
huit palmes de hauteur ( environ 10 pieds François
). Le Cardinal Albani a fait placer cet
ornement d’architeélure dans fa Villa , avec
une infcription qui indique l’endroit où il a été
trouvé. En fouillant ce terrein on découvrit encore
dans le même endroit cinq autres colonnes de
pareille grandeur, qui font reliées au fond de la
tranchée , parce que perfonne n’a voulu faire les
frais de les en tirer. Ainfi, les fondemens de la
chauffée du palais Impérial repofent fur ces colonnes.
Ce monument fut élevé en l’honneur de Trajan,
mort l’an 1 17 de Jéfus-Chrift, à l’âge de 64 ans,
dans une ville de Cilicie, alors nommée Seli-
nunte , depuis la ville de Trajan , Trajanopolis ,
que les Turcs appellent à préfent Ifiénos.
Un des plus fuperbes relies de la magnificence
Romaine ell la colonne Trajanc , qui a plus immor-
talifé l’Empereur Trajan que toutes les plumes
des hilloriens n’auroient pu faire.
Elle avoit 128 pieds de haut, & l’on y monte
par un efcalier de 185 degrés , éclairé de 4y*fenê-
i très 5. on y voit tout autour en-bas-reliefs tous
les expLoits de Trajan, dont les cendres furent
placées au haut de cette colonne, dans un urne
d’or.
Les figures de cette colonne ont peu de relief,
& deux pieds romains de hauteur vers le( bas de
la colonne. Mais celles du haut paroilîènt de la
même hauteur , parce que , fuivant les règles de
la perfpedtive, on leur a donné plus de longueur à
mefure qu’elles approchaient du fommet.
Colonne Theodofienne. Voye^ Colonnes de
Conllantin ,& c .
Colonne de Pompée. Voye% Pompée.
Colonne de Cuffy. On admire en Bourgogne
un des plus beaux monumens de l’ antiquité,e’eft
la colonne de Cuffy , dont le P. Montfaucon attribue
fauïïement la découverte à Moreau de Mau-
tour. Le doéle Saumaife, qui y fit un voyage en
1629 5 connut Je prix de ce bel ouvrage. Après en
avoir examiné le deffin, la Itruélure & les figures 3
il jugea que cette colonne avoit été élevée en
mémoire de la victoire que Céfar remporta fur les
Helvétiens, aujourd’hui les Suiffes 3 à quatre ou
cinq lieues de Bibradle.JM. de.la Mare la fit deffi-
aer par le célèbre Jean Dubois. Samfon l’a marquée
dans la carte du cUocèfe d’Autun , qu’il donna
en 16f$>. D. Martin en a inféré le plan dans fa
Religion des Gaulois y & Rollin en a fait mention
dans YHifioire 'Ancienne. M. Pafiimot , ancien
profefièur de phyfique à Auxerre, connu par de
laborieufes recherches fur les votes Romaines, a
long-temps étudié cette cotonne 3 qu’il a deffinee 3
& qu’il doit publier un jour avec ' une differ-
tation.
Cuffy-la-colonne 3 ainfi nommé pour Je dillin-
guer de plnfîeurs 'autres villages de même nom.
dans la province, ell une paroilïb do bailliage de |
Beaune, à trois; lieues otieft-nord-oudla de Beaune
3 cinq d’Autun, & . à un quart du village
dTvry.
A deux portées de fufil de Cuffy 3 en tirant
droit au nord, dans un fond affez ouvert, au
pied des chaumes d’Auvenet, connus par le gibier
& les plantes curieufes ,qu’on y trouve, &
paria voie romaine qui les traverfe , on voit une
colonne de pierre faite de plufieurs afiifes : elle a
deux pieds trois pouces & demi de diamètre par
le b as , & elle ell élevée fur un double pié-
delïal.
Il ne relie de ce monument que les deux pié-
dellaux, & environ les deux tiers de la hauteur
de la colonne 3 le relie a été enlevé, favoir,, le
chapiteau & l’entablement.
Tout ce monument ell confîruit d’une fort
belle pierre roufsâtre, qui prend le poli comme
le marbre j chaque aflife ëft d’une feule pierre :
elles font toutes pofées à fec, c’ell-à-dire, fans
mortier ni ciment. Le P. Lemperéur dit que
ces affifes étoient retenues par des crampons de
bronze qui ont été enlevés par un Seigneur de
H
M. Thomaffin avoit toujours regarde cette eo-
tonne comme étant d’ordre corinthien J à caufe de
fon renflement, qui fe trouve toujours au,.tiers
de là hauteur par en-bas j & ce tiers ell ici d’un
peu plus de deux diamètres & demi du bas de la
colonne. Sa conjecture fe vérifia par la découverte
qu’il fit en Septembre 1724, de la partie ftipé-
rieure du chapiteau de cette colonne, qui fe trouve
dans la grange d’Auvenet, métairie à une lieue de
la colonne, où un Seigneur de Cuffy la fit tranf-
porter pour fervir de ^nardèle au puits de cette
métairie.
Ce chapiteau déplacé n’eft pas moins fymboli-
que que le pîédeftal de la colonne ,\ au-lieu des
rofes du tailloir, on y voit fur chacune des quatre
faces une tête de divinité payenne , auxquelles o a
a donné une groffèur confiderable pour les mieux
faire diftinguer du bas dé la colonne ,. enforte.
qu’elles occupent une bonne partie des faces du
chapiteau, ce qui a empêché d’y mettre des volutes
, des ygettes, des coücoles , &c. 1 ce font
feulement de grandes feuilles d’acanthe, qui gar-
niffënt le relie de chaque face du chapiteau, dont
les revers du fommet qui fe recourbent fous les
angles du tailloir,, font l’effet des volutes. On voit
dans Vignole des exemples de pareils fymboles
fur des chapiteaux corinthiens anciens, o ù , au
lieu dê rofes du railloir, ce font des têtes de divinités,
quoiqu’ elles ne foiënt pas d’une proportion
fi groffe que celles du chapiteau en queftion..L’une:
de ces têtes ell environnée de rayons, & n’a
point de barbe, ce qui l’a fait aifément recorr*
noitre pour celle d’Apollon y. l’autre tête ayant une.
barbe fort touffue & un air majefiueux, femble-
roit être celle de Jupiter j la troifiême tête , quoi-
qii’affez effacée,eft auffi d’ un homme barbu: elle
d l fruffe, & porte quelque chofe qui .peut doxener
l’idée d’une dépouille de lion, & annoncer
Hercule ; pour la dernière tête , il n’en rell'e que
la place, & l’ on n’y peut rien diltinguer > les trois
autres font belles de de bon goût.
Les .figures du piédellal de la colonne font dans
.des efpèces de niches peu enfoncées , terminées
alternativement, les unes en pointe, les autres
en cintres furbaiffés (ce qui n’elt point diftingué
dans le plan du P. Montfaucon). Ces figures étant
prifes dans l’épaiffeur de la pierre , ont peu de
relief. ,
La première , qui regarde le midi, repréfente
Minerve j ion cafque &: fa chouette la , font aifément
connoître.
La fécondé à droite ell Junon, habillée en matrone
, tenant de la droite une patere , qu’elle
femble préfenter à fon paon , & de la gauche une j
hafia pur a qui ell une pique fans fe r , marque de
la divinité,
La troifiême ell un jeune homme prefque nud,
qui a le pied gauche pofé fur une pierre ou fur
un cippe , & la main droite élevée 5 il ell difficile
d’expliquer cette figure, parce que les fymboles
en font prefque entièrement effacés. Cependant
M. Thomaffin croit avoir apperçu un foudre à fa
main droite j en ce cas , ce feroit un Jupiter fans
barbe , ainfi qu’il ell repréfenté fur quelques médailles
, avec la légende Jovi crefcenti.
La quarrième figure ell un homme, tenant
fous fon bras gauche un poulet, auquel il donne
à manger dans un patère qu’ il tient de la main
droite , ce qui achève de le faire connoître pour
un augure.
La cinquième figure repréfente un jeune Bac-
chus, appuyé fur un bâton , qui pouvoit être un
thyrfe 5 il ell orné de la dépouille d’un tigre, &
il a un jeune chien à fes pieds.
La fixième femble annoncer une divinité marine
i c’ ell une femme prefque nue , appuyée de la
main droite fur un timon ou gouvernail de navire ,
& foutenant de la gauche une urne renverfée,
qui répand de l’eau jufqu’en bas.
La feptième ell un Hercule , appuyé de la droite
für fa maffue, & tenant de la gauche la dépouille
du lion 5 ce n’ell point un Hercule gaulois, dont
il n’a pas les fymboles.
La huitième & dernière figure ell un captif qui
a l’air abattu & les mains liées : il n’ell couvert
que d’ une fimple tunique, ceinte par le milieu du
corps, & qui ne le couvre que depuis les épaules
jufqu’aux genoux , laiffant les bras & les jambes
découverts. Cet habit ne défigne ni un Romain ni
un Gaulois > car les Gaulois portoient des habilie-
mens longs avec de grandes manches : feroit-ce
l’habit d’un Helvétien ? En ce cas la conjecture
du grand Saumaife feroit pleinement vérifiée :
M. Thomaffin.le fqupçonne auffi, & i l ajoute que
la beauté : de ces figures ne permet pas de douter
qu’elles ne fo-ient du haut empire , du temps d’Au-
guite ou de Tibère su plus tard>
COLOPHON, en Ionie. KOÀO<kïNmN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RR R. en argent.
R. en bronze.
O. en or.
Son type ordinaire ell un cheval à mi-corps,
ou des attributs d’Apollon Cia ri en-.
' Cette ville a fait frapper, fous-l’autorité de fes
Préteurs , des médailles Impériales grecques: en
l’honneur, des Empereurs & Impératrices depuis
Domitien jtifqu’ à Gallien..— Elle avoir un Oracle
d’Apollon célèbre.
COLORATOR LivU. Muratori ( 8 9 7 . 3. Tkeff
Infer. ) rapporte l’ infcription fuivante , faite a
l’honneur d’un peintre de Livie :
A N T E R O S
L I V I A E
C O L O R A T O R .
COLOSSÆ, en Phrygie. koAocchnon.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
COLOSSES , flatues d’une hauteur extraordinaire.
La grandeur énorme de ces maffes annonce
le goût pour le gigantefque , dont les
Égyptiens furent toujours animés. Le Roi Séfof-
tris fit, dit-on, placer à Memphis, dans le temple
de Vulcain y les llatues de fa femme, de lui-
même & de fes enfans , dont les unes avoient
trente coudées de haut, & les autres vingt. Les
Grecs imitèrent les Égyptiens , & l’on a confervé
la mémoire du coloffe d’Apollon , haut de trente
coudées, apporté à Rome & placé dans le capi-
tôle par M. Lucullus, qui l’avoit enlevé aux Apol-
loniates du Pont ( P lin. 347. ) . Nous ferons un
article particulier du coloffe de Rhodes, à caufe
des variations qui fe trouvent à fon fujet dans les
anciens écrivains.
Apollon ou le Soleil, & Jupiter , furent entre
les Divinités celles que l’on fe plut à repréfenter
fous des formes coloffales. Rome feule renfermait
deux coloffes d’Apollon, un du Soleil proprement
d it , & deux de Jupiter. Néron en fit élever un
haut de cent ou cent dix pieds dans k voie facrée.
Ce coloffe avoir été deftiné pour lui 5 mais on le
dédia au Soleil, dont on y plaça la tête au lieu de
celle de Néron. L’un des coloffes d’Apollon était
de bronze 5. il avait cinquante pieds de hauteur,
& étoit placé dans le temple d’Auguffe.
Domitien s’étoit fait élever, dans le milieu de
! k place'publique,, une llatue équeilre de cent
pieds de haut, que le Sénat fit abattre après la
mort de ce tyran. Le coloffe d’Hercule, que Fabius
Maximus Verrucofus enleva de Taæente , & qu’il
fit placer dans le capitole, étoit une llatue de
bronze que Lyfippe avoir felte. Celui de Jvtpüsi