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les afliégeoit, s’avisèrent d’un moyen affez bi-
farre pour empêcher Apollon , auquel ils avoient
une dévotion particulière , de les abandonner. Un
de leurs citoyens ayant déclaré en pleine aflem-
blée qu’il avoit vu en Congé ce dieu qui Ce retiroit
de leur ville , ils lièrent fa ftatue avec une chaîne
d’or , qu’ils attachèrent à l’autel d’Hercule , leur
dieu tutélaire , afin qu’il retînt Apollon. Voye^
les mémoires de Vacad. des inferip* tom. V . ( article
du chevalier de Jaucourt ).
É v o c a t i o n des mânes. C ’étoit la plus ancienne
, la plus folemnelle des évocations, & en
même-temps celle qui fut le plus Couvent pratiquée.
Cette pratique paffa de l ’Orient dans la Grèce ,
où on la voit établie du temps d’Homère. Loin
que les payens aient regardé Xévocation des ombres
comme odieufe & criminelle, elle étoit exercée
par les miniftres des choCes famtes. Il y avoit
des temples conCacrés aux mânes, où on alloit
confulter les morts : il y en avoit qui étoient
deftinés pour la cérémonie de Y évocation. Paufa-
nias alla lui-même à Héraclée, enCuite à Phyga-
lia , pour évoquer dans un de ces temples une
ombre , dont il étoit perCécuté. Périandre , tyran
de Corinthe, Ce rendit dans un pareil temple, qui
étoit chez les theCprotes, pour confulter les mânes
de Mélifle.
Les voyages que les poètes font faire à leurs
héros dans les enfers , n’ont peut-être d’ autre
fondement que les évocations , auxquelles eurent
autrefois recours de grands hommes, pour s’éclaircir
de leur deftinée. Par exemple, le fameux
voyage d’Ulyffe au pays des cymmériens, où il
ilia pour confulter l’ombre de Tyréfias ; ce fameux
voyage , dis-je, qu’Homère a décrit dans
TodylTée, a tout l ’air d’une femblable évocation.
Enfin Orphée , qui avoit été dans la Thefprotie
pour évoquer le phantôme de fa femme Euridice ,
nous en parle comme d’un voyage d’enfer , &
prend de-là occafion de nous débiter tous les
dogmes de la théologie payenne fur cet article 5
exemple que les autres poètes ont fuivi.
Mais il faut remarquer ici que cette manière
de parler, évoquer une ame 3 n’eft pas exaétej
car ce que les prêtres des temples des mânes ,
& enfuite les magiciens évoquoient , n’étoit ni
le corps , ni l’ame , mais quelquejchofe qui tenoi -
le milieu entre le corps & l’ame, que les grecs
appelloient ufaxoi 3 les latins Jimurlacrum j imago ,
umbra tenais. Quand Patrocle prie Achille de le
faire enterrer , c’eft afin que les images légères
des morts, ne l’empêchent pas de paffer le fleuve
fatal.
C e n’étoit ni l'ame, ni le corps qui defeen-
doit dans les champs élyfe'es, mais ces idoles.
Ulyfle voit l’ombre d’Hercule dans ces demeures
è v o
fortunées, pendant que ce héros eft lui-même
avec les dieux immortels dans les d eu x , où il a
Hebé pour époufe. C ’étoient donc ces ombres ,
ces fpeêfcres ou ces mânes, comme on voudra
les appeller , qui étoient évoqués.
Savoir maintenant fi ces ombres, ces fpeêtres,
ou ces mânes ainfi évoqués apparoifloient, ou fi
les gens trop crédules fe laifloient tromper par
l’artifice des prêtres, qui avoient en main des
fourbes, pour les fervir dans l’occafion 5 c’ elt ce
qu’ il n’ eft pas difficile de décider.
Ces évocations, fi communes dans le paganifme,
fe pratiquoient à deux fins principales , ou pour
confoler les parens & les amis, en leur faifant
apparoître les ombres de ceux qu’ ils regrettoient,
ou pour leur faire connoître l’avenir. Enfuite parurent
fur la fcène les magiciens, qui fe vantèrent
auffi de tirer, par leurs enchantemens, ces âmes,
ces fpeêtres, ou cesphantôtnes, de leurs demeures
fombres.
Ces derniers , miniftres d’un art frivole & fu-
nefte , vinrent bientôt à employer dans leurs évocations
les pratiques les plus folles & les plus
abominables; ils alloient ordinairement fur le tombeau
de ceux dont ils vouloient évoquer les mânes ,
ou plutôt, félon Suidas, ils s’y laifloient conduire
par un bélier, qu’ils tenoient par les cornes, &
qui ne manquoît pas , dit cet auteur , de fe prof-
terner dès qu’il y étoit arrivé. On faifoitlà plusieurs
cérémonies, que Lucain nous a décrites en parlant
de la fameufe magicienne , nommée Hermonide ,•
on fait ce qu’ il en dit :
Pour des charmes pareils elle garde en toûs lieux
Tout ce que la nature enfante d’ odieux.
plie mêle à du fang qu’ellepuife en fes veines,
Les entrailles d’unlynx, &c. '
Dans les évocations de cette efpèce , on ornoit
les autels de bandelettes noires & de branches
de cyprès; on y facrifioit des brebis noires; &
comme cet art fatal s’exerçoit la nuit, on im-
moloit un co q , dont le chant annonce la lumière
du jour, fi contraire aux enchantemens. On finif-
foit ce lugubre appareil par des vers magiques &
par des prières , qu’on récitoit avec beaucoup de
contorfions. C ’ eft ainfi qu’on vint à bout de per-
fuader au vulgaire Ignorant & ftupide, que cette
magie avoit un pouvoir abfolu, non-feulement
fur les hommes, mais fur les dieux même, fur
les aftres, fur le foleil , fuf la lune, en un mot,
fur toute la nature. ( Article du chevalier de
Jaucourt ). ,
É V O C A T S . > r ,, 9 î
E V O C A T I 1 • nom ^ ev°catlLS etoit nouveau
(bus les empereurs ; lachofe ne l’étoit point.
Ceux qu’on nomsna ainfi , étoient les mêmes
qu’ oit
E U F
qu’on âppelloit auparavant volones auvoluntàrii,
volontaires, tom. LIV. 1. V . c. VII. exempts
de fervir, â raifon de leur âge , ou parce que
leur temps étoit fini, ils continuoient cependant
de fervir. Augufte tes invita à reprendre le fervice»
en leur promettant une plus ample récompenfe.
Saumaife croit que c’étoient les mêmes quel on
appelloit princes, & qu’on nomma enfuite ordinaires
, parce qu’ils faifoient l’avant-garde , ou la
première ligne de l’armée, & qu’ils conduïfoient
les autres corps , alios ordinesi
Il y eut plus d’une forte de ces evocati ou
exempts, comme il a plu à Tillemont de les appeller.
Galba donna ce nom à de jeunes chevaliers
romains, qu’ il choifit pour faire, à la place
dés foldats , la garde autour de fa chambre ; il
leur conferva le droit de porter l’anneau d’or ,
c ’eft-à-dire, qu’il voulut que cette fonction, ne
les dégradât point. On trouve" fouvent dans les
inferiptions anciennes E v o c . A u g . evocati
augufiiy que Cafaubon croit être les mêmes que
ceux qui furent inftitués par Galba.
E VO H E , cri d’acclamation quç faifoient les
bacchantes aux fêtes de Bacchus. Evohè, Baccke.
E U P A T O R , roi de Bofphore. b a s ia , et iia t-
©roc.
Ses médailles font :
R . en or.
RRR. en bronze,
O . en argent.
E U P A T R IA , dans la Lydie.
Goltzius feul a attribué des médailles impériales
grecques à cette ville.
E U PH ÊM E , nourrice des mufes, 8c mère
de Crocus, q u i, félon quelques-uns, devint dans
la fuite le ligne du Sagittaire.
. EUPÏdEMUS, fils de Neptune & déMacio-
nifie, fut un des argonautes. C ’eft lui qui prit
le gouvernail du navire après la mort du pilote
Tiphîs.
EUPHOLME. Héfychius donne ce nom à la
partie des flûtes, qui étoit au-defîous de la glotte,
& à la glotte même.
EU PH O R B E , fils de Penthée, ou Panthis >
étoit un des principaux chefs des troyens. C ’eft
lui qui blefla Patrocle par derrière : il fut tué
enfuite par Ménélas. Pythagore , fuivant fon
fyftêmeaela Métempfycofe, prétendoit que l’ame
d’Euphorbe étoit paflee dans fon propre corps;
•u s ce qui eft la même c-hofe, il fe fouvenoit
Antiquités , Tome II,
E U R <Jop
d’avoir été Euphorbe. Voici la preuve qu’il en
apportoit ; c’eft que voyant à Argos le bouclier
de cet Euphorbe, que Ménélas y avoit fufpcndu.
dans le temple de Junon, il s’étoit, difoit-il,
fouvenu de l ’avoir déjà v u , quoique ce fût la
première fois qu’ il fut venu à Argos, & que
ce bouclier n’en fût pas forci. L ’ame A'Euphorbe
n’étoit pas venue immédiatement dans le corps
du philofophe ; elle avoit eu bien d’autres tranf-
migrations, félon fon opinion. ( Ovid. Met. iy .
160. )
E U PH O R IO N , fils d’Achille & d’Hélène.
Foyer ACHILLE*
ÉUPHRADE , génie ou divinité qui préfidoît
aux feftins ; on mettoit fa ftatue fur les tables ,
lorfqu’on vouloit fe livrer à la joie 8c aux plaifîrs
de la table. (Héfychius.) Son nom exprimoit fes'
fonctions; ivQfettvtficit, je me réjouis.
EU PH R O N E , déeffe de la nuit.
Comme ce nom lignifie bon confeil, on Ta
donné à la nuit, parce que la nuit rend fage,
fait penfer mûrement aux chofes, fuivant le proverbe
, que la nuit porte confeil. ( Epicharm. )
EUPH RO S IN E , l ’une des trois Grâces, celle
qui défigne la jo iey comme fon nom grec l’exprime.
Foye^ G r â c e s .
EUPHYRUS ,• un des fept fils de N io b é ,'
félon T zetzès , qui périt par les flèches d’Apollon.
Voye£ N iobé
EU P LO É A , furnom de Vénus, formé de
deux mots grecs , qui lignifient d'heureufe navigation
3 & fous lequel 011 J’invoquoit en s’embarquant.
Les Gnidiens lui avoient élevé un temple
fous ce nom ; elle en avoit un autre dans uneifle
aufli nommée Euploéa , aujourd’hui-Gaiola, dans;
le golfe de P ou zo l, près de Naples.
EU POM PE , une des cinquante Néréides.
EU R IG O N É E , fécondé femme d’GSdfpe.
EURIPE , nom qu’on donnoit aux canaux
pleins d’eau , qui ceîgnoient les anciens cirques.
Tous ceux de la Grèce aypient leurs euripes ;
mais celui du cirque de Sparte, formé par uo bras
de l’Eurotas, acquit ce nom par excellence.
C ’étoit-là que tous les arts les éphèbes, c’eft-
à-dire, les jeunes fpartiates qui fortoient de leur
feizième année, fe partageoient en deux troupes,
l’une fous le nom d Hercule, l’autre fous le nom
de Lycurgue ; 8c que chacune entrant dans le
cirque par deux ponts oppofés , elles venoient
fe livrer fans armes un combat, où l’amour de là
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