
«îe Salonine, frappé à Sidé en Pamphylie, avec
la contremarque €. Si ces preuves, ne fuffifoient
pas, nous rapporterions ici les impériales grecques
contremarquées de lettres que les Grecs &
les Latins formoient de même, telles que des M ,
des P , & c . ,. & qui dès-lors prouvent au. moins
autant pour nous que pour Mahudel. Tels font un
médaillon de Caracàlla, frappé ï^Peller. Peuples
Jit,' ? b I:39* ) Tabès, avec la contremarque B ; un
médaillon d’Aba , frappe en ( n i . fuppl. pl. 6. )
1 honneur d’AIexandre-Sévère, avec la lettre N en
contremarque j un autre de Julia Moefa , {Pell. n .
pl. jo. ; fabriqué à Laodicée, avec la contremarque
££ 5 un gordien grec de Limyra , contre-
marque B , &C. ( Pell. Peuples m . png. l ÿ ) .
• Qpe partifans de Mahudel ne nous objectent
pas 1 opinion de l'Abbé Belley, qui regardoit les
lettres placées fur les Impériales grecques, comme
<les nombres relatifs aux facrifices ou à des époques.
Ce favant auroit dû diftmguer foigneufe-
ment ces lettres ^en deux claffes f l'une renferme
les lettres de relief qui ont été placées dans le
champ dé la médaille avec-le-type au moment de
fa fabrication : tous les Antiquaires font de fon
avis fur ces lettres , qni font numérales. Quant
aux lettres incufes , ou placées dans l'enfoncement
qu a produit un coup de poinçon poftérieur à la
fabrication , il faut rigoureufement en faire-une
fécondé clafle, & les reconnoître pour des contremarques.
Telles font les lettres que nous avons
citées plus haut, & que nous rappellerons dans
tout cet article. C’eft auffi dans ce fens qu’on a
place l'épisème Bau «■ , fur un médaillon de Tra-
jan-Dèce , frappé à Hypæpaen Lydie ( n . fuppl.
pl. 8. ) î fur un Valérien d’Éphèfe , 8c fur un
Gallien de Métropolîs. Terminons cette longue
énumération par une médaille grecque de Galba ,
frappée en Chypre, qui eft contremarquee avec
des caractères inconnus , mais plus rapprochés
certainement des lettres grecques que des romaines.
( Haym. n . pl. 2 9 . )
Les contremarques n’ont point été mifes fur les
monnoies , comme l’a penfe Mahudel , pour exprimer
une augmentation de valeur 3 car ces augmentations
n’ont jamais été plus grandes & plus
fréquentes que du temps de la République. Cependant
nous n’avons pu citer que fixmédailles
Confulaires contremarquées. Pourquoi les Romains
n auroient-ils pas employé la contremarque à cet
ufage, puifqu’ ils favoient quelle étoît adoptée
depuis long-temps dans h grande Grèce , dans
YAlîe mineure 8c dans les Ifîes ? ..........Sans doute parce que les Grecs ne s’en fgnifier une augmentation de fvearlveouîre.nt pas pour
Si les Empereurs Romains avoient eu le deflein
d’augmenter la valeur des monnoies en les contre-
marquant , pourquoi les médailles contremarquées
feroient-elîes fi rares en comparaifon des médailles
qui ne le font pas? Pourquoi le bronze
feul auroit-il été augmenté ? N’ auroit-on pas détruit
par-là cette jufte proportion qui doit régner
dans les monnoies entre les trois métaux? Ces
Princes n’auroient-ils pas plutôt contremarqué l’or
8c l’argent, ce qui leur auroit procuré en un moment
un profit immenfe ? Mahudel ne pourroit
répondre à ces difficultés. Il n’expHqueroit pas
mieux le motif q u i, félon lu i , auroit engagé Tra-
jan à rejlituer de préférence la mémoire d'un, aufli
mauvais Prince que Domitien. Cet Antiquaire au-
roit-il pu nous dire aufli pourquoi les médaHles
contremarquées font plus rares que les autres^ En
effet, fi la contremarque tenoit lieu de fabrication
nouvelle , l ’avènement d’un Empereur au trône
de voit mettre toutes les monnoies de-fes prédé—
ceffeurs au rebut, ou les faire adopter toutes par
le moyen de la contremarque. L ’abondance des
médaillés contremarquées feroit un.e fuite nécef-
faire de cette opération expéditive. On eft cependant
obligé de reconnoître leur rareté, quand on-
les compare aux autres médailles.
Qu’auroient enfin répondu Mahudel 8c de
Boze à ceux qui leur auroient préfenté la même
contremarque grecque fur des pièces- grecques
fab rîquées dans des régions très-éloignées les
unes des autres ? S’il falloit reconnoître avec eux
une augmentation de valeur dans la contremarque ,
les médailles contremarquées du même fymbole
feroient beaucoup plus communes que celles dont
les contremarques font différentes. A moins que
tous ces peuples divers n’euftent fart leur aug^
mentarion d’un commun accord, 8c n’euiïent ai-'
ce deflein placé leurs divers fymboles fur lès mé-‘
dailles 3 cet accord prétendu choque la. vraifem-
blance.
Pour ce qui eft des méreaux , qu’a cru recon-
noître de Boze dans les médailles contremarquées y
il a fenti fon fyftême fi défectueux, qu’il l’a restreint
aux feules médailles latines. Premier défaut
dans fon explication > de ne-pouvoir être:généra-
lifée. Le fécond eft auffi palpable , lorfqu’on étudie
les lettres dont ces contremarques font formées*.
Elles font initiales dé plufieurs mots. Une
feule cependant , ou un feul mot auroit fufft
pour des méreaux ou pour des marques d’entrée
■ dans les fpe&acles. D’ ailleurs , on a découvert
dans plufieurs endroits, 8c fur-tout à Herçulanum
8c à Pompeia , des tefsères de bois, d’ivoire 8c
de bronze qui fervoient aux fpeClacles. Les inscriptions
quelles portent en font foi. Pafïbns- actuellement
à la feule explication qui ait paru rem-,
placer jufqu’ici celles de Mahudel Sc de de Boze; '
Voyant plufieurs médailles frappées dans des
pays très-éloignés les uns des autres, portant'
cependant la même contremarque , Pellerin: fentit
que les fyftêmes de fes prédéceffeurs ne pour- •
rorent jamais expliquer cette Angularité. Toutes
les médailles de Laodicée, par exemple, devroient
porter la même contremarque , fi les Magiftrats de
cette ville grecque avoient voulu exprimer par ce
• ligne une augmentation de valeur dans fotï nume-
•taire Pellerin a publié \ fM e l . 1. • à la t
•vérité , une médaille latine de Sèp’timè-;Setere !
•-8c de Julia Domna, deux 'médaillés' gtecqùes4de ;
Septime-Sévère 8c de Caracàlla,{ t ï, fuppl. pl- 3*)
toutes frappées à Laodicée en Syrie» & ayant*
toutes pour contremarque les mots abrèges COL.
CÆ. Mais cette contremarque ne fe voit pas' fur *
d’autres médailles grecques 8c latines de Làodi
•cée , ( Mêl. 1. pl. 11 . ) frappées en l’hotoeur d é s |
mêmes Septime-Sévère', Julia Domna & Cara-
-calla. Elle n’appartient donc pas à Eaodiceé , j
mais à Cæfarée en Paleftine : Colohia Ç&fa'ren. Or, :
quel autre intérêt pouvoit prendre cette ville, .aux
monnoies de Laodicée, que de les adopter pour
fon ufage, 8c d’annoncer cette adoption par la ■
contremarque de fon nom ? Difons-eo autant de la ;
ville de Rhodes, qui à fait mettre fon fymbole
fur une’ médaille de Corinthe. ;( Wh^leben“^ -
Wm y ; . ) . - m ■ ;. i!" Y .
En développant ce fyftême , nous expliquons
trois chofes relatives aux contremarques , qui ont
paru inexpliquàbles dans tous les autres. Pourquoi
les médailles de Rôis’TbUt-eliës moins ;fo'u-,
vent contremarquées que celles des. villes •■ • Pourquoi
l’or 8c l’argent latins ne le fôntrils' jirnais ? j
lettres grecques, contre le principe de Mahudel.
Tels font encore une tétradrachme £Apamée ,
- ( Peuples 1 1. pl. 43-0 coiurkmarqu.ee^|A|, c elt-a-
dire, An j une médaille grecque d Eleutherna ,
■ fibid. 'tn. pl. 98.,) avec un O ; une autre enfin de
P-aros ihid. n i . pl. lo i . ) portant en contrt-
.marque le monogramme fîî. Nous prions dob-
ferver à leur fujet que MM. Pellerin , Haym ,
É ck e ll, Neumann & Hunter nous fourmffenc
féuis des exemples, parce que nous^ avons cru
inutile d’en accumuler un plus grand nombre.
L ’Un 1 des-- derniers, M. Neumann, a adopté fans
.'reftriaidn■ l’opinion 'de Pellérin, pour lequel il
témoigne dans tous fes écrits l ultime & le tef-
pé& les plus vrais.
Pourquoi les’ médailiobs de. bronze‘font ils- p llis j
ordinairement coniriéihür^iés’que-lfes ^autres ■ ftto- |
dules de ce métal ? Pourquoi enfin'quelques mè- 1
dailles de villes font-elles contremarquées avec le
fymbole ,de la ville même qui les avoit fait
frapper ? ^ , ,
Les Rois de Macédoine , d’Egypte , 8cc. ne
contra&oient que des alliances de proteélion avec
les villes grecques libres. Jamais on ne lit fur leurs
médailles le mot omonoia, employé fi foiivent
pour exprimer l’alliance ou l’afîbciation de deux
villes grecques. ( Les Grecs donnèrent à la ve- ;
rité aux Arfacides le furnom de ^iaeahnes ,
mais fans lui attacher le même fens qu’au mot
précédent). On peut donc conjecturer, d’apres ce
fait, que les monnoies des Rois n’avoient pref-
que point de cours dans le territoire de ces villes.
Les monnoies des villes unies, au contraire, ont
été fouvent adoptées , ou réciproquement, ou
par une d’entre-elles 3 8c dans ce cas, fa contre-
m'arquê étéit placée ,fur les monnoies de fes alliées
èn figne d’adoption. C’eft pourquoi les médailles
des villes font fi fouvent çontremarquéesy
-idédailleS dès Rois fi rarement.
- Nous trouvons cependant un médaillon de
bronze du Roi de Péqnie Audoléon, ( Neumàn.
j. pl. jl. j ' qui eft contremdr 'qué ; deux de' Philippe
fécond, ( ibid.) Roi de Macédoine 5 une médaille
de bronze d’Antiochus Soter, ( U ’aym. 1. p l . i . )
qui porte deux contremarques , dont 1 une eft un
•2. Deux médaillons d’argent de’ Ptolértiéë Soter,
< il. fuppl. pl. :5 .) font auflt Contremarqùés -, l’ un
d’un A , ’& l’dutre du monogramme fA- Ce font
des médailles grecques contremarquées avec dés
Pourquoi l’or & l'argent, des Romains ne font:
ils ptefque jatnais centretnar-fués^ tandis que leur
’ bronze l’elP fouvent,' & que l’argent des Grecs
Teft fi fréquemment ? Nous 'deduifons du fylteme
de- Peilèrin une- réponfe fatisfaifantc. Les monnoies'
S’or font fi rares chez les Grecs, qu’on peut
dire qu'ils n’eu frappoient point ordinairement.
L’or des Romains leur en tenoit lieu , & avoit
cours dans toutes les villes grecques , à-caule de
là bonté de fou titre'Sr de la puiilance de ceux
qui le faifoit frapper. Il en étoît de meme de leur
j .argent. Le rapport des deniers Romains , avec la
Aachmè gvéeque fut long-temps celui de l égalité
, comme l'a montré M. Dùpuy. ( Ment, des
Infer. 1%‘cp. 664. ). Et quand ce rapport fut changé
, l’inégalité Fut fi petite, que l’on n en tint aucun
compte dans les paiemens t de forte que les
deniers 8c \cs‘aureus Aes Romains eurent toujours
cours dans 'les 'territoires des villes grecques. Il
- était donc inutile de les \contremarquer. c'eft-à-
dire , de leur appliquer le ligne d’adoption.
Nous expliquons par ce principe la reftem-
blance des -çbntremarques qui fe trouvent fur des
monnoies frappées dans cent endroits divers. C’eft
ainfi que la vache éft placée en contremarque Ailles
médailles de Sidé .& d’Afpendus en Pamphi-
lie (Peuples il. pl. 7 5 .0 ; fur celles des Maliens,
de Tarfe & de.Nag'idus en CiliCie (Neumann, i l.
pli p l ! fujrune médaille punique , & c ..( Eckel.
m B h ). La ville de Cyzique, dans la Propon-
tide , ayoit 'adopté la vache pour fymbole , & elle
l’avoir fait mettre fur les médaillés, dont noïis parlo
n s , afin de leur donner, cours dans'fon terri-
toire (• Mcm. Infc. 40. p. 9X. )., Deux médaillés
d’argent de S idé, C Hunter. pl. 49. ) portent aufli
pour contremarque un arc dans un carquois, avec
; lès léttres SAP fur l’un , & t p a fur l’autre. Qui
pourroit ÿ méconnaître les villes de Sardes & de
Tralle's ? De même on voit’une lyre pour contre,
marque'(Haym. i l . pl. 46. ) fur une médaille
grècque de Philippe .père , frappée à Germen, Sc
•für-lln'médaillon grec de Mitylène , ( Haym. 1.
■ ptp zi? )] frappé en l’honneur de Titiana, époufe
•dé Pêrtihax, -rapporté par Haym. La lyre croit le
fymbole de Mitylène, & elle nous apprend que