
l ’air dans un pannier, ou on l’étendoit à terre ,
les mains liées derrière le dos.
Ce mot vient du grec » on le fair dériver de
, qui lignifie le poteau ou pieu auquel on
•attachoit le patient, ou le carreau qu’on lui met-
toit au cou , ou un infiniment dont on fe fer-
voie‘pour le tourmenter. Le Scholiafte d’Arifto-
phane dit que c’étoit une efpèce de cage de bois
ainfi appelée de x'jtctm y courber, parce qu’elle
tenoic le patient qu’on y renfermoit incliné
ou courbé. D’autres entendent, par xùçxr
un morceau de bois , qu’on plaçoit, difenr-ils 3
fur la tête du patient, pour l’empêçher de fe.
tenir droit. Héfichius décrit le comme une
pièce de bois fur laquelle on tenoit les criminels
étendus pour les tourmenter. Il eft a fiez vrai-
femblable que toutes ces acceptions differentes
convenoient à ce mot , & qu’ il défignoit un
■ genre dont nous avons détaillé les efpèces.
Nous trouvons dans -Suidas un fragment d’une
ancienne loi qui condamnoit au cypkonifme pendant
vingt jours, & à être enfuite précipités du
haut d’un rocher, en habit de femmes , ceux
qui traitoient les loix avec mépris ( Article de
Varie. Encyclop. ).
CYPRA , nom de Junon chez les Etrafques,
le même que Cupra. Voyez ce mot.
CYPRÈS , arbre qui étoit le fymbole de la trif-
teffe , parce qu’une fois coupé, il hê~rènaît
plus, ou parce que fes branches, dépouillées de
feuilles , n’ont rien que de lugubre : auffi le plan-
toit-on ordinairement auprès des tombeaux , &
le confacroit - on à Pluton , Dieu des Morts.
Varron croit quil paffe pour un arbre funefie
ou funèbre ( ce qui eft la même chofe ) , à caüfe
de fon odeur , que l’on jugeoit propre à corriger
celle des cadavres. Voye^ Cyparisse, pour
connoître fon origine mythologique.
Cyprès d’Orient, à feuilles aiguës, difpofées
en écailles , & à rameaux horizontaux.
L’excellente qualité du bois de ce cyprès a .
engagé les Candiots à en faire de grandes plantations
, qu’on appelle dos fili&, tant elles font
de bon rapport. En effet, cet arbre, qui croît
auffi vite pour le moins que le chêne , devient
prefqu’auffi gros & plus haut. Son bois eft très-
dur , très-odorant, inacceffible aux infeétes II
prend un beau poli & une couleur agréable.
Selon Thucidide , on l’employoit pour les far-
cophages des héros , & pour les cailles où l’on
enfermoit les momies d’Egypte. Les portes de
S. Piere à Rome-étoient auffi faites de ce bois :
elles ont duré depuis Conftantin-Ie-Grand.jufqu'au
Pape Eugène IV , ceft-à-dire onze cens ans, &
toutefois elles étoient encore parfaitement faines ,
lorfque ce Pape y fubftitua des portes d’ airain.
Cet arbre abonnit l’air par fon infenfible tranfoi-
ration. Les Médecins Orientaux envoyoient les
poitrinaires refpirer dansTffle de Crète /aujour- !
d’hui Candie, où ces arbres ont toujours prof-
péré.
Hyppocrate fit faire , autour d’Athènes , des
feux de -cyprès & d’autres bois réfineux, pour
arrêter les progrès de la pefte, fi bien décrite
par Lucrèce j & le fuccès répondit à fon attente.
™ , ^ furnora de Vénus. Il lui fut
donné à caufe de rifle de Cypre, près de laquelle
cette Déeffe prit naiffance dans l’écume de la m er,
ou parce que cette iile lui étoit>confacrée. ’
CYPR OS , mefure de l’Afie & de l’ Egyptfe.
Voye^ Me t r é t è s .
CYPRUSy plante. Voye% Alcanna.
CYPSELUS, Tyran de Corinthe , fils deLabdà.
Pour connoître fon hiftoire mythologique j, yoye^
Labda.
Le coffre dans lequel fa mère le cacha pour
le fouftraire à la fureur des affà’ffins , étant uti
des plus anciens monumens de fculpture grecque
dont les Écrivains anciens nous ’ayent laiffé la
defeription , doit trouver place dans un Dictionnaire
d’Antiquités ( Paufanias traduit par V Abbé
Gêdoyrt , liv. v. V
« Une des raretés les plus confidérables du
temple, c’eft un grand coffre de bois de cèdre,
dont le deffus eft orné de figures d’animâu-x ,
les unes d’o r , les autres d’ivoire , & les
autres gravées fur le cèdre même. On dit que la
mère de Cypfélus étant accouchée de lu i, &
fachant que les Bachiades cherchaient cet enfant
pour le faire périr, s’avifa de le cacher dans
ce coffre. C’eft le même C y p fé lu s ,q u i, depuis ,
fut le Tyran d: Corinthe. Les Cypfélides ., fes def
. cendans* confacrèrent ce coffre à Junon Olympienne
, en aétion de grâces de ce que l’Auteur de
leur nom avoit été fi heureufement fauve. Le
nom même de Cypfélus vient du mot grec
K&ÿtxn, area , dont les Corinthien* fe fervoient
pour lignifier un. coffre ».
<* Quoi qu’il en. foit., il y a fur ce coffre .plu-
fieurs inferiptions en caractères fort anciens.:
les unes font compofées de lignes qui vont toujours
de gauche à droite, félon l’ordre naturel
& communément fuivi 5 les autres , de lignes
qui voi t en rétrogradant , comme par filions ,
à la manière dont les boeufs labourent la;terre :
c’eft ce que les Grées appellent goua-rpoip^hy j ou
dont nous voyons que le -fiade fe double à la
courfe j quelques- unes même font écrites en
lettres dont les traits fonr fi brouillés & fi co.m
fu s , qu’ il n’ eft pas poffible de les déchiffrer. SI
vous confidérez ce coffre depuis, le bas jüfqu’en
haut, vous ferez furpris de la quantité de figures
que l'on a gravées deffus. »»
«'Premièrement, en bas , fur le devant, vous
voyez (Enomaüs qui pourfuit Pélops fuyant avec
Hippodamie, ils ont chacun un char attelé de
deux
üeux chevaux $ mais les chevaux de Pelops ont
des ailes. Enfuite vous voyez le palais d Amphiaraüs
, & une vieille qui porte dans fes bras le
jeune Amphiloque. Devant la porte du palais,
vous diftinguez Eryphile avec fon collier : elle
eft debout, ayant à côté d’elle fes filles Eurydice
& Démonaffe , avec le petit Alcméon ,. qui eft
repréfenté nùd» On a oublie Alcmene , s il eft
v ra i, comme le Poète Afius le d it , quelle fût
fille d’Amphiaraüs & d’Eryphile. Bâton, Ecuyer
d’Amphiaraüs, tient les rênes de fes chevaux
d’une main , & une lance de fautre. Amphiaraüs
a déjà un pied fur fon char : il tient fon epee
nue î 3c tourné vers fa femme , on ^ voit qu i!
s’emporte contr’elle , 3c que peu s’en faut q u il
ne la perce. Au deffus du palais d‘ Amphiaraüs ,
on célèbre des jeux funèbres en 1 honneur de
Pélias. Il y a une foule de fpeétateurs^, au milieu
defquels eft Hercule affis fur un.trône : derrière
lui eft une femme qui joue de Jajflute phrygienne,
& l’infcription la fait connoître. Pifus,
fils de Périérès , & Aftérion, fils de Cométas ,
montés chacun fur un char, pouffent leurs che
vaux dans la carrière. On dit qu’Aftérion fut du
nombre des Argonautes. Polliix, Admete &
Euphémus difputent le même prix. ^ Si l’on en
croit les Poètes, cet Euphémus étoit fils de
Neptune, & il accompagna Jafon à l’expédition
de la Colchide. Quoi qu’il en fo i t , on voit
que c’eft lui qui remporte la victoire. D un autre
c ô té , Adnaete & Mopfus, fils d’Ampyx, font aux
prifes, & foutiennent le combat du cefte. Au
milieu d’eux eft un homme qui joue de la flûte,
eomme il fe pratique encore de notre temps ,
pour animer les Pentathles au combat du faut.
L e combat de la lutte fe paffe entre Jafon
& Pelée 5 ils paroiffent de force égale. Eurybote
eft dans la pofture d’un homme qui jette fon
palet. Cét Eurybote, quel qu’ il fo i t , s eft rendu
célèbre dans cette efpèce de combat. Melanion,
Niothée , Phalarée , Argius 3c ïphiclusfont les
cinq qui paroiffent avoir difpute le prix de la
courfe à pied 5 Iplüclüs remporte le prix , &
Acafte lui met une couronne fur la tete. Cet
Iphiclus étoit le père'de Protéfilas^ qui alla au
fiége de Troyc. On voit, dans le même tableau,
plufieurs trépieds pour les vainqueurs. Les filles
de Pélias affiflent à ces jeux j l’une d’elles eft
nommée dans l’infcription : c’eft Alcefte. lolas,
le compagnon volontaire des travaux d Hercule,
remporte le prix de la courfe du char a quatre
chevaux ; & c’eft par-là que finirent les j.eux
funèbres de Pélias. On voit encore Hercule qui
tu e , à coup de flèches, l’hydre de la fontaine
d’Amymone , & Minerve auprès de lui. Aucune
infeription n’indique ni le héros ni 1 entreprife ,
parce que l’on ne peut s’y méprendre. La dernière
peinture de ce tableau repréfente Phinee,
roi de Thrace, & les fils de Borée, qui chaffent les
harpies M
Antiquités , Tom II.
« La face du côté gauche n’eft pas moins remplie
ni moins diverfifiée. Vous y voyez une
femme qui tient deux enfans dans fes deux bras,
l ’un, d’un côté, l’autre de l’autre > l’un blanc ,
l’autre noir j l’un qui dor t, l’autre qui fembfc
dormir j tous les deux ont les pieds contrefaits.
Une infeription les fait connoître}. mais , indépendamment
de toute infeription, qui peut douter
que l’un fte ces enfans ne foit le Sommeil, l’autre
la Mort, & que la femme qui les tient ne foit la
Nu it, qui eft comme la nourrice de l’un & de
l’autre ? Une autre femme , de figure gracieufe ,
en tient une laide par le c o u , & , de la main
droite , lève le bâton fur elle : c’eft la Juftice-,
qui réprime- & châtie 1 In juftice. Deux autres
femmes pilent quelque chofe dans les mortiers ;
apparemment quelles étoient verfées dans la Pharmacie
: c’eft tout ce que l’on en peut dire , faute
d’infeription. Mais on ne fauroit être trompé à
la figure qui fuir. Le Graveur a eu foin de marquer
quejc’eft la belle Marpeffe, qu’Apollon avoit
ravie a Idas , & q u i, d’elle-même, vient retrouver
fon mari. Vous voyez enfuite un homme vêtu
d’une tunique , qui tient une coupe d’une main ,
& un collier de l’autre : il !es préfente à Alcmène
qui les reçoit î ce qui a peut-être du rapport à ce
que difent certains Poètes Grecs, que Jupiter prit
la refièmbiance d’Amphitrion pour tromper Alcmène.
Plus loin , c eft Ménélas en cuirafte, q u i,
l’épée à la main , pourfuit Hélène, comme on
dit qu’ il le fit après la prife de Troye. Médée eft
affife fur un trône, ayant Jafon à fa droite, 3c
Vénus à fa gauche. Un vers hexamètre , écrit au-
deffiis , fait connoître les perfonnages :
Médée eft a Jafon ; Vénus ainfi Vordonne.
On voit auffi les MufeS qui fe Jifpofent à chanter
Apollon qui leur donne le ton : l'infeription
le marque par ce vers :
Au concert des neuf Soeurs Apollon préludant.
Dans le tableau fuivant, c’eft Atlas qui porte le
ciel 8c la terre fur fes épaules, comme le dit la
Fable. Il tient en fes mains les pommes d’or des
Hefpérides. L ’infcription ne dit point qui eft celui
qui s’approche d’Atlas avec une épée à la main ;
mais on conjecture aifément que c ’eft Hercule.
On lit au-defïus : '
Atlas fondent le ciel, & néglige les pommes.
Après Atlas , vous voyez Mars armé qui emmène
Vénus : l’infcription marque feulement le
nom du Dieu. Enfuite c ’eft la jeune Thétis. Péice
veut l’embrafler ; mais Thétis , un ferpent à la
main , menace Pélée. Ce tableau finit par les
foeurs de Médufe, qui pourfuivent Perfee dans
les airs ; car e'ies ont des ailes auffi bien que lui:
il n’ eft parlé que de Perfée dans l’infcription ».
«Le derrière du coffre vous préfente une image
O o