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Les médailles d’ argent fourrées font donc sâre-
ment antiques j on ne peut en refaire les lettres
comme lut celles qui font de bon aloi , parce que
la médaille n’étant couverte que d'une feuille
d’argent, elle ne peut foutenir d'être travaillée >
on s’eft cependant avifé, pour pouffer ledégui-
fement jufqu’où il pouvoit aller, de percer des
médailles d'argent fauffes, mais bien contrefaites
, avec une aiguille de fer rougie, & dont
le feu noircit & rougit la médaille en-dedans,
pour la faire croire fourrée à ceux qui n’examinent
pas la chofe de près. Il faut, quand on voit
ces fortes de médailles ainfi percées, & qu'on
croit fourrées, fi on n'eft pas allez Habile pour
reconnoître la fauffeté de la médaille, la piquer,
ou dans le champ, ou aux rebords,•& s'affurer
par-là fi elle eft effeâivement fourrée, & par
conféquent antique. ( Art. de Beauvais. )
B R AM E A , efpèce de javelot ou d’épieu,
dont fe fervoient autrefois les germains. Il étoit
fi court & fi aiguifé, qu’ils s'en fervoient de loin
comme d’une arme dé je t , & de près comme
d’une arme de hall. Tacite nous apprend ces
détails ( de morib. Germon, cap. U I . ) '. rarigladiis ,
aut masoribus lanceis utuntur. Hafias , vel ipforum
vocabulo, frameas gérant, angufio & breviferro; 1
fed ita acri & ad ufum ha bili, ut eodem telo, j
orout ratio po fc it, v e l continus , vel eminus pttgnent. j
C ’étoit le même javelot, armé d'une pointe de j
fer courte & aigue, que les romains appelaient
ppntus; car Dion ( X X X V III. ) , décrivant le
combat de Céfar contre Ariovïfte, défigne les
framea des marcomans par le mot
F R A N C IO N , ou Francüs , eft un nom
qu’un impofteur donne à Aflyanax, fils d’Heétor,
dans un morceau qu'il a ajouté à Manéthon. Il
dit que Francus s’étant’ retiré dans les Gaules,
après la ruine de Troy e , s’y fit tellement aimer
du ro i, qu’ il en époufa la fille, & fuccéda à fa
couronne ; & que de-là font defcendus les rois
de France’. D ’autres ont dit qu’H e âo r eut deux
fils , Allyanax, qui périt à T ro y e , & Lardamas ,
ou Françion, qui s’enfuit, avec nombre de troyens,
en la Pannonie- Il s'arrê'a fur les frontières de
Seythie, & y bâtit la ville de S'canibric, & lui
& fa poftérité régnèrent jufqu’au temps du roi
Anténor , qui fut tué par les goths, 410 ans
avant Jefus-Chrift. Les goths forcèrent les troyens,
ou ficambriens, à fe retïreg en Allemagne ; ils
fe divisèrent en deux branches, dont l’une fonda-
pufin la monarchie françoife; & l’autre refta-en
Allemagne, & y fonda la Franqonie, ou la France
orientale.
FR ANG E S ,L e s habits des femmes grecques,,
dit Winckelmann ( Hift. de F Art. liv . I V . chap.
V . ) ne font jamais garnis de franges , ni 'à la
bordure, d'en bas, ni ailleurs« ce que fobferye
F R E
ici , pour fervir d'explication à ce que Calli-
maque, en parlant de la robe de Diane , appelle
y.iyiaroi. Les interprètes -anciens & modernes le .
font également trompés en rendant ce terme par
celui de franges ; le feul Spanheim a rencontre
plus jufte, en l'expliquant par le mot de bandes
brochées dans leur longueur. Callimaque introduit
cette déefle , qui fupplie Jupiter de lut ac-<
corder entr'autres chofes la permiflion de porter
fa robe retrouffée jufqu’aux genoux. ( Hynvt.
Dian. v . I I . K eu ts yovo p ty?1
Atyvarov. )
Les peintures & les fculptures antiques ne nous
offrent nulle par® la robe de Diane , garnie de
bandes ou de franges dirigées de haut en bas:
tout ce qu’on y v o it , c'eft que la bordure eft
indiquée par une large garniture brochee, qui
ne fe remarque nulle part plus diftin&ement qu a
la ftatue de cette déefle, confervée au „cabinet
d’Herculanum , & décrite au fécond chapitre de
l’art des étrufques. Je fuis donc d'opinion que le
mot Aty»<»r«» défigne la bordure garnie , ou 1 ornement
de la robe , & non des franges.
On peut aflurerque furiesmonumensles
ges y bien différentes des bordures folides , carac-
térifent les nations barbares.^ C 'e ft pourquoi ©n
en voit aux deux rois captifs du Capitole » au
'gaufapum ( ou manteau noué fur la poitrine )^d©s
Ifis grecques du Capitole, divinités étrangères
aux grecs & aux romains, & e . Voye^ A r ie 8c
Cirratæ,
FRAUDE ; elle eft mife par Bocace au rang
des divinités romaines, quoiqu'aucun aüteur ancien
n’en fafle mention. Héfiode feul la compte
parmi les nombreux enfans de la nuit & des
ténèbres. Voici le portrait allégorique que fait
Bocace de cette divinité malfaifante. Elle a^ la
phyfionomie d'un homme de bien » le^ corps d un
ferpent, dont la peau laifle voir differentes coii'
leurs agréables, pendant que la partie inférieure
fe termine en queue de poifîon : elle nage dans
les eaux du C o cy te , dont elle tire tout fou venin,
3c nç laifle appercevoir que fa tête.
FR É E , ou Frey , ou Fr £a , nom d’upe déefle
des faxons. C ’eft de Paulin Warpeftidus , ou
Paul Diacre, chancelier du roi Didier ( de geftis
Longobard. lib. I . ) de Mathieu de Weftmmfter,
de Guillaume de Malmesbiry, du grammairien
faxon( lib, I . & V . ) , & d'Udëricus Vitalis ( lib,
I V . ) que nous apprenons le peu que nous favons
de cette divinité, Frée, ou F r e y étoit femme de
Wodan, c'eft-à-dire, du fouverain des dieux chez
: les faxons. Quelques auteurs veulent cependant
que Wodan fut le Mercure des romains & des
grecs > mais ce fentiment n'a rien de vraifembla-
bie. D'autres difent queVétoit hlars 5 & çn ce
1 cas, Frée feroit Vénu§»
En
F R O
? En effet 3frau-3 encore aujourd'hui en allemand,
lignifie femme. .Quoiqu’il en foie, on avoît donne
fon’ nom au fixième jour de la femaine, q11^ 1£S
allemands nomment encore freytag, 1e jour de Frey,
comme les romains le nommoient jour de Venus ;
ce qui pourroit confirmer le fentiment que 1 ôn
a embrafle. Bryaolf & Stéphanus, qui croient
que Frée étoit la Vénus du Septentrion, rapportent
qu’il en penfa coûter la vie a un p oete,
pour l’avoir .comparée à une chienne, ou a _un
renard, tant ces peuples avoient de vénération
pour cette divinité. Ils prétendent aufli, que c elt
de fon nom que les dames, où les femmes de
condition, s'appellent//"«er en danois, & qu zfryd3
v o lu p ta s , & fro , fernen , viennent encore du nom
de cette déefle. Voye£ ’WoRMiUS Fafii D a n ie l,
lib. I . cap. X V .
FREIN. Voyez BridB, L ü p a t a .
FRÈRE j ce nom étoit donné*à des empereurs
collègues. C'eft ainfi que Marc-Aurele & Lucius
Aurelius Verus font appelles frères , divi fratres ,
& qu'ils.font repréfentés dans leurs médaillés, fe
donnant la main pour marque de leur union fraternelle
dans l’adminiftration de 1 empire. C elt
ainfi que Dioclctien, Maximien & Hercule qui
ont régné enfemble, font nommes freres par Lac-
tance. Cette coutume fe pratiquoir de tous temps
entre des rois de divers royaumes, coflSme on peut
le confirmer par les auteurs facrés. & profanes ;
elle avoit lieu en particulier entre les empereurs
romains & les rois de Perfè, témoins les lettres de
Confiance à Sapor dans Eusèbe, & du meme
Sapor à Confiance.
Les empereurs defcendus de Gonftantin, appel-
loient fr.ère, f rater> les comtes & gouverneurs
de province, dans les- loix & les refefits.
Frères ( les dieux ) ; c'étoient les diofeures
que l’on défignoit par ces mots ( Ovid. F a ß . 1.
■ ' . " ‘ v -
Frattibüis illà deis fratres de gerne deorum
Circa, jüturncp compofuere latus.
- Frères ( les deux ) emportant leur père & leur
mère fur les médailles de Catane. V oyeçCATANE.
Frères Atvales. Voye^ Aryales.
FRIGGA. r o y e i Frée.
F R IG ID A R IU M , falle des bains où l’on fe
biignoit dans de -l'eau froide, après s'être baigné
dans une eau tiède. • .
FRO , nom d’un dieu des anciens peuples du
Nord. Le Grammairien Saxon ( I lifl. Danica ,
Antiquités , Tome I I .
F R O <f<>7
lib. I . pag. 1 6 . , de l'édition de Stephanius à.
Coppenhague, 1644.) dit que Hadingue, huitième
roi des danois, ayant été battu dune tuneuie
tempête, & ayant fait des pertes counderabies ,
ne trouva point de remède à de fi grands maux,
qu'après qu'il eut offert un facrifice au dieu Iro ,
dans lequel il lui immola des viftimes noires ;
que dans la fuite cela paffa en coutume, & que
- tous-les. ans on offroit un facrifice fembuble,
' appelle par les fuéons ou fqédois Froblotk. L-o
Fro , dit Stephanius dans les notes, etoitledteu
des tempêtes 8e de l’ air. Il en tire la preuve de
fon nom ; car f r o , en allemand, lignifie le matin ,
Stfreiren, avoir froid , d'où s’eft forme en danois
frijfe 8e fr o fi, qui fignifie froid. Ç elt pour
cela que Hadingue lui offroit un facrifice apres
une tempête, pour l’ appaifer. Froblotk lignine
facrifice à l'honneur de Fro ; car, dit Stephanius,
en ancien danois, blothen fignifie facrifice, o a-
tion, 8e blota , facrifier. Le Grammairien Saxon
' ( l. I I I . p. 41. ) ’ l’appelle le Satrape des dieux ,
Fro deorum Satrapa, fur quoi Stephanius obferve
qu’il étoit encore dieu lui-même, 8e le dieu des
tempêtes. L'hiftorien danois raconte queFro avoit
un temple près d’Upfal, où on lui offrit longtemps
le facrifice dont nous avons parle ; mais
que fous le règne de Hotherus, Balderus le
’ changea en un facrifice abominable, 8e lui faenha
des hommes. Il ne fut pas cependant 1 auteur de
cette cruauté. Othin l’avoit inllituee avant lui
.dans le Septentrion, comme le penfe Stéphan
ie . Voye^ les notes de cet auteur, pag. 92.
FR OM A G E des anciens.
Ceux de l'ifle de Cythnus étoient très-célèbres
chez les grecs : aufli les habitans en ont-ils lait
' graver fur leurs médaillés.
Le fromage étoit la tæ to r r itu re ordinaire des
bergers : hoc pulmentarw^^pélt Varron ( de hng.
l a t .1V . %i. ) , primum debuit pafloribus cafeus.
La nourriture des foldats romains n'étoit compo-
fée que de lard , de fromage, & d'un rnelange
d'eau. & de vinaigre. Spartien ditqu 'H ad n en s en
contentoit : cibis cafflrenfibus in propatulo hbentet
utens , hoc efi larido , cafeo U pofta.
FR OM EN T des égyptiens. ’
On pourroit foupçonner que les anciens égyptiens
ne faifoient pas beaucoup d’ ufage de leur
froment indigène, parce qu'il n'étoit pas de la
meilleure efpèce; ils n'en ont eu d'une bonne
efpèce que fous le règne de Ptole'mée, fils de
Lagus, qui en fit venir de l'ifle de C.alymus ,
qu'on fait être une des Sporades. C eft ce bled-
la , indiqué dans Théophrafte fous le nom de
b led a le x a n d r in , que les grecs ont cultive fous la
dynaftie des Lagides, & dont ils ont fait dtffe-
, rentes préparations qui ont joui de beaucoup de
T t t t