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6. Les aftes & les lettres, où les évêques
prennent le titre de pfetres , pendant les fiecles
X I. XII. 8t X f f l , , ne doivent point paraître
fufpë&s.
7. Jufqu’au milieu du VIII. fiècle, le titre de
pape fut donné aux évêques ; mais dans la fuite
il ne. leur fut attribué que rarement.
8. On auroit tort de tenir pour fufpe&s les
aétes & les diplômes des VI. VII. & VIII. ne-
ç le s, par la raifon que le titre d’archeveque y
eft donné à des primats, ou à des métropolitains,
& même à certains évêques.
o. Depuis le IV . fiècle jufquau XIII. les
lettres de ferviteur de J. ,C. 3 de pécheur, de
ferviteur d'un faint titulaire, de ferviteur des
fervi.ee,urs.j d'évêque humble & indigne, de ferviteur
du troupeau de J. C . , & c . f o n t dés titres
favorables à la fincérité des lettres Sc des chartes
épifcopales.
10. Pendant le X . fiècle & les deuxjuivans,
plufieurs prélats fe donnèrent à eux-mêmes, &
reçurent des titres & des éloges magnifiques, fans
que la plupart abandonnaient les expreffions
mfpirées par l’humilité chrétienne^
1 1 . Les fo is C a tloV ïn g ie n s ita ito ien t les a b b é s ,
Se 'à plus fo r te • raifon te s évêques ,. d illujires tte
de réverendijjtmcs.
r i . Pendant le X . fiècle & les deux fuivans,
les titres d'illuftres & d’illullriffimes, de révérends;,'
de. révëuendiffimes , de très-renommés ,
de glorieux, de magnifiques, d e . nobles , dé
grandeur, d'a.l telle, de' majellè, ,Srâ. ècoiënt.déférés
aux prélats-non-feulement par les.Notaires,
mais encore par des-perfônnes en place.
i t . Les titres de. prince -, de d u c , de comte,
de cônful, pris-par des prélats^ avant le XI.
fiècle, feraient fufpeéler.un diplôme.
14 Dès le XI. fiècle plufieurs évêques marquèrent
dans leurs chartes le rang qu'ils tenoient
parmi leurs prédéceffeurs de même nom.
i f . Depuis le IV . fiècle jufqu'àu X II. la qualité
de frère donnée à des évêques par les abbes
& les moines, ne rendrait pas un acte fùfpect.
i£». Anciennement les abbe s, honores du fa-
c e rd o ce , ne recevoiênt 8c ne. prenoient. fouvent
» nrprre«;.
17. Au IV . fiècle, & dans le fuivânt, quej:
ques évêques mirent leurs noms & leurs qualités
non à la tê te , mais au bas de leurs lettres,
contre l'ancien ufage.
18. Les chartes vidimées commencèrent, au
plus tard au XIII. fiècle, à porter cette formule ,
Hueras non cqncellatas 3 non aboUzas , nec in aliqua
fui parte vitiatas,
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A R T I C L E I I.
Réglés particulières fur les fuferiptions& le Jlyle des
D i p l ô m e s donnés par les princes...
1. Les invocations exprimées par des fymboles
& des traits monogrammatiques, ou exprimées
tout au long, furent employées dans les diplômes
originaux des rois de France de la première
v. Les empereurs romains Se: 1 es- rois wHigots,
& anglo-fàxons des VI. VII. & V lIL fiecles,
commençoient leurs édits & leurs diplômes par
des invocations formelles.
3. On pourroit tenir pour fufpeétes les chartes
de Pépin - le - Bref, qui renfermeroient des invocations
écrites tout au long au commencement
de la fufeription ; cependant D. Mabillon ne veut
pas qu'on les rejette fans examen.
4. Tous les diplômes des empereurs d*Occï-
dent, jufqu’environ le commencement du X I1L
fiècle, renferment des invocations.
. y. Depuis Charlemagne, jufqu’à Philippe-Ie-
Bel inclufivement, tous nos rois ont commence
leurs diplômes, au moins les plus importans ,
par diverfes invocations formelles.
6 . L ’invocation de la faînte Trinité ^employée
par Charles-le-Chauve, diftingue fies diplômes^de
ceux de Charlemagne / & fe maintient jufqu au
règne de Philippe - le - Bel inclufivement.
: " 7. Les rois de France, avant le X . fiècle, &
■ les rois ou empereurs d’Allemagne , n’ont jamais
ufé de «or- dans la. fufeription de leurs chartes.
Corollaire. De là l’ abbé Godfroi conclut qu'à
julle titre, en conféquence dé cette expreflion,
le diplôme d'Otton, confervé à Magdebourg ,
a été accufé de faux par Leuberus.
8. Quelques-uns de nos rois, ail IX. fiècle,
firent précéder leur nom_du pronom ego dans
leurs fuferiptions , mais cet ufage ne devint fort
à la mode qu’aux X I. & XII. fiècles..
9. Le titre d’homme illuftre vir itilujler ou illuf-
tris, a été pris par tous lès rois de France, jufq
u ’ à Charlemagne inclufivement.
10. Quoiqu'on pût regarder comme fufpeéï: un
diplôme où quelqu’un des rois mérovingiens ne
prendroit pas dans la formule initiale le titre, de
vir inlufter, on ne devroit pas le rejetter comme
faux, s’ il n’avoit point d’autre vice.
11. On doit regarder comme indubitable | les
diplômes de Pépin - le - B r e f, q u i, exempts d’ailleurs
de tout autre défaut , portéroient dans la
fufeription vir inlujler 6’ g ra t ta Dei»
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12. On ne peut ordinairement décider du fort
des diplômes par leurs formules initiales.;
13. : On ne doit pas. exiger que toute charte ,
donnée fous la première race de nos rois, foit
abfoiument conforme aux formules de Marculfe.
14. La barbarie du ftyle & l'orthographe vi-
cieufe, loin de' nuire à la vérité des plus anciennes
chartes * -en deviennent la preuve depuis le VI.
fiècle jufqu'au XI.
iy . Toute charte en original, foit qu'elle fût
donnée au nom du ro i, foit qu'elle eût pour
auteurs dès ^particuliers laïques, feroit au moins
fufpe&e, fi fon orthographe étoit régulière,
depuis le VI. fiècle jufqu’à Charlemagne.
16. L ’énumération des diverfes efpèces de
biens, renfermés dans la ’donation d’un fonds ou
d’un domaine , loin d’être un titré de faulfete
dans les chartes mérovingiennes & carlovingienr
nés, eft un caractère propre à prouver leur vérité.
17. Avant le VII. fiè c le , des diplômés.où
nos rois parloient au pluriel t ne doivent point
paffer, ;ni pour fuppofés, ni pour fufpe&s.
18. On ne doit pas rejetter les diplômes,
où Chaflëmagne n’étant encore que roi, eft qualifié
empereur, ni ceux où le titre de. roi lui
eft donné,' après qu’il fut parvenu à l’empire; .
10. Jamais les rois de France n'ont marqué à
la tête de leurs diplômes, le rang qu’ils tenoient
parmi, .ceux, de leur nom ; au lieu que lés autres,
fouverains, depuis le commencement du X .fiècle,
ont fouvent pris le titre > de premier , fécond,
troifième, &c.
•20. Le titre dé roi donné à' Eudes,‘avant ou
après fa mort, par Charles - le - Simple , n'eft
point un motif légitime de fufpicion contre un
diplôme.
1 1 . Le titreia’ illuftre, donné aux c'omtes parles
- rois carl.ovingtens, cefta* de l’être par les
premiers .rois d’Allemagne.
21. On ne connoît point de plus anéien monument,
qüï faffë mention du. droit de juftice ,
accordé à des feigneurs laïques, qu’un diplôme .
donné l’an 81 j par Louis-le-DébonnairC.
I 23.. La première fois qu'on trouve le nom de
fief feodum, e’ eft. dans une conftitution. de Charlesi
le Gras, reconnu roi de France l’an 88y.
24. Au fiècle fuivant, on confondit les fiefs
avec les véritables •alleus, & l’on employa dans
les chartes le terme d’ alleu pris en général, pour^
lignifier toute forte de; poffefllon.
. 25. Il né. faut pas regarder comme fuppofés
tous les diplômes d’empereurs , dans lelquels.; on
Antiquités , Tome II,
ti'ôuVeroit ces termes", cu r ia tio fira^ ou c armera
n o f tr a , avaiît O tton I.
16. Les chartes quiavant?Charles-le-Simple ,
en France , & Henri. - l’Oifeleur 3 en Allemagne,
fuppoferoient qu’on auroit poftedé des duchés
ou comtés en propre, & par forme d’héritage,
doivent paffer pour fauffes.
27. Avant Henri - l’Oifeleur, en Allemagne,
& Robert, roi de France, les diplômes où ces
mot s principes nojlri 8c autres femblables feroie nt
employés, ne devroient pas être regardés comm.e
faux.
28. Le titre de principauté attribué à des fer-
gneurs avant Conrad I , en Allemagne , pourroit
rendre une charte fufpe&e.
29. Celles où des gentilshommes & des feigneurs
particuliers font appelles princes, fur-tout
dans le XI. fiècle, ire doivent pas être rejettées
à caufe de cette qualification.
. 30. Sous la première race, & quelquefois fous
1% fécondé & la troifième, les fils &. les filles
des rois portèrént le titre de rois &: de reines.
31. Les chartes où les rois de France des XI.
& XII. fiècles prennent les titres d’empereur &
d’augufte, ne doivent pas être fufpeétées. =
32. Le titre xle roi , tout court, eft tellement
propre à Conrad, premier roi d’Allemagne , qu'1111
diplôme fous fon nom , qui ajouteroit à r e x les
mot s A la m a n U , G e rm a n ia , F r a n c ia o r i t n t a l i s , &C. ,
paroîtroit fufpeél.
33. Dans un diplôme de Conrad I , de H enriI ’
& d'Otton I , avant la défaite de Berenger , roi
d’Italie, ce feroit ’ un moyen de faux des plus
forts, qu'on leur donnât le titre d’empereur.
34. Il ne faudroit pas réprouver des diplômes
d'Otton I , où, depuis l'an 9J-1, il Te qualifieroit
empereur ou augufte.
3yi' Quoique les titres de roi des françois, ou
des romains, foient extraordinaires dans les diplômes.
‘de Conrad I , '& celui de roi des romains
dans ceux des rojs françois, ou alle.mands, antérieurs
au X L fiècle { ce ne feroit pas' un motif
légitimé pour fufpeéter un diplôme, qui n'auroie
point-dé plus grànd défâut que cette Angularité. ’
3:é. Lës chartes dès particuliers où Conrad I ,
! Otton I , avant fon premier voyage en Italie ,
: & Henri I . feroienc qualifiés empereurs, ne fe-
roient point* fufpeéles.
37. Il ne faudroit pas fiifpeéter des diplômes
où l’empereur Henri I ne prendroit que le titre
d’ avocat, oû àvoué dès romains, ou d'Augufte.
38. On ne. doit pas rejetter les chartes des
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