
fera de 715,008 livres. Où eft l’impoflibilité de
dreffer une ftatue cinq fois moins lourde ? II pa-
roît d’ailleurs que les Rhodiens avoient un goût
particulier pour les ftatues colojfales. On en comptoir
dans leur ille , félon Pline, plus de cent, dont
une feule auroit fait l’ornement de toute autre
ville. Le même auteur, le dirai-je ? parle d’un
colojfe de quatre cens pieds , élevé de fon temps
à Clermont en Auvergne ,. par un certain Zéno-
dore.
11 eft probable que ces prodiges de l’art n’étoient
pas fondus d’ un feul jet: le long efpace qu’auroit
eu à parcourir le métal en fufion, lui auroit donné
le temps de fe refroidir, & auroit fait manquer
la fonte. Sans doute qu’ils ne l’auront été qu’en
tonnes , c’eft-à-dire , par parties. On peut conjecturer
encore avec plus de fondement, que le colojfe
de Rhodes étoit un ouvrage de platinerie ou
de cuivre battu au marteau ; ce que Pline nous
donne à entendre en difant, qu’on appercevoit
d’énormes cavités dans fes débris. La itatue du
Connétable de Montmorency à Chantilli , la
chaire de S. Pierre à Rome, qui a quatre-vingt
pieds de hauteur, & le colojfe d’Arona, dans l’état
de Milan , représentant S. Charles. Borromée ,
haut de cinquante à Soixante pieds, nous offrent
des exemples de ce genre de travail, 8c diminuent
notre étonnement. Si un Souverain peu riche, &
une petite ville ont pu approcher de fî près de la
magnificence des Rhodiens, qui doutera que ces
derniers, aidés par les plus opulentes- cité^ de
la Grèce , aient fabriqué ce célèbre monument ?
On peut regarder comme très-douteux ce que
nous trouvons dans du C h o u l fu r les ornemens
du colojfe & fur fa pofition. Vigenère , écrivain
du Seizième fiècle > paro’it être le premier qui l’ait
placé à l’entrée du port, 8c les jambes écartées.
Cependant on défend fon opinion , & nous en
donnons ici la preuve.'
Comment les vaiffeaux paffoiemt-ils entre les
jambes du colojfe ? Elles avoient à peu- près Soixante
pieds de longueur, en y joignant les çuiflès,
& étoient placées fur deux rochers, qui, fermant
l’entrée du port, ne laiffoient de paffage que pour
une galère. Perdons de vue nos vaiffeaux de ligne,
qui portent jufqu’à cent quatre-vingt pieds de
mâture. Rep'réSentons-nous ceux.des.anciens, qui
tous alloient à rames, 8c ne portoîent' dès-lors
que des voiles fort petites , côtoyant toujours le
continent, 8c tirant très-peu d’eau. Or, quelque
petite que foit la hauteur des rochers qui fervoient
de bafe au colojfe, nos galères palferont entre fes
jambes avec toutes leurs flammes, banderolles &
voiles déployées. Rien ne doit donc étonner dans
cet ouvrage admirable que la. hardie fie du fculp-
teur, 8c celle de l’ hiftorien qui l’a révoqué en
doute , contre le témoignage de toute l’antiquité.
Le nombre des chameaux qui tranfportèrent
les débris de la .fl?tue du Soleil, forme encore ijnç
difficulté qu’il faut applanir. Je ferai remarquer
auparavant quelle route oblique ont pris Roliiu
& Jofeph Scaliger pour eftimer foe poids. Au
lieu de le conclure de fa folidité par les calculs
ordinaires, ils l’ont conclu du nombre & de la
force des chameaux. Auffi leur erreur eft fi coniî-
dérable, qu’à chercher la hauteur du colojfe par
le poids qu’ils lui affignenr, on la trouveroit de
fix cens pieds au moins 5 calcul extravagant. Le
diacre Paul, Zonare 8c Cédrenus font mention
de neuf cens chameaux. Le îefpeét outré. 8c l ad«
miration exceffive pour l’antiquité, dont étoient
pénétrés les deux auteurs modernes que j’ ai cites,
leur a fait adopter aveuglément ce nombre exagéré.
Conftantin Porphyrogénète en compte trente
mille , 8c Théophanes en ajoute encore quatre-
vingt. C ’èft d’eux qu’il faut dire avec Juvénal :
Qui c qui d Gracia mendax audet in hijloria. Le P.
Riccioli , dans fa chronologie réformée, a réduit
ce nombre à 3 18 , fentant le ridicule des neuf
cens. Pour moi je les réduits encore à cfentj fonde
fur la vraifembîance, fur le témoignage de la Mar-
tinière, de l’Abbé de Vertot, 8c far une tradition
confiante. Les grands chameaux , félon Chardin
8e M. le Comre de Buffon, portent jufqu’à treize
quintaux, qui, multipliés par cent, donnent une
charge de treize cens quintaux. Si l’on confidère
que le pied grec eft de quelques lignes plus court
que le nôtre ; que j’ ai fuppofé, contre le témoignage
de Pline, le colojfe maffifj que d’ailleurs il
étoit d’airain, mélange de cuivre 8c d’ étain plus
léger d’un feptième que le premier j & qu’enfin le
déchet 8c les vols avoient diminué fa mafïe, on
rapprochera aifément les quatorze cens quintaux
trouvés par mon calcul, des treize cens que nous
fournit la charge de cent chameaux
cofossWvs. } Colvr\ jS **>** ce nom à la couleur pourpre , & il la tire de-celle
des fleurs du. cyçlame ( xxr. 9. ). In v'epribus naf,
; çitur cyclarninum. f lo s ejus çolojfinus in çorqiias
: açlmit titur,
COLUM vinarium. L ’infiniment que les anciens
employoient à paffer le vin s’appeloit
colum •vinarium. On en conferve deux dans le cabinet
d’ Herculanum > ils font d’un métal blanc., &
travaillés avec élégance. Chacun eft formé; de deux
plats ronds 8c profonds > ( le diamètre eft d ’un
demi-palme, 4 pouces françois ) garnis d’un man?
che applati, les deux plats font faits de façon que
l’un entre parfaitement dans l’autre > 8ç iers manches
fe joignent fi bien qu’étant réunis , le tou t.
né paroît faire qu’ un feul vaiffeau. La partie fu-
périéure eft percée d’une manière particulière 5 8c
c’étoit toujours fur ce premier plat qu’on verfoit
le vin , qui couloir dans Le plat inférieur, d’où on
le tiroic pour en remplir enfuke les coupes.
• A dix. lieues de l’ancienne Capoue , près d’un
endrojc appelé Trçbbia, M, Hamijton fit ouvrir .
- ■ plufieurs
phifieurs tombeaux pour en examiner l’architecture
, 8c pour découvrir des vafes étrufques ou
-campa,niens. Entre-autres vafes 8c uftenfiles qu’il
y trouva placés autour du fquélette, étoit un
colum vinarium de bronze , efpèce de, jatte profonde
, percée de plufieurs trous en forme de
tamis, 8c garnie d’un manche. Cette jatte s’adap-
toit à une foûcoupe fans trous, 8c fervoit à paffer
le vin. Car les vins des anciens que l’on confervoit
dans les grands dolia de terre cuite, préférablement
aux çonneaux de bois , étoient plus épais
que les nôtres, 8c avoient befoin d'être paffés
dans un colum.
Colum nivarium, paffoir.e deftinée à épurer l a
neige que les Romains mettoient dans leur
boiffon pour la rafraîchir. Les riches avoient pour
cet objet des colum d’argent j mais les pauvres 8c
les citoyens moins riches fe fervoient d’un fac de
lin ou d’un tamis. Nous trouvons cette diftinétion
dans une épigramme de Martial ( 14 ) :
Setinos moneo nojlranive frange trientes :
Pauperiore mero tingere lifta potes.
II feroit affez difficile de décider fi les colum
trouvés à Herculanum ont fervi à paffer le vin ou
la neige.
. COLUMBARIUM, ƒ C et01t un maufo,ee
ou un tombeau deftiné à renfermer les cendres de
quelque famille illuftre. Le nom de columbarium
fut donné à ces rr.aufolées , à caufe de la reffem-
blance qu’ ils avoient dans leur intérieur avec uh
colombier, columbarium. Les urnes, olla3 qui con-
tenoient les cendres, étoient placées les unes au-
deffus des autres, dans des niches pratiquées dans
lemùr, comme les nids des pigeons. I l y avoit
ordinairement une inferiptio-n au-deffus de chaque
urne, qui apprenoit le nom de la perfonne dont
elle renfermoit les cendres.
En 171 6 , on trouva près de Rome le columbarium
de la maifon de L iv ie , c’eft-à-dire, des officiers
de fa maifon, 8c de leurs femmes & ènfans.
Plufieurs antiquaires d’Italie ont donné la figure
de ce columbaire avec les^infcriptions que l’on y
lifoit. Le Père Montfaucon a publié le deffin d’un
femblable columbaire ; & l’on en voit un pareil
dans les peintures de Sante-Bartoli.
Spon ( Mifcellan. Antiquie. ) a publié les inf-
criptions quôn lifoit dans le columbaire de. la famille
Abuccia. En voici la principale :
L. A BU CCI U S HERMES IN HOC'
.ORDINE A 3 I MO AD SUMMUM
•COLUMBARIA IX. CLLÆ X V III .
SIRI P.OSTERISQUE SUIS.
Les .niches renfermoient quelquefois deux
Antiquités , Tome I I .
urnes; c’e’toient les cendres du mari 3c de la
femme.
C O LUM E L LA , petite colonne. On donnoit
ce nom aux cippes que l’on élevoit fur les fépul-
tures. Cicéron dit ( de leg. i l . 26. ) que le Législateur
Pittacus fixa à un cippe, ou columella de trois
coudées de hauteur les ornemens des fépultures :
Pittacus fuper terra tumulum noluit quid (tatui ,
nijî columellam tribus cubjtis ne altiorem.
C O LUM N A R I I , gens perdus de dettes, 8c
qui avoient été fouvent cités par le Préteur au
pied de la colonne Méniane ( Cicer. famil. vm . 9.) .
Nolo te putare Favonium a columnariis prateritum
ejfe.
CO LUM N A R IUM , impôt que la loi Julia
fomptuaire avoit établi fur le nombre de colonnes
qui fe trouvoient dans chaque édifice de Ro|ne.
COLYBRASSOS, en Cilicie, k o Aïb p a c c e û n .
On a des médailles impériales grecques de cette
v ille, frappées en l’honneür de Trébonien-Gallus,.
de Salonin . . . . . Pellerin.
COLYSÉE. Voyei C o l is é e .
COMÆUS, furnom d’Apollon, fous lequel il
étoit adoré à Séleucie , d’où fa ftatue fut portée
à Rome , 8c placée dans le temple d’Apollon-
Palatin. On dit que les foldats qui prirent Séleucie
s’étant mis à chercher dans le temple d’Apollon.
Comaus des tréfors qu’ils, y fuppofoient cachés ,
il fortlt par l’ouverture qu’ils avoient faite , une
vapeur empoifonnée qui répandit la pefte depuis
cette ville jufques fur les bords du Rhin j c’eft-a-
dire que ce pillage & cette pefte ( fi elle eft vraie )
arrivèrent en même-temps , & que le peuple ,
toujours fuperftitieux , regarda l’ un de ces événe-
mens comme la caufe de l'autre. Apollon - Cômauts
veut dire Apollon a belle chevelure , l’ idée poétique
de donner à Apollon une belle chevelure
blonde, vient, félon toùte apparence, de la manière
éparfe dont on voit fes rayons lorfqu ils
tombent obliquement fur une forêt épaiffe , &
qu’ ils paffent entre les feuilles des arbres comme
de longs filets lumineux 8c blonds. Les Naucra-
tiens céiébroient fa fête eri habit blanc , félon
Athénée.
COMAGÈNE. Voyei C o m m a g è n e .
CO MAN A , dans le Pont Galatique. k o -
M A N Î IN .
Les médailles autonomes de cette ville font :
RR R. en bronze.
O. en argent.
O. ên or.
Leur type ordinaire eft l'égide.
Devenue colonie Romaine, Comana a fait frapper
des médailles latines en l’honneur' de Cara-
calla , avec cette légende :
COL. JU L. AUG. F. COM ANORUM. — Colonia
I Juliç, Àugujla fé lix Comanorum.