
JL. f i l i ï , quibus eft commoàum ire , tempus eft j
otins ( c’ cft- à dire ille ) ex adibus effertur; ceux
qui voudront ajfifter aux obsèques d’un tel y fils'
d’ un tel t fo n t avertis qu’ i l efi temps d ’y aller pre-
fentement 3 on emporte le corps de la niaifon. Il n y
avoit néanmoins que les parens ou les amis qui y ,
affiftaflent , à moins que le défunt n'eût: rendu
des fervices confîdérables à la république 5 alors
le peuple s’y trouvoit ; & s’il avoit commandé
les armées , les foldats s’y rendoient auffi , portant
leurs armes renverfées. Les liéteurs renverfoient
pareillement leurs faifceaux.
Le corps étoit porte fur un petit li t , qu’on
nom mot exapkore , quand il n’y avoir que fix
porteurs ; & oHopkore 3 s’il s’en trouvoit huit.
C ’étoient ordinairement les parens , qui, par honneur
, en faifoient l’office, ou les fils, du défunt.
Pour un empereur , le lit étoit porté'par des fé-
nateurs.; pour un général d’armée, par des officiers
• tk des foldats. A l’égard des gens de condition
commune, c ‘étoit dans une.efpèce de bierre
découverte, qu’ils étoient portés par quatre hommes,
deceuxquigagnoient leur vie à ee métier. .
On les appelloit vefpilones , parce que, pendant
un très-long temps, on obferva de ne faire les
convois que vers le. foir ; mais dans la fuite on
les fit autant de jour que de nuit. Le défunt
paroiiïoit ayant fur la tête une couronne de fleurs ,
& le vifage découvert, à moins que la maladie
ne l’eût entièrement défiguré; dans ce c a s , on
avoit foin de le couvrir.'
Après que les maîtres de cérémonies du convoi
avoient marqué à chacun fon rang > la marche
commençoit par un trompette & par les joueurs
de fiû:e, qui fouoient d’une manière lugubre. Ils
étoient fuivis de plus ©u de moins de gens, qui
portoient des torches allumées. Proche du lit
étoit un archimine qui contrefaifoit toutes les
manières du défunt; ; & l ’on portoit devant le lu :
couvert de pourpre , toutes les marques^ des
dignités dont il avoit été revêtu : s’il ^ s’écoit
fionalé à la guerre , on y faifoit paroîtrq les
préfens & les couronnes qu’il avoit reçus'pour
fes belles avions , les étendards & les dépouilles
qu’il avoit enlevés aux ennemis. On y portoit en
particulier fon bufte en c ire , avec ceux de fi»s
ayeux & de fes parens, monte's fur des; bois de-
javelines, ou placés dans des chariots; mais. 011-
n’accordoic point cette diftin&io'n à ceux qu’on'
nommoit novikomines 3 c’eft-à-dire, gens qui cpm-
mençoient leur nobleffe, & dont les ayeux n’a u-
noient pu leur faire honneur. On obférvoit auffi
de ne point porter les buftes de ceux qui avoient
été condamnés pour crime, quoiqu'ils euffent
poffédé des dignités; la loi le défendoit. Toutes
ces figures fe replaçoient enfuite dans le lieu cù
elles étoient gardées. Au convoi dés empereurs,
on faifoit encore porter far des chariots les imagés
& les fymboîes des provinces & des villes fubjuguées.
'
Les affranchis du défunt fuivoient cette
pompe , portant le pileu s, bonnet , qui étoit la
marque de leur liberté : enfuite marchoient les
enfans, les parens & les amis atrati , e’ ert-à-dire,
en deuil, vêtus de noir ; les fils du défunt avoient
un voile fur la tête : les filles vêtues de blanc ,
avoient les cheveux épars fans côëffure, & marchant
nuds pieds. Après ce cortège venoient les
pleureufes , prsfics. : c’étoient des femmes dont le
métier étoit de faire des lamentations fur la
mort du défunt; & en pleurant elles chantoient
fes louanges fur des airs lugubres, & donnoient
le ton à tous les autres.
Lorfque le défunt étoit une perfonne illuftre ,
on portoit fon corps au roftra dans le forum , ou
la place romaine, où la pompes’arrêtoit, pendant
qiie quelqu’un de fes enfans, ou des plus proches
parens , faifoit fon oraifon funèbre ; &
c’étoit ce qu’on appelloit laudare pro rofiris : cela
ne fe pratiquoit pas feulement pour les hommes
qui s’ étoient diftingués dans les emplois y mais
encore pour les femmes d’une condition relevée ;
la république avoit permis de les louer publiquement
, depuis que l’or ayant manqué dans le tréfor
public , pour acquitter le voeu que Camille avoit
fait de donner une coupe d’or à Apollon -Del-
phien, après la prife de la ville de Veies, les
dames romaines y avoient volontairement contribué
par le -facrifice de leurs bagues & de leurs
bijoux.
Du forum on alloit au lieu où l’on dëvoit enterrer
le corps , ou le brûler ; on fe rendoit donc
au champ de Mars , qui étoit le lieu où fe faifoit;
ordinairement cette cérémonie i car on ne brûloit
point les corps dans la ville. On avoir eu, foin
d’avance de drefler un bûcher d’i f , de pin, de
melèze, ou d’autres pièces de Lois. aifé. à .s’en*
flammée, arrangées les unes fur les autres en
| forme d’autel, fur lequel on pofoit le corps vêtir
de fa robe; on l’arrofbic de : liqueurs propres à
: répandre une bonne odeur ; on lui coupoit tin
doigt pour l ’enterrer; on lui tournoie le vifage
• vers le ciel;-.on lui, mettoit dans la bouche u:\s-.
• pièce d’ argent,>qu.i,étoit ordinairement une abqle*
• pour payer le droit de paflage à Char on. :
j Tout le bûcher étoit environné de cyprès :
[ alors le plus proche parent tournant le dos pendant
que le feu s’allumoit, jéttôît dans le
bûcher les habits, les armes , & quelques autres
effets du défunt, |quelquefois même dé’ l’or- &
de l’argent; mais cela fut défendu par la loi des
douze tablés- Aux funérailles de Jules - Céfar *
les foldats vétérans jettèrent leurs armes fur fou
bûcher , pour lui faire'honneur. On immoloit
auffi des boeufs., des taureaux & 1 dès moutons *
qu’ on jettoit fur le bûcher.
On donnoit tout auprès des combats de gladiateurs
pour appaifer les mânes du défunt ; cet
ufage s’étoit introduit pour fuppléer à la barbare
coutume anciennement pratiquée à Fa guerre,
d’immoler les prifonniers auprès du bûcher de
ceux qui étoient morts en combattant » comme
pour les venger. Le combat des gladiateurs
n’ étoit pas le feul fpeétacle qu’on y donnoit;
on faifoit auffi quelquefois des courfes de chariots
autour du bûcher ; on y repréfemoit même des
pièces de théâtre, & par un excès de fomptuofiré,
on y a vu donner des fellins aux affiftans & au
peuple.
Dès que le corps étoit brûlé, on en ramaflfoit
lés cendres avec les os que le feu n’avoitpas entièrement
confumes. C ’ étoient les plus proches
parens ou les héritiers qui en prenoient foin.
Afin que les cendres du mort ne tuffent pas confondues
avec celles du bûcher , on avoit quel-
quefois la précaution , en mettant fur le bûcher
le corps du défu.nr, de l’envelopper d’une toile
d’amianthë, fubilance incombuftible ; on lavoit
enfuite ces cendres & ces os avec du lait & du
vin. ; & pour les placer dans le tombeau de la
famille, on les enfermoit dans une urne d une
matière plus ou moins précieuîe, félon l'opulence
ou la qualité du défunt ; les plus communes
étoient de terre cuite.
Enfuite le facrificateur qui avoit affifté à la
cérémonie, jettoit par trois fois fur les affiftans,
pour les purifier, de l’eau avec un afperfoir fait
..avec une branche d’ol vler1. Enfuite une pleureufe
congédioit la compagnie par ces mots : I , lic e t,
c ’eft-à-dire , vous pouveç vous en aller ; alors les
parens & amis du défunt lui difoient par trois
rois, en l’appellant par fon nom , & 9 haute
voix : vale , vale 3 vale : nos te ordine quo natura
voluerït fequemur3 adieu , adieu , adieu, nous te
fuivrons quand notre rang marqué par la nature
arrivera. On portoit l’urne où étoient les cendres
dans le fépulcre , devant lequel il y avoit lin
petit autel où l’on brûloit de l’encens & d’autres
parfums : cérémonie qui étoit renouvellée de
temps en temps, de même que celle de jetter
des fleurs fur la tombe.
A l’égard de ceux dont on ne brûloit point
les corps, on les mettoit ordinairement dans les
bières de terre cuite;, ou fi c’étoient des perforine
s de diftinâion, dans un tombeau de marbre;
on plaçoit dans ce tombeau une lampe ,
mal-à-propos nommée perpétuelle 3 & quelquefois
de petites figures de divinités, avec des fioles,
appelîées depuis lacrimatâires. On a trouvé dans
quelques tombeaux, des bijoux qu’on y avoit mis
avec le corps, parce qu’apparemment le défunt
les avoit chéris d’une manière affectée.
La cérémonie des funérailles fe terminoit par
un féftin , qui étoi* ©rdinaircmept un Couper que
Ton donnoit aux parens & aux amis ; quelquefois
même on diflribuoit de la viande au peuple ; tic
neuf jours après on faifoit un autre feftin, qu’on
appelloit le grand fouper, la novendiale , c’eft-à-
dire, la neuvaine ; on obférvoit dans ce deruier
repas, de quitter les habits noirs, & d'en prendre
de blancs.
C ’en eft affez fur ce fujet, ou l’on n’ a employé
que les traits hiftoriques qui pouvoient
convenir ic i , en élaguant toutes les citations
fans nombre qui auroient mené trop loin ; mais
le leéteur curieux de plus grands détails, & d’une
érudition recherchée , peut confulter l’ouvrage
latin de funeribus romanorum, publié par Jean
Kirchman, dont la première édition parut à
Lubec en 1604* C et ouvrage acquit de la célébrité
à fon auteur, & contribua à lui procurer
un bon mariage. ( Article du chevalier de Jaucourt.)
Dans \ts funérailles des magiftrats, ou des gens
de guerre , les romains avoient coutume de porter
les faifeeaux & les armes' renverfées.
Servius expliquant ces vers de l’Enéide ( X L
92. ) :
................ . V e rjis d u cu n t injîgnihus ip jï
G rajugenoe reges............................................
où Virgile parle de l’ufage qu’ avoient les grecs
de porter aux funérailles les enfeignes renverfe'es,
dit : Lugentium more mucronem, non eufpidem haft s,
contra terram tenentes : feuta etiam invertentes ,
propter numina illic depitta, ne eorum fimulacra
çadaveris polluerentur adfpe&u. Servius attefte ic i,
que les romains avoient auffi L’ufage de porter aux
funérailles3 non-feulement les lances avec la pointe
inférieure en l’air ; mais encore de préfenter le
côté intérieur de leurs boucliers, de crainte de
fouiller,, par la vue d’ un cadavre, les images des
divinités qui y étoient tracées. Stace fait mention
du même ufage dans la Thébaïde ( VI. 214. ) :
........... T u m m tz jla p h a la n x , T euc rique fe q u u n tu r
; T h y r r e n i duces , & verfis arcades armis.
; Non-feulement on portoit dans les funérailles
militaires les enfeignes renverfées, mais on les
• dépouilloit encore de tous les ornemens qui pou-
! voient en être détachés, tels que flammes-; banderolles
, couronnes, & c . , & alors on les appelloit
figna incompta. Tacite dit des funérailles
de Germanicus ( Annal. I I I . 2. 2. ) ........Tribunorum
cenlurionumque humeris cineres Germanici
portabantur, pr&cedebant incompta figna.
Les romains fe difpenfoient quelquefois d’employer
le miniftèr.e des prêtres , pour accomplir
les cérémonies des funérailles j & alors ils en
follicitoient la permiffion des empereurs qui étoient