
fUtues dans les Villas Médicis, Albani 8c ailleurs.
Deux figures femblables de grandeur naturelle
dans la Villa Ludovifi, & plufîeurs ftatues d’Her-
culanum , n’ont pas des têtes idéales ; mais une
autre placée au-deffus de l’entrée du palais Ca-
rafu-Colobrano à Naples , a une tête couronnée
de fleurs d’une beauté fubiime. Ces ftatues ont
pu en effet être érigées à de belles danfeufes,
uifque nous, favons par plufîeurs épig-ràmmes de
anthologie ( Ânîhot. I. 4. c. 3 y. p. 3Ô*.fëq
les Grecs accordoient de pareils honneurs à ces
fortes de perfonnes. Une marque certaine>que ces
figures ne fauroient repréfenter les deux mufes en
queftion, c’eft qu’ elles ont une mamelle nue., &
qu’une pareille nudité feroit contre la décence de
çes chattes déciles ».
D a n s e u r s de c o r d e . Un profeffeur de Dant-
z ic écrivit, en i j o i , une. diilertation fur les'
danfeurs de corde , de Funambulis , pleine d’érudition
& d’une grande coimoifiance de l’antiquité. Il
définit un darifeur de corde, un homme qui marche
fur Une groflfe corde atraçhée à deux poteaux
oppofés j c’eft la préçifément ce que fignifie le
mot latin funambulus , compofé de /unis , une
corde, 8ç à'ambulo, je marche ; mais nos dan-
Jeun de corde font plus : non-feulement ils marchent
; ils danfent encore voltigent ' fur la
çorde.
Les anciens ont eu leurs danfeurs de corde
auffi bien que nous; les mots grecs Neurobar es,
Schoenobates, & le latin funambulus , qui les repréfente
tous deux , fe trouvent dans tous les
écrivains anciens. Ils avoient encore des Crem-
nobates & des Gribates , c’ eft-à dire, des gens
qui marchoient fur le bord des précipices, ou fur
des murs très-étroits. ^ Bien plus, Suétone ( Dans
Galba, c. 6. ) , Séneqüe (dans fon Ep. 85 ) , 6c
Pline ( Liv. m l . c. 2. j , parlent d’Elcphans auxr
quels on apprenoit à marcher fur la corde. Acron,
ancien grammairien &: commentateur d’Horace,
dit ( Sut la fatyre X du premier livre ) que
Méfiai a Corvinus s’eft le premier fervi du mot
funambulus , que l’on retrouve dans Térence,
Mais Grodeck, ce profefleur Dantzikois, dont
nous avons parlé, prétend qu’il fe trompe, &
que Meffala ne vivoit qu après Térence. Il a
raifon ; & Acron confond Valerius Meffala , à
qui l’on donna le nom de Corvfnus dans la guerre
contre lès Gaulois, l’an de Rome 405, deux cens
ans environ avant Terencè : il le confond, dis-je,’
•avec un de fes defeendans, qui fût un orateur
fameux du temps d’Horaçe.
Les danfeurs de corde des anciens exerçoient
leur art de quatre différentes manières. Les premiers
voltigepient autour d’une corde , comme
une roue autour de fon effieu, & s’ÿ fufpen-
doient par les pieds ou par le cou ; les féconds y
voloient de :hant ën bas , appuyés fur l’eftomac,
ayant lés bras 8c les jambes' çtendues } les troifîèmes
couroient fur la corde tendue en droite
ligne , ou du haut en bas. Les derniers enfin ,
non-feulement marchoient fur une corde, mais
ils y faifoient auffi des fauts périlleux , 8c plufîeurs
tours extraordinaires.
DANUBE, Fleuve d’Europe. Les anciens Scythes
l’honôrèrent comme une Divinité, à caufe
de l’ étendue 8c de la fertilité de fes eaux. Il eft
repréfenté fur plufîeurs médailles de Trajan.
D A O R S I , dans l’IUyrie . . . AOPEftN.
Eck'nel a attribué à cette ville une médaille de
bronze avec la légende ci-defius. Neumann lui
en attribue une fécondé de même métal, avec
les feules lettres AA.
DÀPALIS, nom fous lequel Jupiter fut honoré
à Rome , parce qu’il préfîdoit aux mets , dapes ,
qu’on fervoit dansJès feftins.
DAPHIDÀS. Ce grammairien fut puni, dit
Valère Maxime, pour avoir voulu fe moquer de
la Pythie, en lui demandant s’il retrouveroit bientôt
fon cheval , quoiqu’ il n’en eût pas perdu.
Apollon lui fit répondre qu’il le retrouveroit bientôt
, mais qu’il en feroit la vi&ime. Peu après,
Attalus fit précipiter Daphidas dans la mer du
haut d’un rocher appelé le cheval , à caufe
dçs fatyreç qu’il avoit publiées contre lui.
DAPHNÉ, fille 4u fleuve Pénée, fut aimée
d’Apollon. Ce Dieu n’ayant pu la rendre fenfîblé,
fe mit à la pourfuivre ; & il étoit près de l’atteindre
, lorfque la nymphe ayant invoqué la divinité
du fleuve , fon père, fe fentit tout-d’un-coup
métamorphofée en laurier. .Le nouvel arbre devint
les délices d’Apollon, & lui fut fpécialement
çonfacré. C’eft ce que difent de Daphné prefque
tous les Mytholqgues. Mais S. Jean Ciiryfoftôme
parlant félon l’opinion des habitans d Antioche ,
dit que Daphné fuyant- devant Apollon , là
terre s’ouvrit, l’engloutit , 8c prodùifît fur le.
champ un ârbriffeau de fon nom, qui eft le lau-!,
rier. Les habitans d’Antioche crôyôient en effet
que cela s’étoit paffé dans le fauxbourg de leur
ville, appelé Daphné, 8c qu’il avoit pris fon nom
de cette aventure.
D a ph n é j autre Nymphe de la montagne de
Delphes, qui fut çhoifie , félon Paufanias^par
la Dé elfe Te'llus , pour préfider à l’oraçle qu’elle
rendoit en ce-lieu avant qu’Apollon en fût en
poffeffion, Voye^ L eu ci ppe.
D a p h n é , fille de Tiréfias, dont parle Dio-:
dore , prophétifa à Delphes, & y acquit le nom
de Sibylle, Voyeç M a n t o .
D a ph n é ( Médailjçs des habitans de ). Voye^
ANTIOCHIENS de Daphné.
DAPHHÉEN- Voye? D a ph n e u s .
\ X PAPHNÉPIIO^É,
E a p h n I p h o m e s } m aPP=loit
r ie , la fête qu’ôn célébroit tous les neuf ans en
Béotie, en l'honneur d’Apollon Ifmypien. Son
nom grec étoit AeaprùQipt*. En voici 1 origine:
Les Eoliens qui habitoient Arnus & & les lieux
circonvoifîns , en -étant fortis pour obéir à un
oracle , vinrent ravager le territoire de, Thêbes
qu afliégeoient alors les Pélaftjes. Les deux armées
fe trouvant en même temps dans l'obligation de
chommer une fête d’Apollon, il y eut fufpenfion
d’armes, pendant laquelle les uns coupèrent des
lauriers fur l ’Hélicon, les autres fur les bords du
fleuve Mêlas , Ôc. tous en firent au Dieu une
•offrande. D’ un autre côté Polémathas, chef des
Béotiens , vit en fônge un jeune garçon qui lui
faifoit préfent d’une armure complette , avec
ordre de confacrer tous les neuf ans des lauriers
au meme Dieu ; & trois jours après ce fonge 3
ce générai défit les ennemis.. Il eut foin dé célébrer
la fête ordonnée ; &: la coutume s’en étoit
depuis confervée religieufement dans la Grèce.
On prenoit le bois d’un olivier, on le couron-
Tioit de laurier 8c de diverfes fleurs, & on en
décoroic le fommet d’une fphère de cuivre, a
laquelle on en fufpendoit d'autres plus petites.
Le milieu de ce bois étoir environné de couronnes
pourpres, moindres que celle qui en ornoit
le fommet, & le bois étoit enveloppé d’une
étoffe à frange de couleur jaune. La fphère fupé-
Tieure défignoit le foleïî a qui étoit Apollon ; la
fécondé reprefentoit la lune; & les plus petites
figuroierit les autres planète«; & les étoiles. Les
couronnes, qui étoient au nombre de 16y3 offroient :
une image de la révolution annuelle. Un jeune 1
garçon , ayant père & mère, ouvroit h marche,
■ & fon plus proche parent portoit devant lui l’oîi- :
Vier couronné , qu’on appeloit koxI>. Le jeune
•garçon, appelé Daphnêphore, le fuivoit le laurier
à la main, les cheveux épars, & une'couronne
d’or fur la tête, il étoit vêtu d’une robe brillante
■ qui lui defeendoit iufqü’aux pieds, & portoit pour
chaulTiire celle qui devoir fon nom à Iphicrate.
Suivoit un choeur de jeunes filles, portant des
branches de laurier, chantant des hymnes, en ;
iattitude de fuppliantes ; & la proceffion fe ter-
rninoit au temple- d’Apollon Ifménien.
DAPHNÉPHORIQUE * hymne des Grecs, ;
chantée par des vierges dans les daphnéphorïes, ;
pendant que l ’on portoit des lauriers au temple
d ’Apollon. La Daphnépkorique étoit du nombre
des chanfons appelées Parthénïes.
D APHNE^N^* ^ Surnom d’Apollon, relatif
â fes amours avec Daphné.
DAPHNIS , Sicilien , fils de Mercure t fut
changé en rocher, pour avoir été infidèle à une
Nymphe qui l’aimoit & qu’il avoit aimée. Diodoxc
Antiquités a Tome II,
dit qu'il avoit promis fidélité à cette Nymphe,
& fouhaité, par uneefpèce d’imprécation, d’ être
privé de la v u e , s’il vnanquoit de confiance. En
effet, il devint aveugle en punition de fon changement
On lui attribuoit l’invention des vers bucoliques
( Diodi kifl. I. 4. c. 86. ).
DAPHNOMANCIE, forte de divination qui
fe faifoit par le moyen du laurier, & qu*on nom-
moit ainfi, parce que les poètes feignoient que U
Nymphe Daphné, en fe dérobant aux potirfuite«
d’Apollon, avoit été changée en laurier.
On pratiqùoic la daphnomancie de deux manières
: i°. en jetant dans le feu une branche de
laurier ; fi en brûlant elle pétilloit & faifoit un
certain bruit, on en droit un heureux préfage;
c’étoit au contraire un mauvais ligne quand elle
brûloit fans produire aucun fon , comme dit Properce
,
S i tacet extinclo laurus adufla foco.
i Q. L’autre manière étoit de mâcher des feuilles
de laurier, qui infpiroient, difoit-on, le don de
prophétie : auffi les Pythies , les fibylles, les prêtres
d’Apollon n’omettoient-ils jamais cette ceremonie
; ce qui faifoit regarder le ‘laurier comme
le fymbole cara&ériftique de la divination.
DAPHNUS , dans la Phocide. Goltzius feul
a attribué des- médailles impériales Grecques à
cette ville.
D AP IF ER, nom de dignité & d’office, grand-
maître de la maifon de l’empereur. Ce mot
latin eft compofé de dapis , qui fignifie un mets,
une viande qui doit être fervie fur la table ; &
de ftr o , je porte : ainfi il fignifie proprement
porte-mets, porte-viande , un officier qui porte
les mets , qui fert les viandes fur la table.
Ce titre de Dapifer étoit un nom de dignité &
d’office dans la maifon impériale. Cet office fut
autrefois inftitué en France par Charlemagne,
fous le titre de Dapiferat & Sénéchaujfce , qui
comprenoit l’intendance fur tous les offices domef-
tiques de la maifon royale : ce que nous nommons
Grand-Maître de la maifon du Roi.
On lit dans une infeription antique rapportée
par Muratori ( Thef. infer. 91*. 3 . ) , ces mots:
D a p i f e r C æ s a r i s .
On a trouvé en 1783, près de St. Jean de La-
tran , des peintures antiques qui repréfentoient
plnfièurs Dapiferes , ou ferviteurs portant des
plats chargés de fruits : ils font vêtus de longues
tuniques & chauffés de fandales ouvertes. Le
fixième a fur fa tunique , à la hauteur du milieu
des jambes, des rofettes de broderie. Le feptièn^.
a fur les bords de fa tunique, fur les bras & d ^
plufîeurs autres endroits, des boffettes, ou rofettes
de broderie.
DA R D ANÆ À rus , la maeie. Columelle Qq