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tout à l’Hercule du capitole 8c fur les quatre
chevaux de Venife. ( Maffti. fa t .n ° . 20. ) La eon- '
fervation de la dorure des ftatues, qui ont été
enfévelies fous terre pendant tant de fîèeles, n e -
peut être attribuée qu'à l’épaiffeur des feuilles
d’or, dont on peut encore déterminer le nombre
& l’épaifleur fur le cheval de Marc-Aurèle.
On ne peut voir encore , fans admiration , les
bandes de bleu célefte, chargées de petites figures
en o r , qui exiftent dans les deux chambres
fouterraines du palais des empereurs , fur le mont
Palatin , dans la villa Borghefè , citées plus
haut.
D O R U R E du marbre.
On voit des traces de ce luxe^ ridicule, mis
:à la mode par Néron , fur 1 urne d une nymphe,
qui forme , avec un fâtyre , un des beaux grouppes
du Mufeum Pio-Clementin.
Les cheveux & les draperies de quelques ftatues
de marbre , offrent encore des traces d’ une dorure
qui étoit ;très apparente, fur-tout à la Pallas de
Portici, lors de fa découverte. On trouve des
têtes qui ont été entièrement dorées , telle eft
entr’autres celle de 1*Apollon du capitole. Quelquefois
cette doruren’ eft pas couchée fur le plâtre,
mais elle l’ eft immédiatement fur le marbre. Pour
l’ordinaire, les anciens ne fe fervôient que de
blancs d’oeufs pouf faire tenir l’or fur je marbre 5
les modernes employant l’ail pour le même objet.
Ils en frottent le marbre , enfuite ils l’enduifent
d’ un ftuc très-fin, fur lequel ils' couchent la
dorure. Quelques-uns fe fervent aufli du fuc laiteux
de figues ; ce fuc, un des plus âcres & des
plù^ mordicans, paroît fur la figue lorfqu’elle
commence à mûrir & à fe détacher de fa tige.
La ville d’Aix en Provence a fourni un fîngu-
lier monument de la dorure antique fur le marbre ;
on y a découvert une infeription de marbre, qui
fans doute a fem à un tombeau, elle finit par
ces mots ; /
IN FRO N TE cfPo^YlI IN AGROo’ P t fX U ,
C ’ ert-à-dire en face du chemin V II. pas ou
pieds, dans'le champ XII. pas ; les cara&ères
bifarres font des points tels qu’on les marquoit
dans les deux, trois 8c quatrième fiècles de notre
ère.
Çette ligne prouve par l’indication des mefu-
res , que le tombeau eft antique & romain 5 de
plus les lettres de cette dernière ligne font dorées.
( Caylus 6. p. 360. )
Dorure f* uJTer
■ Les anciens ont connu la dorure fauffe , comme
#n le yoic fur une caiffe de momie. ( Caylus. m ; I .
D O U
pag. 4©. ) Les peintures dont cette caiffe a ete
ornée font prefque toutes effacées, principalement
fur le devant, où il ne refte qu’un peu de dorure
& du bleu fur une épaule; 8c cette dorure n a
été faite qu’avec du cuivre.
D O R Y LÆ U M , dans la Phrygie. AOPYAAEfiN’
Cette ville a fait frapper des médailles impériales
grecques, en l’honneur de Marc - Aurele ,
de Trajan, de Maximin , d’Hadrien.
DORYPHORES. C etoit chez les tferfes un
corps de troupes qui efeortoient le char royal,
iorfque le Roi alloit à la guerre. Les Doryphores
ne recevoient point de paie comme les autres
foldats î mais ils étoient nourris des viandes que
l ’on fervoit fur la table du prince. Ils étoieiit
vêtus de pourpre : leurs cafaques étoient brodees
en o r , uniforme , 8c ils les recevoient des mains
du roi.
Aopuipopôc, porte-lances. On donnoit aufli ce.nom
aux perfonnages muets qui formoient la fuite des
héros 8c des . rois fur la fcène grecque ou. romaine.
DOS. Sur une pierre gravée du duc de Devons-
hire,qui repréfente l’enlèvement â\X Palladium, la
ftatue de Minerve, placée fur une colonne , tourne
le dos à Diomède , comme elle fit réellement,
dit Strabon, pour m'être pas témç#n du facri-
lège. C ’eft ainfi que la ftatue de Junon à Sÿba-
ris avoit détourné la vu e , félon Athénée, lorf-
que les fybavites, fecouànt le joug de la tyrannie
de T hé lis , maffacrèrent aux pieds des autels
ceux qui avoient eu part à fon gouvernement.
Le Pouflin a employé une fi&ion femblable dans
un deflin qui étoit chez le cardinal Albani ^ où
Médée tue fes deux fils. C e peintre ingénieux
y a mis une ftatue de Minerve, qui fe couvre
le vifage avec fon bouclier, pour ne pas voir
cette affreufe cruauté.
D O S A , en Affyrie. A û C E O N .
M. Combe lui attribue une médaille autonome
de bronze, avec la légende ci-deffus & ave*;
l’harpé.
D O S S E N D S , furnom de la famille R u b r iA«.
D O T O , une des Nére'ïdes dont parle Virgile
au IX. livre de l’énéïde. Valerius Flaccus ( argoq?
l . 1 . v. 134. ) en a fait aufli mention,
DOUB LAGE des vaiffeaux.
Léon-Baptîfte Alberti, dans fon traité d’archt*
teéhire , É m l y. chap. 12. ) s’exprime ajnfi d’après
une ancienne traduérion ftancoife,
v ** pan$
D O U
« Dans le tems que je faifois travailler près
du lac de Riccia , on découvrit le, navire qu’on
appelle le Trajon, Il avoit demeuré au fond
de ce lac plus de 1300 ans. En le confidéra.ot
avec attention , je remarquai que fes. planches,
de pin 8c de cyprès étoient encore dans, leur
entier. C e vaille au. avoit le dehors tout bâti d’ajs.
doubles, , enduits de poix réfine de Grèce
calfatés de morceaux. de toile, 8c couverts de
grandes plaques de plomb , qui étoient attachées,
avec des, clous de cuivre ». M. de Fougeroux,;
de l’académie des fciences, m’a 'communiqué
cette citation.
Doublage d’or & d’argent. V-oy. Doublé.
DOUBLE d’or , ou d’ argent. Dans quelques
pays on appelle plaquer ce procédé. Il eft très-
différent de P étamage ( voyez ce mot ) 3 & de
la dorure ou argenture faites a chaud avec fo r pu
Xargent réduits en poudre, & mêlés avec des
fels, appellées par les ouvriers argent fond.u. Plipe
qui attribue l’invention de Xétamage aux gaulois,
leur attribue aufli celle de Xargenture , dont lè-
procédé eft analogue à celui de l’ étamage. « C ’eft,
» dit-il, (/. 34. c, 1 1 . ) une invention des gaules
» que de couvrir, à l’ aide du feu ( incoquitur )
» les ouvrages de cuivre avec le plomb blanc
» ( l ’étazn ) fondu, jufqu’ à le rendre difficile à
« diftinguer de l’argent même î ils les appellent
» incottilia. Les gaulois ont aufli réufli à couvrir
» d’argent de la même manière les harnois de
m chevaux 8c les mors des bêtes de fomme.. . .
» C ’eft dans la ville d’Alexia ( Alife-en-Aqxois)
»» qu.il ont commencé. Les habitans du Bern
» ont eu la gloire de perfectionner ce procédé ;
» car ils l’ont appliqué aux chars & aux chariots :
» ce vain-luxe a été pouffé jufqu’ à dorer même
« 8c argenter de cette manière de petitesftatues ».
Les mots fimili modo répétés deux fois dans ce
paffage | après le procède de Xétamage , déterminent
Xargenture 8c la dorure, dont il eft queftion,
à Xargent fondu, & excluent le doublé dont je
vais traiter dans cet article.
Les antiquaires ont connu d:e tous temps les
médailles fourrées, c’e ft -à -d ir e , des médailles
faites d’un, métal commun, & recouvertes de
deux feuilles de métal riche j mais ils fe font
plus occupés à découvrir leur ufage , que le procédé
de leur fabrication.
On trouva dans les fouilles d’Herculanum plu-
fieurs vafes doublés d’argent, & M. Fougeroux
les décrivit le premier ( antiquit. d’H e r cu l.p .S i.
1770. ) en ces termes :
“ Tous les vafes, comme caflÇeroles 8c chau-
derons, qui fervôient pour la cuifine, étoient
garnis en dedans d’ une couche d’argent. Nous
étamons le cuivre j les anciens l’argentoiçnt. Cette
Antiquités, Tome I I .
D O U 4 4 1
remarque n’a point, échappé à M. de la Con
damine. C ’eft une précaution fage que des exemples
funeftes 8c trop communs de nos jours devraient
rappeller, il eft décidé que l’étain n’eft.
pas un métal fai.n , 8ç il ne dure que peu de
temps, lorsqu’on remploie à. étaroer . les. uften-
ciles de cuifine. Ceux que l’on à trouvé argentés,
qui fe font bien eo’nfervés , & que le vert-de-
gris femble n’avoir pas attaqué, pourr oient donner
des oonnoiffances fur les; moyens- plus ;sûrs &
plus durables queles an ci élis ëmployoient pour
couvrir le cuivre & l’argenter. Il femble que nous
les ayons perdu, ou au moins que nous ne les
poffédionspas auffi parfaitement que les.romains ».
Si. cet académicien, eût, pu obferver. ces uften-
fil.es & les examiner de p^ès, il y aurpjt fans doute
recoririu le double ou plaqué. J ’ai été plus heureux,
comme ùn va le voir dans l’extrait d’un
rapport fait en cette année 0788, àj Facadémie
des inferiptions, le 17 'juin , 8c à l’académie des
fciences, Je y juillet.
« MM. l’abbé Hauï & Baume, de l ’académie
des fciences, s’étant adreffé à. l’académie des
inferiptions & belles-îettres pour avoir, des ëçlair-
ciffemens fur le -goût du travail & le tems de là
fabrique d’ùn plateau tropyér en Bourbonnois ,
près l’ancien çhâtéau dé Ghantelle, l’académie'
a nommé commiffaires M. l’abbé le Blond & moi :
voici l.e réfultat de nos recherches ».
« Il y a tout lieu de croire que ce monument,
eft antique. On fait que. les romains employpient,
même dans les plus beaux jours de leur gloire ,
des grecs , pour l’exercice des arts qui dépendent
du delfin, tels que l’Arcbitp&ure , la Peinture,
la S.culpturé, la Gravure. & la Cifelpre. C ’elt
pourquoi il y aurpit de la témérité à, donner à
un artifte romain, plutôt qu’ à un grec , ce monument.
Les romains régnèrent long-temps dans,
les Gaules 3 mais les phocéens y avoient fonde
MarfeiUe 8c quelques autres villes raéridionalès,
avant les conquêtes de Jules Céfar »,
«« Les médailles de Marfeille prouvent, par
leur travail, que les Phocéens transportèrent les
arts dans cette partie des Gaules. C e précieux
germe y çroduifit des rejettons, qui s’étendirent
le long des deux rives du Rhône 8c dans l’A u vergne
même. On trouve en effet dans Pline
qu’ un fculpteur éleva à Clermont une ftatue co-
loffale de Mercure , du prix de 400,000 fefterces.
Ob.fervons que les romains prirent-des grecs &
des rhodiens en .particulier ce goût pour les
coloffes î & que le nom dp fculpteur de Clermont
eft un nom grec , il s’appelloit Zénodore.
La prudence nous défend 4°nc d’ attribuer ce
plateau à des romains plutôt qu’à des artifte.s
grecs, pu aux derniers plutôt- qu’aux premiers :
mais l’elégance des prnemens en attefte l’antiquité
», Kk k