
prince, en forme d’allocution, ne feroit pas -faite
ou enluminée avec Y encr e pourpre. Les foüfcrip-
tions des empereurs , depuis . ce ' rèfcrit de Lan
-470 , changèrent plufieurs fois de formules ,
jufqu’à ne pas avoir entr'elles le plus léger rapport
de reffemblance : mais la couleur rouge sJy
l'outfnt auffi long-temps que dura Tempire des
grecs.
On ne fait point au jufte quand les empereurs
commencèrent à figner de la forte. Si Ton pouvoir
s’en rapporter à Conllantin Manafses, ôh
croiroit qüe Théodore le jeune étoit dans l’üfâge
de foufcrire en lettres rouges 5 ce qui pdUrroit
fuppofer une coutume encore plus ancienne. Au
'moinsla loi de Leon I. ne renferme-Telle
aucune expreffion, d’où l'on puiflfe inférer l’intro-
‘duétion de quelque pratique nouvelle dans les
Signatures impérialès. Jüftînieh -, au V IT . fiècle,
■ foufcrivit en Cinabre lés àélés du c'oncilê, fur-
'nommé in trullo. Les lettrés de Léon lTfaurien,
;adrefféës à Grégoire IL au fiècle fuivant, croient
‘munies, à Tordinaire, de Tafignature en ciriàbte.
Tes conciles gén'érâüx des VIÎI. & IX e. fiècles
Turent Tôüfcrits de -la ffiême 'façon-par les'ëmpe-
Te'ürs. L éon-le-Gràrnmairieh rapporte que 'Léon-
Ïe-Phiîôfclphe autorifa ,: par fa fignature en cinabre
, d[tà 3 une perfonne qtï-il a voit
fait partir pour la Syrie. On pourroit raflembler
plufieurs Autres témoignages'fé'mbhbîes du même
temps. Les loix & les auteurs qui ont parlé des
Toufcriptîphs impériales, durant les X . XI. XII.
X I I I . X IV . & X V e. fiècles, cbriviénrient qu'elles'étoient
peintes en rouge, eh 5 lettrés rouges *
en cinâBre. Les diplômes exifidhs des empereurs
de Conftântinôple, foit grecs, Toit François,
conllatent prefque uniformément le même ufage.
Le décret d'union, conclue entre les grées &
les latins au concile’de Florence, fut fouferit par
Temperëur Jean Paléologue, 'en lettres rouges ,
fur plufieurs exemplaires. .
Nous fie favôfls ce qüe vküt d-frè le P. Al-
phonfe Colladau, lorfqu'il s'exprime âirifi ’dans
Ton traité des figues de nos pènjees. « Les mêmes
» empereurs s'approprièrent une certaine liqueur
« d'or & d’argent, avec laquelle ils ëcrivoient
» fur un fond de couleur de pourpre, afin que
» cette liqueur eut plus d’éclat/ 8c, de beauté” .
N'aürbit-i! point confondu avec cette liqueur la
taxe.que' l’empereur faifoit lever fur l'induftrie
tous les cinq ans / & qur s'appelloit ebryfargyre ,
c'eft-à-dire, or & argent 3 parce qü'apparemment
cette impofîtioa pouvôit être payée en argent
comme en or* au lieu que les autres ne pou-
voient l'erre qu'en ce dernier métal ? S'il avoit
prétendu que les empereurs grecs donnoient des
diplôbnes en caractères d'or & d’argent fùr un
fond de pourpre,, c5ejV un fait dont nous conviendrions
fans peine. 'Mais 'dans ce Cas, il n'auroit
pas dû dire que les empereurs écrivoient
avec cette liqueur , puifqiTils le faîfoient avec la
pourpre, le vermillon ou le cinabre, & qu'on'ne
trouve nulle part de fignatures faites avec une
liqueur qui foit tout à la fois d'or & d'argent.
C e droit de figner en cinabre, dont les empereurs
avoient été long-temps fi jaloux, ils Commencèrent
au XIIe. fiècle à le communiquer à
leurs proches parens, & même, félon duCange ,
dans fes notes fur Anne Cmnnène (;pug. 5. )
à leurs grands officiers. Ifaac Lange l'accorda il
Ton oncle Théodore Gaftraffionite j Michel l'ancien
permit à fon fils-Andronicde jouir du même
privilège. Celui - ci fignoit donc de fa main,
comme le rapporte Pachymère ( lib, 6. ch. ly . )
Andronic par la grai e de D ie u , roi des romains.
Mais Michel s’étoit réfervé de foufcrire;,: avec
les mêmes caraâères, le mois & l'indietion,
ufage particulier aux" empereurs grecs des X II.
& XIIIe. fiècles. C ’eft ce qui mettoit alors une
diftinétion fuffifante entr'eux & leurs, parens »
à qui ils donnoient' la permiffion de figner en
lettres rouges.
Môntfa'ûcon demande-fi le cinabre ou la couleur
pourpré, employée ‘dans lés fignatures des
empereurs ,'différoit'dü vermillon, dont les'titres
des livres manuferits , ’ même chez les grecs ,
étoient communément décorés. Il conclut qu'il
faut une grande expérience 1 pour dillinguer des
matières fi reffemblantès. Il ne paroît'pds même
trop convaincu qu'elles fufifent réellement différentes.
C ’eft ce qui lui fait croire, ou qu'on ne
tenoit plus fi rigoüreufement la main à Fobfer-
vacion de la loi, ou qu'elle ne s'étendoit qu'aux
fignatures des lettres & des' chartes. Mais comme
avant & depuis la déférife de l'empereur Léon-'e-
Grand , les grecs -n'ont jamais cefle d'orner leurs
livrés de lettrés ronges, & que la. loi ne per-
mettoit pas même de faire, ou de garder chez
foi , Y encre pourpre, il nous ferable que , dans
lés premiers temps-, la diftîn&iôn fie devoir pas
être difficile. Les empereurs n'ayant pas cofifervé
Tcrupuleufement l'ufage de la-pOurprej mais s'é-
tânt contentés de foufcrire; en lettrés rouges, il
ne fut plus ‘depuis interdit aux particuliers d'en
ufer, fi ce n'ell dans les épïtres , les aéles-ou
les diplômes. Auffi Pachymère dit-il, en termes
formels, que Tes-empereurs firent füccéder dans
leurs rfignatures le cinabre à la pourpre.
Si la liberté de foufcrire avec cette encre facrée
fut rëftreïnte aux-empereurs, ou aux princes de
leur fang * dans route l'étend ce de la domination
'des grecs, lesTouverains &: les feigneurs qui né
leur étoient pas fournis, afféiflèrent qüëlqüèfofs
de s'arroger la même prérogative. On voit dés
diplômés de Gharles-îe-GlVâüve, avant '& ■ aptès
qu’il fut parvenu à la-digffité’Impériale, Où fon
monogramme & la fignature de fon chancelier
Tont en rouge. Les princes & les archevêques de
Gapoue, fouferivôient auffi leurs chartes avec ;
le vermillon.
A l'égard des chartes des particuliers, il yen?
eut dont les lettres Initiales étoient rouges , ver-1
tes ou bleues. D. Mabillon n'en avoit rencontré y
qu'une de la première -efpèce. Celles où les autres j
couleurs paroifient,j ne font pas moins rares.'
Hickes, dans fa differtation épifiolai-re, fait men- !
tion d'une charte, intitulée placitum , du temps:
de Gu il 1 aurne-l e-Co n quér an t , &rdont l’infcription :
eft en-lettres ronger. Il y-parle encore d’un titre , ;
dont deux croix font en vermillon.-L'encrerouge !
& Y encre bleue fervoient prefque indifféremment t
aux grecs pour les -titres •&:les lettres initiales ;
de leurs livres. Mais la bleue n'y paroît guère ;
qu'entremêlée avec la rouge , & quelquefois même j
alternativement. La couleur verte eft bien plus i!
fréquente dans les manuferits des latins que dans i
ceux des grecs. Encore y paroit-elle plus parti- j
c-uliérement reléguée aux derniers temps. Lorfque '
les empereurs de Confiantinople' fe réfervoienr à \
eux feuls la puiffance d e : foufcrire cinabre ,
•avant leur maiorité", leurs tuteurs ne fignoient les ;
diplômes & autres expéditions qu'euençre verte. I
La jaune a été peu employée dans Jes manufcrits i
depuis' Ooo ans 5 & par-tout- où elle Ta été, elle j
fe trouve Touvent prefque effacée. « On fe fert;
=3 auffi à la* Chine d'encre rouge 3 mais ce n'ell
O* -guère qu'aux titres & aux inferiptions des ;
” -livres 33.
•Obfervons ici, que la :diverfité de couleur ,
dans l'écriture-des mahuferits & -des chartes'anciennes,
vient non-feulement de-la diverfîté des
■ encres, mais encore de: la difpofition du vélin ,
ou de ce que la plume aura été plus ou moins
chargée de liqueur, ? ou de ce que l'écrivain.aura
.•plus-ou moins-appuyé Ta .main en écrivant-, ou -
.enfin de ce que' Y encre aura été plus ou -moins :
■ fluide.
Les bretons & les anglo-faxons n’employoient
:pas feulement Y encre d’or dans leurs manuferits,
ils faifoient -éclater la -même magnificence dans
leurs diplômes. -Ceci regarde particuliérement les
rois anglo-faxons. Albéric, en fa chronique , fait
mention d'un • privilège en lettres d'or , accordé
:à Fabbayé de Glafion par S. Edmond , roi. d’An-
•gleterre. Peu de temps après, le roi Edgar en
donna un où l'or ne fut pas plus épargné. Ces
rois fe contentoient néanmoins pour l’ ordinaire ,
"d'écrire ou -de faire marquer à la tête-de leurs
'diplômes, ou de leurs fignatures, des croix'd’or.;
en quoi ils étoient fou.veht imités par les prélats
& les grands de leur royaume, qili fouferivoient
auffi avec des croix-en or diverfement figurées.-
Quant à la compofition de notre encre 3 elle
étoit inconnue aux anciens, ou du moins n’en
ufoient-ils que pour teindre en noir leurs cuirs.
Avec quelques-unes de nos encres , on n'écrit
pas commode'ment fur l'ivoire, ce qui fe faifoit
fans peine avec celle des gneiens. Ils. avoient des
tablettes & des livres, non-feulement couverts
d’ ivoire , mais dont tous les feuillets étoient de
•cette matière.'Scaliger a été repris par Voffius,
pour avoir nié qu’on pût écrire fur l’ivoire ,
comme s'il étoit permis d’argumenter de notre
■ encre à celle des anciens. O11 peut done faifir des
différences bien caraétérifées entre ces deux encies y
quoiqu'âprès tout on ne laide pas d’écrire fur
l'ivoire avec-de l'encre commune, pourvu qu'elle
foit un peu forte.
Des chartes, dont on-fèroit-remonter Page fort
haut, fi elles fe trouvoient écrites- d’une encre
entièrement femblable à celle dont on fait maintenant
üfage , pourroient par-là devenir fufpeétes.
Mais il ^appartient qu'à des antiquaires très-
-h-abiles & très-exercés , • de porter des jugemens
f i 1 délicats. C a r , quoiqueebien-desencres.antiques
fe ternifient :& s’effacent, que quelques'-;unes
deviennent rougeâtres , jaunâtres ou • pâles, ces
-défauts font rates dans les diplômes -antérieurs
au X e. fiècle. On en trouve des exemples plus
fréquens dans les manuferits. Cependant- Cafley-,
qui, en 1734, a publié le catalogue de ceux du
roi d'Angleterre attelle que les couleurs des
encres font auffi vives : -fur des manuferits de mil le
•ans, que fi elles avoient é té . appliquées »depuis
•un fièble. Il in fi f ie , à J a vérité , particulièrement
fur les: lettres :en - or. Mais on - peut porter
le même jugement fur Y encre d ’un nombre con-
fidérable d’anciens manuferits latins. Ceux des
.grecs, en écriture coûtante, tirent foutent un
peu fur le rouge, quand ils appartiennent au IX e.
ou X e. fiècle.
Quand les livres étoient décorés de lettres
-initiales, formées de figutes de .poiffofis , -d’oi-
feaux, de quadrupèdes, deflents & autres orne-
mens, l'ènlumineur étoit diftinguc pour l'ordinaire
de l’écrivain. De là tant de manuferits,
' fur-tout depuis le -XIIIe. fiècle, -font dépourvus
-de ces'lettres qui ont été laiffées en blanc.
La qualité de Y encre encore plus que le temps-,
& divers 'accidens auxquels les chartes & les
manuferits font expofés, les rendent quelquefois
indéchiffrables. Il ne relie alors 'p fim d’autre
reffource , que de faire revivre les écritures dont
les traits échappent aux y eux les plus perçans.
Quand on prend cette réfolution, il ne faut jamais
employer des fecrets de nature à fournir
prétexte à la mauvaife'foi. Etfi l’on en veut faire
ufage , fur-tout :par rapport à des chofos qui