de L. Anfonius ( Philip, x u j . 18.)* • • Æ^ui^mus
«pri puilici & privait decempedatpr.
B iE C IM P RM L Vpyei Dêca pRote.
E f f l l y i f | t f } WagiUrjts des Romains ,
crées avec autorisé fouyeraine pour faire des lois
dans l’État;. On les nomma Décemvirs 3 parce que
ce grand pouvpirfte fut attribué qu'à dix perfonnes
çnfemble , & feulement pendant je cours d'une
année- Mais à peine eurent-ils joui de cet état dç
fouyeraineté 7 qu iïsjconyinr ent par ferment de ne
rien négliger pour lé retenir toute leur vie. Rappelons
au Leéteur les principaux faits de cette
époque de iHiftoire Romaine * & difons d'abord
à quelle occafion les Décemvirs furent inftitués.
Dans le feu des difputes entre les Patriciens &
les Plébéiens, ceux-p demandèrent qu'on établît
des loix fixes & écrites , afin que les jugemens ne
f ulTent plus l'effet d’une volonté capricieufe ou
d ’un pouvoir. arbitraire. Après beaucoup de ré-
fiûance, le Sénat y acquiefça. Alors, pour çom-
pofer ces loix , on nomma les Deçemvirs 3 l'an
301 de Rome. On crut qu'on dey oit leur accprder
un grand pouvoir * parce qu'ils avoient à donner
des loix à des faisions qui étoient prefque. irréconciliables.
On fufpendit lafondion de tous les
autres Magiftrats 3 & , dans les Comices , ils
furent élus feuls adminiftrateurs de la République,
fis fe trouvèrent revêtus par-là de la puifTance
confulaire & de la puifTance tribunitienne : l’une
donnait le droit d’affembler le Sénat ; l’autre,
celui d'affembler le peuple 5 mais ils ne^ cçnvoguèrent
ni le Sénat ni le Peuple, & s'attribuèrent
a eux feuls toute la puifTance des jugemens : Rome
fe vit ainfi foumife à leur empire abfolu. Quand
Tarquin exerçoit Tes vexations, Rome étoit indignée
du pouvoir qu'il avait ufurpé > quand les
Qécèmvirs exerçoient les leurs, Romeiut étonnée
du pouvoir qu'elle avoit donné , dit l’Auteur de
Ifl Qrandeur des. Romains.
Ces nouveaux Magiftrats entrèrent en exercice
de leur dignité aux ides de Mai ; & , pour infpirer
d’abord de la crainte & durefpeét au peuple, ils
parurent en public , chacun avec douze Liâeurs
auxquels ils avoient fait prendre des haches avec
des faifceaux, comme en portoîent ceux qui mar-
choient devant les anciens Rois de Rome. La
place publique fut remplie p/r cent vingt Licteurs
qui éçartoient la multitude avec un fafte
Zc un orgueil infupportahlesdans une ville où
régnoit auparavant la modeftie & l'égalité. Outre
leurs Li&eurs, ils étoient en tout temps environnés
d'une multitude de gens fans nom & fans
a v eu , la plupart chargés de crimes & accablés
de dettes , & qui.ne pouvoient trouver de sûreté
que dans les troubles de PEtat : mais ce qui étoit
encore plus déplorable, c'eft qu’on vit bientôt à la fuite de ces nouveaux Magiftrats une foule de
jeunes Patriciens, qui préférant la licence à. la
liberté , s'attachèrent fervilement aux .difpenfe-
teurs des grâces, & q u i, pour fatisfaire leurs
paffions & fournir à leurs plaifirs, n'eurent point
de honte .d être les miniftres & les complices dp
ce,ux des Décemvirs.
Cette jeuneffe effrénée , à l’ombre du pouvoir
fouverain, enlevoit impunément les filles du fein
de leurs mères > d’autres, fous de fbibles* prétextes,
s ’emparoient du bien de leurs yoifins ,
gui le trouyoit à leur bipnféance : en vain on
en pprtoit des plaintes au tribunal des Décemvirs }
les malheureux étojent rejetés avec mépris, & la
feyeur feule 911 des vues d’intérêt tçnoient lieu
de droit & de juftiçe.
On ne (aurait imaginer à quel point s’affaiff^
1^ République pendant une femblable adrniniftra-
tion : il fembloit que le peuple Romain eût perdu
ce courage qui auparavant le faifoit çraindre &
refpe&er par fes voifins. La plupart des Sénateurs
fe retirèrent ; plufieurs autres citoyens fui-
virent leur exemple , & fe bannirent eux-mêmes
de leur patrie j quelques-uns même cherchèrent
des gfyles chez les étrangers. Les Latins & çeu^
qui fe trpuvoi.ent affujettis à l’autorité de 1%
République, méprisèrent les ordres qu’on leur
-envoyoit, comme s’ils n'euffent pu fouffrir que
l'Empire demeurât dans une ville où il avoit
plus de liberté j & le^ Grecs & les Sabins vinr
rent faire impunément des courfes jufqu'aux portes
de Rome.
Quand tous ces faits ne feroient pas connus >
ou jugerait aifément à quçl excès les Deçemvirs
portèrent le fyftêoee de la tyrannie , par le caractère
de celui qu’ils nommèrent eonftamment
pour leur C h e f, pâr cet Appius Claudius, dont
les crimes furent plus grands gue ceux du fils de
Tarquin. On fait, par exemple, qu'il fit affaffiner
Lucius Siccius Dentatus, ce brave homme qui
s’étoit trouvé à fix-vingt batailles , & qui avoit
rendu, pendant quarante an s , les plus grands,
fervices à l’Etat. Mais on fait encore mieux le
jugement infâme qu’Appius porta contre la ver-
tueufe Virginie. Denis d’Halycarnaffe , Tite-
L iv e , Florus, Cicéron, ont célébré à l’envi
cet événement 5 il arriva l'an de Rome 3045 &
pour lors le fpcCtaele de la mort de cçtte fille
immolée par fon père à la pudeur & à la liberté >
fit tomber d’ua feu! coup la puifTance exorbitante
de cet Appius & celle de fes collègues.
Cet événement excita la jufte indignation d.e
tous les ordres de F Etat : hommes Zt femmes ,
à la ville & à l’armée , tout fe fouleva : toutes
les troupes marchèrent à Rome pour délivrer
leurs citoyens de Toppreffion, & elles fe rendirent
au mont Aventin, fans vouloir fe féparer
qu’elles nfeuffent obtenu la deftiturion & la punition
des Décemvirs.
Tite - Live rapporte qu’Appius, pour éviter
t infamie d’un fuppiiçe public , fe donna la mort
en prifon. Sp. Appius, fon collègue, eut le mêmeles
huit autres Décemvirs cherchèrent leüt
faluE dans la fuite,, ou fis bannirent eu£-mémés.
Leurs biens furent confifqués i on les vendit publiquement
, & le prix eô fut porté, f t t f les
jQuelleurs, au Tréfor public. Marcus Claudius ,
i ’inftrument dofit Appius s’étoit fervi^ çôùf fe
rendre maître de la perfonne de Virginie , fut
condamné a mort ; & il aü'roit été étééüte fans
fes amis i qui obtinrent de Vîfginiüs qu’il fèttitî-
tentât de fon exil. C’eft'ainfi que fut véfîgé lé
fang innocent de l’infortunée Virginie , dont la
ftiort, comme celle de Lucrèce, tira , pour la
fécondé fo is , les Romains de fefclavage. Alors
chacun fe trouva libre, parce que chacun avoit
été offenfé } tout le monde devint citoyen, parce
que tout le mondé fe trouva père : ie Sénat 8e le
Peuple rentrèrent dans tous leurs droits.
Le feul avantage qui revint à la République de
radmïniftratiofi dés Dêcefnv'irs , fut le côfps de
Droit Romain, connu fous le riOfn àé Loi* Dé-
semviralës , & pltfs encore fous celui de Loix
des douçe Tables. Les Décêfni>irS travaillèrent
avec beaucoup dé zèle pendant là prerhiètê année
de leur Magiftrature à cette compilation de Lô ix ,
qu’ils tirèrent en partie de celles- dé Grèce , 8c
en partie des anciennes ordonnancés dés Rois dè
Rome. Voye'^ T a-bees.
Je ne doute point du' mérité dé plafîé'iïrs dé
ces L o ix , dont it ne nous refte cependant qué'
des fragmens} mais, malgré les éloges qu'ort j
en fait, il me fémble que la- vue dé quelques^
•unes fuffit pour dévoiler le but principal qui
anima les Décemvirs lors de leur rédaction ; 8c
cette remarque n’a pas échappé à’ l’ illuftré Auteur
de Y Êfprit dés Loix.
Le génie de la République, dit-il , ne déman-
dôit pas que les Décemvirs fttiffent dans îéüfs
douze Tables les Loix Royales , fi févèrés, St
faites pour un peuple compofé de fugitifs » d’éf-
claves 8c de- brigands ; mais des gens qüi âfpi-
roient à' la tyrannie, n’ avoie'nf gardé de fuivfé:
i’efprit de la République ; la peiné capitale qu'ils
prononcèrent contre les auteurs des libelles' 8c
contre les Poètes y n’étoit certainernent pas de
Tefprit d’ une République,- où le Peuple aime à"
voir les Grands humiliés,- mais de gens qüi vou-
loient renverfer la liberté j 8c Cicéron, qfli rie
défapprouve pas cette loi , en- a bien peu prévu
les dangereufes- conféquertces-. Enfiit^, la loi qui
découvre le mieux les projets qü’avoient les;
Décemvirs de mettre la divifion entre lés Nobles
8c le Peuple, 8c de rendre', par Cet artifice, leur
Magiftrature perpétuelle, eft celle qui défendoit
les mariages entre les Nobles 8c le Peuplé. Heu-
reufement, après l’expulfion des Décemvirs*, cette
dernière Loi fut caflee , Pan'308 de Rome > 8è
prefque toutes celles qui'avoient fixé les péines-,
s’évanouirent. Aria vérité dri rie les abrogea pas'
exprefsément j mais la Loi Porciâ ayant'déferidü:.
de meure à mort un Citoyen' Rcmairi , elleÿ
n’eurent ptas i ’ îpjJlicaitiail ( Article id Chevalier
de Jaucôure.
D bcemviri S tzttis u t* pour Licilus judi-
eândis, Magi&rits Romains, tires du Corps de,s
Centumvirs , qui rendoient [a jultice avec le Préteur.
Les DécérHvits proho’rfçoient lof les afftau-
ohllTeméfïS ( CiceTi Cet. c. j 3. ScOorft.- è. ) ,,
fur l’état des Citoyens, fur leurs mariages, &
fur quelques autres matières civiles.
D ecemviuî Sacrokum , dix CitoyeffS .pre-
pofés à la garde & à l’iBfpeélion des livres fybil-
lins', à îa célébration des jeux apollinaiteS y atfx
fupplications publiques. Leur .nombre varia plu-
lieurs fois s 8i il fut porté même à quinze.
il y avoit auffi des Décemvirs mititairês f S é»
différentes occafions on créoit d es Décemvirs y
poùr régléf 81 conduire certaines affaires, de
même qu’à préfent on formé des Bureau* , on
nomme des Commiffaires pour certaines affaires.
Ainfi il y âVoit des Décemvirs pour conduire une
Colonie , des Décemvirs pour préparer les fefïins
que fon faifoit dé temps en temps en l’honneur
de Jupiter 8c des autres Dieux s des Décemvirs
pour avoir foin des factifieeSy 8cc.‘j & Quelquefois
; ée' h'étoienï que dés Séptémvlrs ou des Trium-
! v i » c ’eft-à-dire, que c’étoient des: Com'mi(Tairei
j qué- l’ on créoit pour ces chofés, & que l’ont
j nomrnoit Décemvirs , Septemvirs . Triutnvirs ou
1 Duumvins, félon qu’ils étoient dix , fept y trois •
1 ou fieulement deux. Voyej QufNDECEMViR.
DECENNALES y Fèces que les Empereurs
Romains célébraient tous les dix ans. de leur règne
i par des ficrilices & pat des largefïcs au Peuple,
jr DecermaUa fifia.
Augufte fut l'auteur de cette coutume , & feü
fuçcefTeurs fimitèrent. Ou faifoit auffi dans le
: même temps des voeux pour l'Empereur, en- lui
. confirmarir l’Empire i 8c ces voeux s'appellent
auffi. des voeux décennales ou décennaux. Depuis
Antonin Pie . on' trouve ces jeüx 8C ces voeux ■
; marqués fur lés médailles. Pr im i D e c ïn n -a l e s .
SECUNOT DECENNALES. VOTA SOL. DECEN. IL
V o t a susc ep . D ec en. III. Ces voeux fe fax-
foient au commencement de chaque dixaine d'apnées
; car, fur les médailles de Pertinax, qui eut
à peine, quatre mois- de règns , on trouve V o tæ
d e c e n . 8a V o t is d e c e n n a l ib u s ;• fur celles de
Pupien, dont l’empire ne dura pas deux an s .
V o t is d e c e n n a l ib u s ,
- Struvius ( Antif. Rom. Syntagma. c. 4. p. *47. y
croie que ces voeux avoient pris la place de ceux
que les Cenfeuts avoient coutume de foire au
temps de la République pour fa félicité. En effet,
on ne les faifoit pas. feulement pour le Prince .
mais encore pour l'E tat, comme Dion (7. n u . )
Si Pline; lé jeune (J. ici ep. l’o r . ) ' l.Ü marquent
expreffément.
Aiizufte étabjit cétte fête pour coMferVat I en».
S f ij