
accompagnent une charrue , Toit qu’elles ne l’accompagnent
pas, ce l'eroit fans fondement qu on en
conclueroit que la colonie défignee n a pas ete formée
de Amples citoyens j & pareillement fi la médaillé
n’a pour type qu une charrue fans enfeignes
militaires, on auroit tort de nier pour cela qu’elle
fût compofée de foldats.
Les colonies portent ordinairement le nom de
celui qui les a fondées, Se de celui qui les a ou
fortifiées ou rétablies. Toutes celles qui s appellent
Julie, ont été fondées par Jules-Cefar, colonia
Julia Berytus. Celles qui le nomment Augufte ont
été fondées par Augufte , municipium Augufta
Bilbilis. Quand elles prennent les deux noms en-
femble , c’eft que Jules les a fondées, 8e qu'Augufte
les a ou renforcées ou réparées par de nou
velles recrues, colonia Julia Augufta Dertofa.
Quand le nom à’Augufta eft devant celui de Julia,
c’eft fi »ne que la colonie étant en mauvais é ta t ,
Augufte la répara j cela ne doit néanmoins s’entendre
que lorfque les deux noms fe fuivent immédiatement
> car quand il y a quelque mot entre
deux, ce n’eft plus la même chofe. Voilà une des
finefles de l’art, que nous apprenons de Vaillant,
lorfqu il explique colonia Julia concordia Augufta
Apunua. Nous apprenons encore de lui que les
colonies qui ont été envoyées du temps des Con-
fuis, avant que la fouveraine puiffance fût tombée
entre les mains des Empereurs, fe nomment Romaines,
témoin Sinope, dans le Pont, en Afie, qui
frappa une médaille au jeune Gordien , avec ces
lettres C. R. X* F- S. Colonia Romana Julia Félix
Sinope, an. 308. L ’époque marque le temps où
Lucullus, après avoir dépouillé Mithridate, donna
la liberté à la v ille , 8e en fit une colonie, que
Juies-Céfar augmenta depuis confidérablement.
Il faut dire cependant que cette opinion de
Vaillant, fur les colonies établies du temps des
Confuls , n’a aucun fondement> car Aix & Narbonne
, colonies établies dès le 7 e fiècle de Rome ,
n’ont jamais pris le titre de colonia Romana ,
comme on peut le voir dans les infcriptions trouvées
dans ces deux villes ( Gruter. 413. 4 8e 469.
1. 3. & 229. 1. 8e 424. 1 2 , &c. ) ; on peut dire
la même chofe d’un grand nombre d’autres colonies.
Vaillant s’étoit aufli perfuadé trop légèrement
que Lucullus avoir fait de la ville de Sinope
une colonie Romaine j il n en avoit fait qu une
ville libre.
Quoiqu’il y ait eu des colonies en Italie, pas
une n’a mis la tête du Prince fur fes médailles.
J’ai oui parler, dit le père Jobert, de la
médaille de Bénévent avec la tete de l’Empereur}
mais je ne l’ ai jamais vue. D’ailleurs il femble que
c’étoit un honneur réfervé aux villes qui avoient
droit de battre monnoie, 8e que jamais les Empereurs
n’ont voulu accorder à aucune ville de
l’ Italie. Ce droit de battre monnoie s’accordoit
par une permiflion, ou du Sénat ftu l, ou du Sénat
& du peuple tout enfemble, ou de l’Empereur.
Quand on l’avoit obtenu de l’ Empereur, on mettoie
fur la monnoie Permijfu Cefaris. C’eft ainfi que
Séville & Cordoue marquent la grâce qu Augufte
leur avoit faite, colonia Romulea permijfu divi Au-
gufti, colonia patricia permijfu Augufti. Plufieurs
autres ont fait la même chofe. Quand on ne tenoit
ce droit que du Sénat ^ on gravoit fut les médailles
, même fur les grecques, S. C . , & quand
on reconnoilfoic aufli le tenir du peuple Romain ,
on y mettoit A. E. Vaillant étoit de cet avis , 8c
il croyoit encore que S. R . , qui fe trouvent fur
quelques médailles d’Antioche de Pifidie-, marquent
la même chofe que S. C. En effet, Sen.
Refcriptô fignifieroit, félon lu i, la même chofe
que Senatûs Confulto, ou Amplement S. Romanus.
Mais Refcriptum étoit un mot confacré, pour dé-
figner les réponfesdes Empereurs à ceux qui leur
adreffoient ou des requêtes ou des confultations.
On n’a jamais dit en latin Refcriptum Senatûs1,
mais Senatus Çonfulmm, ou Decretum Senatus ,
& Refcriptum Principis. Ainfi , quand on trouve
fur les médailles d’Antioche de Pifidie, ou fur
celles d’ iconium, dans la Lycaonie S. R , il faut
expliquer ces deux figues par Senatus Romanus ,
I en fous-entendant concejftt , permifit, indulftt^, 8c
■ non pas Senatûs Refcriptô, exprefiion inufitee^ &
contraire à la manière de parler de ces temps-la.
11 eft commun de trouver fur les médailles grecques
la confédération des villes qui entroient en
alliance les unes avec les autres, marquée par le
mot om o n o ia , comme de Sardes 8e d’Ephèfe,
de Smyme 8c de Pergame, de Perge & de Side en
Pamphylie } & cela ne fe rencontre point pour les
villes des autres nations, au moins n’en voyons-
nous point de médailles. Le P. Hardouin cependant
prétend en avoir trouvé un exemple dans
ltalica & Bilbilis. f
Depuis Caligula l’on ne trouve plus aucunemé-
daille frappée dans les colonies d’Efpagne, dont
nous avons grande quantité foüs Augufte 8e fous
Tibère. On dit que cet Empereur leur en ôta le
privilège, en punition de ce qu’ elles en avoient
battu en l’honneur d’Agrippa, fon aïeul, d o n t il
trouvoit fort mauvais que l’on fe fou vînt qu’ il
étoit petit-fils, croyant que cela lui étoit injurieux
; c’eft ce que Suétone rapporte.
Depuis Gallien , on ne trouve prefque plus de
médailles d’Empereurs frappées ni dans les villes
grecques ni dans les colonies. C’étoit l’opinion du
père Jobert. Elle eft erronée > car on trouve encore
un grand nombre de médailles frappées dans
les villes Grecques fous Claude le Gothique ,
comriie on peut s’en convaincre dans les Impériales
de Vaillant 8e de Banduri. L’Abbé de Rothelin en
avoit une de T a c ite , frappée à Pergé, dans la
Pamphylie ; Banduri en rapporte une de la même
v ille , frappée en l’honneur d’Aurélien. Goltzius
en avoit defliné une de Séleucie, frappée pour
Carin , Sec. Il y a donc apparence que l’ufage
des médailles Grecques ou de colonies ne cefla
entièrement
entièrement que fous Dioclétien 8e Maximîen.
Ce ne font point feulement les villes particulières
qui ont frappé en leur nom des médaillés
pour les Empereurs 5 les provinces faifoient la
même chofe. Ainfi voyons - nous que la Syrie en
a frappé en l’honneur de Trajan. La Dace , pour
Philippe , à qui elle reconnoiflbit devoir fa liberté
, Proyincia Dada anno I. A . i l. Le type
repréiënte une femme debout, tenant à la main
un étendard, fur lequel font écrites ces deux lettres
D. F. Dacia Félix.
Les types des médailles de colonies font relatifs
à leur fondation, à leur religion ou à leur hiftoire.
Marieille, attachée,autrefois, comme les Pho-
céçnsd’A fie, fes fondateurs, au culte de Diane
d’Ephèfe , qui avoit préfidé ( Strab. I. iv . 179. )
en quelque forte à fon établiflement, nous offre
fur un grand nombre de fes médailles la figure de
cette Déefie, fuivant la coutume qu’avoient les
colonies de repréfenter fur leurs monnoies les
mêmes Divinités ( Spanh'. dijf. à x. ) que leurs métropoles
, comme une preuve des hommages
qu’elles leur rendoient. C’eft ainfi que fur les médailles
de Rhodes ôc d’Agrigente ( Sicil. Parut. )
on voit la figure de Jupiter Atabyrien , qu’on
trouve fur une médaille d’Hé raclée d’Àcarnanie ,
C Cimelium Mediceum ) colonie Lacé dé m onie n ne,.
la Minerve de Sparte , d’une"part, 8e de l’autre
Hercule j que la Minerve Athénienne paroît fur
celle de Lébède, colonie d’Athènes , avèc l’oifeau
favori de cette Déefle, au reversrJHard. num.
urb. illuftr. p. 193 . Spanh.' dijf. citât. )
On peut donc, en confultant les médailles,
s’afliirer fi une ville eft iflùe dune autre , 8e cela
d’autant plus facilement, qu’outre la figure des
objets d’un culte cômnïun qu’on y rencontre,
celles des colonies font toujours chargées des
fymboles de leurs métropoles, qui font leur type,
( id. ibidem ç. 1. ) -ou en compofent une partie.
Ainfi, le Pégafe, fymbole de Corinthe, fe trouve '
fur les médailles de Corcyre fous Sévère , Julia
Domna , Caracaîla & Géta, fur celles d’Ambra-
c ie , d’Henna; quelques médailles Romaines en
portent aufli l’empreinte , pour défigner l’origine ,
corinthienne de Tarqum l’ancien, fuivant J’obfer-
vation très-conje&urale de Bëger. Ainfi, les médailles
d’Apollonie 8e de Durâzzo portent une
géniffe & fon petit, type propre de Corcyre :
celles de Gela , de Tauromenium , d’Agyrinè,
d’Entelle, de Noie , de Naples, de Suefle, de
Myrine , nous offrent le minotaure de Crète : les '
rofes de Rhodes fe montrent fur les médailles de
deux villes inconnues } le lièvre de Rhègê , fur
celles de Mefline. C’eft ainfi que le fylphium,
herbe particulière au territoire de Cyrène, èll
placé fur fes médailles entre deux étoiles, fy nabotes
de Caftor 8e de Pollux, Dieux tutélaires de
Lacédémone ; que l’on voit enfin fur celles d’Antioche
de Pifidie, de Patras -, de Philippes , de
Damas, de Troade, de. Carthage, fc de tant
Antiquités, Tome II,
d'autrés colonies Romaines, là louve 8c les deux
gémeaux fondateurs de Rome.
L ’abeille , difoit le père Jobert, eft le fymbole.
général des c o lo n ie s , à caufe qu elle change de
ruche quand fon ouvrage eft achevé.
On ne connoît cependant aucune médaille de
colonies Romaines, fur laquelle on voie des abeilles}
& même toutes les médailles latines, où l’on
trouve des abeilles repréfentées, ont été frappées
à Rome pendant le temps de la république, 8c
elles entrent dans la fuite des Confulaires. Voye%_
la dijfertation intitulée: Jo. Petri Bellorii Nou in.
Numifmata tiim Ephefia , ihm aliarum XJrbium ,
apibusinfignita Rom. l6 y8. in-40.
Les colonies Romaines n’avoient point de Préteurs
; elles n’avoient que des Duumvirs. Capoue
étoit feule gouvernée par un Préteur} c ’eft pourquoi
Cicéron la taxe d’arrogance.
Devenues colonies fous l’empire Romain, les
villes Grecques 8c autres ne firent plus frapper
de monnoies qu’avec la tête des Empereurs. Les
exceptions foiat fort rares, 8c l’on n’en connoît
que de Béryte , de Corinthe 8c de Patras-
Devenues colonies Romaines , les villes Grecques
cefloient de frapper des médailles impériales
grecques. Néapolis de Paleftine, 8c Antioche de la
même Province, offrent feules des exceptions.
. Les colonies ne pouvoient fabriquer que des
médailles de bronze ; 8c Cabe, Cavaillon en Provence,
eft la feule dont on en ait d’argent. On n’en
connoît point d’or. Nifmes fait une exception à
cette règle. .
. Les noms des colonies font toujours exprimés
par la dernière des lettres initiales que l’on voit
fur leurs médailles.
COLONNES. Les Aflyriens( Chronic. ALexandr.
p. 89.5 ont été les-premiers qui aient élevé des
colonnes en l’honneur des Dieux, 8c qui les aient
adorées. Les Grecs les imitèrent dans les premiers
temps} Sc PaufariiaS’ vit encore debout dans la
Laconie fept colonnes qui avoient été élevées ,
fuivant landes, ufage, en Phônne.ur des fept planètes
( Lacpn. xx.'p. 1.6z. ) Clément d’Alexandrie
fProtrept. p. 29 , & Strom. I. p. 348, ) 8c Eu-
jsèbe ( de Präparat. Evang. lib. I. ) attellent l’antiquité:
de cet ufage religieux.
Les Grecs élevoient-.fouvent dans les places
publiques des colonnes fur lefquelles on gravoit les
loix 8c les décrets du peuple ou du fénat. Il en
eft fait fouvent mention dans les hiftoriens de
cette nation.
■ Souvent on plaçoit des colonnes pour fixer les
limites dp deux états', 8c Ton gravoit fur ces mo-
nùmens les traités de paix ou d’alliance.
Des colonnes ou des pierres gravées appelées
cippes, marquaient les fépultures des Grecs } Sc
ait) de leurs plus fages Légiflateurs défigna ces petites
colonnes ou ces cippes pour le feul ornement
.qu'il permit de placer fur les fépultures.