
€3 4 F AT
volonté du deftin. De là vint que'les grecs firent I
tous leurs efforts pour arracher Achille, petit-fils
d’Éaque , d'entre les bras de Déidamie, ou fa
mère l'avoit caché ; 8c quaprès fa mort on envoya
chercher fon fils Pyrrhus, quoiqu'il rat
fort jeune- Il falloit en fécond lieu avoir les fléchés
d'Hercule, qui étoient entre les mains de
Philoilète , abandonné par les grecs dans l'ifle
de Lemnos. Le befoin qu’on crut avoir de ces
flèches, obligea les grecs à de’puter Ulyffe, pour
aller chercher Philoflète; 8c le rufé prince d’Ithaque
rendit dans fon entreprife. La troifieme &
la plus importante fatalité, étoit d’enlever le
palladium que les troyens gàrdoient foigneufe-
ment dans 'le temple de Minerve. Diomède Se
Ulyffe trouvèrent le moyen d’entrer de nuit dans
la citadelle, Se d’enlever ce précieux gage de la
sûreté des troyens. Il falloit, en quatrième lieu,
empêcher que les chevaux de Rhéfus, roi de
Thra ce , ne buffent de l’eau du Xanthe, Se ne
mangeaiVent de l ’herbe des champs de Troye :
mais Ulyffe ,8e Diomède vinrent furprendre ce
prince dans fon camp près de la ville, le tuèrent,
Se emmenèrent fes chevaux. En cinquième lieu,
il étoit néceffaire avant que de prendre la v ille ,
de faire mourir T ro ïle , fils de Priam, 8e de de- ‘
traire le tombeau de Laomédon, qui étoit fur la
porte Scéa, Achille tua ce jeune prince ; 8e les
troyens eux-mèmès abattirent le tombeau de Lao-
médon , lorfque , pour faire entrer le chevaLde
bois dans la ville, ils ouvrirent une brechedans
leurs murailles. Enfin, Troye ne pouvoir etre
prife, fans que les grecs n'euffent dans leur armee
Téléphe , fils d’Hercule 8e d'Augé : mats ce
Téléphe étoit allié des troyens, 8e avoit époufe
A fiio ch é , fille de Priam. Cependant, après un
combat contre les grecs , dans lequel il avoit été
blefle, il quitta les troyens, 8e fe je tta dans le
parti des grecs. Ainfi furent exécutées toutes les
fatalités de Troye ; 8e cette ville fe foutint juf-
qu'à ce que fes deilinées furent entièrement accomplies.
Ces fatalités étoient fondées, dit-on, ;
fur quelques oracles obfcurs cju’on avoit ainfi interprétés
: auffi les grecs ne s’attachèrent férieu-
fement au fiège de la v ille, que lorfqu’ ils eurent
vu l’exécution de tous ces points. V o y e ^ A chille,
L a o m é e o n , Pa l l a p iu m , Ph j loctéte,
R hésus, T éléphe , T roïlé. .
FATIDIQUE, celle qui annonce les arrêts du I
deftin, une devinereffe. Fauna fut appelléefbrr-
dique, parce qu'elle préfidoit l’avenir par le vol
des oifeaux. V ° y t \ Fau n a.
F A TU A lignifie la même chofe que fatidique ,
& a la même origine. On donnoit ce furnom principalement
aux femmes des faunes Si des fylvains ;
d’où quelques-uns ont prétendu que les fées de nos
jomans avoient pris leur origine.
F A V
F atua eft auffi un furnom de la bonne déeffe,’
on l’appelloit F a tua de fa tu a a», parce qu’elle par-,
loit 8e rendoit des oracles.
FATUELLUS. } Faune fut ainfl noramé’
dit Servius , parce qu’il préfidoit. l’avenir 3 ou
parce qu’il parloit par fes oracles beaucoup plus
fouvent que les autres divinités. ( Inv. 47. hb,
VII. Ætieidos. )
FAUCIL LE . Voyei Faux.
F A V E R E . Cette expreflion avoit plufieurs
fens dans' le langage des pontifes. i°. Elle expri-
moit le filence abfolu requis pour les facrifices, 8c commandé aux affiftans par ces mots : favete
linguis. 20. Le mot feul/avéré exprimoit le choix
des paroles faintes ou de bonne augure ; f&verc
enim 3 dit Fêl^us, eft bona fari.
F A V E U R , divinité dont il n’eft fait aucune
mention direéle dans les anciens auteurs ;. mais
que l’on croiroit un dieu .chez les latins , à caufe
du genre grammatical de (on nom,favor. Apelle
l’avoit peint 3 & l’écrivain qui a parlé de ce tableau,
dit que les uns le font fils de la Beauté 3 8c
d’autres de la Fortune; qu’il naît „par hafard,
félon les uns, & qu’il eft, félon d’autres, une
production de l’ efprit : on place à fes côtés la
flatterie; il eft fuivi de l’envie, & entouré de
l’opulence , du faite, des honneurs, des loix 8c
de la volupté , mère des crimes. Il a des ailes,
parce qu’il fe tient toujours fort haut élevé en
l’ air, 8c qu’il ne (auroit s’abaiflTer. I! eft aveugle,
&méçonnîot fes amis, quand il s’élève. De même-
que la Fortune, ce dieu eft appuyé fur une roue,
& il fuit cette déeffe par-tout où elle vole. Enfin ,
il craint toujours, quoiqu’à l’extérieur il affèéte
une contenance allurée, & de grands airs : l’allégorie
de cette fable fe découvre d’elle-méme.
FAVIENS; c’étoient (tes jeunes gens de Rome,
qui dans les fêtes & les (acrifices offerts au dieu
Faune, couroient par les rues d’une manière
indécente , prefque nuds, 8c n’ayant qu’une ceinture
de peau. Ils étoient d’ une inftitution trè&-
ancienne , puifqu’on nomme Rémus & Romutus
pour les auteurs de cette inftitution.
F A V IS SÆ , fofife, ou plutôt chambre, voûte
fouterraine, dans laquelle on garde quelque chofe
, de précieux* C ’étoit à peu près ce que nous
! appelions aujourd’hui le tréfor de nos églifes, 8c
ce que les grecs & les romains appelloient auffi
<S)t<rctopos, thefaurus, tréfor. Les favijfes du capi-
i tôle étoient des lieux fouterrains, murés & voûtés, ; qui n’avoïent d’entrée trou percé dans lé haut,& de jour que par un 8c que l’on bouehois
F A U
avec une grande pierre. Elles étoient ainfi prati- I
quées, pour y conferver les vieilles ftatues ufees |
qui to/nboient en ruine, & les'autres vieux meu- 1
blés & uftenfiles facrés , qui avoient fervi a 1 ufage
de ce temple, tant les romains refpectoient oc
confervoient religieufement ce quils croyoïent»
facré.
Catulus voulut abaiffer le rez-de-chauffee du
capitole ; mais les favijfes l’en empêchèrent, r e l-
tus donne des favijfes une autre idée ; il dit que
c ’étoit un lieu voifin des temples, dans lequel
il y avoit de l’eau. Il rapporte aufli ce que nRiJs
en allons dire avec Varron 8c Aulu - Gelle. AJn
voyoit quelque chofe de femblable a un des cotes
du temple de Delphes. ( Varron de ling. lat
l. V I . ) Les grecs rappelloient*»^«*«? 3 nombril,
parce que c’étoit un trou rond ; & y arr°n S
que ce lieu reffembloit à un tréfor. Aulu-tje le
( /. II. c. X . ) décrit ces favijfes. Il les appelle
citernes, comme Feftus , apparemment parce
quelles en avoient la figure. Le tréfor dans les
temples des grecs étoit auffi une efpece de citerne
> de réfervoir d’eau , de bain , de falle yoiline
du temple, dans laquelle il y avoit un refervoir
d’eau, où ceux qui entroi.ent alloient fe puriner.
Quelques favans croient que.favijfa s’eft H
pour flavijfa, parce qu’on ferroit dans \tsfavijjes
l’argent monnoyé, flata ftgnataque pecuma. Mais
flatus à flavijfa eft un mauvais rapport, une mau-
vaife convenance; & l’ ufage tes favijfes netoit
point t e l , comme il paroîtpar Aulu-Gelle. A inli,
il y a plus d’ apparence que favijfa s’ eft dit pour
fovijfa, petite fpffe. •
FAU LA , une des maîtreffes d’Hercule, que'
Laétance çompte parmi les divinités de Rome.
F A U LX . V o y e ^ Fa u x .
F A U N A , femme de Faunus, pouffa , dit-on,
la pudeur 8c la retenue à tel point, quelle ne
voulut jamais regarder d’autre homme que fon
mari. Elle, prédifoit l’avenir aux femmes feulement
Ses vertus , & principalement fa modef-
t i e , la firent mettre, après fa mort, au rang
des divinités, fous le nom de bonne deefle. Les
femmes lui offroient des facrifices dans des lieux
où il n’ étoit pas permis aux hommes d entrer , &
fes oracles étoient muets > non-feulement lorfque
quelqu’homme alloit les confulter, mais encore
lorfque des femmes même les confultoient pour
des hommes. Voye% Bonne D éesse.
F A U N A L E S , fêtes qui fe célébroient dans
l ’Italie en l’honneur de Faune deux fois l’année,
en décembre, en février. Dans lune on fa-
crifioit au dieu un chevreuil, & dans 1 autre une
eune brebis ou un bouc. On y faifoit des libations
de vin, & on y brûloit de l’encens; c etoient
F A U dsf
des fêtes de campagne qui fe palfoient dans les
prairies, & tous les villages étoient dans la joie.
FAU N E étoit un de ces dieux qui palfoient
l’hiver en un lieu, 8c l’été dans autre. Les romains
croyoient qu’il venoit d’Arcadie en Italie
au commencement de février, & en confequence
on le fêtoit le 11 , le 13 & le 15 de ce mois
dans l’île du Tibre. Comme on tiroit alors les
troupeaux des' étables où ils avoient été enfermés
pendant l’hiver, on faifoit des (acrifices à ce
dieu nouvellement débarqué, pour l’ intéreffer à
leur confervation. On croyoit qu’ il s’en retour-
noit au 5 de décembre , où fuivant Struvius,
le 9 de novembre, on lui répétoit alors les mêmes
facrifices, pour obtenir la continuation de fa
bienveillance. Les troupeaux avoient dans cette
faifon plus befoin que jamais de là faveur du
dieu, à caufe de l’approche de l’hiver, qui eft:
toujours fort à craindre pour le bétail né dans
l’automne. Dailleurs, toutes les fois qu’un dieu
quittoit une terre, une v ille, une maifon , c’étoit
une coutume de le prier de ne point laifler de
marques de fa colère ou de fa haine dans les
lieux qu’ il abandonnoit. Horace , s’ eft prêté à
toutes ces foti(es populaires.
» Faune nympharum fugientunt amator,
, Per meos fines , & aprica rasa
Lenis incedas, abeafque parvis
* Æquus alumnis.
1, Faune , dont la tetidreffe caufe les alarmes des
j, timides nymphes, je vous demande en grâce
» de traverfer mes terres avec un efprit de dou-
» ceu r , 8c de ne pas les quitter fans répandre
» vos bienfaits fur mes troupeaux ». C ’eft le
commencement de l’hymne fi connu au dieu
Faune, qui contient les prières du poète, les
bienfaits du dieu, 8c les rejouiffances du village.
FA U N E étoit fils de Mars, félon Ovide ,
ou , félon les hiftoriens, de'Picus, roi des Latins,
8c il fuccéda à fon père •• c’ eft lui qui introduific
dans l’Italie la religion 8c le culte des dieux
de la Grèce; c’eft pourquoi il eft appelle quelquefois
le père des dieux , ' 8c confondu avec
Saturne. Comme il s'appliqua, pendant fon règne,
â faire fleurir l’agriculture, on le mit, après
fa mort, au rang des- divinités champêtres, 8c
on le repréfenta avec tous les attributs des fa-
. tvres. On lui attribua auffi des oracles qu'il rendoit
dans une vaft'e fo r ê t , près de la fontaine
Albunée. C ’eft à cet oracle, dit Virgile, que les
peuples d’ Italie, 8c tout le pays d’Oénotrie avoient
recours dans leurs doutes, Lorfque le prêtre
avoit immmolé ces viétimes auprès de la fontaine
, il en étçndoit les peaux par terre , fe cou-
L U 1 ij