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, » Le vin de Lesbos étoit fort célébré parmi
les anciens , ce qui fait dire à Si lins Italicus,
( lib. V I I ) .
Ac Methymna ferax tatiïs câjfere faternis
» L ’ifle deCypre è!ffertile en raifins & en olives ;
■ a elle ne tire point de froment d'ailleurs ».
» Les grecs ont beaucoup vanté les bleds de
la province du Pont; mais , dit Pline ( lib. V I I I ,
c. V I I ) j ils ne furent pas connus en Italie ;
e’eft de la ville de-Cérafonte que nous font venues
les cerifes ; c’eft Lucul'us qui les apporta en
Italie. La Méfopotamie eft {inguliérement ferdlifée
par l'Euphrate j qui, fe débordant, y charrie
tous les ans un limon gras, qui en couvre les plaines
& en fait comme des terres neuves ».
» L3Arménie produit des aromates , & principalement
de l’amome ; c’ett de ce pays que
les abricotiers, appelles en latin armeniacoe, ont.
été tranfplantés en Europe ».
L ’Hyrcanie , fuivant le témoignage dé Stra-
bon , étoit très-peuplée. Sa fertilité paffoit pour
un prodige. Un l’eul pied de vigne y rendoit un
métrétès dq^in, c’eft-à-dire , trente-cinq pintes ,
mefure de Paris? un figuier produifoit fôixante
médimnes de figues , ou deux cents dix boifieaux
de Paris. Les terres s’y trouvoientenfemencées des
grains qui tomboient des épis lors de là récolte. Les
abeilles y établirent leurs magafins fur les arbres,
& y dépofent leurs rayons & leur miel" qui y '
découle fur les feuilles. La même chofe arrive
dans la Matiane de Médie, dans iâ-Sacafene &
l’Araxene en Arménie *>.
» L ’A fie produit d’ excellent vin, qui fë garde
durant trois générations, quoiqu’ on le ferre dans
des vafes non enduits de poix »,
• » Antiochus Soter ayant vu les terres de la
Margiane, fut fi étonné de leur f e r t i li t é 3 qu’il ,
les fit c'roonfcriïe d’ un mur circulaire de quinze
cens ft ides , au milieu duquel il fit bâtir une
-Yllle qu’ il appeila Antioche de fon nom. C e pays .
abonde également en vins. On y rencontre fou vent ,
des pieds de vignes dont le tronc èft fi gros,
que deux hommes ont de la peine à. l ’embraffer.
Pline parle aufti avec éloge {lib. V I cap. X V I )
de la beauté & - de la bonté, des . terres de la
Margiane , & des autres cantons voifins des
portes Cafpiennes. La Baéhiane eft également
fertile en tout, excepté . en olives
» Dans K Albanie, aujourd’hui le Chirvan &
Dageft.’.n , près & à l’occident de la mer Caf-
pienne, les arbres font toujours verds ; la terre
y produit fans culture tout ce qui eft nécelTaire
à la vie. La femence du bled rend cinquante
pour un, & l’on fait la récolte jufqu’ à deux ou
trois fois. Le terrein eft tendre & meuble, &
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on le laboure avec une charrue de bois fans fer*
Il y a d’excellens pâturages. On n’y bêche ja“
mais la vigne, & on ne la taille que tous les
cinq ans : les nouvelles vignes- portent du fruit
dès la fécondé année ».
” Le Bofphore cimmérièn eft environné à l’orient
& à l’occident de terrein s fertiles % mais
quoiqu’ il ne foit fitué que par quarante-cinq degrés
de latitude; l’hiver ÿ eft rigoureux ; & Stra-
bon nous apprend que les habitans couvrent de
terre lés vignes, durant cette faifon . pour les
garantir de la gelée. On lit dans Quinte-Curce
{lib. VII. cap. III. ) que les paropamifiâdiens ,
peuples fitués entre la Ba&riane & l’Arachofie £'
par environ trente-cinq degrés de latitude, pra-
tiquoient la même méthode ».
« Les terres de la Cherfonnéfe Taurique, aujourd’hui
la Crimée , produifoient ( Strab. lib. VII.
pag, z i j. ) trente pour un de femence ; elles font
également fertiles & faciles à cultiver par-tout ;
il n’en faut excepter que la chaîne des montagnes
, qui s’étend depuis le promontoire de Crin-
Métopon, jufqu’à la ville cle Théodofîe. Cette
prefqu’iile peut contenir cinq millions d’arpëns.
Ayant égard à la latitude du pays, on trouve
huit boiilenux de femence par arpent.; âirifi un
arpent de bled fournira la fubfîftance à 8 hommes :
enforte que fuppofa'nt un million d’arpens feulement
de, l’étendue totale en culture de froment,
la population de la Taurique pourra être de huit
millions d’hommes. Les habitans de ce pays ayant
été.obligés de_ fecouer le joug des barbares",
qui vouloient leur impofer un tribut exorbitant,
fe mirent fous la proteélion de Mîthridate Eupa-
tor,- à qüi ils payoient, chaque année, deux-
cents ralens d’argent ( f;ioo,obdlivi" .) & cent
mille fept cents médimnes dè bled (29,380 fétiers ) .
Les.grecs en tiroient beaucoup de falaifons de
pbiffon & du bled : Leucbn -envoya une fois de
Théodofie aux athéniens jufqu’à cent cinquante
mille médimnes" de froment (43,760 fétiers
« LTWyrie- eft fertile en grains; les vignes & les
oliviers y réunifient parfaitement bien, fi 011
excepte quelques cantons tout-à-fait impropres
a la culturel.
k Héron d’Alexandrie nous apprend qu’en
Egypte on enfemençôit un modios , ou uneatourè
de terre,- avec un . modios de bled. Dans ce pays
& dans l’Afie , les mefure s de füperficies , autrement
les mefures géodétiques , ou aromatiques ,
étoient appropriées à des mefures folides, ou de
capacité, qui régloîent la quantité de femence,
foît de bled, foit d’orge, qu’il étoit convenable
de leur confier. Chez les juifs, l’étendue de terrein,
appelle bethcor^ confômmoit un cor ou coros
dé bled ou d’orge; le bethlethec, un Iethec de
bled ; le modios de terre ou l’aroure, un modios
ou faton de blecL &c. Les peuples de la Grèce
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înettoient un médimne de femence par médimne <
de terre ,»v
’« On sème quatre modius dè fèves par jugère,
dît Varron ( de' re rufiic-. lib. I. cap. X L IV . ) ,
cinq de froment, fix d’orge'',, dix de riz ; mais
dans, quelques lieux, on en met tantôt plus ,
tantôt moins : fi le terroir eft-gras, on en met
plus ; s’ il eft maigre , on en met moins ( je penfe
que c’ eft le contrairè ) ; c’éft pourquoi vous obfer-
Verez quelle eft -la quantité de femence qu’on a
coutume d’employer dans le pays que vous habitez,
afin devons y conformer. Dans quelques endroits
la terre rend dix pour un, en d’autres quinze,
comme en Étrurie ( en Tofcane) , & en quelques
cantons de l’Italie. On dit que dans le territoire
de Sybaris ( partie de là Calabre, fituée au fond
du golfe de T.arente ) , la terre rend ordinairement
cent pour un ; que dans la Syrie aux environs
de' Garada ( ou peut-être Gadàra, dans [’ancienne
Batanée-, au midi du lac de Généfaret),
jk dans les campagnes de Byzaçium en Afrique
{au fond de la petite Syrte, ou golfe desCabes,
dans le royaume de T u n is ) , la te.rre produit
également cent pour un de ïemence. Les"différences
dans la nature des ter res en apportent
àufli dans la quantité de la_ femence.. Il y a des ;
terres neuves, ou qui h’ont pas encore été en
culture ; il y en a de reftibles, ou qu’on enfe-
inence tous les ans; il y én a d’autres qu’on
lailTe en jachères, pour les fàire repofer une ou
deux années. Les terres font reftibles dans le
territoire d’Olynthe ( aujourd’hui Agiomama,
au fond du golfe- de Calîandre , & près de celui
de Salonique, dans le Romïili,) :; mais de manière :
que la première année on leur fait produire du
"froment, & des menus grains les deux autres
Tuivantes. Il faut, ajoute Varron, laifter repofer
les terres; de deux années une., ouïes enfemencer
la fécondé année de quelques menus grains, qui ■
les épuifent moins que le feomint»-. -•
• « Un jugère de terre gra fL , dit Columelle
{ lib. II. cap. IX. L;. doit être erffemèRcé pour
l’ordinaire de quatre modius de b.'ed ; dans une
terre médiocre, il en faut cinq. Dans une bonne-.:
terre, il faut neuf modius de riz , & dix dans
une terre médiocre : car , .quoique les auteurs ne
Toient point d’accord fur la quantité de la femence,
•cependant lufage & l’expérience nous ont appris
que celle-ci étoit la plus:convenable. S’il fe ren-
controit quelqu’un qui balançât à s’y conformer ,
il pourroit fùivre la coutume de ceux qui sèment
cinq modius de bled & huit de riz dans un jugère
de bonne terre , & qui penfent qu’ il en faut la
■ même quantité dans les fonds de médiocre qualité.
D ’ailleurs, .nous ne nous Tommes pas pro-
pofé d’obferver ftriélement la règle que nous venons
d’établir, d’autant que la . quantité de la
femence doit varier comme la cpnftitution des
l j p x .> la température des fàifons, & la difpofi-
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tion du cîel. La conftitution des lieux, comme
lorfqu’ il s’agit d’enfemencer une plaine ou une
colline, dans ces deux cas les terres peuvent
être graffes, ou médiocres , ou maigres. La température
des faifons, comme lorfqu’il s’agit de
femer dans l’automne ou au commencement du
printemps : dans l’automne il faut moins de fc-
mènee, il en faut davantage au printemps. La
difpofition du ciel 5 comme lorfqu’il fait de la
pluie , ou qu’il fait fee ; car , quand le temps
eft pluvieux, il faut femer plus clair; & quand
il eft fe c , il faut femer plus dru. Tout bled barbu
fe plaît fur-tout dans une terre en plaine découverte,
expofée aux rayons du foleil, & bien ameublie
: car, quoique les collines produifent fouvent
un grain vigoureux, elle's rendent cependant moins
de bled. Une terre forte, crayeufe & humide
de fa nature , eft propre à recevoir le bled non-
barbu & le riz ; il faut pour ces grains une terre
très - fertile , bien labourée,' & repofée de
deux années une : ces grains ne craignent ni les
pluies continues, ni les lieux humides & marécageux.
L ’orge , au contraire , ne vient que dans
un terroir meuble, fec & de médiocre qualité:
fi la terre eft très-graffe , ou fi elle eft très-maigre,
il y périt également ; il ne réuffit pas mieux dans
un endroit humide & marécageux. Or , par rapport
aux deux fortes de bleds, le barbu & le
non-barbu, fi la terre eft un peu crayeufe &
naturellement humide, il faut plus de cinq modius
de -femence ; mais fi elle eft sèche & meuble
foit qu’elle- foit graÏÏe , foit qu’elle foit maigre,
il ne faut que quatre modius ; car dans ce cas la
texte maigre veut autant de femence que la terre
grâfl-e ; fans cela , f épi feroit mince & infécond?
mais loirfque le grain s’eft multiplié en pouftanc
plufieurs tiges , alors le bled fe trouve allez garni.
Nous ne devons pas ignorer encore, qu’un champ
planté d’arbriffeaux, doit confcmmer une cinquième
partie de femehee de plus qu’un champ
découvert & en pleiii air, & nous entendons
toujours parler de la femericè d’automne , car
c’eft celle que nous eftimons la meilleure. Mais
il ÿ en à une autre occafionnce par la néceflité?
c’eft celle queles laboureurs appellent destrimefresc
elle eft de reftburce daus les pays froids & fujets
à la neige , ©ù l’été eft humide & fans chaleurs.
Il eft très-rare que la récolte de ces grains fait
abondante. Cette femailie doit être achevée de
bonne heure, & toujours avant l’équinoxe du
printemps ; & autant que la conftitution des lieux
& la température de l ’air peuvent le permettre ,
il faudra l’avancer : de cette manière elle rëuftira
mieux; car il ne faut pas s’imaginer qu’il y ait
aucune femence qui foit tri mettre de fa nature •
commcvplufieurs l’ont cru. Tout grain femé en
automne vient toujours mieux; cependant il y a
certaines fortes de. grains qui réfiftent mieux aux
î chaleurs du printemps, comme le bled fans barbe,
; l’orge Gajatiquele riz ordinaire ^ & la fève