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nous oppoferons nos cïrographes à ces autres
infcriptions, ,& nous qualifierons les premières
cïrographes proprement dits. On pourra conti-
nuer d'appeler cïrographes les chartes parties.
Nous nommerons cïrographes , & non pas chiro-
graphes ,■ leurs infcriptions marginales ; parce
qu'elles montrent communément ce mot écrit fans
h dans fa première fyllabe. «
' ce Les infcriptions coupées par moitié des plus
anciennes chartts-parties qu'on connoiffe , ne
manquent guères de renfermer cyrographum 5 mais
51 paroît fouvent accompagné au nom des con-
traélans , de celui de leurs dignités 3 ou de leurs
églifes. A ce terme 3 il n’eft pas rare de joindre
quelque épithète 3 comme memoriale 3 commune 3
& c . Quelquefois il eft fuivi de plufieurs mots qui
fpécifient la charte 3 par exemple 3 cyrographum
zèjlimonii ifiius feripturs., &c. On donne ordinairement
tant d’étendue aux lettres qui composent
]t cirographe 3 ou bien on laifïe entr'elles tant
d'intervalle 3 qu'on n’a pas befoin d'y ajouter
d'autres expreflions..
« Chez les Anglo-Saxons * les chartes étoient
divifées par les lettres (Rickes3Dijfert.Epifi. p. 7 6.
77. ) de l'alphabet, par des mots que les plus
habiles • ne fauroient deviner, par le figne de la
croix , & plus communément par cyrographum ,
auquel on ajoutoit quelquefois les noms & du
donateur ôc du donataire. »
Depuis la domination des Normands en Angleterre
, les cyrographes continuèrent de paroïtre
aux marges fupérieures 3 inférieures & latérales
de leur chart ts-parties 3 ou de leurs endentures,
depuis que la mode en fut venue. C’étoit quelquefois
une infeription édifiante 3 comme in no-
mine domini : Jhefus Maria. Jefus : quelquefois
Jefus merci : ave Maria 3 dont la dernière lettre
n'étoit pas toujours marquée. Souvent on fe fer-
voit d’autres paroles, lettres ou fehtences , au
gré des contradans. Souvent les lettres de l'alphabet
, ou plutôt un nombre d'entr’elles plus
eu moins grand , étoient rangées tout de fuite
en guife de cirographe. Pour l'ordinaire cyrogra-
phum avoit la préférence fur les autres infcrip-
tions. On le répétoit même en tout ou en partie 3
autant ' de fois que le nombre des contradans
exigeoit qu’on tirât, d’exemplaires d'un a d e de
la même teneur. En France, on employok à peu-
près les mêmes cirograph'es. L'invocation de la
fainte Trinité : In notnine Patris 3 & F ilii § &
Spiritus Santti 3 amen , s’y trouvoit fouvent partagée
entre ceux qui avoient:„un égal intérêt à
la pièce. »
Pour rendre cet article complet , lifez celui
d’ENDENTüRES-.
CIRQUE. Nous ne parlerons içi des cirques
que relativement aux antiquités ; & ce que nous
dirons de leur conftruélion, ne fe trouvera dans
ce didionnaire que pour faciliter l'intelligence
* c 1 R
des anciens auteurs. Dans cette vue , nous commencerons
par l’article particulier du cirque de
Caracalla, dont les ruines ont été étudiées avec
foin & difeernement-
La defeription du cirque de Caracalla fut communiquée
autrefois par M. le chevalier de Lu-
mifden au P. Jacquier, & imprimée dans le
Journal étranger avec des inexactitudes ( tome
Y I I I ) .5 nous l’allons donner d'après l’original
anglois de l'auteur.
Prefque vis-à-vis d e f ’églife de Saint-Laurent,
près de l.a voie Appienne , à environ deux milles
de Rome, il y a un cirque que l’on croit être celui
de Caracalla , quoique quelques auteurs, & en
particulier le favant Fabretti (de Aquis. p. 166.) 3
l’attribuent à Gallien.
De quinze cirques que l’on comptoit à Rome
& dans fes environs, plufieurs font entièrement'
détruits 5 d’autres fubfiftent encore en partie 5
mais on n’y difiingue plus que l’emplacement.
Celui de Caracalla eft le plus entier ; il en relie
même alfez pour nous donner une idée diftinde
des cirques. On y voit les bornes , mets., & on
peut fuivre la fpina, au milieu de laquelle étoit
élevé l’obélifque , qui eft placé aujourd’ hui fur
la fontaine élégante du Bernin, à la place Navone.
Ce cirque étoit entouré de trois rangs de lièges ,
conftruits le long de fes deux côtés, fous lefquels
il y avoit des portiques pour fe retirer en cas
de pluie., Le liège de l’empereur, ouïe podium 3
étoit du côté gauche du cirque (le plus étroit) ,
vis-à-vis la première meta. Panvini, dans fou
favant traité de Ludis çireenfibus , a donné un
plan & une élévation de ce cirque, & une vue
de fe.s ruines. 11 auroit été à fouhaiter que fos
plan eût été plus exad ; car il a placé, contre la
vérité, la fpina au milieu du cirque , à diftances
égalés des lièges & des deux côtés. Cependant
elle fe rapprochoit d’environ 38 pieds anglois
du côté gauche. Cette inégalité n’ étoit point l’effet,
du hafard 5 on l’avoit pratiquée à deffeiri 5 afin
que les chars & les chevaux parcourant d’abord
‘ le côté droit du cirque", eulfent au commencement
de la courfe un efpace plus large pour
pouvoir plus aifément fe devancer l’un l’autre.
Mais quand ils avoient paffé la derniere meta
pour revenir aux carceres d’où ils étoient partis.,
plufieurs des chars fe trouvoient fi retardés, qu’un
moindre efpace fûflifoit à leur paffage.
L’extrémité du cirque du côté de l’ eft , fe termine
en demi-cercle. La meta de l’occident ell
placée à une diftance confîdérable des carceres,
• afin que les chars puffent tous commencer la
courfe avec un avantage égal. C’eft aufli pour
cette raifon que le côté droit du cirque eft plus
long que le côté gauche $ & que les carceres ne
font pas en ligne droite, comme dans le plan
de Panvini. Us forment une portion du cercle,
dont le centre eft le point du milieu entre la première
meta & le côté droit du cirque, ce quion
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c ju t aifément vérifier en examinant les mines dé
l e cirque dans Piranèfe.. Par ce moyen tous les
chars ƒ dans quelque rang qu ils fuflent places,
avoient un efpace égal à parcourir ce qui explique
l'expreffion. d’Ovide, tquus carcer :
Maxime jam vacuo prstor fp'eSiacula arco
Quadrijugis. sqilo cancre mißt equos.
Amor. lib. 5. Eleg. i .
La fpina étoit eonfidérablement élevée au-deflus
du plan de l’arène , afin, que. les. chariots ne puf-;
fent point heurter les autels, ou les ftatues qui
en faifoient l’ornement. ,
Les mets avoient un peu plus de largeur que
la fpina. L ’adreffe des cochers confiftoit a palier
le plus près p.offible des mets, fans brifer leurs
chars. Pat cette manoeuvre ils abrégeoient leurs
courfes :
, „ , Metaque fervidis
Evitata rôtis. » • » • •
Le long des deux côtés du cirque, entre les fiéges
& l’arène, il y avoit un foffe plein d eau appelé
euripe , pour empêcher les; chariots d approcher
trop près des fpe&ateurs. '
Il y avoit un efpace d’environ douze pieds
entre les mets & la fpina, qui fervoit de paffage ;
pour monter les degrés de la fpina , 8c pour entrer j
dans les cellules pratiquées fous les mets., ou on
croit que les autels de Confus étoient caches.
Dans l’arène ou grand efpace, fitué entre la première
meta & les carceres, on donnoit 'fouvent
des combats de. gladiateurs & de bêtes féroces î
quelquefois même on y introduifoit de 1 eau pour
repréfènter des naumachiés. ■ .
La defeription de ce cirque particulier, fait
connoître la manière de corriger le defavantage
des différentes places des carceres. En les fuppo-
fant droites (comme, on l’aVoit fait jufqu’a ce
j jour ):, tout l’avantage étoit pour les chars qui
t en dfccüpoient la gauche- , parce ^ qu ils- avoient
. une courfe moins longue a fournir que les chars
de la droite. On a cru détruire un defavantage
auffi marqué , en faifant tirer les places des car-
ceres au fort > mais ce moyen ne ' faifbit qu’en
varier les "victimes. Depuis que 1 on a vu les carceres
circulaires du cirque de Caracalla,j le defa-
vantâ'ge des pofitions s’eft évanoui, & 1 équilibré
s’eft parfaitement rétabli. Nous allons donc paffer
à la defeription générale des cirques , devenue
plus fimple & plus intelligible par la decouverte
de celui de Caracalla. _ ô V
Un cirque étoit un grand bâtiment, toujours
plus long que large, où l'on donnoit differens
fpeéfcacles. Un des bouts, le plus étroit, étoit
terminé en ligne droite, l’autre étoit arrondi en
demi-cerclç i les deux, côtés qui partoient des
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extrémités de la Face droite, & qui aiioietit ren-
contrer les deux extrémités de la face circulaire,,
étoient les plus longs j ils fervoient de baie a
des fiéges ou gradins placés en amphitneatre pour
les fpeétareurs. La face droite, & la plus étroite,
étoit compofée de douze portiques, pour les
chevaux & pour les chars ; on les appelons carceres
: là il y avoir une ligne, blanche d ou les
; chevaux' commençoient leurs courfes. Aux quatre
angles du cirque, fur le pourtour des races, 1
y avoit ordinairement quatre corps de batimens
quarrés , dont le haut étoit charge de trophées >
.quelquefois il y * avoir trois autres, dans le
milieu de ce pourtour, qu’on appeloit memana.
Le milieu de l’efpace renfermé entre les quatre
façades dont nous venons de parler, etoit oc-
cupé par un maflif d’une maçonnerie tres-rorte ,
de douze pieds d’épaiffeur fur fix de haut ; on
l’appeloit fpina circi. Il y avoit fur la fpina des
autels,des obélifques, des’pyramides, des ftatues
& des. tours coniques.: quelquefois les tours
coniques étoient élevées aux deux extrémités,
-fur des maffifs de pierre quarrés, & fepares. par
un pétit intervalle de'la fpina , en forte _qu elles
partageoient chacun des efpaces compris entre
le s extrémités de la fpina & les façades interieu-
res du cirque , en deux parties , dont la^p n
grande de beaucoup étoit entre la taçade K les
tours. Au bas des gradins en amphithéâtre ,
placés fur les façades-, du cirque, on avoit creuie
un large fofle rempli d’eau, .& deftine.a empêcher
les bêtes de s’élancer fur les fpeélateurs ;
ce foffé s’appeloit euripe. Les jeux, les combats,
les courfes, & c . fe faifoient dans l ’efpace compris
de tous côtés entre l’euripe & la fpina circi ;
cet- efpace s’appeloit area & arene. A 1 extérieur
le cirque étoit environne de colonnades, de galeries
, d’édifices, de boutiques de toutes fortes de
marchands, &■ de lieux publics. _
Les bâtimens qu’on appeloit, cirques a Rome ,
s’appel oient en Grèce hippodromes & fades. Voye%
Hippodrome & Stades. Q p attribuoit a Rome
l’ inftitution des jeux publics à Romulus , qui
les appela confualia, nom pris de Confus, dieu,
des confeils, que quelques-uns confondent avec
Neptune-équeftre. Les jeux qui fè célébroient
dans lés cirques , fe'faifoient avant Tarquin en
.pleine Campagne , enfuite dans de grands, enclos
-de b ois , puis dans ces fuperbes bâtimens dont
nousallons parler. _ r ,
On célébroit dans les cirques des courfes de
.chars, aurigatio ( Voyc^ Char 8c Courses>;
. des combats de gladiateurs à pieds, pugnapedeflris
I croyez Gladiateurs); la lute, luta ( r°yei
L u t e ) ; lés-combats contre les bêtes , venatia
- ( Vayei BestiAiB.es) les exercices du nvanege
par les jeunes gens, Indus trojs., jeux de Tfoye:;
I les combats navals , naumachia {'Voyei NAUMA-
' chiesA; É .. , I
On comptoit à Eome jufqu a quinze arques; 1*1