
à le répandre dans différens pays de la Grèce.
Elle avoir des temples & des autels à Syciône 8c
dans les pays voifins de cette ville, félon Paufa-
nias ( Corinthiac ). En Achaïe , elle étoit honorée
d un culte particulier , fuivant le même auteur
{Achaïe). Dans la citadelle de Patra, d i t - i l ,
oti voit un temple de Diane Laphria. Foyer ce
mot. .
La ville de Patra s’appeloit auparavant Aro'è.
Les Ioniens en furent maîtres quelque temps ainfi
que de deux autres villes , Anthée & Melfatis.
Ces trois villes poflèdoiént en commun un certain
lieu avec un temple confacré à Diane q u i,
pour cette raifon, fut fumommée Triclaria. On
célébroit tous les ans.des fêtes en fon honneur.
Paufanias dans fon voyage d’Elide ,, fait men-
tion de quelques furnoms fous lefqaels la Déeffe
etoit honorée dans oette provineeX-E/wf.n. c.
Le plus connu eft celui Axcpetiu, dont
voici 1 origine. Alphée étant devehu amoureux
de Diane, & voyant quil ne ppuvoit réuflir à
i epoufer, refol ut de l’ehlevèr. On-dit que Diane
en le fuyant toujours, l’attira fur fes paS àLetrins
ou il a\oit coutume d’aflifter aux- jeux que les
Nymphes donnoient ; que pour lé tromper elle
fe rendit meçonnoiflable en fe frottant le vifage
de^ boue, ainfi que celui de fes compagnes 5 8c
- qu’Alphée ne pouvant la diltinguer des Nymphes,
s en retourna fans rien entreprendre. C’eft de
1 amour d Alphée pour Diane, dit Paufanias, que
les habitans de Letrins donnèrent à Diane, ce
furnom. Triftan (tom. 2. p. 168 ) a publié une
médaille de Caracalla fur laquelle il prétend que
Je type du revers repréfente' Diane Alpkoed. Quelle
que foit l’allégorie de cette fable, elle nous
prouve au moins que'le' culte de Diane étoit
établi en Eli de. Elle avoit un autel dans l’Altis ;
& Paufanias { Pauf eliac Ai 3 c. i r , ibid. eliac.
2 , c; 22 & 23 , ) nous apprend qu’elle étoit
honorée dans cette contrée fous lés noms de
Xdzxaxa, Képd'axa, L’hiftorien ignore
l ’origine du premier nom. Le fécond vient de ce
que les^ compagnons de Pélops célébrant des
jeux a l’honneur de Diane pour là1 remercier de
la victoire remportée par Pélops, employèrent
une danfe de ce nom 8c qui étoit en ûfage parmi
lys habîtans du Mont Sipyle. Le troilîème lui a
été donné d’un temple qui lui étoit confacré
près du Gymnafe d’Elis.
Aufli-tôt après que les Cyclopes eurent forgé
les armes de Diane pour Iachaflfe, dit Ca'llimaque
( Hymn. in D i a n v 87. ) la Déeffe vintèn Arcadie
, féjour ordinaire du Dieu Pan; 8c félon
Virgile ( Géorgie., i n , v. 395 ) elle fe rendit à
l’invitation de ce Dieu de l’Arcadie , qui l’avoit
appelée dans fes fombres forêts ; mais foit que
les deux poètes ayent voulu faire allufion aux
montagnes & aux forets d’Arcadie qui rendent
ce pays très-propre pour la chaffe ; foit que cette
première allégorie en contienne aufli une fécondé
qui ait rapport à la lune ou à Diane , il eft conf-
tant néanmoins que le culte-de cette Déeffe étoit-
établi dans beaucoup. de cantons de la province.
Elle y re^ut plufieurs furnoms pris des lieux où
on lui avoit élevé des temples, érigé des autels
& confacré des ftatues. G’ell ainfi qu’elle étoit
appelée Lycoatis , de la ville de Lycoa fituée au
pied du Mont Ménale (Paufan. Arcad. c. x x x v i.)
où elle avoit un temple. 8c une ftatuë de bronze.
Les Gaphyates la nommoient Çriacalefia3 parce
qu’ils célébroient tous les ans fa fête fur le Mont
Cnacalus { ibid. c. x xm . ) Elle 4rVoit lin bois
facré & un temple à Cadylée qui n’étoit qu’à un
ftade de Caphyes : elle en reçut l’épithète de
Condyleatis. Foye% ce mot.
Il n’eft pas. éionnant que le culte dè Diane fût
fi multiplié en Arcadie ; c’étoit un pays de montagnes
& de forêts j ce qui a fait dire que le Dieu
Pan l’avoit choifi pour fa demeure. 11 y a une
quantité delieux tels que Lycoa, Lyc&a, Lycofura,
Lyc&us, formé du mot grec qui lignifie loup, &
qui défignent que cette contrée abondoit en loups,
& étoit par Conféquent un pays où la Déeffe de
la chalfe devoit être honorée d’une manière parti-
-culière.
- Le nombre des lieux confacrés à Diane dans
l’Attique, prouve que la foeur ri’y étoit pas moins
en honneur que le frère. Il paroît même que ce
fut un des'premiers pays où fon culte s’établit;
car Paufanias^( jPrfü/à/z. Attic. ) nous apprend que
la Déeffe venant de Délos, aborda enAttique,
qu’elle y chalfa .pôur la première fois dans un
canton nommé Agfa près de Yllijfus, 8c que ce
fut de-là qu’elle reçut le nom de Chaffereffe,
Ayporip». Elle étoit repréfentée dans ce lieu avec
un arc. En entrant dans l’Académie on Voÿoit
plufieurs .ftatues de Diane dans une enceinte affez
confidérable confacrée à la Déeffe. Elle y étoit
furnommée très abonne & très-belle. Paufanias
( Paufan. Attic. c. xxiX‘ ) croit que ces ftatues
repréfentoient fes différens attributs.
Son- culte étoit établi en Béotie : c’eft eq Aulide
que s’eft paflee la fcène fanglante du facrifice
d’Iphigénie, fi célèbre dans les poètes. ( Lucret.
lib. 1. ).
Aulide quo paEîo Trivial Firginis aram
Iphianijfai turparunt fanguine foede ■ '
DuStores Danaum.
Quand ce ne feroit pas la fille d’Agamemnon
qui auroit été immolée à Diane, mais une autre
princelfe de fon nom, il n’en feroit pas moins
vrai que la coutume barbare de lui offrir des victimes
humaines étoit en ufage dans ce pays. Le
grand Racine qui connoiftoit fi bien les anciens
& qui favoit apprécier leur waérite , s’appuie de
l’autorité de Paufanias ( Corinth.)-pour juftifier
le dénouement de fa belle tragédie d'Iphigérye;
il rejette la fable de la biche fubftituée par Diane,
8c met à la place de la fille d’Agamemnon une
Princelfe fille d’Hélène : cependant Paufanias raconte
le fait différemment (Paufan. Beot. c. x ix .) .
« Ori voit en Aulide, dit cet auteur, un temple
» de Diane & deux ftatues de marbre blanc dont
” l ’une repréfente la Déeffe portant deux torches,
M & l’autre la repréfente avec un arc & des
# flèches.,On dit que les Grecs, fuivant l ’oracle
95 de Chalcas, étant fur le point .de facrifier
» Iphigénie à l’autel de Diane, la Déefle elle-
» • même lui fubftitua une biche. Les gens du lieu
» confervent encore dans le temple une partie
*’ du .tronç de ce platane dont Homère fait
*> mention dans l’IIi'ade. Ils ont aufli pour tra-
33 union que les Grecs furent long-temps arrêtés
30 en Aulide, & que tout-à-coup les vents étant
30 devenus favorables, ’chacun facrifia auffi-tôt
33 en"àftion de. grâces la.première viétime qu’il
93 put rencontrer, foit mâle foit femelle, & que
*93 de.-Ià-eft venue la coutume qui s’obferve en-
93 core dans le pays , d’immoler à Diane toute
33 forte de victimes fans diftinétion de fexe ».
Au refte cette hiftoire eft racontée avec bien des
variations par les: hiftoriens & les poètes; 8c 'de
quelque manière que l’auteur françois l’ ait pré-
fentée, fon perfonnage d’Eriphile n’en eft pas
moins heureux,' 8c il répand beaucoup plus d’intérêt
dans toute la pièce.
Une médaille d’ApolIonie en Étolie, qui repréfente
d’un côté le bulle de Diane ( Rec. de médail.
de peupl. & de ville, tom. I. pl. x ïv . ) avec le
carquois fur l’épaule, 8c de l’autre une mâchoire
de fanglier avec le fer d’un épieu ou d’une lance,
marque affez le culte que l’on rendoit à la Déeffe
dans cette contrée de la Grèce. La mâchoire du
fanglier furieux qui fit un fi grand dégât à Calydon,
& qu’elle avoit envoyé pour fe venger de ce
qu’OEnée avoit publié de la comprendre dans les
honneurs divins qu’il avoit rendus aux autres
divinités; ce fut peut-être la punition exercée par
Diane contre ces habitans de l’Etolie, qui les engagea
depuis à lui déférer un culte en lui donnant
le furnom d E l l e étoit honorée fous ce
titre à Naupaéte ( Paufan. Pkoc.c. x x x v i j r f , où
■ l’on voyoit un temple 'élevé en fon honneur,
ainfî que fa ftatue de marbre blanc qui la repré-
lentoir dans l’attitude d’une femme tirant de l’arc.
-On lit aufli cette épithète dans Strabon ( Srab.
lib. v. p,. 2i j ) qui parle d’un bois facré que la
Déeffe avoit-en Italie.
. • Diane avoit reçu le furnom de Pheroe, ville de
Theflalie. Callimaque- ;.( Ay/7z/z. in Dian.'v. 259 )
l’invoque fous ce nom. On le lit aufli dans L yco-
phron fLycôphr.p. iy 6 ) ; & il fe trouve fur une
infeription publiée par Muratori(rom. Ip . x x x y 111. n> z.
APTEMIÀI
<I)EP.AI4U KIN
TQS APÜNQN.
Les Argiens félon Paufanias ( Paufan. Corinth.
c. 23 ) , avoientune Diane Phéréenne ainfi que les
Sicyoniens & les Athéniens ; ils prétendoient que
la ltatue de cette Déefle leur avoit été apportée de
Pheroe.
La Macédoine 8c la Thrace étant des pays de
chaffe, Diane y étoit en grande vénération. Ce
fut vers le Mont PI dm us ( Callim. hymn. in D i an.
v. 114. ) qu’elle s’achemina aufli-tôt après qu’elle
eut commencé de monter fon char attelé de cerfs ; 8c les Thraces la nommoient B , félon Hefy-
chius qui parle des fêtes que l’on célébroit en fon
honneur , 8c que l’on appeloit Biveau.
Mais aucune ville du monde ne fe fignala autant
à Cët égard, que celle d’Fphèfe. ( Foye^ plus bas
Diane d’Éphesè ).
Le furnom hepziioe qui fe lit’fur une médaille
de Kiérocéfaréepubliée par .Seguin (Seguin, felecl.
numifm. ) & par Pellerin (Rec. des peupl. & de
villes, tom. I I 3 pl. lxi , paroît d’autant plus
extraordinaire qu’il femble venir 8c qu’ il vient en
effet des Per fes.. Ces peuples avoient pour Diane
une grande vénération comme nous l’apprenons
de Diodore 8c de Plutarque (Plutarc. in Lucullo) ,*
ils l’appeloient Nan&a ou Anaïds.
C’étoit pour piller le riche temple qu’elle avoit
dans l ’Elymaïde ( Macc. vi , 2. Jofepk. Apx
lib. x i i . c. 13. ) qu’Antiochus fe préparoit à faire
un voyage en Perfe , & qu’il mourut dans cette
expédition. Or , lesPerfes fe rendirent maîtres de
la Lydie ; 8c ce fut du long féjour qu’ils y firent,
que les habitans d’une partie de cette province
fuient appelés Perfitques. ■ ( Paufan. Eliac. 1. c.
xxvri. ), Les villes d’Hypæpa & de Hiérocéfarée
étoient précifément dans cette contrée. Lorfque
le fénat voulut abolir fous Tibère le droit d’afyle
dont jouifloient plufieurs temples de la Grèce ,
chaque peuple fit des repréfentations qui ten-
doient à le conferver ; quelques-uns firent valoir
l’ancienneté de ce droit ; ceux de Hiérocéfarée
remontèrent plus haut que les autres, & ils fou-
tinrent ( Tacit. annal, n i ) qu’ils adoroient Diane
Perfique dans un temple dédié fous le règne de
Cyrus; ce qui confirme l’emploi que la ville de
Hiérocéfarée à fait de ce furnom de Diane fur fes
médailles.
Les Romains fe conformèrent à l’égard de
Diane au même plan qu’ils avoient fuivi pour
Apollon 8c les autres Dieux dont les Grecs leur
avoient tranfmis le culte. L ’époque de celui de
Diane'chtz eux eft fort ancien ; il précède même
les temps dé la république.^ Ce fut un trrfit de
politique, pour unir à jamais les Latins avec les
Romains, qui porta Servius à leur faire bâtir en
commun fur le Mont Aventin un temple de Diane
où les deux peuples dévoient s’aflemblex tous
les ans pour y renouveler les fermens de leur
première confédération. Ce Roi , dit Tite-Live,*
(Lib. 1.), ayant confidérablement augmenté la ville
de RoniÇj& ne voulant pas devoir toujoursl’accroif