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que cette idée â été prife d’une coutume des
égyptiens, qui cnterroient les corps de ceux
qu’ils vouloienc honorer, dans un bocage délicieux
au-delà du lac Querron.
Si le récit contenu dans le' paflage fuivant de
Diodore éft vrai, il a pu fervir de bafe à la
fiction des champs é/-yfées. Diodore de Sicile dit
que la fépulture commune des égyptiens, étoit
au-delà d’un lac nommé Ach érafle : que le mort
étoit apporté fur le bord de ce lac , au pied d'un
tribunal compofé de pliifieurs juges qui informoient
de les vie & moeurs. S'il n’avoit pas été fidèle
aux^Ioix, on jettoit le corps dans une fpiTe ou
efpece de vbierie qu’ on nommoiua/'ta/'e.S’il avoir
été vertueux, un batelier conduifoit le corps
au-delà du lac dans une plaine embellie de prairies,
de ruiffeaiix, de bofquets & de tous les
agremens champêtres. C e lieu le nommoit élyfont
ou les champs élyfées 3 c’ eft-à dire , pleine fatif-
faétion , féjour de repos ou de joie .
A u ’ relie , fi les poètes ont varié fur la fitua-
tion des champs élyfées i ils ne font pas plus
d’accord fur le temps que les âmes y , doivent
demeurer. Anchife' femble infirmer à Énée fon
fils , qu’a près une révolution de mille ans, les
âmes buvoient de l’eau du fleuve L é thé, & ve-
noient dans d’autres corps 3 en quoi Virgile adopte
en quelque manière la fameufe opinion de la
Meterapfyoofe, qui a eu tant de partifans , &
qui devoit encore fon origine aux égyptiens.
ÉMACURIES. Voyc^ aimakotpia.
ÉMAIL-, L ’émail n’étant qu’un verre Opaque,
on renvoie au mot V erre.
EMANSIOI 1 T . „ .
EM A N S O R ƒ Les romain5 appelloient emanfo
r , le, foldat qui s’étoit éloigné de fa cohorte
pendant un temps allez court nommé emanfio.
Le^ nom dedéferteur, defertor, ne lui étoit donné
qu’après un temps d’abfence beacoup plus long
& réglé par les loix militaires.'' ( Cujac. obf: V Ï .
16 . )
EM A TH IO N , fils de Tithone, étoit un tyran
de l’Arabie, dont Hercule purgea la terre". ( D io - >
dore de Sicile. ) ;
ÉMATURIES , c’étoit une fête du Pélopon-
nèfe, où les jeunes garçons fe fouettoient au
tombeau de Pélops, jufqu’à ce que le fang découlât
fur ce même tombeau. Le nom de ces
fêtes étoit formé du mot Aipctroa > \' enfanglante.
El les s'appelaient aulfi émacuries, A'ifiuKUftct. Foyer
ces mots.
EM B A T ER IE , nom d’une marche des lacédé-
moniens, qui s’exécutoit fur des flûtes propres .
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à cet effet , & qui probablement étoient des
flû tes embatériennes. Voye£ EMBATÉRIENNE.
\Jembaterie fervoit à régler les pas des foldats/
quand ils marchoient à l’ennemi.- Tel avoir été.
peut-être l ’air fur lequel Tyrtée avoit chanté fes
vers.
Cette marche étoit certainement à deux temps/
& ne changoit point de- me fur e / comme tous
les'autres airs des grecs, qui changeoient de me-
fure fuivant que le rythme des paroles l’exigeoit.
Car ce n’eft qu’avec beaucoup de peine qu’on
peut parvenir à marcher régulièrement, en réglant
les pas fur un air d’un mouvement à trois temps $.
& il eft impoflible que plufieins hommes pu i fient
marcher uniformément en changeant de pas,
comme il le faut quand la mefure change.
Cette marche étoit encore d’un mouvement
grave & pofé 3 car l’on fait que les lacédémo-
niens étoient. de tous les peuples ceux qui marchoient
avec le plus de gravité à l’ennemi.
EM B A TÉR IEN N E , efpèce de flûte des grecs, -
dont, au rapport de Pollux , ils fe fervojent en
voyageant, apparemment pour rendre le chemin
moins pénible •& .moins ennuyeux.
Cette flûte , furnommée embatérienne, propre
à la marche, pourrôit bien être celle fur laquelle
les lacédémoniens exécutoient leur marche api
pellée embateiie.
EMBAUMEMENS. De tous les peuplés anciens
, il n’y en a aucun chez lequel l ’ufage d’ém-
baumer les corps ait été plus commun que chez
les égyptiens j ils le tenoient fans doute des éthiopiens,
chez , qui les réfines & les gommes font
très-abondantes. Les éthiopiens en employoierit
pour les embaumemens- 3 qui étoient tranfparentes ,
telles' que celles de Copal, & que des grecs
après les avoir examinées très rapidement, prirent
pour du verre. Les égyptiens empioyoient les
bitumes au même ufage.
Nous allons rapporter ce qn’Hérodote nous
en a tranfmis, & nous y joindrons les obferva-
tions du favant chymifte Ro'üelle ( mém. de l’acad.
des fcienc. ) .
Dans l’Egypte, dit Hérodote, il y a des hommes
qui font metier d'embaumer les corps. Quand on
leur apporte un mort,, ils montrent aux porteurs
des modèles de morts peints fur du bois, -On
prétend que la peinture ou figure la plus recherchée,
repréfente le phallus l'acre; ils en montrent
enfuite une fécondé, qui étant inférieure
à la première, ne coûte pas fi cher , & une
troi fîème qui ell au plus bas prix : ils demandent
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enfuite fuivant laquelle de ces trois peintures on
veut que le mort foit accommodé. Apres qu on
efi convenu du modèle du prix, les porteurs
fe retirent, les.embaumeurs travaillent 5 .62 voici
comment ils exécutent l’embaumement le plus recherché.
Premièrement ils tirent avec un fer oblique la
- cervelle par les narines ; ils la font fortir en partie
de cette manière, & en partie par le moyen 'des
drogues qu’ils introduifent dans la tête :. enfuite
ils font une incifion dans le flanc avec une piene
d’Ethiopie aiguifée. 3 ils tirent par cette ouverture
les vifeères, ils les nettoient, les paflent au vm
de palmier, & dans des aromates broyés : enfuite
ils rempliffent le ventre de myrrhe pure broyee ,
dé canelle & d’autres parfums ( excepte 1 encens
) , & ils le recoufent. Cela fa it, ils falenu
le corps, en le couvrant de natrum pendant,
foixante-dix jours. C e terme expiré, ils lavent
le mort, l’enveloppent avec des bandes de toile
de Un, coupées, & enduites d’une gomme dont,
on fe fert en Egypte en, guife de colle. Les parens
le reprennent en cet état, font faire un etui
de bois de forme humaine, y placent le mort,
le trànfportent dans un appartement deftiné a ces
foftes de caiffes, le dreftent contre le^ mur &
l’y laifient. Voilà la manière la plus chère & la
plus magnifique dont ils embaument les morts.
Ceux qui ne veulent point de ces embaumemens
fomptueux choifilfent la fécondé manière, .& voici
comment leurs morts font embaumés.
On remplit des feringues d’une liqueur onc-
tueufe, qu’on a tirée du cèdre, appellee cédria,
on injeCte le ventre du mort de cette liqueur,
fans lui faire aucune incifion, & fans en tirer^ les
entrailles. Quand on a introduit l’extrait du cèdre
par le fondement, on le bouche, pour empêcher
l ’injeétion de fortir.On fale enfuite le corps pendant
le temps preferit ; au dernier jour on tire du ventre
la liqueur du cèdre. Cette liqueur a tant de force 3
qu’elle entraîne avec elle le ventricule & les entrailles
confumés 3 car le nitre diifout les chairs-,
& il ne relie du corps mort que la peau & les
os. Quand cela eft achevé , les embaumeurs rendent
le corps fans y faire autre chofe.
La troifième manière d'embaumer n’eft employée
que pour les moins riches. Après les inj.e£lions
par le fondement , on met le corps dans le nitre
pendant foixante-dix jours , & on le rend à ceux
qui l’ont apporté,
A la lé&ure de ce paflage, qui eft peut être
plus exaét & plus étendu qu’on n étoit en droit de
l’attendre d’un fimple hiftorien on obferve cependant
qu’il n’eft ni allez précis, ni affez cir-
conftancié, pour l’employer à faire l’expofition
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d’un art. Il filloit qu’on pratiquât des incifions
à la poitrine, au bas ventre, &c. fans quoi toute
la capacité intérieure du corps n’auroit point ete
injectée-, & les vifeères n’auroient point ete confumés.
Il eft à préfumer qu’on lavoit avec foin
le corps avant que de;- le fa 1er : c étoit encore
ainfi qu’ou le débarraffoit des relies du natrum ibe
des liqueurs quand il avoit été falé. On ne peut
douter qu’on ne finît par le faire lécher a la ir
ou dans une étuve.
On appliquoit enfuite fur tous les corps & fur
les membres féparément, des bandes de toile,
enduites de gomme 3 mais on 1 emmaillotoit de
plus avec un nouveau bandage également gommé,
les bras’ croifés fur la poitrine, & les jambes,
réunies.
Dans Y embaumement véritable, la tete, le_ ventre
& la poitrine étoient pleins de matières réhneufes
& bitumineufes , & le relie du corps en étoit
couvert. On retenoit ces matières par iin grand
nombre de tours de toile. Apres une couche de
'bande, on appliquoit apparemment une couche
d'embaumement fondu Sc chaud , avec une efpece
-de brofle, puis on couchoit de nouveaux tours
de bandes , & fur ces nouveaux tours une nouvelle
couche de matière fondue , & ainfi de fuite ,
jufqu’ à ce .que le tout eût une épaifleur convenable.,
Il eft difficile de décider fi Y embaumement de
la dernière efpèce étoit un mélange de bitume
dé Judée feul. La momie de fai n te Geneviève ,
I fur laquelle Rouelle fit ces obfervations , eft embaumée
avec le piflafphalte 3 mais elle a des bandes
de toile fine de coton , & elles font en plus grand
nombre qu’aux autres momies. Cependant, le plus
grand nombre des momies étant apprêtées avec
le mélange du bitume de Judée êc He cédna,
qu’on petit appeller le piflafphalte , on peut croire
que cet embaumement eft de la fécondé efpèce.
La dépenfe de la caifle qu’on donnoit à la momie
étoit confidérable ; elle étoit de fycomore ,
ou de cyprès d’Orient, d’une feule pièce creu-
fée à l’outil, & ce ne pouvoit être que le tronc
d’un arbre fort gros.
Il y avoit, félon toute vraifemblance, des fortes
d'embaumemens relatifs à la différence des bandes
qu’on trouve fur les momies , - grofles ou fines.
Le dernier bandage vétoit chargé de caractères
hiéroglyphiques, peints ou écrits. On entre-
mêloit aufli de petites ftatues de divinités, des
amulettes ,& c . &c.
La matière de Y embaumement le plus précieux
étoit une compofition balfamique, femblable à.
celle qu’on a trouvée dans les chambres des moi