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tant pour la religion, que pour la politique; mais
avant tou t, il ajuHa fon année de douze mos
au cours & aux phafes de la lune ; & des jours
<jui corr.pofoient chaque mois , H deftina les uns
aux affaires , & les autres aux repos. Les premiers
furent appelles dies fajl't , les derniers dies nefafii,
comme qui d'roit jours permis , &r jours défendus.
Voilà la première origine des fafies.
Il paroîc que le deffein de Numa fut feulement
d'empêcher qu'on ne p û t, quand on voudroit^,
convoquer les tribus & les curies, pour établir
de nouvelles loix , ou pour faire de nouvt aux magiftrats
: ma:s par une pratique conftamment ob-
fervée depuis ce prince iufqu'à l'empereur Àugufte,
c ’ eft-à-dire , pendant l'efpace d’environ 660 ans,*
ces jours permis & défendus y fafii âz nefafii , furent
entendus des romains, aufli-bien pour l’adminif-
tr.ition de la juftice entre les particuliers, que
pour le maniement des affales entre les magiftrats.
Quoi qu'il en foit,Numa voulut faire fentir à
fes peuples, que l’obfervation régulière de ces
jpurs permis 8c non permis, étoit pour eux un
point de religion, qu’ils ne pouvoierjt négliger
fijns crime : de là vient que fas & nefcs, dans
les bons auteur?, lignifie ce qui eft conforme ou
contraire à la volonté des. dieux.
On fit donc un livre ou tous les mois de l ’année,
à commencer par janvier , furent placés dans leur
ordre, ainfi oue les jours , avec la qualité que
Numa leuravo^'t aflignée. C e livre fut appellèfafii 3
du nom des principaux jours qu'il cont.noir. Dans'
le même livre fe trouvoit une autre divifion des
jpurs nommés fefii 3 perfifii 3 intçrçiji, auxquels
furent ajoutés dans la fuite dies fenatorii , dies
comitiales . dies pr ce tiares , dies faufii , dies atri ,
ç ’eft-à-dire, des jours deftinés au culte religieux
^es divinités* au travail manuel des hommes,
des jours partagés entre les uns & les autres,
des jours indiqués pour les affemblées du fénat,
des jours pour l’éle&ion des magiftrats , des jours
propres à livrer bataille, des jours marqués par
quelque heureux événement, ou par quelque calamité
publique. Mais toutes ces différentes^efpèces
fe trouvaient dans la première fubdivifion de aies
fafii & nefafii,
Cette djvifion des jpurs étant un point de religion
, Numa en dépofa le livre entre les mains
des pontifes, lefeueis jouififant d’ une autorité
fbaveraire dans les chofes qui n’avoient point
été réglées par le monarque, pouvoîent ajouter
aux fêtes ce qu’ils jugeojeat à propos : mais quand
ils vouloient apporter quelque changement à ce
qui avoit été une fois établi 8c confirmé par un
Lang ufage, il falloit eue leur projet fût autorifé
par un décret du fénat : par exemple', le 15 cj.e
devant les calendes du mois fextilis, c’eft-à-dire ,
le lo de juillet, éwvt un jour de fête & dé
l^jouiffwcG dans Rome } mais la p r t s déplorable
fa s
des trois cens Fabius auprès du fleuve deCréméra,
Van de Rome 276, & la défaite honteufe de
l’armée romaine auprès du fleuve Allia, par les
gaulois, l’an $63 , firent convertir ce jour de
fête en jour de trifteffe.
Les pontifes furent déclarés les dépofitaires
uniques 8c perpétuels des fafies ; & ce privilège
. de pofleder le livre des fafies y à l’exclufion de
toutes autres perfonnes , leur donna une autorité
fingul ère. Ils pouvoient, fous prétexte de fafies
ou nefafies, avancer ou reculer le jugement des
affaires Ls plus importantes , 8c traverfer les def-
feins les mieux concertés des magiftrats & des
particuF'ers.. Enfin, comme il y avoit parmi les
romains des fêtes & des fériés fixées a certains
jours, il y en avoir aufli dont le jour dépendoil,
uniquement de.la volonté des pontifes.
S’il eft vrai que le contenu du livre des fafies
étoit fort rtfferré, lorfqu’il, fut dépofé entre les
mains des prêtres de la reFgion , il n’eft pas moins
vrai que de jour en jour les fafies devinrent plus
étendus. C e ne fut plus dans h fuite des temps
un fimple calendrier, ce fut un journal immenfe
de divers événemens que le haTard ou le cours'
ordinaire des chofes produifoit. S ’il s’elevoit une
; nouvelle guerre, fi le peuple romain gagnoit ou_
perdoit une bataille ; fi quelque magiftrat recevoic
; un honneur extraordinaire, comme le triomphe
ou le privilège de faire la dédicace d’un temple »
fi l’on inftituoit quelque fête; en un mot, quelque
nouveauté, quelque Angularité qu’il pût arriver
dar s. l’état en matière de politique & de religion
, tout s’écrivit dans les fafies-, qui par-là
devinrent les mémoires le? plus fidèles, fur lesquels
on compofa l’hiftoire d^Rome. Voye% dans
les Mém, de l’Açad. des Belles - Lettres y le Mémoire
de M. l’abbé Sallier , fur les Monumens
hifioriques des romains.
Mais les pontifes qui difpofoîent des fafies y
ne les communiquoient pas a tout le monde; ce
qui afHigeoit ceux qui n’ ëtoient pas de leurs amis,
ou pontifes eux-mêmes , & qui trav a illent à
l’hiftoire du peuple romain. Cette autorité des
pontifes dura environ 406 ans, pendant lefquel9
ils triomphèrent de la patience des particuliers',
des magiftrats, & fur-tout des préteurs, qui ne
pouvoient que fous leur bon plaifir, marquer aux
parties les jours qu’ ils pourraient leur faire droit,
Enfin , î’an de Rome 4 fO, fous, le confuîat de
Publias Su’pitius Averrion , 8c de Publius Sem-
pronius Sophus, les pontifes eurent le déplaifir
de fe voir enlever ce préeieux tréfor , qui juf-
qu’ alors les avoit rendu fi fiers. Un certain Cnéitas
Flavius trouva le moyen de tranferire de leurs
livres la partie des fafies qui concernoit la jurife
prudence romaine, &r de s’en faire un mérite
auprès du peuple , qui le réconipenfa par l’emploi
âtÉâik L’urule : alori , pour dpnRsr un nouveau
lulUe
F AS
luftre à fou premier bienfait, il fit graver, pendant
fon édilité , ces mêmes fafies fur une colonne
d’airain, dans la place même où la juftice fe
rendoit.
Dès que les fafies de Numa furent rendus publics,
on y joignit de nouveaux détails fur les
dieux, la religion & les magiftrats; enfuite on
y mit les empereurs, le jour de leur naiffance,
leurs dignités , les jours qui leur étoient confacrés ,
les fêtes & les facrifices établis en leur honneur,
ou pour leur profpérité : c’eft ainfi que la flatterie
changea & corrompit les fafies de l’état. On alla
même julqu’à nommer ces derniers grands fhftes,
pour les diftinguer des fafies purement calendaires,
qil’on appella petits fafies.
Pour ce qui regarde les fafies ruftiques, "ori
fait qu’ils ne marquoient que les fêtes des gens
de la campagne , quLétoient en moindre nombre
que 'celles des habitans des villes; les cérémonies
des calendes , des nones 8c des ides ; les lignes du
zodiaque , les dieux tutélaires de chaque' mois,
l’ accroiffement ou le, décroiffement des jours, 8cc.
ainfi c’étoîent proprement des efpèces d’alma-.
nachs ruftiquev, affez femblables à ceux que nous,
appelions a^f/ianachs du berger, du laboureur, &c.
Enfin, h arriva qu’on donna le nom de fafies
à d;^.s regiftres de moindre importance..
i° . A de {impies éphémérides, où l’année étoit
diftribuée en diverfes parties, fuivant le cours du
foleil & des planètes : ainfi, ce que les grecs ap-
pelloient fut appellé par les latins
calendarium & fafii. C ’eft pour cette raifon qu’O- ■
vide nomme fafies tTon ouvrage qui contiennes
caufes hiftoriques, ou fabuleufes, de toutes les
fêtes qu’il attribue à chaque mois, le lever &
le coucher de chaque conftellation, & c . Il a trouvé
le moyen de répandre fur ce fujet aride des fleurs
fi belles, qu’il fait regretter aux favans la perte
des fix derniers livres qu’ il avoit compofés pour
completter fon année.
2°. Toutes les hiftoires fuccinétes, où les faits
étoient rangés fuivant l’ordre des temps, s'appelèrent
aufli fafies , fafii ; c’eft pourquoi Servius
& Porphyrion difent que fafii funt -annales dierum,
& rerutn indices
3°. On nomma fafies des regiftres publics, où
chaque année l’on marquoit tout ce qui concernoit
la police particulière de Rome ; & ces années
étoient diftinguées par les noms des conluls. C ’ eft
pour cela qu’Horace dit à Lycé : «« vous vieillilfez,
m Lycé ; la richêlTe des habits & des pierreries
» ne fauroit ramener pour vous ces rapides années
»» qui fe fönt écoulées depuis le jour de votre
»s naiffance, dontla date n’ eft pas inconnue. ( Od.
XIII. Hb. IV . )
...........................Tempora
Noftris condita fafiis.
Antiquités , Tome I f ,
F A T
En effet, dès qu’on favoit fous quel conful
Lycé étoit née , il étoit facile de connoître
fon âg e , parce que l'on avoit coutume d’inf-
crire , dans les regiftres publics, ceux qui
naiffoient & ceux qui mourroient : coutume fort
ancienne, puifque nous voyons Platon ordonner
qu’ elle foit exécutée dans les petits temples de
chaque tribu. ( Liv. VI- de la république. )
Mais au lieu de pourfuivre les abus d’ un mot,
je dois confeiller au ledteur de s’ inftruire des faits ,
c’ eft- à-dire, d’étudier les meilleurs ouvrages qu’on
adonnés fur les fafies des romains; car de tant
de chofes curieufes qu'ils contiennent, je n’ai pu
jetter ici que quelques parcelles, écrivant dans
une langue étrangère à l’érudition. On trouvera
de grands détails dans les Mémoires de l'Académie
des Belles - Lettres j le corpus ant- de Rofinus ,
Ultraj. 1701 , in-40. ; celui de Pitifcus, in-folio.
& dans quelques auteurs hbllandois, tels que Ju-
nius , SicCama , & fur-tout Pighius, qui méritent
d’être nommés préférablement à d’autres.
Junius ( Adrianus) 5 né à Hoorn en i y i i , &
mort en i j 7 f , de la douleur du pillage de fa
bibliothèque par les efpagnols, a publié un livre
fur les fafies, fous le titre de Fajlorum calendarium
, Ba files. , 1 y y 3 , in-%°.
Siccama ( Sibrand T ê ta rd ) , frifon d’origine y
a traité le même fujet en deux livres, imprimés
à Bolfwert en 1599, in-40.
Mais Pighius ( Étienne Vinant ) , né à Cam-
pen en i f i 9 , & mort en 1604, un auteur
tout autrement diftingué dans ces matières. Après
s’être inftruit complettement des antiquités romaines
, par un long féjour fur les Feux, il fe fit la
plus haute réputation en publiant fes annales de
la ville de Rome, & accrut fa célébrité par fet
commentaires fur les fafies. ( Article de M. le
chevalier de Jaucourt. ")
Fastes consulaires. Voye^C onsulaires.
F A T A L IT É du deftin ; c’étoit la néceflîté d’un
événement dont on ignôroit la caufe, & qu’on
attribuoit à la deftinée. Les anciens donnoient tout
à la fatalité ,• & les ftoïciens foumettoient même
la providence à lafatalité du deftin. Voye\ Destin.
Fatalités de T ro y e ; c’ étoit une opinion
répandue parmi les grecs & les troyens, que la
ruine de Troye étoit attachée à certaines fatalités'
qui dévoient être accomplies. D ’abord la ville ne
pouvoit être prife fans les defeendans d’Éaque.
C ’ étoit fondé fur ce qu’ApolF>n & Neptune,
employés à bâtir les murs de T ro y e , avoient
prié ce prince de les aider, afin que l’ouvrage
d’ un homme mortel venant à être mêlé avec celui
des dieux, la v ille , qui , fans cela , auroit été
imprenable* pût un jour être prife , fi c ’étoit la