
favoir au moins que cette langue a bien des -rap-j
ports avec quelqu'une de celles que Ton connoît ;
comment pourroit-on autrement faire des analyfes
& des combinaifons. ? Comment fixer la quantité
de lettres qu’on doit réunir pour en compofer
un mot ? Or il, paroit que la. langue égyptienne
dont il s’eft confervé bien des mots dans les anciens
auteurs & dans la langue cophte , différoit
effentiellement de la phénicienne ; & par une con-
féquence néceflaire , que nous manquons de points
d’appui pour nous élever jufqu’ à elle, & parvenir
à l’ intelligence des caractères quelle em-
ployoit. »».
« Mais fi cela paroît vrai quant .à Y écriture rapportée
au n°. II. de la planche X X V I ., la chofe eft
encore plus certaine à l’égard des lettres tracées
fur notre bande de toile. Comme elles , ont encore
moins de conformité que les phéniciennes,
& que les abbréviations. y font très-fréquentes ,
elles feront mille fois plus difficiles à pénétrer ,
& je ne fais fi l’ on ne pourroit pas dire qu’ elles
feront à jamais inacceflîbles aux efforts desfavans.
Mais je ne prétends pas fixer le terme de leurs
recherches & de leurs efpérances *, & quels que
foient les progrès que l’on fera dans ce point de
critique, je ferai content fi les obftacles que je
viens de détailler fommairement fervent d’excu.fe
à ceux dont les efforts feront inutiles, & relèvent
la gloire & le mérite de ceux qui auront réuffi.
( Caylus. I. 7 0 )» .
E c r i t u r e en clous, ou de Perfépolis. Voyei
P e r s é p q l i s .
E c r i t u r e des manufcrits trouvés àHercula-
num, & des manufcrits grecs en particulier.
« Tous les' mots, fans aucune exception , font
écrits en lettres unciales, & ne font féparés ni
par des points , ni par des virgules ; rien n’indique
la divifion des mots ,. lorfqu’il s’en trouve
quelques-uns de divifés à la fin d’une ligne ; on
ne rencontre aucun figne d’interrogation, ni autres
qui puiffent aider à la prononciation , ou marquer
les endroits qui demandent qu’on élève la voix. Les
lignes de ponctuation. ne devinrent plus fréquens
qu’ à l’ époque où la connoiffance de la langue grecque
fe perdit. Mais il y a fur quelques mots d’autres
lignes inconnus 3 & dont on, parlera plus bas.
Quant à la grandeur & à la beauté des lettres 3
on peut hardiment les comparer à celles des éditions
rares de quelques auteurs grecs de Lafcaris ,
& à celles du Pindare d’Oxfort, Ceux qui font
à portée de voir le fameux & ancien manuferit des
feptante dans la bibliothèque du Vatican 3 peuvent
prendre une idée encore plus claire de la forme
& de la grandeur de ces lettres, qui dans le
manuferit fur les vertus & les vices font un peu
plus grandes. Il faut cependant remarquer que dès
le temps' où la ville d’HercuIanüm fubfiftoît, le
caractère italique étoit enufage, comme le fait voir
un vers d’Euripide , écrit fur un mur ».
« La forme des lettres ell différente de l ’idée
que l'on fe fait ordinairement de Yécriture de ces
temps anciens; car les caractères avec des jambages
qui s’avancent, tels que dans lé ont été placés
dans les fiècles poftérieurs par ceux qui croient avoir
examiné avec le plus de foin Yécriture des anciens
grecs. Baudelot (i ) dit fur cela très-hardimént & fans
exception, que les lettres grecques, formées de ceïte
manière, font des temps poftérieurs ; c’eft-à-dire,
fuivant l’ idée qu’on a attachée à cette expreffion,
des;derniers temps des empereurs romains. Toutes
les tables où font figurés les anciens cara&ères
grecs, fuivant les différens âges, & qui ont été
mifes au jour jufqu’ à pre'fent, font fautives : <?n
.peut le prouver, fur-tout par les médailles. Par
exemple, l’oméga écrit a mêlé pàrmi des lettres
unciales, le P. Montfaucon le donne au temps
de Domitîèn 3 tandis qu’on le trouve employé
deux fiècles auparavant, fur des médailles des rois
de Syrie ; & on le voit dans la même forme
italique dans l’infcription gravée fur le bord du
grand vafe de bronze 3 confervé dans le capitole ,
dont Mithridate Eupator 3 le dernier prince fameux
de fa branche parmiles rois de Pont, avoit
fait préfent à un gymnafe qu’il avoit fondé.
Cette efpèce de chronologie eft, comme l’on voit,
fujette à l’erreur, & peut nous faire prendre dès
idées très-fauffes des chofes. Si quelqu’un, par
! exemple , voüîoit déterminer l’antiquité de ce
fameux fragment de ftatue d’un Hercule qui eft
placé au belvédère, & qu’on nomme le torfe
de Michel A n g e , & que pour en fixer l’époque
il eût recours à l’infcription qui s’y trouve, & qui
donne le nom de l’artifte ainfi écrit Ar°ÀÂûiNi°s :
faudroit-il, parce que des antiquaires ont avancé
que l’oméga ainfi formé'avoit pris naiflance fort
tard, qu’ il plaçât l’auteur de cette admirable
ftatue dans des fiècles où l’ on ne trouvera point
de fculpteur capable de produire un fi beau travail
? Et que deviendroient alors lés idées qu’il
eft jufte d’avoir fur lès progrès & l’état de l’ art (2)?
Les* caractères qui fe diftinguent par une forme
particulière font ceux que voici, X » X 5 © 5 £ 5 * >
wU , P , a j le figma eft toujours rond, Ces lettres
(1) {U tilité des voyages , tom. I I , p. 117. )
(2) On ne peut pas contefter que les plus beaux
jours de la Sculpture n’aient été les mêmes qui Ont
éclairé dans la Grèce le règne du grand Alexandre ,
& qu’à mefure que. l’empire romain a perdu de fa
fplendeur , les arts fe font éclipfés. Mais, il eft pourtant
vrai que fous Adrien ils reprirent une nouvelle
vigueur , & que rien n’eft;comparable pour la fineffe
du trait, à la ftatue du bel Antinous, qui fut faite
alors.
font
font employées plus fréquemment fur des iaferip-
tions grecques du fécond fiècle des empereurs &
des fiècles fuivans, que dans les précedens ;
quelquefois un jambage s’avance vers la direction
oppofée, comme on le voit fur une lampe de terre,
rapportée par Pafleri ( 1 ) A IOK/^HT =». ('ïVin-
kelman 3 lettres fur Herculanum ).
E c r itu r e des gaulois.
Le feul monument de ce genre qui fubfifte,
eft la pierre écrite de Saulieu en Bourgogne. Le
petit nombre de caractères gaulois que l'on y
apperçoft, a exercé la fagacité de plufîeurs écrivains,
fans q?,!on puifle avoir aucune certitude
de la réuflite. On trouve cette pierre. f e s caractères
gravés dans le VI. volume deT’hiltoire de
Bourgogne , par l’abbé Courtépée.
Ec ritu re des runes- Voyez R unes.
É c r itu r e des latins.
L ’ écriture latine de la plus haute antiquité , comparée
à celle d’Augüfte, en étoit non-feulement
diftinguée par des qualités accidentelles, mais j
aufli par la forme eflentielle des caractères, des proportions
& de la fymmétrie. Sur l’an 368 avant J .C . i
T ite Live rappelle une vieille loi, écrite en lettres ;
antiques, q u i, félon Quintilien, ne reflembloient ■
pas à celles de fon temps. Voilà donc dès le commencement
de Rome au moins deux fortes d’é-
critures latines bien caraCtériféës.Des témoignages
certains en conftatent l’exiftence , & ne lailfent
aucune reflource au doute. On n’en doit pourtant
pas conclure que l’ ufage de Yécriture antique fût
alors totalement aboli, mais qu’ il n’étoit plus à
la mode.
Pourroit-on fe flatter de voir reproduire fous nos
yeux cette ancienne écriture , d’après des originaux
inconteftables ? C ’eft fur quoi nous ne croyons pas
qu’on puifle héfiter un moment; relie à favoir jufqu’
à quel degré d’antiquité il faudra les reculer.
Peut-être ne fauroit-on produire aucun monument
dont la date précife dévance de plus de 300 ans
la naiflance du Sauveur : il eft cependant très-probable
qu’il en exifte encore de plus anciens au
moins de deux fiècles.
Si deux des tables de Gubio égaloient par leur
antiquité celle des pélafges , à qui l’on en attribue
la compofition , il ne feroit pas poflible . de montrer
un plus ancien modèle des lettres latines :
mais leur conformité avec les caractères d’environ
200 ans avant J. C . , les a fait regarder par plu-
fieurs favans plutôt comme des copies ou pièces
renouvellées, que comme de véritables prototypes.
Elles ne feront donc mifes qu’au niveau
des loix romaines agraires, du fenatus-confulte
contre les bacchanales, de quelques, médailles
confulaires, ou tout au plus del’infcription dreflee
en l’honneur de Lucius-Barbatus. Au défaut d une
antiquité prodigieufe que fembloient afîurer à notre
écriture ces tables eugubines, eftimées de plus^ de
3000 ans, les infcrîptions de la fécondé & troifième
efpèce du premier genre des écritures lapidaires
& métalliques , publiées dans la nouvelle diplomatique
des favans bénédictins, quoique de beaucoup
poftérieures à cette époque, répondront fuffi-
famment aux cara&ères qu’avoient en vue Quintilien
, Tite-Live & les autres anciens- C ’eft
tout dire, qu’elles font tirées d’après ce^ que
l’Italie a déterré de plus antique depuis trois fiècles.
Avant leur découverte , les tables eugubines mifes
à part , le monument érigé à Lucius-Barbatus
ne cédoit le premier rang à nul autre , fi ce n eft
peut-être à quelques médailles. La colonne rof-
trale de Duhlius eft, à la vérité, d’une date plus
ancienne : les antiquaires toutefois panfifl’ent moins
difpofés à la croire originale que rétablie. N e
pouffons pas ici plus loin le dénombrement des
inferiptions antiques; il fuffit de jetter les yeux
fur ies quatre premières efpèces du premier genre
des écritures lapidaires & métalliques, pour y voir
raflemblé tout ce qu’à cet égard l’antiquité nous
a tranfmis de plus précieux. Ces morceaux peuvent
fe partager en trois âges. Les plus recens
précèdent Père chrétienne de près, de deux cents
ans : plufieurs des genres fuivans renferment encore
quelques pièces, qui ne remontent pas moins
haut.
Déjà l’ infcription de Lucius - Barbatus , les
épitaphes des Furius , les loix agraires & romaines
, & autres monumens encore plus antiques ,
avoient perdu quelque chofe de l’ancienne ru-
defife des écritures latines, lorfqu’on vit paroître ,
fi même on ne'doit pas la faire' remonter plus
haut, une fécondé branche^ de vieille écriture ,
mais plus polie & particulièrement affeélée aux
médailles. Touche-1-elle à l’origine des caraétère's
latins ? Eft-elle émanée de cette écriture rude &
groflière, eftimée la plus antique? Seroit-elle
née du commerce des romains avec les grecs,
long-temps avant que les derniers eufTent fubi le
joug de l’empire ? C ’eft fur quoi nous ne voyons
pas qu’ on puifle aifément fe décider. Pour ^’ordinaire
on fe contente de la reculer jufqu’à la
première guerre punique ; mais on a des As d’une
écriture à-peu-près femblable, de beaucoup antérieurs
à cette époque. Il fembleroit donc que dès
la plus haute antiquité les romains auroient eu
deux fortes d’ écritures capitales, l’une • impolie
& qu’on peut traiter de ruftique , l’autre plus
régulière & dont on ufoit fur-tout dans les fa-
(i) P a jer i Luc. t. I . tab. 14.
briques M des monnoies. ( Nouvelle diplomatique ). Antiquités , Tome II,
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