Jules-Céfar par le Sénat, & Tes fucceffeurs continuèrent
d’en jouir.
Juftinien eft le premier qui ait pris fur fes mon-
noies une efpèce de couronne fermée , tantôt profonde,
en forme de bonnet, tantôt plate , & approchant
alors du mortier de nos Préfidens , excepté
qu’elle eft furmontée d’une croix, & fou-
vènt bordée de perles à double rang. C’el\ ce que
Ducange nomme camelaucium, confondu ordinairement
avec le mantelet3 appelé camail3 à caufe
de la reflemblance du mot, quoique l’un foit fait
pour couvrir les épaules , tandis que l’autre eft
aeftiné à couvrir la tête.
« Les couronnes radiales fe donnoient aux Princes,
dit le Père Jobert, lorfqu’ils étoient mis au
rang des Dieux, foit avant, foit après leur mort :
cette forte de couronnes n’étant propre qu’à des
Déïtés, comme dit Cafaubon , je ne prétends pas
néanmoins faire de cela une maxime confiante,
car je fais combien il y faudroit d’exceptions* particulièrement
depuis les douze Céfars. Nous 11e
voyons point qu’aucun Empereur vivant ait pris
la coaron/ze radiale avant Néron, qui la méritoit
le moins de tous, Augufte même n’en ayant eu
l'honneur qu’après fa mort, »
On voit fur les médailles plufieurs autres efpè-
ces de couronnes qu’il faut diftinguer. Les unes,
appelées roftrales , font compofées de proues de
vaifleaux enlacées les unes dans les autres 5 elles fe
donnoient après les victoires navales. Agrippa reçut
cette couronne d’Augufte , après qu’il eut défait
les flottes de Sextus Pompeius & de Marc-Antoine 5
d’autres, appelées murales , font compofées de
tours 5 c’étoit la récompenfe de ceux qui avoient
pris des villes, comme c’eft l’ornement des Génies
& des Divinités qui les protégeoient. C’eft pourquoi
Cybèle, la Déeiïe de la terre, 8c tous les
Génies particuliers des provinces 8c des villes, portent
des couronnes tourelées.
On y voit aufli des couronnes de chêne, deftinées
a ceux qui avoient fauvé la vie à un citoyen 5 telle
eft celle qui entoure l’infçription ob cives fer-
vatos3 & qui fe voit quelquefois fut la tête même
du Prince*
Les couronnes d’herbe, ou graminées , corons,
grammes, , étoient celles qu’une garnifon afliégée
dans une place, ou une armée renfermée dans fon.
camp par l’ennemi, avoient coutume de donner à
leur libérateur ; elles étoient faites avec des plantes
arrachées dans l'endroit même où l’aétion
s’étoit paflce. Pline ( /• x x i j 3 c. 3. 4. y & 6. ) en
a parlé fort au long, & il a nommé tqusceux qui
en avoient été honorés iufqu’au temps où il écri-
voit. Il eft douteux cependant qu’on en puifle
trouver quelque exemple furies médailles. Un fa-
vant des plus diftingués a cru reconnoître une de
ces couronnes fur une médaille d’argent de la far
mille Fabia , rapportée par U.tfin , Patin , Vaillant
& Morel. On y voit d’un côté la - tête dé
Jupiter avec une barbe a fiez épaifle, 8c couronné I
de laurier. Au revers la figure d’un homme nud
& debout, le cafque en tête, appuyé de la gauche
fur une hafte, 8c préfentant de la droite une
couronne , que le favânt homme a prife pour la
couronne graminée qui fut accordée au célèbre
Fabius, l’émule d’Annibal. Sa conjecture eft fondée
fur ce qu’on lit dans le champ de la médaille
Q. fab. & un monogramme qui peut défigner le
furnom maximus. Mais la couronne repréfentée
fur ce revers eft trop petite pour que le monétaire
ait pu -y marquer bien diftinétement la forme des
feuilles dont elle étolt compofées 8c d’ailleurs il a
exifté plus d’un Q. Fabius, & il n’y en eut jamais
qu’un feul honoré de la couronne graminée.
Il y avoit des couronnes particulières deftinées
à ceux qui remportaient les prix dans certains
jeux publics. C’eft ainfi qu’aux jeux de l’ifthme de
Corinthe, nommés iftkmia , les vidorieux-étoient
couronnés d’âche, une efpèce de perfil plus fort
& plus grand que le nôtre : on en voit la forme
fur une médaille de Néron.
Hadrien fit faire en faveur d’Àntinoüs, des,
couronnes de lotus. Il lès appela antinoeia ,
nom qui fe lit fur les médailles de ce favori. Ter-
tullien ( de Cor. Mil. c. 12. ) a fait mention de ces
couronnesqu’on donnoit dans les jeux inftitués en
l’honneur d’Antinoüs, nommés aufli antinoeia*
Les couronnes que les Grecs portoient autour
du cou dans lesjfeftins , s’appeloient ( Athen.
Deipnos 3 zxv'. p. 688. B. Clem. Alex. P&d'ag.
t. il. c. 1. p. 185. /.J.) Ysrobofitctà'tç3 parce qu’elles
leur faifoient fentir l’odeur des fleurs de bas en
haut.
Ceux qui voudront être parfaitement inftruits
de ce que les anciens Auteurs nous apprennent
fur les diadèmes , les couronnes 8c les autres orne-
mens de tête, des Rois, des Empereurs, des Prin-
cefîes, des Prêtres , des athlètes, 8cc. doivent
lire le favant ouvrage de Charles Pafchal, intitulé
î Caret U Pafckalii Corons , opus libris x dif-
tinélum , quibus res omnis coronaria é monument
i s eruta continetur: Paris. l6lO, in-40. &
Lugd. Bat. 167. 8°. Il faut fur-tout avoir foin de
comparer ce que cet Auteur a écrit fur les différentes
efpèces de couronnes , avec celles qui font
repréfehtées fur les médailles. Dans le Valefiana y
p. 99-103 , oh trouve un article fur les coiffures ,
que portent fur les médailles les impératrices. Ce
léger eflfai auroit dû engager quelque Antiquaire à
faire des recherches particulières fur les différentes
coiffures qui ont été en ufage tant dans le haut
que dans le bas-Empire : les médailles ferviroienc
beaucoup alors ; elles nous feroient entendre diffé-
rens paflages des anciens Auteurs , qu’on ne fau-
roit bien expliquer fans leur fecours. Pour y fup-
pléer , on lira dans’ ce Di&ionnaire les articles
particuliers de chaque efpèce de couronne , & de
plus les articles Bandeau royal, Diadème ,
CiDARis, Tiare, Mitre, Cheveux, Cas»
que , &c,^
Couronne d’Ariadne. Voye^ Ariàdne.
COURONNE {Diplomatique). «Les couronnes de
nos Rois de la première race font ordinairement
de perles : elles fe terminent fouvent vers le bas
de la tête par deux perles, formant a peu-pres un
V conforme renverfé. » -
« Deux autres perles s’élèvent prefque aufli fou-
vent au-deffiis de la tê te , 8c représentent alors
un perlé par le haut ; quelquefois une croix ou
un fimple ruban. Cet V renverfé , qu’on voit fur
la tête de la huitième monnoiede Dagobert, pag.
jo de le Blanc, n’eft rien autre chofe qu’un-ornement
de cette nature. Il eft furprenant qu un
aufli habile homme que le Blanc 1 ait pris pour
une lettre, pour un vrai A grec, dont il dit mo-
deftement qu’il ignoroit la lignification. »
« Cés couronnes de perlés étoient quelquefois
doubles, quelquefois ce n’étoiènt que de Amples
diadèmes.» . ■ \ (r ;
« Les couronnes de laurier font rares fous la
première race 5 il y a quelques couronnes fermées.
»
c« Les têtes font communément de profil, 8c
regardent vers la droite. »
«c Les Rois d’Efpagne, au contraire , font de
fa ce , & pour l’ordinaire fans couronne, mais avec
une longue chevelure. Quelques-ims neanmoins
regardent de profil comme nos Rois , & ont des
diadèmes ou des couronnes fermées. »
ce Rarement nos Rois de ce premier âge ont des
couronnes radiées. Des feize Rois qui font aux
trois portails de l’églife de S. Denis, il y en a
neuf dont les couronnes ont la forme de bonnets
tous différens les uns des autres. Il y en a qui ont
au bas des bandes qui reflemblent un peu aux
diadèmes j les autres diffèrent confidérablement
entre-eux. De toutes ces couronnes, trois feulement
ont le treffle, qui n’étoit qu’un ornement
arbitraire.»
: ce Les Rois de la fécondé race n’ont point fait
repréfenter d’ordinaire leur figure fur leurs monnoies:
quand ils l’ont fa it, ils avoient coutume
de porter une couronne de laurier j quelques-uns
ont pourtant la couronne de perle. Ils regardent
pour la plupart de profil tournés vers la droite.
Rarement regardent-ils de face : quelques-uns ont
la couronne de perle fur un ou deux cercles. »
et On peut remarquer fur les monnoies de Louis-
„ le-Débonnaire que fa tê te , qui eft gravée fur
» huit pièces , eft toujours couronnée-de lauriers.
» Si le do été Coringiùs les avoit vues, il fe feroit
» fans doute épargné la peine de faire cette lon-
» gue diflfertation , où il tâche de prouver que
» depuis le grand Conftantin les Empereurs ne
» portèrent plus que des diadèmes de perles ou
» de pierreries, & jamais de couronnes de laurier. »
Deux figures de Charlemagne , faites de fon
temps , même à Rome, fous le Pape Léon III,
portent la couronne impériale fermée par le haut,
comme la portoient alors les Empereurs d’Orient.
La couronne de Charles-le-Chauvé , fur quelques
monumens , n’eft qu’un cercle furhaufle de quelques
fleurs de lys. Nous ne parlons point de quel -
ques couronnes extraordinaires de la deuxième
race.»
« Les premiers Rois de la troifième race ont encore
moins eu l’ufage de ft: faire repréfenter ou
de faire marquer quelques figures fur leurs monnoies.
Louis VII eft peut-être le premier qui l’ait
fait, & Philippe-Augufte eft le premier de cette
race qui fe foit fait repréfenter lui-même , encore
eft-ce très - rarement. Il y a pourtant une tête en
bufte & de face de Philippe Ier, avec une couronne
furmontée de croix. Philippe II. fe fait repréfenter
de face, foit aflis fur un trône, ayant un feeptre,
terminé par une fleur de lys dans la droite, 8c
une fleur de lys dans la gauche, avec deux lys à
fes côtés , ou debout avec les mêmes attributs ,
excepté qu’il tient fa gauche vuide fur fa poitrine.
Mais ces monnoies ne font peut-être pas de Philippe
Augufte, elles font tout au plus de Philippe-
le-Hardi ou de Philippe-le-Bel. Sa couronne porte
des fleurs de lys fur un cercle. »
« Blanche eft repréfentée debout avec les attributs
rapportés plus haut, fi ce n’eft qu'elle tient
quelquefois, au-lieu de la fleur de lys , une couronne
, comme celle qui eft fur fa têtè, »
«Louis VIII eft repréfenté fur un trône fans
les deux lys à fes côtés, mais tenant la fleur de lys
de la droite, 8c le feeptre de la gauche. Le trône
n’eft point terminé dans fes bras comme le précédent
par des têtes d’animaux. »
«c La couronne de S. Louis étoit ouverte , fur-
montée feulement dans fon contour de quatre
fleurons , un devant, un derrière , 8c les deux autres
aux deux côtés. » '
« Le Blanc nous repréfente Philippe-le-Bel
comme Philippe-Augufte, à l’exception des deux
lys à fes côtés. Il l’a fait aufli repréfenter fur un
trône chargé d’architeClure gothique. On peut
douter que ces deux figures foient du même
Roi. »
ce Charles-le-Bel eft debout, le feeptre dans fa
main droite , comme dans une niche d’architecture
gothique très-chargée 5 on ,ne voit rien dans
fa gauche- »
ce Philippe de Valois eft repréfenté ordinairement
aflis fur un trône d’architeéture gothique ,
tenant le feeptre de la droite, & la main de juftice
de la gauche. Quand il eft debout, il a la gauche
vuide fur la poitrine. Quelquefois fon trône n’eft
qu’un pavillon femé de fleurs de lys, & alors il
tient le feeptre de la gauche , & a la droite fur la
poitrine , comme un Evêque qui bénit. Quelquefois
, au-lieu de fa main de juftice, il tient la fleur
de lys 5 quelquefois il eft repréfenté à cheval,
bouclier 8c houffe en croix avec des ornemens,
foulant aux pieds & tuant un dragon. »
cc Jean tient un glaive levé de la droite, & un
écuflbn aux fleurs de lys fans nombre de la gau*