
Anaxagore, contemporain de Pérîclès, & qui
mourut la première année de la foixante-huitièmé
olympiade, fut le premier qui écrivit très-clairement
& très hardiment fur les diverfes phafes
de la lune , & fur fes éclipfes j félon Plutarque/
très-hardiment y‘ parce que le peuple ne fouffroit
pas encore volontiers'’ lés phÿfieièns. Auffî les
ennemis de Socrate féùflirent-ils à lé perdre , en'
l ’accufant de chercher , par une curiofîté criminelle
, à pénétrer ce qui fepalfe dans lés çieù'x.
Les généraux romains fe font fervis quelquefois
des éclipfes pour contenir leurs foidats , ou* pour,
les encourager dans des occafions importantes.
T acite, dans fes annales, liv. I . ch., X X F I I I .
parle d'une éclipfe , dont Druius fe- fer vit pour
appaifer une fédition très violente,.quis'étoit
élevée dans fon armée. Tite-Live rapporte que
Sulpicius Gail.us, lieutenant de Paul Emile dans
la guerre contre Perfée, prédit aux foidats une;
éclipfe qui arriva le lendemain, & prévint par ce
moyen la frayeur qu'elle auroit caufée.
Plutarque dit que Paul Emile fàcrifia à cëjtte
occafiori onze veaux à la lune, & qu'il immola
le lendemain à Hercule vingt un boeufs , dont;
il n’y eut que le dernier qui lui promit la viftoire ,
& encore fous la- condition qu'il n’attaqueroit
p o in t, mais qu'il fe défendroit feulement.
N itia s , général des athéniens, avoit réfolu -de
quitter la Sicile avec fon armée> mais une éclipfe de
une, dont fou imagination fut frappée, lui fit perdre
le moment favorable, & caufa la mort de ce.
général, & la ruine de fon armée ; perte fi. fu-
neft-e aux athéniens, qu'elle fut l’époque de la
décadence de leur patrie. Alexandre même, avaiit
la bataille d'Arbelle, fut effrayé d'une éclipfe
de lune; il ordonna des facrifices.au fo le il, à
la lune & à la terre, comme aux divinités qui
caufoient ces éclipfes.
C'eft ainfi que l'ignorance de la çaufe . des
éclipfes en a fait long-temps iuç, objet de terreur
pour la crédulité populaire. On vit cependant
quelquefois des généraux à qui leurs
connoiffances en Aftronomie ne furent pas inu-,
tiles. Périclcs conduifant la flotte des athéniens,
il arriva une éclipfe de foleil, qui caufa une
épouvante générale j le pilote même trembloit :
Périclès le raffura par une comparaifon familière
: il prit le bout de fon manteau, & lui en
couvrant les yeux, il lui dit., « crois-tu que ce
que je fais là fait un ligne de malheur ? Non,
33 fans doute, dit ce pilote : cependant c'eft
33 aufli une éclipfe pour to i, & elle ne diffère de
33 celle que tu as vue, qu’en ce que la lune étant
33 plus grande que mon manteau, elle cache le
?»: foleil à un plus grand nombre de peffonnes 33.
Agathocle, roi de Syracufe, dans une guerre
Afrique, vit auff] dans lin jour décifif la terreur
fe répandre dans fon armée au moment d’une éclipfe ; il fe préfenta à fes foidats , leur çn expliqua
les caufes , & diffipa ainfi leurs craintes. On
raconte encore des traits de cette efpèce à l'oc-
cafion de Sulpit.ius,& de Dion, roi de Sicile.
ECLOGA. ....
■- ECLOGARII. f V n appello1t.ee/0y4, du mot
grec Uxo'/ai, les endroits choifis dans les ouvragés
des écrivains, & recueillis par des abré-
vïateuts nommés eclogarii.
■ ECLQGIUM. Le mot eclogia défignoit chez
i les latins des poèmes compofés à la louange des
! morts , & que l'on attàchoit à leurs portes pen-
danf les funérailles & le deuil. Cicéfon en fait'
: mention ( de Fin. II. 3-f. ) non eclogia monumen-
torum jignificAnt hoc velut ad portam ? XJ no ore cui
' plyrima çonfentiunt gentes 3 populi primarium fuijfe
; vî'riim. L ’on donna par extenfion le nom d’e cio J
gium à une épitaphe & aux vers gravés fur les
' tombeaux à la louange des morts, tels que ceux
: d'Augufte , compofés pour Drufus.
ECLUSES. Diodore de Sicile dit ( liv. I. 2%
partie.) : ce on a fait un canal de communication ,
33 qui va du.golfe Pélufiaque dans la mer rouge.
33 Nécos , fils de Pfamméticus , l ’a commencé j
» Darius, roi de P erfè, en continua le travail»
; 33 mais il l'interrompit enfuite fur l'avis de quel-
; 33 qüesIngénieurs qui lui dirent, qu'en ouvrant
33 les terres il inondérôit l’Egypte, qu’ils avoient
» trouvé plus baffe que la mer rouge. Ptolémée
u 33 fécond ne tailla pas d’achever l'entreprife »
33 mais il fit mettre dans l'endroit le plus favo-
33 rable du canal, des barrières ou des 'éclufes très-
33 ingénieufement conftruites, qu'on ouvre quand
» on veut paffer , & qu'on referme enfuite très*-
33 promptement ; c'eft pour cela que vie fleuve
3» prend le -nom de Ptolémée dans ce canal, qui
; 33 fe décharge dans la mer, à l’endroit où eft
>3 bâtie la ville d'Arfinoé 33. Il eft démontré par
ce pafîage, que les éclufeS fervoient encore du
tems de Diodore. On retrouve aujourd'hui le radier
fur lequel elles étoient établies , & ce monument
a été découvert près de S u é z , à l'entrée du
canal » qui exifte encore, & qu'un léger travail
rendroit navigable fans y employer d'éclufes, &
fans menacer l'Egypte d'inondations. (s_M.de Tott
a fait par ordre du fultan Muftapka un travail particulier
fur cet objet important. ) Rien ne peut en
effet juftifier la crainte des ingénieurs de Darius,
lors même que leur nivellement auroit été pris au
moment des plus-hautes marées. Il n'eft pas moins
important, d'obferver que toute cette partie de
rifthme offre le terrein le plus favorable aux
excavations , dans le plus petit efpace de douze
lieues, qui fépare le golfe arabique des bras du-
N il qui s'en .rapproche, & fe jette enfuite dans
la mçditerrançe à Tineck. C Mém. d,c M . Tott.)
ÏC M À G O R A S , fils d'HercuIe & de Phillo.
Voye^ P h i l l o .
ECO LE de philofophes. On voit a la villa
Albani, une mofaïque repréfentant une école de
philofophes qui diuertent fur le globe terreftre.
Elle a été trouvée dans la Romagne, autrefois
1 Umbrie , près de ^ancienne Sarfina, la patrie
de Plaute. Winckelmann en a publié le deflîn
& une explication dans fes monumenti irpediti,
n°. 185.
ECO R CE d'arbres, d'arbriffeaux & de joncs.
Les anciens, & fur-tout les indiens, faifoient
des étoffes pour s'habiller avec les écorces du
fnorus papyrifera, comme les othaïtiens le pratiquent
encore j c'étoit la laine des arbres, dont
il eft fouvent queftion dans Strabon & dans De-
riys Périégète. Hérodote ( lib . 3. c. - 98.) parle
de Y écorce d'un rofeau employée au même ni âge,
oc ns (pxovv. Les prêtres égyptiens portoient
des chaulfures faites avec Yécoree ;du papyrus,
félon Hérodote. ( lib. i . c. 3 7 ,Pline (lib. 19. c. 1)
appelle ces écorces de joncs filées, linum orcho-
menium. Us me-ttoient aufli ea ufage pour leurs
habits le duvet de Yacanthus\, la fubltance lai-
jieufe de Yapocinum 3 les filamens du tnufa.
E CO R C E D'ARBRE.
(Article extrait de la^ nouvelle diplomatique des
favans bénédictins ).
« N u l ancien monument, nul texte formel
des auteursnefixent au jufte l’invention des papiers :
à* écorce d arbre, mais plufieurs en conftatent l'u-
fage. On à fouvent confondu le papierNd'Egypte ;
avec le papier d'écorce d'arbre. Pour trancher
court à tant de méprifes, un favant de ce fiècl.e
a trouvé un fecret, dont le fuccès ne feroit pas
douteux, fi le remède n'étoit pire que le mal.
C 'eft de nier qu'il ait exifté ou qu’on ait jamais
fabriqué de papier àJécorce d'arbre. Mais avant
que de nous engager dans la réfutation d'une opinion
fi particulière, il nous paroît important d'écarter
tout ce qui nous détourneroit du but que
noùs nous propofons 33.
« U écorce, en tant que matière propre a
recevoir l'écriture , peut être envifagéafous trois
rapports j dans fa totalité, dans fa partie la plus
interne ou la plus voifine du bois, & dans fa
fuperficie. i° . Dans fa totalité 5 les anciens em-
ployoient pour écrire Yécorce de certains arbres.
Ils ne faifoient que la polir ; ils en retranchoient
les parties extérieures les plus groffières, & la
façonnoient en forme de table. i ° . Ils détachoient
les lames ou les pellicules les plus minces de l'in-
jtérieur de Yécorce, liber a pour en compofer une
efpèce de papier. 30. Ils ne dépouillèrent pas toujours
les arbres de leur écorce interne pour s’en
fervir en guife de papier. Ils fe contentèrent quelquefois
de l'écorce extérieure de certains arbres ,
tels que le cérifier , le prunier & le bouleau. O11
en fait encore au befoin le même -ufage en Amérique
: témoin la lettre du P. Poncer, Jéfuite,
écrite du Canada en 16 47, & confervée dans la
bibliothèque de St.-Germain-dés-Prés* Ces fortes
de pellicules extérieures n'ont fans doute rien d«
commun avec le papier d'écorce. Mafféi n'en parle
point, & c'eft une matière abfolument étrangère
à la queftion que nous allons traiter *>.
33 D. Mabillon , dans fa diplomatique, D . Bernard
dè Montfaucon , dans là paléographie & fon
fupplément de l'antiquité expliquée, reprennent
ceux qui nè mettent nulle diftinélion entre le papier
d’Egypte & le papier d'écorce. Mafféi leur reproche
à fon tour d'avoir donné dans l'écueil dont
ils ont averti les autres: & pour les combattre
d'une manière qui ne leur laifle aucun moyen d'éviter
fes coups , il leur oppofe trois proportions.
La première, qu'on n'a peut-être jamais écrit
d'aéte fur Yécorce ; la fécondé, que fi l'on en a
écrit, nul ne s'eft confervé jufqu'à nous : la troi-
fième, que le papier d'écorce d'arbre eft une chimère
, & que jamais on n'en a fait »3.
« Nous pourrions aifément foutenir la contradictoire
fur tous ces points. Mais comme il eft
d’une conféquenee affez médiocre de favoir fi
l'on a écrit dès aCtes fur Yécorce fans apprêt, vu
la difficulté où ils ont été de réfifter jufqu'aujour-
d'hui aux injures du temps, & que d'ailleurs perforine
ne réclame en faveur de leur exiftence actuelle
, nous infifterons peu fur cet article. L'effen-
tiel eft de prouver qu’on a fait du papier d'écorce 3
& c'eft à quoi nous devons particuliérement nous
attacher. La liaifon des autres queftions avec celle-
ci ,leur procurera les éclairciffemens dont elles ont
befoin ».
c« Au refte, il n’eft pas naturel de penfer que
Mafféi ait avancé des opinions fi fingulières, fans
être fondé fur dé bonnes preuves.il convient donc
d'examiner d’abord fi elles font fuffifantes pour
faire revenir les favans de leurs anciens préjugés.
Il a eu fous les yeux pne vingtaine d'anciens »0-
numens de la nature de ceux qu'on a coutume
de confondre avec le papier d'écorce. Leur matière,
leur liffure, leur compofition parfaitement
uniformes le perfuadent, que tous font de papier
d'Egypte. Nous en avons vu davantage, revêtus
des mêmes caraéfères , & nous nous croyons également
en droit d'en inférer qu'ils font tous de
papier d'Egypte : mais nous n'en concluons pas
qu'il n'exifte nulle part dQ papier à?écorce d'arbre 33.
« Les auteurs nous apprennent qu'on faifoit de
Yécorce y ainfi que dubois , des tables ou tablettes
pour éçrfie. R n’y yeut pas yoir que ces écorces