M 3 > , . . 1 emb o A o n , f eperon de la proue des navires
anciens, ou plutôt toute la partie baffe de
la proue, où Ton plaçoit 1 éperon, roftrum | au-
devant de laquelle on attachoit l'animal qui fer-
■ vok d’enfeigne particulière au navire, & aux
côtés de laquelle ori peignoit deux y eu x , pour
lui donner une reffemblancé avec une tête d'homme
, ou d'animal. Winckelmann a publié 3 dans
fes monumenti inéditi , un vafe étrufque du Vatican,
fur lequel un navire eft repréfenté fous la forme
d'un poiffon, dont la proue eft figurée par la
tête de l’animal. C e favant Ta cependant prife
pour la poupe, peut-être à caufe deîon élévation.-
EMBRASSEMENT. Les romains mettoient
ordinairement une différence entre ces trois mots,
ofculûm, bajjum , & fuavium. Le premier apparte-
noit à l'étiquette ou àl'ufa ge, le fécond à l’amitié
, & lé troifième à l'amour : ofcula ojficiorum
funt , b a fia pudicorum affeftuum, fiuavia libidinum ,
v e l amorum, dit Donatus , interprète de Térence
( in Eun. I I I , z . 3. ) . Quoique cette diftin&ïon
n'ait pas été fuivie conftamment par les écrivains
de Rome, elle eft cependant efféntielle à rapporter
ic i, pour l'intelligence de plufîeurs paffa-
ges. latins.
Les romains baifoient leur main, & Téten-
doient enfuite vers les ftatues des dieux ou des
empereurs -, & vers les perfonnes qu'ils vou-
loient honorer. Cette aétion étoit exprimée par
ces mots , a facie jàÜare manus, & par ceux c i ,
jaêiare bafia, ou ojcula. Les joueurs de flûte, les
chanteurs , les pantomimes , & c . qui paroiffoient
fur les théâtres de Rome, faluoient le peuple
de cette manière', .& en pliant le genou gauche
pour s'incliner. Tacite raconte de N é ron , que
paroiffant fur le théâtre, il fe fournit à cette
humiliation ( annal. X V 'I . 4. 3. )': pofiremogenu-
fiexus , G* coetum ilium manu veneratus eft. Dans
le cirque, les cochers qui entroient dans la carrière,
faluoient suffi le peuple en baifant la main
dont ilstenoient leur fouet, ou le fouet même :
Xiphilin l'affure de Cayacalla. ( L X X IX .)
Lorfque deux romains, qui fe connoiffoîent
fe rencontroient, ils s‘ embr&ffoient au front Sc
même fur la bouche. Martial fe plaint fouvent ,
dans fes épigrammes, de cet ufage fatiguant &
incommode. Les parens, même ceux de différent
fexe , s'embraffoient aùffi lorfqu'ils fe - rencontroient
j & Properce reproche à fon amie les
embrajfemens qu'elle recevoit de plûfieurs hommes
fes prétendus parens ( II. 5. 7. ) :
Quinetiam falfos fingis tibi fcepè propinquos,
Ofcula nec. défunt qui tibi jureferant.
On blâmoit Tibère de ce qu'il embraffoit rarement
ceux qui fortoient de fes audiences ( Su et on.
c. 10. )} Néron de ce qu'il ne les embraffoit ni
en les abordant, ni en les congédiant ( Suet.
c. 37. ) ; Caügula de ce 'qu'il étoit avare d’ ern-
braffemens ( Diod. L IX . ). Trajan au contraire fut
loué de ce qu'il embraffoit les fénateurs, en les
abordant & en les congédiant ( P lin. paneg. c. 24.),
tandis que fes prédéceffeurs leur donnoient leurs
pieds à baifer, ou leur rendoiént leur faîut de la
main feulement : non tu civium amplexus ad pedes
tuos deprimis3 nec ofculûm manu reddis.
Nous ne parlerons point des autres embraffeT
mens ; nous ajouterons feulement que les anciens
embraffoient quelquefois leurs amis ou les enfans
en tenant les deux oreilles. Cette manière à'em-
braffer s'appelloit #«Vpov, ou ofculum le
.baifer de J a cruche , parce que l'on prenoit, la
tête de celui qù'on vouloit embraffer par les deux
oreilles, comme on foulevoit une cruche à deux
anfes, appellée Théocrite ( Idyll. v. 131.)
en fait mention. Plaute en parle fouvent. C -Afin. HJ 3 .7 8 .) :
Prehende auticulis , compara labélla cum labellis. .
'EME
' ÉMERAUDE , fharàgdus.
. cc Les anciens, dit Buffon( page 5^07 , tqiii. IIÏ.
de fa Minéralogie, d'où cet article eft extrait
) , au rapport de Théophrafte ( lapid. & gemm,
44 ) 3 fe plaifoient à porter Témeraude en
bague, afin de s'égayer la vue par fon ,éclat &
fa couleur fuave ; ils la tailloient, foit en cabochon,
pour faire flotter là lumière, foit en
table pour la réfléchir , comme' un miroir , foit
en creux régulier , dans lequel , fur un fond
ami de T oeil , venoît fe peindre les objets en ra-
courci. C ’eft ainfî que Ton peut entendre ce que
dit Pline ( Nero princeps gladiatorum pugnas fpec-
tabac fmaragdo. lib. X X X V I I . n°. 1 6 .) d’un empereur
qui voyoit dans une émeraude les combats
des gladiateurs: réfervantY émeraude à ces ufages,
ajoute le naturaiifte romain , & refpeéhnt fes
beautés naturelles, on fembloit êtreconvenu de
ne point l'entamer par le burin 3 cependant il re-
éonnoît lui même ailleurs que les grecs avoient
quelquefois gravé fur cette pierre , dont la dureté
s'eft qu’à-peu-près égale à celle du çriftal de
roche & des belles agathes C Hv. X X X V I I , n°. 3 ).
Il parle de deux émeraudes, fur chacune defquelles
étoit gravée Amymone, Tune des Danaïdes ;
& dans le même livre de fon hiftoire naturelle
n°. 4 j il rapporte la'gravure des émeraudes à une ,
époque qui répond en Grèce au règne, du dernier
des Tarquins. Selon Clément-Alexandrin, le ;
fameux cachet de Poiycrate étoit une émeraude
gravée par Théodore de' Samo's ( B . Clem. A le x .
padag. lib. I I I . ). Lorfque Lucullus , ce romain fi
célèbre par les richeffës & par fon luxe , aborda
à Alexandrie, Ptolémée, occupé du foin de lui
plaire , né trouve rien'de plus précieux à lui offrir
qu'une émeraude} fur laquelle étoit gravé le portrait
du monarque égyptien ( Plut, in Lucul. ) «.
• « Je ne conçois pas , continue le comte de-
Buffon , comment on a pu de nos jours; révoquèr
en doute Texiftence de cette pierre dans l'ancien
continent, & nier que l'antiquité en eût .jamais
eu connoiffançe $> .c'eft cependant l’affertion d'un
auteur récent (M . Dutens), qui prétend que les
anciens n'avoient pas connu P émeraude, fous prétexte
que dans le nombre des pierres auxquelles
ils ont donné le nom de fmaragdus, plufieurs
ne font pas des émeraudes ; mais il n'a pas penfé
que ce mot fmaragdus étoit une dénomination générique
pour toutes les pierres vertes , puifque
Pline comprend fous ce nom des pierres opaques,
qui femblent n'être que des prafes ou même des
jafpes verts j mais cela n'empêche pas que la véritable
émeraude ne foit du nombre de ces fma.
ragdes des anciens: il eft même affez étonnant
que ce^auteur, d'ailleurs très-eftimable & fort
inftruit, n'ait pas reconnu la véritable émeraude
aux traits vifs & brillans, & aux cara&ères très-
diftinétifs fous lefquels Pline a: fu la dépeindre.
Çt. pourquoi chercher à atténuer la.fqrce desté- Antiquicés 3 Tome II.
E M E j i 3
I moîgnages, en ne les rapportant pas exaélement ?
Par exemple, Fauteur cite Théophrafte comme
ayant parlé d'une émeraude de quatre coudees de
longueur, & d'un obélifque à!émeraude de quarante
coudées ; mais il n'ajoute pas que le natu-
ralifte grec témoigne fur ces faits un doute très-
marqué , ce qui prouve qu’il connoiffoit affez
la véritable émeraude.pour être bien perfuadé qu'on
n'en avoir jamais vu de cette grandeur. En effet ,
Théophrafte dit en propres termes : queVémeraude
eft rare G* ' ne f e trouve jamais en grand volume
E ’si iïïtrvavccty *<*< rc ftsy&os » (ttyàxq ( de Lapid. )
» à moins, ajoute-t-il, qu'on ne croie aux mé-
» moires égyptiens, qui parlent àlémeraude de
quatre & de quarante coudées Mais ce fon t
ckofes-, continue-t-il, qu i l fautlaifferfurleurbonne
fo i y & à l'égard de la colonne tronquée ou du
cippe d'émeraude du temple- d’Hercule à T y r ,
dont Hérodote fait aufli mention , il dit que c'eft
fans doute une fauffe émeraude. Nous conviendrons
avec M. Dutens, que des dix ou douze fortes
de fmaragdes, dont Pline fait l'énumération ,
la plupart ne font en effet que de fauffes émeraudes
; mais il a dû voir comme nous, que Pline
en diftingue trois comme fupérieures à toutes les
■ autres. La première eft Xémeraude nommée par
les anciens1, pierre de fcy tkie , 6c qu’ils ont dit
; être la plus belle de toutes. La fécondé, qui
, nous paroît être aufli une émeraude véritable, eft la
baSlriane, à laquelle Pline attribue la même dureté
& le même éclat qu'à ïémeraude fcythique3 mais qui,
ajoute-t-il , eft toujours fort petite. La troifième,
qu'il nomme émeraude de Coptos, & qu'il dit
! être en morceaux affez gros , mais qui eft moins
parfaite , moins tranfparente , & n’ayant pas le
v if éclat des deux premières. Les neufs autres
fortes étoient celles de Chypre, âlEthiopie, d Her-
minie, de Perfê , de Médie , de XAttique , de
Lacédémone ydë Carthage, & celle d'Arabie, nom-
j mée Cholus.. . . . La plupart de celles-ci, difent
les anciens eux-mêmes, ne méritoient pas'Ie nom
à*émeraudes , & : n’étoient, fulvant Texpreflion
de Théophrafte,-que de fauffes émeraudes, pfeu-
, dofmaragdi.> On les trouvoit. communément dans
les environs des mines de cuivre , circonftance qui
. peut nous les faire regarder comme des fluors verts ,
i (ou peut-être même des malachites ). Il eft donc
évident que dans ce grand nombre de pierres
; auxquelles les anciens donnoient le nom générique
de fmaragdes, ils avoient néanmoins très-
bien fu diftinguer & connoître Xémeraude véritable
qu'ils caraéterifent, à ne pas s'y. méprendre,
par fa couleur, fa tranfparence & fon éclat ( Voy
Théophrafte, n°. 44 > & Pline, liv. X X X V I I .,
n°. 16 ). L'on doit en effet la féparer & la placer
à une grande' diftance de toutes, les autres
pierres vertes, telles que les prafes, les fluors
verts , les malachites , & -les autres pierres vertes
opaques de la claffe du jafpe, auxquelles les an-
. ciens appliquoient improprement & générique-
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