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fans voile ( Val. Maxim. VI. 5. ) ; d’où l’on
peut coiic'ure , que les femmes des patriciens
étoient toujours voilées hors de leur maifon. Ce
n étoit pas fans cloute avec un voile , partie dé-
rac hée de l’habillement „ comme en portent nos
tehgicufes 3 & tel qu’on n’en voit jamais fur lés
anciens monumens y mais nvec une partie du manteau
même ramené fur la tête , couvrant le vifage /
& tel qu’on . en trouve cent exemples fur les
marbres & les médailles.
Femmes ( Wïnckelmann). On les voit rarement
fur les monumens antiques exerçant des
cruautés 3 ou placées dans des attitudes révoltantes.
Les artiftes fe conformoient fur leur fujet
au précepte d’Arifto:e, qui 11e veut pas que le
poète dramatique leur falfe commettre des crimes
fous les yeux des l'pe&ateurs.
Dans le deuil & l ’affliétion on les repréfentoit
fans ceinture 3 avec des tuniques flottantes.
On en trouve trois fur les monumens antiques
avec un chapeau, tel qu’on voit ( dans.1 OEdipe
à Colonne dé Sophocle ) , que le portoit Ifmène ,
fille d’OEdipe , dans le trajet de Thèbes à
Athènes.
Femme , ayant la tête tourelée , aflîfe fur des
roches , tenant une branche de palmier, eft un
type ordinaire-d’Antioche en Syrie.
— Aflîfe fur la proue d’un raiffeau, d’Iftiæa.
— Trois femmes fe tenant par la main, &
danfant, fur les méd. d’ApoIlonie en Tbrace.
— Femme debout, tenant line patère & un
rameau, fur les méd. de Myrina.
FENESTRALISporta. V ° y £\ P o r t e .
FENÊTRES. ( Winckelmann Architeft. )
« Les temples- quarrés n’avoient en généra!
point de fenêtres, & ne recevoient de jour que
par la porte , & cela pour leur donner un air plus
augufte en les éclairant par des lampes. Lucien
( de domo ) d it, d’une manière expreffe , quejes
temples n’étoient éclairés que par la porte. Les
plus anciennes églifes chrétiennes font de même
très-foiblement éclairées ; & , dans celle de Saint-
Miniato , à Florence, il y a , au lieu de vitrages,
des tables d’albâtre de différentes couleurs, à
travers duquel paffe une foibie lumière. Quelques
temples ronds, tels que le Panthéon , à Rome,
recevoient le jour d’en haut par une ouverture
circulaire, laquelle n’y a pas été percée par les
chrétiens, comme le prétendent quelques écrivains
ignorans ; car Je contraire eft prouvé par
k rebord, on l’enchaffure curieufe'de métal
qu’on y voit encore actuellement,-& qui n’eft
F EN
point un ouvrage des temps barbares. Lorfquè I
fous le pape Urbain V I I I , on pratiqua une:
grande cloaque, pour l’écoulement des immon^
dices jufqu’au T ib re , on trouva, à quinze palmes
( dix-pieds de France) au-deilous du pavé:
intérieur de la rotonde, une grande ouverture:
circulaire pour l’éccülement des eaux qui pou--
voient fe raffembler dans le temple par Fouver-
ture du Comble j il y avoit cependant des temples
ronds qui n’avoienc pas cette ouverture ».
*> Si l’on peut en juger par lès anciens édifices
qui nous reltent, êc particuliérement par ceux
de la villa Hadrienne, à T iv o l i, il eft à croire.,
que les anciens prèféroient les ténèbres à la lumière
; car on n’y trouve aucune voûte, ni aucune
chambre qui ait des ouvertures ppur fervir:
de fenêtres y & il paroît que le jour y entroiti
de même par une ouverture, pratiquée en haut
de la voûte : mais comme les voûtes fe font
écroulées vers l’endroit de la c le f, ou du point
central, il n’eft pas poflîble de s’en convaincre(
durement. Quoi qu’il en foit, il eft certain dur
moins que de très-longs corridors, ou de longues
galeries, à moitié fous terre, & qu’on appelloit
c/yptoporticus, de plus de cent pas de long,
ne tiroient le jour qu’aux, deux bouts *. par des.
efpèces d’embrâfures ou de créneaux , par îefquels
la lumière tomboit d’en haut. On a placé ,.à l’extérieur,
devant ces ouvertures, un morceau de'
marbre avec plufieurs fentes, par lefquelles le’
. jour palfe maintenant. C eft dans une pareille
galerie ( Appian. bell. civ. I. ) , très-peu éclairée,-
que fe tenoit, dans fa ‘maifon, M. Livius Driifus
& qu’il écoutoit, comme tribun, le peuple d e .
Rome , & décidoit fes différends. Les galeries'
de cette efpèce du Laurentum de Pline ( lib. II.
epifi. 17. ) , avoient des fenêtres des deux côtés. :
La molleffe des romains, du temps des émpe-«
reurs , étoit devenue fi grande, q u e , pendant la'
guerre , on formoit.de femblables galeries fou-
: terraines dans les camps 5 ce que Fempereiiif
Hadrien fit défendre ( Spart. Hadr. )»,
« Dans les bâins, ainfi que dans les appartenons
,. les fenêtres étoient- toutes placées fort
haut, comme elles le font dans les atteliers de
nos peintres & de nos fculpteurs , ainfi qu’on l’a
fur-tout remarqué aux maifons dés villes ehfe-
velies parle Véfuve. On peut s’en convaincre^
atiflï par quelques bas - reliefs, & quelques ta-i
hleaux d’Herculanum ( tom. I. pag. T 7 1 . Virg.
Vatic. n®. 29. ). Les maifons n’avoient a.ucune;
fenêtre qui donnât fur la rue. Cette maniètede
'bâtir n’étoit fins doute pas propre à contenter
la curiofité & l’pifiveté ; mais elle procùroit un
bien meilleur jour aux appartemens, c’eft-à dire*.,
le jour d’en haut. Qu’on fe figure combien cette
lumière eft favorable, à la beauté, puifque les
Jeunes filles de JPorae , qui ont été promifes e» i
FE"N F E N' «V
mariage, rie fe font voir , dit-on, pour la première
fois en public, à leurs époux, que dans
la rotonde. Les hautes fenêtres de cette efpèce
mettoîent auffi les appartemens à l’ ?bri du vent
& de l’air j voijà pourquoi les anciens ne fermoient
les ouvertures de leurs fenêtres qu'avec un rideau.
C es fenêtres n’étoient pas ,. comme les nôtres ,
garnies de barreaux de fe r , mais feulement d un
treillis appelle clathrum-3 fait de barreaux de fonte,
difpofés en croix, & fufpendus à des gonds,
afin.de pouvoir l’ouvrir & le fermer à votante...
On voit i® pareils treillis à plufieurs anciens ouvrages
( Pitt. d'E'rc. pag. n y . 161. )> & il s en
eft trouvé un entièrement cônfervé à Hercula-
num. A l’un des temples des bas r reliefs de la
villa Nègroni, dont nous avons parlé , ï ïy a dés
barreaux au lieu de fenêtres aux deux côtés de
la porte , depuis la corniche jufqu’à terre , de
la même manière que cela fe trouve vers le haut,
à. un autre temple de bas-relief dans MoQtiaucon ».
Il y avoit auffi chez.les anciens quelques bati-
méns, en petit nombre , dont les fenêtres , grandes'&
hautes, defeendoient du plafond julqu’ à
terre ( Vitruv. lib. VI. cap. V I , ) .
« Les maifons d’Herculanum n’avoient point
de fenêtres du côté de la rue ; mais elles regar-
doient toutés vers la merj de maniéré >qu on
pouvoir parcourir la ville entière fans, voir per-
fonne aux fenêtres. C ’eft dans ce même, goût que
font bâties les maifons d’Alep , ainfi quél'adit
un millionnaire.' C e qii’il y avoit encore de plus
défagréable , c’eft que ces fenêtres étoient faites
dans le goût de celles dès atteliers de nos peintres
8c de nos fculpteurs , dont le travail demande
que la lumière ÿ tombé d’en haut *>.
« Des fenêtref placéës^a une fi grande hauteur,
ne permettoiçnrt guère de fatisfaire la curiofité j
( mais d’où yiént que je parle ici des fenêtres au
nombre pluriel,.puiCqu’il ri’y en avoit qu’une
dans chaque ch imbre ?) & lorfqu’on voiilcfit véir
e.e qui fe paffoit au dehors, il falloit grimper
comme les chats Contre le mur. D ’ailleurs ces
fenêtres avoient plutôt une forme Carrée qüé longue,
comme.: on peut s’en convaincre par d’an-
cierjs tableaux, principalement aux temples & aux
palais. Tes anciens avoient, en général , plus
en vneTutile & .le néceffaire, que le commode
& l’agréable. Le peu de lumière qui par ces
fenêtres tomboit dans les chambres, n’y donno.t
enç'ore qu’un bien fôible reflet, les murs des appartemens
étant peints d’un gris rçux ou rembruni,
ï l n’eft cependant pas vràîferpbîSble’ que les mai-
fons des grandes villes n’aient pas eu de fenêtres
fur la rue. Plufieurs paffages des poètes indiquent
même le contraire, tel, par exemple, celui-ci:
• pt.flenti domina patefiunt no3e feneftree-. .
Si toutes les fenêtre9 avoient été anciennement
â Rome de cette forme carrée , & placées à une ;
pareille hauteur, la jeune fille dont parle Tibulle
(lib. II. eleg. 7. ) , ne fierait pas tombée dans
la rue, en regardant par la fenêtre :
Qualis ab excelsâ praceps delapfa fenefirâ ,
Venit ad infernos fanguinolenta lacus.
Cet ancien architecte, qui propofa à Un romain
de marque, de lui bâtir une maifon de manière
que perfonne ne pourroit regarder de dehors,
vouloir-fans doute la conftruire dans le goûtde
celles d’Alep & d’Herculanum *>.
« Les chambres de Pompeii à la ville & à la
campagne n’aveient point de fenêtres. Je ne parle
ici que des maifons de Pompén 3 car nous avons
de preuves certaines que les autres maifons des anciens
étoient éclairés par des fenêtres. Nous voyons.
par une lettre de Cicéron ( Atticus I I . 'l . ) que ce
romain n’étoit pas du même fentiment qu’Atticus,
fur la largeur des fenêtres, qu’un architecte , ap- ,
pelé Cyrus, avoit faite à une maifon de campagne,
qui appartenoit probablement â Cicéron meme.
Mais il paroît que les anciens n’ont pas connu les
volets oir contre-vents pour exclure le jour des
chambres , qui font aujourd’hui généralement en
utage en Italie ; puifque, fuivant Suétone, ( Aag.
LX X V I I I . ) Augufte avoit coutume de fe tenir la
main devant les yeu x, lorfqu’il vouloit prendre
du repos dans l’après midi ; ce qui auroit été inutile
fi les fenêtres ayoient été garnies à l’intérieur de
volets. Une plus forte preuve encore en faveur de
•ce fentiment, c’ eft , je penfe , l’ufage des chaffe-
mouches dont fe fervoient ceux- qui en avoient le
moyen , pour écarter les mouches quand ils voûtaient
dormir pendant le jour : car on fait que c6s
infeCtes fe tiennent tranquilles dans l’obfcurité.
Cecte conjecture femble néanmoins être détruite
par une defeription que fait Ovide de la lumière
de fa chambre y tarfque Corine vint pour le voir :
Pars adaperta fuit , pars altéra claufa fenefiree.
& c’ eft fans doute d’un rideau à moitié tiré qu’il
a voulu parler. C e paffige d’Ovide ne détruit pas
les preuves que nous avons citées 5 Juvénal parle
exprefféraeot des rideaux de fenêtres.
...................................... Claude fenejlras ,
Vêla tenant rimas, junge ojlïa, tollite lumen.
( Satyr. IX . v. 105. )
«« Tout cela peut fervir à éclaircir un paffage
d’Apollonius de Rhode, fur lequel perfonne n a
encore fongé à former le moindre doute. Dans la
defeription que ce poëte fait du trouble Si de
l’agitation de Médée , éprife d’amour pour Jafon,
il d it, que la nuit avant le jour fixé pour leur
l premier.entretien , .elle fe-lève plufieurs fois de