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événemens trop intéreffans pour ne pas mériter
les allions de grâces les plus folemnelles.
Enfin, long-temps après on les prolongea juf-
qn’ à quatre jours; mais à parler julle , ce quatrième
journ’ étoit qu’une addition étrangère, puif-
que la cérémonie de ce jour ne fe faifoit point
dans le lieu marqué par la lo i, & que c'étoit
au capitole & non fur le mont Albain ; cette
fête du quatrième jour confilloit en courfes de
quadriges, à la fin defquels le vainqueur recevoir
un prix affez lîngulier ; on lui donnoit du
jus d’ abfinthe-à boire ; les anciens étant perfuadés,
dit Pline, que la fanté eft une des plus honorables
récompenfes du mérite.
Les fériés latines, extraordinaires impératives,
écoient lrrares, que dans toute l’hilloire romaine
on n’en trouve que deux exemples; le premier
fous la dictature de Valérius Publicola, & le fécond
fous Q . Ogulnius ' Gallus , l’an de
Rome 696 : encore ce fécond exemple nous fe-
roit-il abfolument inconnu, fi la mémoire ne s’en
étoit confervée dans les tables capitolnies : ce
R’elt pas qu’il n’ arrivât de temps en temps dans
l’air & dans les autres élémens, cent prodiges
qui révcilloient la fuperllition, & pour lefquels
prodiges on faifoit des fupplications extraordinaires
qui étoîent de véritables fériés ; mais comme
elles fe paffoient dans Rome, nous né les comptons
point parmi les latines, où les- peuples voi-
fins s’étoient obligés de fe trouver, & où ils
avoient droit de participer aux facrifices. Le temps
queduroient les expiations des autres prodiges étoit
affez borné; un jour fuffifoit, & on y employa
rarement un • deuxième ou un troifième : cependant
, dans des cas extraordinaires où les aruf-
pices jugeoier.t qu’ il étoit befoin de grandes fupplications
pour détourner le fléau dont on étoit
menacé; alors, foit que les facrifices & les fupplications
fe Ment, feulement dans la ville & entre
les citoyens, foit qu’ il fallût aller fur le mont
d’Albe & y appeller les .peuples qui étoient compris
dans l’ancien , traité , les fériés étoient immuablement
de neuf jours. ^
On voit préfentement que les fériés latines or-
dinairesétoientdunombre de celles qu’on nommoit .
indiéia ou conceptivA, c’eft-à-dire mobiles, parce
qu’on ne les célébroit qu’au jour marqué par le
conful. On voit auffi qu’on pouffa au plus haut
point le'fcrupule fur leur omiffion & leur riruel,
gr que ce fut même par principe de religion
qu’on étendit leur durée. Nous ajouterons feulement
que lorfque - ces fêtes vinrent à fe célébrer
pendant trois ou quatre jours, Rome étoit
prefque défaite : c ’eft pourquoi, de peur que les
voifins n’entrepriffent alors quelque chofe contre
elle . on créoit un gouverneur.dans cette v ille,
feulement pour le temps de la célébration des
fériés 5 nous en avons la .preuve dans les paroles
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d’une lettre qu’Augulle écrivoit â Livie , au fuj’e t
de fon fils le jeune Tiberé, qui fut enfuite empereur.
In alhan.if.tfi montent ire eum non placet
nobis y aut ejfe Roma latinarûm diebus : cur^enim
non preficittlr urbi , f i potefi ffatrenv '■ fiitum fequi
in montem ? ■>? Nous ne trouvons pas à propos
30 qu’il aille au mont d’Albe, ni qu’il foit à Rome
» pendant les fêtes latines : car pourquoi ne le
53 rait-on pas gouverneur de Rome, s’ il ell ca-
33 pable de fuivre fon frère au mont d’Albe pour
«cette folemnité »?
On trouvera tous ces faits dans Tite-L iv e,
liv. X , dec, V. Denis d’Halicarnaffe liv IV .
AuLugelle, liv. IX & X. Macrobe , fatur. liv. I s
ch. X V I . ( Article du chevalier de Jaucourt ).
FERMIER des revenus publics. F ’.RübeicAin .
FERONIE , Servius ( in Æneid V I I I , y£>4)
& d’après lui grand nombre de mythologiftes
affurent que féronie étoit un furnom de Junon ,
& ce fentiment paroît autorifé par une inferip-
tion que Fabretti nous a confervée, conçue en
ces termes : J unoni Fé r o n iæ , & c . & c. d’autres
ont penfé que Féronie ell la même que Flore ÿ
d’autres enfin difent que ce n’étoit ni Junon
ni Flore, mais une divinité des latins & des
fabins, qui préfidoit aux fleurs, aux parterres»
aux bois, aux vergers, & qui étoit la patroné
des affranchis.
Si l’on n’ell pas d’accord fur la perfonne de
cette divinité , on ne l’eft pas davantage fur
fon culte, & les anciens même ne font qu'embrouiller
les idées fur un fait qui, de leur temps »
devoit être de notoriété publique. Au pied du
mont Soraète , dans l’Etrune, étoit un temple
fameux qui, félon Virgile ( Æn. lib. 1 1 , v. 7.85,
& Sil. ital. lib. y ) , étoit confacré à Apollon
dans le bois façré de ce temple, on faifoit tous
les ans, difent ces poètes, un facrifice folem-
riel à ce dieu pendant lequel certaines perfonnes
marchoient pieds nuds fur des charbons impunément.
Voye% H ir p e s. Mais Strabon nous affure
que ce temple étoit confacré à la déeffe Féronie 5
& que ceux qu’ elle infpiroit de fon efprit, pou-
voient marcher pieds nuds, fur des charbons ar-
dens, fans fe brûler & fans reffentir aucune
incommodité. Horace dit qu’il a rendu fes hommages.
( Sat. lib. I. V.y à Fer onia y près d’Anxur,
aujourd’hui Terracine, en fe lavant le vifage 6c
les mains dans la fontaine facrée qui couloit à côté
de. fôn temple. Ovide raconte qu’un bois facré
de, cette déeffe ayant été confumé par le fe u , on
voulut tranfporter ailleurs la ftat-ue de la déeffe ;
mais le bois ayant paru aulfi-tôt couvert de feuilles,
on changea de deffein, & on laiffa la ftatue'où
elle étoit. Virgile dit que Féronie prend plaifii;
à demeurer, dans des bois agréables^, &, qu’ elle
eut un fils appellé JUrilus. ( Voye% ce mot ).
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Denys d'Halicarnaffe , parlant du roi Tullus
Hoftilius. & de fes guerres contre les fabins,
dit que les grecs appelloient Feronie anthépore,
ou porte-fleurs, & philoftéphane, ou qui aime
lès couronnes.
FERRER les bêtes de fomme.
Un paffage qui fe trouve dans le traite de
Xénophon, de re equefiri , & qui enfeigne les
moyens de donner à l’ongle du,cheval une conf
ia n c e dure & compare a fait conclure que
la ferrure des bêtes de fomme n’écoit point en
ufage chez les grecs. Appien parle cependant
d’un fer à cheval dans fon livre de bello mithn-
datico. La conséquence que l’on a tiree du texte
de Xénophon, paroît donc très-hafiirdee. Un
pourroit dire en effet que Zénophon ne prêtent
une recette pour durcir & refferrer le fabôt;
que dans le cas où les chevaux auroient ■ les ■_
pieds extrêmement mous & foibles. Des-lors
cette opinion que les chevaux n etoient pa s ferres
de fon temps , s’évanouit avec d’autant plus de
raifon, que, quoique nous nous fervions nous-
mêmes de topiques aftringens dans de femblables*
circonftances, il n’en eff pas moins ^certain que
la ferrure ell en ufage parmi nous. On ne fait ji
l’ ufage de ferrer les bêtes de fomme etôit general
chez les romains. Fabretti, qui prétend avoir
examiné tous les chevaux repréfentés fur les anciens
monumens» fur les colonnes & fur les marbres
, déclare n’en avoir jamais vu qu’ un qui
foit ferré. Quant aux mules & aux mulets» nous
ne pouvons avoir aucun doute à cet égard. Sue-
tone. ( in Nerone } cap. X X X ) , affure que Je
luxe de Néron étoit t e l , qu’il ne voyageoit jamais
fans avoir à fa fuite mille voitures au moins,
dont les mules étoient ferrées d’argent. Pline
dit que les fers de celles de Poppée , femme de
cet empereur} étoient d’or ; & Catulle compare
un homme indolent & pareffeux , a une mule
dorit* les fers font retenus dans une boue épaiffe
& profonde, en forte qu’elle ne peut en fortir.
Ô r , fi Tufage de ferrer étoit ordinaire pour les
mules, pourquoi ne l ’auroit-il pas été^ relativement
aux chevaux, & pourquoi s’éléveroit-on
contre ceux qui feroient remonter cette opération
jufqu’à des fiecles très-reculés ?
Fabretti a cru antique le pied ferré d’un cheval
que Fon voit au palais Mattel à Rome fur
un bas-relief qui repréfente une chaffe de l’empereur
Galiien. Mais Winckelmann foutient que
cette jambe de cheval ell une reftauration moderne.
Scaliger fe fondant fur le mot folea, qui
exprime dans Catulle les fers des mulets, & fur
celui d’ÙKÔtypov qui exprime les fers des chevaux
dans Appien ,( croit qu’on lioit ces fers aux
pieds, & qu’on ne Jes clouoit pas comme le pra-,
tiquent les modernes.
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FERTILITÉ des terres connues des anciens;
C et article eft tiré de la Métrologie de M- Pauélon.
« Si la Béotie ne produifoit pas de^ bled en
grande quantité, au moins avoit-elle 1 avantage
(Pline X V I I I , c. V IL ) de produire le plus beau,
, le pluspéfant qui fût connu des anciens».
» La Thrace .étoit un pays très-renommé pour
l’abondance du bled. La Cherfonnefe en produifoit
beaucoup. Démofthene nous apprend
( in orat. cont. lept. p. y4^ , id. in Pkorm. p. 946 )j
que la ville d’Athènes droit tous Jes ans de Byzance
feule, quatre cents mille medimnes de bled
qui valent 116700 fetiers, mefure de Paris; c e-*
toit la fubfiftance annuelle pour 466S0 hommes ,
à trente bôiffeaux par tête. Mais les Athéniens
! n’étoient pas les feuls fans doute qui tiraffent des
bleds de ce pays. Varron ( de re rufi. lib. 1 , c.
X L V I I ) écrit, furie témoignage d’autrui, que
les- terres de la ville d’Olynthe font reftibles, &
qu’on les enfemence tous les ans, en obfervant
cependant qu’on ne les mettoit en bieef que de
trois ans en trois ans; les deux années fuivantes
on ne leur faifoit prpduire que de menus grains;
Je ne ferois pas même éloigne de croire que Je
mot de Sitkonie, qui etoit le nom du territoire
d’O lynthe, ne dût s’écrireSitonie , comme venant
du mot grtcfitos, qui fi-gnifie du froment , quoique
des étymologilles le dérivent du nom d.u
mont Sithon, qui peut avoir auffi la meme origine.
Philippe C iu v ie r , dans fon introduélion
à la géographie, prétend que 1« grecs & les
romains ont appellés grenier de Cérés, la Moefie,
aujourd’hui la Servie , fituée entre la Thrace &
le Danube, mais il fe trompe : ces anciens ont
prétendu appliquer cet éloge à la Myfie, province
de l’Afie mineure, qui comprenoit auffi
la Troade & l’Eolide. Les vallées de la Myfie»
au pied du mont Id a , dont la face qui regar-
doit les plaines vers le midi, s’appelloit Gargara,
étoient très-fertiles, comme ces deux vers de
Virgile ( Géorg. I. ) en font foi :
......... . Nullo tantùm f e Myfia cultu
Jaclat, & ipfafuas mirantür Gargara mejfes.
Tout ce pays produifoit d’abondantes récoltes,
auffi bien que les plaines de Sardes, des bords
de l’Hermus & du Caïftre en Lydie, comme
on le voit dans Strabon ( lib. X I I I , p. 430 ).
Les moiffons étoient fi prodigieufes, que lorf-
qu’on vouloit défigner un nombre infiniment grand,
les poètes tiroient leur comparaifon des grains
de bled qui naiffoient dans la M y fie , & des
grains de raifin qui croiffoient dans l’ifie de Lef-
bos, qui en ell voifine , & où eft la ville de
Méthymne ; c’ell ce qu’on voit dans Ovide. ( lib. 7,
de Arte àmandi ).
Gargara quot fegetes, quoi habet Methymna racemos,
Æquore quot p i f ces, fronde teguntur aves.
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