
gloire excitoit dans ce moment entre les deux
partis , une animofité qui ne différoit guère de la
fureur. L’acharnement y étoit fi grand , qu’ à la
force des mains ils ajoutaient celle des ongles
& des dents , jufqu’à fe mordre, pour décider la |
viéloire ; jamais ce combat ne fe terminoit qu’un
des deux partis n’eût jetté l’autre dans Y euripe.
Les cirques anciens avoient leurs euripes , qui
étaient des foffés creufés fur les deux côtés de
l’arène, dans lefquels il étoit dangereux de tom- .
ber en conduifant les chars. Les romains don-
noient en particulier ce nom à trois canaux ou
foffés, qui ceignoient le cirque de trois côtés ,
& que l’on rempliffoit d’eau, quand on vouloit
y repréfenter un combat navaL Ils appelaient auffi
euripes les aqueducs qui fervent à conduira l’eau
d ’un lieu dans un autre. Spartien dit qu’Elaga-
bale remplit par magnificence des euripes de vin,
pour donner au peuple le fpeétacle d’un combat
naval.
On appelloit Nils ces canaux , lorfqu’ils étoient
fort larges.
EURIPIDE. On lit le nom de ce poète fur
la bafe d’une petite ftatue de la ville Albani,
publiée par Winckelmann, dans fes monumenti,
il0. 168.
E u r ip id e , coup de dés qui valoit quarante.
Cette dénomination vient ou d’Euripide, qui
fut un des quarante magiftrats qui fuccédèrent
aux trente tyrans, & qui le fit connoître; ou de
fes collègues , q u i, par affeétion pour lui donnèrent
fon nom à ce coup de dés victorieux.
EURISÈS , divinité gauloife. .
EUROME., dans la Carie, e y pqm e cn .
Cette ville a fait frapper des médaillés impériales
grecques en l’honneur de Caracalla.
EU R O PE , fille d’Agénor, roi de Phénicie,
relevoit fa beauté par une fi grande blancheur,
que l ’on dit qu’elle avoit dérobé le fard de Junon. .Voyez Angelo.
Jupiter, épris d’amour pour elle, & la voyant
un jour jouer fur le bord de la mer avec fes
compagnes, fe changea en taureau, s’approcha
de la nymphe d’ un air qui n’avoit rien de farouch
e , mangea dans fa main, & l’enhardit de telle
fo r te , qu’ elle ofa monter fur fon dos. Mais à
peine y fut-elle affife, que le taureau prit fa
eourfë vers la mer, fè jetta dans les flots , &
fe mit à nager. Europe étonnée fàifit de la main
gauche la corne du taureau, & de la droite elle
retint fon voile que le vent emportoit. « La mer
» devint tranquille , dit Lucien, les Cupidons
» qui voloient tout autour avec des flambeaux #
” chantoient l’hyménée î les Néréides, montées
99 fur des dauphins comme fur des courfiers,
99 caracoloient & donnoient des marques de ré-
99 jouiffance; les Tritons danfoient autour de
99 cette nymphe »3. Europe Yut ainfî tranfportée,
-en peu de temps, de la côte de Phénicie dans
lifle de Crète. Elle arriva dans l’ifle par-l’embou-.
chure du fleuve Léthé, qui paffoit à Gortyne»
Les grecs voyant fur cette, rivière des platanes
toujours verds , publièrent qu’un de ces arbres
fut témoin des premières amours de Jupitev avec
Europe, Aufli a-t-on repréfenté Europe trifte,
aflife fous un platane, au pied duquel eft un
aigle-, a qui elle tourne le dos. L ’eau dans laquelle
elle fe lava, quand Jupiter l ’eut quittée ,
acquit une vertu extraordinaire; ceux qui y entroient
pendant la pluie, n’étoient mouillés., ni
de l’eau qui les recevoit, ni de celle quitomboit»
Europe eut de Jupiter quatre fils, Minos, Rha-
damanthe, Sarpédon & Carnus. La compagnie
d’un dieu ne déshonoroit pas une mortelle. Af-
térius, roi de Crète > époufa Europe, N ’en ayant
point d’enfans, il adopta les quatre fils de Jupiter,
& laifTa fon royaume à Minos. Europe, devenue
mère dé ces quatre princes, s’ attira l’ eftime &
l’amitié de tous les erétois, qui l’honorèrent,
après fa mort, comme une divinité; ils inftituèr
rent même une fête en fon honneur, nommée
hellotia 3 d’où on appel la Europe 3 Hellotes. Plu-
fieurs ont cru que cette princeffe , dont le nom
exprime la blancheur, avoit donné fon nom à
YEuro'pe) dont les habitans font blancs.
Au bruit de I’enlévement.d’Etfrôpe, Agénor,
fon père, la fit chercher de tous côtés, & ordonna
à fes enfans de s’embarquer, & de ne point
revenir fans elle. Les amours d‘Europe & de Jupiter
excitèrent dans le coeur de la jaJoufe Junon
un courroux fi implacable , qu’eue pourfuivit avec
acharnement toute la famille de Cadmus, frère
: de cette princeffe, Voyez C a d m u s , H e l l o t è s *
La fable de l’enlèvement à’Europe y eft racontée
de plufieurs manières/'par les écrivains.
Licophron appelle fon raviffeur Aftérus, Dîo-
dore ( lib. V. ) Allé d u s , St. Auguftin ( Cm'r.
De l y lib X V I I I . cap. XII. ) Xanthus, & d’autres
Xuthus. Pour confoler Agénor de la perte
d'Europe y on mit fa fille au nombre des divinités.
Le raviffement d'Europe a beaucoup exercé Jes-
mythologues. Les uns difent qu’un Jupiter, roi
de Crète , ayant fait une defcente en Phénicie ,
enleva plufieurs perfonnes, & entr’autres la fille
du roi du pays, nommée Europe} qu’il la tranf-
porta en Crète fur un vaiffeau nommé le taureau±
Paléphate de Paros a écrit qu’elle fut enlevée
par un.gnoflien, nomme Taurus 3 dans une guerre
qu’il eut avec les phéniciens.
■ ‘ Europe fut honorée par les phéniciens-, avec
Aflarte ou Allh#roth, c’eft-à-dire, avec la lune
& (bus fon nom. Lucien, dans fon Traité de.la
déeffe fyrienne, dit qu’ Aftarte étoit la lune, &
il ajoute que les prêtres phéniciens croyoient
qu’Aftarte étoit Europe, & que lui même il le
leur avoit ouï affu-rer , c’ cft-à-dire , répond Vof-
fius ( de idolat. lib. VII. ca>p. X . ) , qu’Aftarte,
phyfiquement parlant , & de fa it, étoit la lune,
que c’étoit à elle que ce culte fe rendoit dans
fon origine, & que depuis d’A ftarte, on'eniïVoit
fait Europe.
Les fydoniens mirent Europe au revers des médaille
» qu’ils frappèrent pour Elagabale, pour
Annia Faufiina, & pour Alexandre Sévère. Les
os d'Europe étoient chez les thefpiens, & ils les
portaient en cérémonie ,aux hellôties. Voyez
H e l l o t ie s .
On trouve fur les médailles une. Europe fur un
taureau , & pour infcrîption , © E A 2 1 A & n o 2 .
(Triftan, tom. III. p. i l 6. 1 17 .) .
Une autre Europe eft une nymphe, fille de
l ’Océan & de T é th y s , comme on peut le voir
dans la Théogonie d’Héfiode, v. 357. Lambert
Barlée, qui prétend que les noms des filles de
l’Océan, rapportés par Héfiode en cet endroit,
ne font que des qualités ou des propriétés de
l ’eau, ou de la mer, dit que Évçâini 3 Europe,
eft dit pour E’vgixwVjj, qui voit fort loin3 parce
que la vue s’étend fort loin fur les eaux.
Enfin, Europe eft le nom de la XI®. fybille.
E U R O P S , fils d’Égialée, régna à Sycione,
& donna fon nom à Y Europe, félon Apollodore
& Paufanias. ( Cotinth. )
EU R O TA S , fleuve du Péloponnèfe, quitta
le nom d’Himère à cette occafion. Les lacedé-
moniens étant en guerre contre les athéniens,
attendoient pour combattre la pleine lune. Eu-
rotus , leur général, traitant cela de fuperftition,
dit Plutarque le géographe, n’y voulut avoir
aucun égard, rangea fon armée én bataille malgré
la foudre & les éclairs ; mais il perdit fon
armée,. & , de chagrin, il fe' jetta dans le fleuve
Himère, qui depuis ce tems-là fut nommé Eurotas.
Les lacédémoniens honoroient ce fleuve,
dit Maxime de T y r , par une loi expreffe qui le
leur ordpnnoit. C ’éfoit11 peut-être à caufe de l ’utilité
qu’ils en retiroient, ce fleuve arrofant le territoire
deSparte. Voye% H im è r e .
Les lacédémoniennes difoient que Vénus, après
avoir paffé } 'Eurotas, v avoit jetté fes bracelets
& tous les oriiemens des femmes; qu’ elle avoit
pris enfuïte la lance, le bouclier, pour fe montrer
à Lycurgue, '& pour imiter le courage des
lacédémoniens. L ’allégorie contenue dans ce récit
eft frappante.
E u r o t a s , fleuve de Theffalie, entre dans fe
Pénée , qui femble refufer de le recevoir. L ’eau
de YEurotas fumage d’abord comme de l’huile
fur celle du Pénée, qui la rejette en fuite comme
une eau maudire , & engendrée par les furies
infernales. ( Plhu lib. IV . cap. V I I I .)
E U R U S , nom d’un vent qui fouffle entre
l’Orient & le M id i, & que nous appelions vent
du- fud-eft. Pline dit ( lib. II. cap. X L V I I .)
que ce nom eft celui que les grecs lui donnoient,
que les latins Tappelloient vulturne, vulturnus.,
Les latins confondent fouvent ces deux vents ,
parce qu’ ils foufflent tous deux du côté d’Orient,
l’un à droite & l’ autre à gauche de l’Orient équinoxial.
Aneffonique de Cyrre avoit bâti à Athènes
une tour oélogone, où les huit vents que
l’on diftinguoit alors , étoient marqués-. Elle fub-
fifte encore, & YEurus parcît fous la forme d’un
jeune homme. Sur l’Océan, nos pilotes appellent
ce vent fud-eft ; & firoco fur la Méditerranée.
E U R Ÿ A L É , une des trois Gorgones, fille de
Phorcys, & foeur de Médufe. Elle n’étoit fu-
jette, ni à la vieilleffe , ni à la mort, dit Héfiode.
Voye^ G o r g o n e s . ( Théogon. v. 176. )
E u r y a l é , reine des Amazones, fecourut
Aetès , roi de Colchide , contre Jafon. ( Valer.
Flacc. Argon. lib. V. )
E u r y a l é , fille de Minos, fe laiffa féduire par
Neptune, & mit au mondé Orion. V . O r i o N.
EU R YA LE , femblable aux^dieux, dit Homère,
commandoit lesargiens au fiège de T ro y e , avec
Diomède & Sténélus. Il étoit fils de Méciftée ,
& petit-fils du roi Talaüs.
E u r y a l é , le plus beau des troyens qui portoient
les armés, dit Virgile ( Ænéïd. IX. ) ,
■ aimoit' tendrement Nifus, autre jeune troyen :
ils ne fequittoient jamais dans les combats. S’étant
expofés tous deux à un grand péril, pour la
gloire de leur nation, Nifus s’en rira heureufe-
ment ; mais Euryalé eut le malheur de fe laiffer
furprendre par les ennemis. Dès que Nifus vit
fon ami entre leurs mains, fans efpérancede l’en
pouvoir tirer, il fe livra lui-même à eux , en
offrant fa v ie , pour fauver celle de fon ami; ils
y périrent tous deux.
E U R Y B A T E , un des argonautes, fe rendit
çélèbreau jeu du palet, auffi-bien que dans l’arc
de guérir les plaies : c’ eft lui qui guérit celle
qu’Oilée avoit reçue, en donnant la chaffe avec
Herçuîe aux oifeaux du lac Stymphale.
EUR YB IE , fille de Pontus & de la Te r re ;
époufa Créïus , & fut mère d’Aftréus , de Perfc
i & de Pallas, félon Héfiode.
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