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ploie à d’autres ufages, de même valeur & de
même produit que li elles écoienc toutes enfé-
mencées en bled. Nous pourrions ainfi évaluer
foutes les richèffes annuelles de la baffe Egypte
3 i ƒ 2,604,000 feptiers de bled qui,’ à raifon de
2oJ livres le feptier , .feroient 3*05’2,080,000 liv.
tje notre monnoie. Nous liions dans le quarante-
f e prie me chapitre delà genèle, que les égyptiens,
polir obtenir du patriarche Jofeph , devenu premier
miniftre- de Pharaon;, du bled pour leur
fabfiftance durant un long temps de famine ,
avoient été obligés , non-feulement de donner
coiit ce qu’ils poffédoient d’argent & d’o r , mais
encore qu’ils avoient été forcés de vendre leurs
rroupeaux» -leurs terres & leurs perfonnes, &•
que pour être rachetés de cette fervitude, -on
les avoit affujettis, en leur rendant leurs terres ,
à ‘payer tous les ans au roi la cinquième partie
de tous les fruits qu’ elles, produiroient : tribut
accablant qui paffa en loi, & fe percevoit encore
an -temps‘de Moïfe. De ceci & du calcul-précédent,
on pourroit inférer que les fois de* là
-baffe jEgypte avoient un revenu annuel de la
valeur de plus de fix cents millions de notre mon-
rioie. Mais on rabattra beaucoup de cette prô-
digieufe fomme , fi l’on confidère , i° . qu’ il y
a fans doute des terres en, Egypte de qualité bien
inférieure à celle dbnt nous venons de parler ; i ° . que
les terres des Prêtres, qui dévoient être d’une
grande étendue , étoient exemptes de toute im-
pofîtioni 30. que les foldats jouiffoient dans ce
pays de la prérogative fingulière de pofféder
chacun douze aroures de terres, que le prince
leur donnoit , en les exemptant de toute charge
publique autre que le fervice militaire. Qr douze
aroures valent 1. 8 1 7 , c’eff-à dire, un peu plus
d’ un arpent & quatre cinquièmes. L‘Egypte en-
tretenoit annuellement quatre cents mille hommes
de troupes, comme Hérodote le témoigne (Æé.
I L ) , cet objet feul faifoit donc un produit
de 762,700 arpens francs de toute taxe ; mais
les armées égyptiennes ont été beaucoup plus
nombreufés à d’autres époques. Strabon (pag‘j 6 1 .)
dit qu’ au deffous de Memnonion on Yoyoit encore
de fon temps les tombeaux des anciens rois
de Thèbes , près defquels étoient des obélifques
& des infcriptions, qui faifoient connoître les
richeffes de ces rois , leur puiffance; l’étendue
de leur empire, leurs revenus , & le nombre de
leurs troupes , qui fe montoient à un million
d’hommes. Au refte, le tribut onéreux du cinquième
des fruits de la terre fut réduit & diminué
de beaucoup dans 4a fuite; car , au rapport
de Strabon ( lib. X V I I . p. 549. ) , C icéron, dans
quelqu’ une de fes harangués, ne faifoit monter
le revenu d’Aulete,■ père de Cléopâtre, qu’ à
douze mille cinq cents talens , qui ne font guère
plus de foixante-dix-huit millions de notre mori-
noie- VEgypte , & par ce mot il faut toujours
entendre le Delta, payoïit encore moins fous la
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domination des arabes, puifque, fuivant le rapport
du géographe Hancélida, elle ne payoit que
douze millions de deniers d*or, qui valent douze
mille talens, ou foixante-quînze millions de la
monnoie de France ; & tout cet impôt étoit réparti
fur Une étendue de vingt-huit millions d’a-
roures , qui font tout le terreiu de la baffe Egypte*
Cette impofition revient à dix-fept livres quatorze
fous par arpent de France ».
«e La pêche du lac Méris > dans THeptanome,
étoit encore d’un produit confidéra’ble pour lès
rois d’Egypte. Ce lac étoit fitué près du labyrinth^,
dans les plaines fablonnéufes du côté dé la Lybie^
Il avoit de tour trois mille flx cents ftades , ou
foixante fchènes, & s’étehdoit- en longueur du
nord au midi. Cette courte defcription ne donnant
pas précifément la forme du lac Méris , ;flë
peut fervir à en déterminer l’étendue; il paroît
que c-’étoit un long canal, où le travail dés hommes
avoit fécondé la nature du local. Le N il lui comu
muniquoit fes eaux , qui defcendoient • durant
fix mois., & qui durant fîx autres mois s’en re-
tiroient. Pendant les fix mois que l’ eau s’éeouloit,
la pêche rendoit au roi chaque jour un- talent
d’argent ; & pendant les fix mois quelle y rentroit,
la pêche ne valoit plus que vingt mines ». C
ticle extrait de la M é t r o l o g ie de M . Paufton ).•
Égypte.
Les médailles autonomes de ce pay$; font j
RRRR. en ôr. Pellerin.
RRR. en bronze.
0 . en argent.
Les rois d’Égypte, dont on a des médailles,
font :
Ptolémée I. Soterj
Bérénice , femme de Ptolémée.
Ptolémée II. Philadelphe.
Dieux frères, ©EüN. AAEA$iîN.
Arfinoé.
Ptolémée III. Évergetes,
Ptolémée IV. Pkilopàtor.
Ptolémée V . Épiphanes.
Ptolémée V I . Philomêton
Ptolémée VII. Évergetes I I .
Ptolémée VIII. Soter I I .
Cléopâtre, mère de Ptolémée VIII & IX.
Ptolémée IX. Alexandre.
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Sélène , femme de Ptolémée VIII.
Bérénice, femme de Ptolémée X .
Ptqlémée X . Alexandre I I .
Ptolémée X II. Dyonifius|
Ptolémée XIII.
Cléopâtre, dernière.
Médailles incertaines.
L e fymbole ordinaire dé Y Égypte, fous ces rois,
eft un aigle pofé fur un foudre : il y en a deux,
lorfque la fouveraineté eft partagée.;
En général , les fymboles de Y Égypte fur les
monumens, font l’hippopotame, la figuré du
N i l , aflife ou couchée, le bufte de Sérapis, la
fleur de lotus, le bufte d’Ifis, le Siftre , & c.
Les villes, ou les nomes de l’Egypte, Alexandrie
exceptée, ont fait frapper des médailles
impériales grecques en l’honneur d’Hadrien ,
quelques-unes pour Antdnih,, & une ou deux
pour M. Aurèle , trois pour Ëtrufcille, une pour
Commode, une pour Vefpafien , une pour Vérus.
Ces médailles égyptiennes annoncent ordinairement
l’année où elles ont été frappées.
On a un nombre prodigieux de médailles impériales
grecques, frappées, dans la feule ville
d’Alexandrie. Quelques curieux, & Theupolo
entr’ autres,, les bnt raffemblées pour en fqrmêr
une fuite particulière.
É G Y P T IE N ......... E N N E ( calendrier...........
année.. . . . ; ) V . ère de Dioclétien.
É G Y P T IEN S. Coftumes des égyptiens.
Les anciens naturels de Y Egypte 3 fuivant Dio-
dore de Sicile , ( tom. I . f o l 97. ) , fe couvroient
de peaux d’ animaux. Celles-ci furent remplacées
dans la fuite par la tunique , c ’étoit l’habillement
qui fe portoit immédiatement fur le corps ; la plupart
des nations anciennes s’en font fervi ; mais
les uns portoient la tunique fans manches, d’autres
avec des manches, d’autres la portoiént plus am-
plé ou plus1 étroite, comme .on le “dira à fon article.
. . . . :; La tunique étoit ordinairement, cbm-
pôfèe de/deux pièces, à peu près dé la'^'forme
d’ un quarré long , couvrant la poitrine & je dos,
fe réunifiant par les angles fupe'rieurs fur les épaules
, l û t une ouverture au milieu pour paffer
la tête. Les pièces fe rapprochoient enfuite fous
les aiffelles , toujours en s’élargiflant vers le bas ,
avec une différence marquée dans la longueur
pour les fetnmes. La tunique étoit affujettie par
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une ceinture, afin de IaifTer au corps la liberté
du mouvement.
Habillement des femmes-. Hérodote ( liv. 11. fo l.
121. ) obferve que les femmes égyptiennes ne portoient
qu’un habit. On trouve effeérivément des
ftatues, qui font vêtues d’une feule tunique, fi
bien appliquée au corps , que fans lés bords; prononcés'
légèrement aux pieds ou à la moitié dés
jambes ,* qui décèlent la tunique , on crbirôit ces
figures nues. ' On eh trouve cependant avec dé
petits plis fins, qui indiquent une étoffe très-
légère ; d’autres, placées au mufeum du capitole ,
font drapées comme lès femmes grecques, mais
fans ceinWêr On dira fans doute que ces dernières
ont été travaillées dans le ftyle imité des anciennes
figures égyptiennes: l’empereur Hadrien avoit fait
fculpter par des artiftes grecs différentes figures
danS le ftyle & le çoftume égyptien ; mais il fuffit
que l’imifàtiôn ait "été fidelle. Au refte, cette accord
d’Hérodote avec quelques monumens, fe
trouve balancé par d’autres ftatues & bas-reliefs
en grand nombre, où l’on diftingue clairement
au dellüs de la tunique un fécond vêtement. &
le manteàii.
Winckelmân, dans fon hiftoire de Fart chez les
anciéfiS ( tom f ï^ f f t : 88- ) , croit qu’Hérodote,
par ces mots'un' féal habit, n’a Voulu défigner que
l’habit de ciéffus, fans-parler du manteau ni de
la tunique.-. Ne- ferqit-il pas plus probable que
l’Hiftbriefi. grec èûr idéfigné feulement les femmes
du commun'? ,Cârc la belle ftatue d’Ifîs , ( o u
d’ùné . de fes prêtfelfes ) , de la galerie du capitol
e , outre la tuùique longue à manches pro-
longées' jûfqù’aux ppignets , porte encore l’habit
de deffüs & lé manteau. Cet ouvrage n’eft pas
égyptien , mais fait par un arrifte grec fur le Coi-
tame égyptien. Une figure de femme , d’un petit
bas - relief, du palais Mattéi , repreTentant une
prbceffion égyptienne ( apuleus metamorphofeon
lib\ I I . ) a la tunique fans manches , avec les
bords fupérieurs joints fur les épaules : elle porte
deux ceintures, une fous Je feir., à l’ordinaire,
& l’autre fur les hanches : fa tunique parqît ouverte
des deux côtés , depuis le bas jüfqu’ à une
certaine hauteur. La tunique que l ’on voit fuv les
monumens égyptiens ne diffère tte celle des grecs
1 que par la rbidéùr du rtyle. En générai on obferve
dans les ouvrages des artiftes' égyptiens que
pour montrer lé nud, ou pour, exprimer la fineffe
de l’étoffe, ou enfin pour fuivre certaines règles
' preferites aux artiftes ; ilscollqient. au^corps, non-
feulemént la tunique ,, maiç . énpqrç; l ’habit de
deffus. {M u f. capitol, toi?;X-M'>7$ y79 } 84 j .L a
ftatue d’Ifis a cet habit de dejïïis lié avec le manteau
par un gros noeud fur la poitrine,; il eft d’une
étoffe moins fine que la xuniquç ne dfcfcend
pas jufqu’aux-piedsfOn voit lé même agencement