
ces deux pièces avoient été adoptées par la ville de
Mitylène pour avoir-cours avec Tes monnoies.
Le médaillon de Titiana nous offre , à la vérité,
( en fuppofaût l'on authenticité ) l'exemple d'une
ville qui a contremarque fes propres monnoies.
M. Ne iimann a publié aufli deux médaillons d'argent
de 1'ifle de Th a fus , qui portent tous, deux
au revers Hercule, -avec la légende h pak aeo ys
S£2THpo2. L'un de ccs médaillons eft •.contre-
marqué h .... a e , c'efl-à-dire , hpak ae j 8c l'autre....
£2TH, c'eft-à-dire , s ^ th . Ces deux contré-
marques parodient avoir été placées par la ville
même qui avoit frappé les médaillons. Si ces trois '
exemples fe répétoient fouvent, ils pourroient former
une objection contre le fyitême de Pellerin,
8c fournir une preuve à Mahudel. Mais il eft très-
rare de trouver des médailles ainfî contremarquées j
c'eit pourquoi nous expliquerons facilement cette
llngularité. On peut dire que ces pièces, après
avoir été décriées, ou par un décret des Magif-
trats , ou à caufe de falfifîcations trop répétées ,
ont été remifes dans le commerce après un ^certain
temps écoulé , & qu'elles ont été contremarquées
à cet effet. C’eft pour la même raifon que
Junon Pronuba eft mife en contremarque fur un
médaillon de Caracalla , ( Haym. /. pl. zy. ) ffap-
. pé à Hypæpa „ fur le revers duquel on voit la Divinité
tutélaire., de la ville , portant cette même Junon
Pronuba, fon fymbole.
Nous rendons aufli facilement^ raifon , à l'aide
du fyitême de Pellerin, de l’abondance des mé-
dallions de bronze contremarques , tandis que les
: médailles de ce métal le font moins ibuvent dans
les trois modules. Les médaillonscomme on le :
verra à leur, article, n’étoient pas. deitinés dans
leur origine à fervir de monnoie, quoiqu'ils fuffent.
multiples des monnoies courantes, & fttfceptibles •
par-là de leur être atîimilés. Lorfqu'on vouloit les
faire circuler dans le commerce, on Tes contre-'
marquait & ce fceau du Magiftrat ( ti.fup. pl. q. )
les plaçoit au rang des monnoies. Les trois médaillons
de bronze, frappés dans Pille de Lesbos,
en l’honneur de Lucius Verus, de Commode 8r
de Criipîne , rapportés par Pellerin., en font foi :
iis portent tous fa même contremarque. De même
fur un médaillon de bronze de Commode, où
font placées au revers les Divinités d'Hiérapolis
8c d'AphrodifîaSj Neptune eft mis en contremarque.
Ce fymbole ne pouvoir convenir ni à l'une ni
à l'autre des deux villes , puifqùelles étaient j
( tt. fuppl. pl. 4.) fituées dans l’intérieur des terres j
en Phrvgie & en Carie, 8c que, Neptune jappante- i
noie à_ quelque ville maritime. C’eft donc a une |
ville lïîuée fur le bord de la mer qu'il faut attribuer
cette contremarque. Elle ne peut l’avoir pla- :
cée fur ces médaillons que pour les rendre pjon-
noie ufuelle. Telle eft la raifon pour JaquélleTès
contremarques font plus Fréquentes.. .fur/ lés me- I
daillons de bronze que fur les mé'daüjes de ce 1
rnétaL • ‘ , !
O11 voit des médaillons d’EmpéreUrs qui font
contremarques avec des têtes d'autres Empereurs.
C'eft ainfî qu'un médaillon de Vefpafien, ( Rem.
fur le P. Jobert. ) dont parle le Baron de la Baftie,
porte une tête d’Antonin en contremarque; qu’ un
autre médaillop d’argent de Vefpaflen ( n i . fuppl.
,pl- 9^.*) a pour contremarque la tête de Marc-
Aurèle j accompagnée des lettres a y p . Mahudel
8c ,de Boze expliqueroient mal ces contremarques,,
en difant qu’elles exprimoient une augmentation
de valeur , dont les Empereurs mis en contre-
marque auroient été les auteurs. Pourquoi alors
ces contremarques font-elles fi rares , puifque toutes
les monnoies de leurs prédéceffeurs 3 ou au moins
celles de toutes les années de leur règne écoulées
jufqu'à l'époque de cette augmentation, en dç-
vroient être affe&ées? Pellerin y fuppléera par’une
explication fimple 8c naturelle- (rrr. fuppl. p. 6f->
« Les Gouverneurs Romains en Syrie 8c en Chy-
» pre, où il reftoit beaucoup de ces médaillons
M qui y avoient été frappés, les faifoient ainfî
» contremarquer fous les règnes d'Antonin 8c de
“ Marc-Aurèle , pour en permettre le cours , te
** autorifer peut-être par - là lefhabitans à les
» donner en paiement des contributions, 8c les
" receveurs à en faire recette- I l croit que ces
» receveurs n’auroient pas refufé non plus de re-
” cévoir les monnoies grecques de Tripolis ep
” Syrie , qui font fouvent ■ contremarquées des
" noms de Galba 8c d’O thon, exprimés par des
30 lettres liées enfemble. ».
Nous terminerons le développement du fyftême
de cet Antiquaire célèbre, par l’explication qu'il
a donnée des contremarques doubles 8c.triples ,
dans laquelle on reconnoït avec admiration la fécondité
de fon principe. Mahudel auroit vu dans
ces figues répétés une fécondé 8c une troifième
augmentation de valeur. Faites cependant par la
même autorité, ces augmentations auroient dû
être toujours exprimées par le même ligne : les
contremarques géminées diffèrent au contraire presque
toujours. Les mereaux de de Boze n'auroient
pas^ rendu la chofe plus intelligible 5 car l'intérêt
des ouvriers-Jes empêchoit de les fouf-
traire ou de les égarer. Les mêmes méreaux pouvaient
dès lors fervir une fécondé, une troifième
fo is , 8c plus fouvent' fans avoir befoin d’être contremarques.
La difficulté reûe donc toujours la
même.
Elle s’évanouît,, fi l’on écoute Pellerin. Prenons
pour exemple un médaillon de Gordien,
frappé à Séfeucie, fur lequel on .voit pour contremarque
la lettre O dans un renfoncement, ayant
( 11. fuppl. pl. y. ) la forme d’un delta, 8c ênfuite
un monogramme-formé d’un K 8c d’un A. La ville
de Sélëiicie voulant donner cours à ce médaillon
qu’elle avoit frappé dans quelque occafion d’éclat,
y aura mis à cet effet la première contremarque.
Ce médaillon ayant pafTé enfuite dans,une autre
ville, qui avoit; le droit de battre monnaie, y aura
reçu la fécondé contremarque en figne d^adoption
8c de monnoie courante. On trouve aufli dans y
recueil de M. Hunter (p/. 8 | N . 3°* ) un me"
daillon d’argent frappé dans 1 iue de Chypre a
S o it, 8c contremarqué trois fois. Il eit de la plus
ancienne fabrique, car le revers eft en creux. Ca
contremarque qui eft fi commune fur les monnoies
de Cilicie 8c de Pamphylie , la vache , a ete mile
fur ce médaillon.par la ville de Cyzique, en ligne
d’adoption. Le loup , qui eft la fécondé contremarque
, appartient à l’Argolide ou a la r no acte,
fa fécondé patrie adoptive s 8c l’animal inconnu
appartient à une troifième v ille, Adana en Cilicie ,
dont le nom eft peut-être indique par \e monogramme
A 8c A , qui accompagne l’animal dans la
troifième contremarque. Ce médaillon de §oli3 apres
avoir été frappé en Chypre, aura fans doute ete
porté à Cyzique, 8c de-là fucceffivementdans deux
autres régions qui avoient aufli le droit de battre
monnoie. . , ,.r .r
C’eft ainfî que toutes les difficultés difparon-
fent quand on développe le fyfteme de Pellerin.
Les Antiquaires , libres de préjuges 8c amis du
vrai , reconnaîtront donc avec lui que les contremarques
ont été placées fur -es me ai es
pour, leur donner cour* & les rendre monnoie
ufueîle , dans les pays qui les adoptoient par
l’appofition de leurs noms ou de leurs iym-
boles.
CONTRE-SCEL. T ct Lgs contre - feels
CONTRE-SCELLER, f .
méritent d’autant plus une dîfcuflion particulière,
qu’ils font moins connus parmi nous. La plupart
de nos Auteurs , 'dit b nouvelle Diplomanque
des Bénédiftins. qui nous fournit cet article,
n’en ont parlé que très-fuperficiellement. « les
plus exacts font tombés dans des meprifes dan-
gereufes. Nous ne connoifTons rien de mieux en
ce genre que le petit traité du Doâeur Bolycarpe
L e y fe r . intitulé i Commentatio de contraJigtUis
medii evL Helmfladii, m dcc x xvi. t e lavant
diplomatifte laiife peu de chofes a defiret touchant
les cqntre-fcels d’Allemagne ; mais il ne dit
rien de ceux d’ Italie, de France 8edAngeterre.
Tâchons de réunir ce qu’il importe de fayon tur
ce fuiet & fur les armoiries qui en font mtepa-
tables. relativement ^ b vénficatron des actes
antérieurs au x VIe fiècle. »
! K On entend par contre-fiel la figure imprimée
au revers du fceau principal. L une eft beaucoup
plus rare que l’autre. A peine fur un grand
B om b é e de fceaux antiques trouverait on nn ou
deux contre-fiels. Le premier cote du fe a u eft
appelé faciès adverfa par D. MablUon. 8e le fécond
faciès, averfa .. quand les deux empreintes
font d’égale grandeur. Mais fi celle du revers eft
plus petite , il lui dorme le nom de cancsafigdCum,
11 ne veut pas qu’on prenne pour contre-fieàrima-
ge repréfentee au dos du fceau de Louis-le-Jcunoi
C O N .197
Ce Prince paroît d’un côté comme Roi dé France,
& de l’autre comme Duc d Aquitaine. L■
donc . conclud D. Mabillon . deux leeauxd egale
grandeur imprimés fur la même cire, q
gardent deux états différent Mais les fcea.ux dp
Roi S. Édouard & des Princes Lombards n ont-ils
pas de chaque côté des empreintes de meme
grandeur? Cependant ils n’étoiem pas Souvei.ms
de plufieuts États à-b-fois. Lainons-donc cette
diftinélion plus fubtile que neceffiire . & appelons
contre-fiels toute empreinte fane fur le do
du fceau . pour affurer davantage b foi ..es a<^
tes. Nous ne mettrons pas neanmoins oaiis m
claffe des contre-fiels les revers des bulles de métal
. parce que cette efpece de fceaux eft ordinairement
figurée des deux cotes : empre
de l’un ne fe fait pas féparément de celle de
l’autre. Mais les tpntre-fiels en cire ont ete prn-
cipalement inventés . a l effet d arrêter es co p
de main des fauflaires afte* habiles pour enbver
b cire du revers du fceau , te détacher . & le
tranfporter à un a£te fuppofé. ”
« Les fceaux de cire de nos Rois de, b première
& de b fécondé race , ne portent point de
contre-fiels , au-lieu que ceux des Pinces Lombards
en eurent dès le X' fiècle. !D. Erafme Gat-
tola en a publié plufieurs a 1a fin de fes
lions a l'Uiftoire de l ‘Abbaye du. Montcafm. Ils
font appliqués au bas des chantes. & non tul-
pendus. C’eft donc fans nul fondement que I_e
dofte Heineccius a prétendu qu’on ne pouvoit
mettre de contre-fiel aux fceaux des anciens tems,
parce qu’ils étoient en placard 8e non pendans.
L’expérience 8e b raifon prouvent le contraire.
Le dos de b charte. fcellée en placard , n offre-
t’il pas ordinairement une aflei grande quantité
de cire pour recevoir une fécondé empreinte. >-
« Tous les contre-fcels des Princes Lo^a rcfe
font de la même grandeur que les fceaux. Mais il
v en a quelques-uns qui portent b meme légende,
ou qui n’ont point de connexion neceilaire avec
les fceaux- S. Edouard , Roi d’Angleterre, en-
avoit un femblable vers le milieu du x i fiecle ,
mais L’ infcriptron du premier cote s y trouve repétée
au fécond. Ce contre-fiel n avoir point par
eonféquent de liaifon elfentielle avec le fceau,
& l’on pouvoir fe fervir de l’ un fans 1 autre. Ces
caraftères conftituent 1a première & 1a plus ancienne
efpèce de contre-fiels. »
«Ceux de la féconde font empreints au revers
des. fceaux.pendans , & leurs images font pareillement
d'e b même grandeur ; mais leurs legendes
font liées avec celles des fceaux, ou eu font la
Fuite. En voici des exemples : Le contre-fiel de
Guillaume H S Duc de Normandie , ajoute le
titre de Röi d’ Angleterre à celui de Patron , on
protefteur des. Normands. Celui de L ouîs-1c-
Jeune lui donne le titre de. Duc d_Aquitaine , cm
n’eft que b fuite de LTnfcriptiondu premiercotéi
Ee geaiwï fceau de Ferdinand 1er Rot d Efpagne^