
qui font nécelfairement affeétéés dans-les républiques
aux perfonnes qui fe diftinguent dans leur
état par leurs talens .ou par leur vertu.
La caufe intérieure des progrès des étrufques
dans les arts , fe trouve dans leur génie ,
ou dans leur tempérament} il fut la foûrce du
caractère diftin&if de leurs ouvrages. Winckel-
mann obferve que 1 ts étrufques ^atteignirent cependant
jamais dans les arts le point de perfection
où parvinrent les grecs, parce que les grecs
étoient' naturellement moins bilieux que les étrufques.
Ariftote obferve que les perfonnes mélancoliques
font ordinairement rêveufes 3 propres aux
fortes méditations & aux recherches profondes}
mais de tels hommes ont toujours eu 8c auront
éternellement des: fentimens outrés & exceflîfs.
Le beau, c’eft-à-dire, les douces émotions que
caufent les formes les plus naturelles fur des âmes
délicates & fenfibles, eft pour eux fadeur , infi-
pidité 3 badinage d’enfant} leur coeur ne peut
être agité que par explofion générale ; ils mé-
prifent le beau, ils ne recherchent que le fu-
blime. L‘Etrurie ignorante fut bientôt aufli éclairée
que les peuples qu elle fréquentoit ; mais_comme
. la maffe des lumières étoit alors très-peu confi-
dérable, l’Etrurie donna dans la fuperftition, ou
plutôt dans le moment où elle devint pieufe 3
elle mérita d’ être appellée la mère de la fuperftition.
m Les étrufques fe livrèrenténfuite avec fureur
à l’AftroIogie judiciaire, aux évocations des ef-
prits , &c. L’on ne doit donc point être furpris,
îorfqu’on voit dans Denis d’Halicarnaffe, que
l ’an de la fondation de Rome, 399, les prêtres
étrufques, qui protégeoient les tarquins détrônés,
allèrent attaquer Rome , armés de ferpens vivans 8c de torches ardentes. Les étrufques inventèrent
les combats fanglans des gladiateurs; ils-les admirent
, non-feulement dans lés amphithéâtres,
mais encore à la fuite des enterremens.
Le caractère des étrufques eft peu altéré. Dans
les fiècles derniers -, la feéte des flagellans européens
a pris naiflance dans la Tofcane : le vulgaire
ne s’y plaît encore qu’à lire les poèmes
pleins de magie, de pofleffions -du diable , de
gigantomachie, de' métamorphofes & de prestiges
de charlatans de place; il n’écoute avec tranf-
portque la mufîqué qui peint des tempêtes, l’éclair,
le tonnerre, la foudre & le fabat. Enfin
l ’on ne doit point être furpris de ce que les anciennes
urnes fépulcrales de la Tofcane , ne font
chargées que de bas-reliefs, -qui repréfenten» avec
énergie des combats fanglans , ou des devins en
méditation ; 8e de ce qu’au contraire , les 'urnes
fépulcrales romaines, travaillées par les grecs,
ne représentent que des objets agréables, qui font
allufion à la vie humaine ; tels font les papillons, .
les colombes, les lièvres , les guirlandes de fleurs
& de fruirs, les nayades qui enlèvent le char- ,
marit Hylas , &c. Les romains , plus gais que les j
étrufques, éurent, au fujet de la mort, des îdees
iingulières. Scipion l’africain exigea que fes amis
allafîent boire fur fon tombeau. A Rome, Ton
danfoit ordinairement devant le corps du mort
que l’on portoit au bûcher} par ce moyen , on
diftrayoit les fpeétateurs du bruit défagréable des
pleureufes que l’on gageoit pour hurler harmoniquement
au fon de la flûte. Winckelmann obferve
enfin que les guerres perpétuelles 8c malheureufes
des étrufques contre les romains ; 8c fur-tout la décadence
de leur conftitution politique , arrêtèrent
les progrès de l’art, 8i le démolirent dans la fuite.
Après la mort d’Alexandre-le-Grand, toute l’E-
; trurie fut fubjuguée par la république romaine » 8c
la langue étrufque fut transformée en langue latine;
en un m o t, la langue étrufque fe perdit entièrement.
C et évènement arriva quelque temps
après la mort d’Ælius Vùlturinus , dernier roi des
étrufques 3 qui fut tué dans la bataille donnée
près du lac Lucumo. L’Etrurie fut alors changée
en province romaine. L ’an 489 de la fondation
de Rome , Marcus Elavius , général romain , le
rendit maître de la ville de Volfinium, que l’on
nomme aujourd’hui Bolfena ; il fit transporter de
cette feule ville dans celle de Rome , deux mille
liâmes, à ce que rapporte Pline ( dans leX X X IV 0.
livre ). L ’on croit que peu-à-peu toutesdes autres
villes" de la Tofcane fubirent le même fort. Dans
l’inftant de ces révolutions , les arts commencèrent
à tomber 8c à s’avilir, par le joug que les
romains impofoient aux artiftes. Nous ne connoif-
fons le nom d’aucun des fameux, anciens artiftes
étrufques , fi ce n’eft celui de Mnefarçkus3 fculp-
teur en pierre, qiiël’on dit père du grand phi-
lofophe , nommé Pythagore.
Dans le fécond paragraphe , qui traite des images
des dieux & des héros étrufques, Winckelmann
fe borne à publier quelques obfervations utiles ,
r 8c qui n’ont point encore été faites. i° . Il dit
que les étrufques adoroient la plupart des divinités
qui étoient honorées d’un culte dans la Grèce,
parce que les grecs 8c lès étrufques étoient une
colonie des péiafges, à ce que croient quelques
auteurs : il y eut par conféquent une certaine
affinité entre ces deux peuples. i ° . Les. étrufques ,
ainfî que les grecs , adoroient des figures bifarres ,
& qui étoient particulières à chacun de ces peuples.
Paufanias décrit les figures divines extraordinaires
, qui furent repréfentées' par les grecs ,
fur le coffre de Cypfelus. Avant Homère, lep>oëte
Pampho imagina un Jupiter, . couvert de fiente .
de cheval. Les grecs inventèrent encore un Jupiter
Apomyos 3 c’eft à-aire, Jupiter fous la forme
d’une-mouche 3 là tête delà mouche formoit le
crâne 8c les cheveux de Jupiter-: le corps de la
mouche étoit le vifage , & les ailes formoient la
barbe;
3°. A l’égard des divinités particulières,des
étrufques , Winckelmann, dans ce fécond paragraphe
, obferve encore que les étrufques s’étoient
fait des idées fublimes & majeftueufes des dieux Supérieurs
: ils donnoient des ailes à Jupiter, a Diane,
à fes compagnes & à Vénus j mais ils repré-
fentoient Minerve avec des ailes aux épaules &
aux pieds. Ils peignoient l’Amour, Proferpine 8c
les autres furies, avec des ailes à la tête : ils
repréfentoient aufli des chariots avec des ailes.
Les grecs fuivoient le même ufage allégorique
fur les médailles : Cérès étoit repréfentée traînée
par deux ferpens attelés à un char ailé.
40. Pline nous dit que les étrufques armoient
delà foudre la main de neuf divinités, qui font
Apollon, Mars , Bacchus, Vulcain, Hercule,
Pan, Cybèle , Pallas & l’Amour.
Les payfans étrufques portoient des chapeaux
blancs , abattus fur les épaules ; 8c lorfqu’ils voûtaient
défigner Apollon gardant les troupeaux
du roi Admette , ils le repréfentoient avec ce grand
chapeau. Les grecs repréfentoient de la même
manière Ariftée, fils d’Apollon.
Les premiers étrufques portoient une longue
barbé , large, pointue & recourbée en avant. Ge
peuple repréfenta Mercure avec une barbe de
cette efpèce: dans la fuite, les étrufques'& rasèrent
la barbé; fouvent ils armèrent Mercure
d’une épée recourbée en faucille , ou fabre , fem-
blable à celui que tient Saturne ou Pluton, ref-
femblant à celui que,portoient les lyciens 8c les
cariens , dans l’arméè de Xercès. On voit fur un
camée étrufque un Mercure qui a la tête couverte
d’une tortue entière, qui lui fert de chapeau.
Dans les premiers .temps , lés étrufques marquoient
les chëve"ux de leurs ftatues eh écailles de poiffon ,
ou tournés en coquilles de limaçon. Ils rangeoient
les plis des habillemens en ligne droite , parallèles
, comme cannelés l’un fur l’autre. Les étrufques
8c les grecs repréfentoient quelquefois Junon
Martiale, tenant entre fes mains une tenaille,
qui faifoit allufion à l’ordre de bataille en tenaille.
C e t ordre eonfîftoità ouvrir le centre de la ligne
pour engager l’ennemi à y entrer ; enfuite les deux
corps fépatés ferroient l’ennemi des deux côtés.
Les étrufques & les grecs repréfentoient Venus
drapée, tenant une colombe ou une fleur à la
main. Ils repréfentoient aufli les trois Grâces drapées
; elles paroiffent dan fer dans le même goût
que les ftatues des premiers grecs.
Les artiftes étrufques repréfentoient peu de héros,
mais tous de nation grecque, tels font les cinq chefs
qui marchèrent contre Thèb es , je veux dire
Adrafte , T y d é e , Polynjce, Parthénope 8c Am-
phiaraüs. Les dieux de ce peuple ont confervé
leur nom étrufque ; mais les héros confervèrent
chez ce peuple leur nom grec , tiré de 1 *iliade3
qui leur fervoit de guide.
Dans le troifième paragraphe qui traite des principaux
monumens de l’art étmfque, notre auteur
indique Amplement les objets, & décrit hiftori-
qüement leur exécution , leur matière 8c le temps
de leur produ&ion. Dans la feélion fuivante , il
les examine en critique fcrupuleux; il fait voir
combien il eft difficile de diftihguer les anciens
ouvrages grecs des anciens ouvrages étrufques 3 8c
les monumens faits en Tofcane dans le bon temps,,
de ceux du fiècle éclairé , où viVoient les plus
fameux artiftes grecs. L’auteur indiqué, i°. les
petites figures étrufques de marbre, de bronze ,
qui repréfement des animaux, des chimères >
2°. Les ftatues de bronze, de grandeur naturelle,
ou un peu moins grande, 8cc- Il fait à ce fujet
plufîeurs obfervations utiles : par exemple, il dit
que des étrufques 3 dans une ftatue qui repréfente
un pontife, ont rangé les cheveux fur le front,
en petites boucles, en forme de limaçon, tels
qu’ils font ordinairement fur les ftatues égyptiennes
d’Hermès } quatre longues trèfle s de cheveux
tombent en ferpentant fur le devant de
chaque épaule, ; les cheveux font noués par
derrière à une diftance médiocre de la tê te ,
au deflous du ruban qui les attache j cinq boudes
jointes enfemble prennent en quelque
forte la forme d’une bourfe à cheveux ; ces cheveux,
paroiffent coupés à leur extrémité. La fta-
tne , qui eft antique , eft droite & roide comme
celle des ftatues égyptiennes. Sur la tête^ d’une
Diane étrufque antique , on voit que l’ouverture
de la bouche a fes angles relevés, le,menton
eft rétréci, les cheveux font comme à la précédente
ftatue , bouclés , trefles & attachés par
derrière , allez loin de la tête : elle porte un
diadème, en forme de cercle, il eft furmonté
de huit rofes rouges &rehaufiées, qui couronnent
lés cheveux, la draperie eft peinte en blanc ; la
tunique ou le vêtement de deflous, a de larges
manches arrangées en plis frifés ; le manteau court
a des plis applatis 8c parallèles, il en eft de même
de la longue tunique : le bord du manteau , eft
orné d’une petite bande, rou g e -d o ré , qui eft
furmontée immédiatement d’une autre bande de
couleur de lacque; au-deflus de celle-ci eft une
troifième bande, de même couleur 8c largeur,
chargée d’un lacis blanc qui repréfente de la
broderie. Le bord de l ’habit eft travaillé de la
même façon : la courroie qui tient fur l’épaule
le carquois de la déefle, eft rouge, de même
que fa chauflure.
. Winckelmann donne enfuite des détails fur
un bas-relief de forme ronde, qui a pu fervir à
orner le bord d’un puits : l ’on y voit, ainfî qu’à
Athènes, les figures des douze grands dieux :
Vulcain , Jupiter &Efculape font représentés fan-s
barbe fur ce monument étrufque de l’ancien temps.
Winckelmann d it, que dans la fuite on boucla
la barbe en anneaux courts, on recourba 1 extrémité
en pointe * 8c qu’enfin les artiftes étrufques
F f f f ij