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CYB È LE x fille du Ciel & de la Terfe, femme
de Saturne , fut appelée la mère des Dieux ,
comme étant mère de Jupiter , Jupon 3 Neptune ,.
Pluton, & de la plupart des Dieux du premier
ordre- Ou lui donne plufîeurs autres noms , tels
que Ops 5 Rftéa 3 Tellus ou la Terre. ( Voye%
tous ces noms ). L’amour qu'elle eut pour Atys
fait la plus confidérable partie de fon hiftoire 6c
de celle de fon culte. (--Poye^ A t y s . ) Elle eut
aulïi des liaiTons galantes avec Jafion , qui la rendit
mère de Corybas. ( Foy^jASiON. ) Le culte
de Cybèle devint célèbre 3 fur-tout dans la Phry-
gie j où fes fctes étoient foiemnifées avec un-grand
tumulte. ( Voye% A r c h i g a l l e 3 Cor-ybantes,
G alles).
On lui attribuoit l ’invention du tambour, de
la flûte 8c de la cymbale. Le pin lui étoit confa--
c r é , parce que le jeune Atys qu’elle aimoit, fut
métamorphofé en cet arbre , ou qu’il ie punit
lui-même fous Cet arbre de fon infidélité à l’égard
de cette DéeflTe. C’eft pour cela que dans les fa-
crîfices qu’on lui faifoit tous les ans, dont Prudence,
( dans l’ hymne de S. Romain, V 196. )
& Firmicus ( de errore P ro f Relig. ) font mention
, on coùpoit un pin, & on Hoir au milieu la
figure d’ un jeune homme. Vers l’an y yo de Rome,
fur un mot que l’on trouva dans les Sybilles , en
y cherchant autre chofe , & fur une réponfe de
l ’Oracle de Delphe , les Romains demandèrent au
Roi Attalus la mère Idéenne. Ce Prince leur fit
donner une pierre, que l’on'confervoit à Peffi-
nunte, en Phrygie. ■ & que les habitans difoient
être la mère des Dieux ; on l’apporta à Rome
avec beaucoup de cérémonie, & on la plaça dans
le temple dé la Victoire , qui étoit fur le mont
Palatin. Tite - Live a raconté cet événement
( l . x x i x . c . 10. 11. 14.). Silius Italiens l’a décrit
en vers ( dans fon x v n c livre ) , Strabon ( /. x .)
& Suétone ( darts Tibère, c. 2. ) en parlent suffi.
Tous les ans les Préteurs lui faifoient un facrifice
d'une truie. Un Prêtre 8c une Prêtreffe Phrygienne
en étoient les miniftres. Habillés d’une
robe de différente couleur, à la manière de leur
pays , ils portoient la ftatue de la Dée-iTe en pro-
ceffion dans les rues de Rome, frappant leur poitrine
, jouant du tambour de bafque , & demandant
l’aumône à tous ceux qu’ils rencontroient.
Les Prêtres de Cybèle s’appeloient Galles, Galli,
leur chef Archigalle, Archigallus. On lui confa-
croit le coeur des animaux, pour montrer quelle
étoit la caufe de leur génération, dit Phürnatus,
ou parce que c'eft le principe de la vie, ou ,
comme dit Voffius, pour marquer qu’on fe dé-
vouoit à elle de tout fon coeur.
Servi us a cru que Cybele avoit été appelée ainfi
«TTC xuÇtçét* tky xécpctxb, de ce que fes Prêtres tour-1
noient 8c agitoient violemment la tête dans feS'
facrifices; mais Strabon, dont Voffius préfère.en
cela l’autorité à celle de Servius , dit que ce nom
fut pris de la montagne Cybelus en Phrygie.1
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Étienne de Byzance , Feftus, Suidas, 8c pEty-
mologifte, font du même fentiment.
On repréfentoit cette Déeffe fous la figure d’une
femme robufte 8c puiflante, prête d’accoucher ,.
pour marquer la fécondité de la terre. La couronne
de^chêne qu’elle portoit quelquefois faifoit
fouvenirque les hommes s’étoient autrefois nourris
du fruit de cet arbre : fes temples étoient
ronds, pour marquer la rondeur de la terre. Les
tours dont elle étoit couronnée ordinairement
faifoient allufion aux villes qui font fur la terre :
auprès de fon char étoient des lions^couchés 8c
tranquilles, parce que c’eft la terre qui les nourrit.
Si elle étoit affife, c’étoit pour dire que la terre
eft en repos.
Diodore dit que Cybele étoit fille d’un Roi de
Phrygie, qu’elle apprit aux hommes à fortifier
leurs villes par des tours ; 8c que pour cela on 1a
couronne de tours: qu’étant devenue amoureux
d'un jeune homme nommé A ty s , le Roi le fit
mourir pour l’honneur de fa fille. Cybele , transportée
d’amour pour A ty s , fortit furisufe de la
maifon de fon père, 8c courut par toute la Phrygie
comme une infenfée, en pleurant & en battant
du tambour. Après fa m ort, ajoute Diodore,
les Phrygiens ayant été affligés- de ftérilite 8c de
pefte, l’Oracle leur ordonna d’honorer Cybele
comme une Déeffe: ils inftituèrent donc à fon
honneur des fêtes annuelles, & lui pâtirent un
fuperbe temple à Peffinunte en Phrygie. Voyeç
Cl a u d ia , Myd â s , Mystère s ƒ .
Les mpnumens antiques qui repréfentent Cybele
font fort rares. On voit au Capitole une de
fes ftatues qui porte de longues manches ferrees
fur les poignets : c’éft un des cara<5tères diftinéfifs
de Cybèle, furnommée Phrygienne, 8c des Phrygiens
ou des peuples appelés Barbares par les
Grecs. On trouve ce meme caraélère a la ftatue
de Cybele affife entre deux lions , qui eft dans le
cabinet de Sre Geneviève- .
Martianus Capella repréfente Cybele avec des
habits de couleur verte (Nupt. PkiLolog i-p. 19.)»
parce qu’elle eft la Déeffe de la Terre '& la mère
: des-Êtres-,4- ; ' ' ‘ a ' ;
La colîeéfion des pierres gravées de Stofch
offre Cybele tantôt affife fur un-trône , ayant une
pique & le bras gauche appuyé fur un bouclier,
tantôt affife fur un lion, 8c portant le foudre ,
fou vent affife dans un char tiré par des lions, &
tenant un tympanum , ou tambour de balqûe ,
dont on lui attribuoit l’invention / prefque toujours
enfin couronnée de tours.. ^
Les anciens Écrivains varient fouvent dans 1 explication
des attributs de Cybèle, parce qu ils ne la
connoiffoient pas lorfqu’ils ff étoient pas inities a
fés myftèrès , ou parce qu'ils n’ofoient la révéler
aux prophanes, lorfqu’ils en avoient promis le
fecret fous la religion des fermens les plus af-
freux.
Les furnoms de Cybèle défignoieiit, i^.les lieux
qu
c Y B « à on lui rendoit un culte particulier: tels étoient
Bérécynthie , Dindymène , Idéenne , Mygdomenne ,
P'ejfiriuntienne : Phrygienne ( Voye£ ces mots ).
1* . Ses attributs, tels étoient les furnoms turrita,
turrigera, ou zrofytQofa, relatifs aux tours dont
«lie étoit couronnée j les furnoms Ï j 8 , ou fana-
ttca, relatifs à fes.fureurs. 30. Ses alliances mythologiques
, magna mater , & mater deûm , mere
des trois principales Divinités.
On avoit confacré à Cybèle le pin, le taureau
& le bélier. Voye% Criobole & T aurobole.
Cybèlê eft le fymbolë des médailles de Brieula
ea Lydie. Sur les médailles de Pyrrhus 8c fur
d’autres on voit Cybèle armée du foudre.
CYBERNÉSIES , fête que Théfée inftitua en
Phonneur de Naufithée 8c de Phéax , qui fai- J
foient l’office de pilote en fon expédition de Crète.
Leur nom vient du grec /»«a», je gouverne.
CYBIRE. Les Rois de Cybire , dont on a des
médailles, font:
Moagete.
Amyntas.
C YC ÉQ N , Kt/xeav, dérivé de je mile.
Les latins rendent ce mot par cinnum. Le fentiment
le plus commun eft que le cycéon des Grecs ■
étoit une compofition faite de v in , de miel, de
fine fleur de farine d’orge , d’eau , de fromage 3
8c réduite en confîftance de bouillie. Il paroit
qu’il'y en avoit de deux efpèces : l’une groffière,
faite d’eau 8c de farine > l’ autre plus fine & phis
délicate , faite de vin 8c de différentes efpèces de
farine, de fromage, & quelquefois de miel. Les .
Grecs entendoient auffi pa't ce mot toute boiffon
ou mélange compofé d’ingrédiens de différente
nature, félon le genre de la maladie 8c l’intention
du Médecin.
■ Les myftèrès d’ÉIeufis rendirent célèbre le
cycéon dans l’antiquité , parce que-la chofe fe-
cr'ète dont on l’avoit choifi pour emblème dans
ces. myftèrès, fervoit à faire reconnoître entre-
4 eux les initiés ( Arnob. adv. Gent L ƒ. ). J’ai
jeûné , difoit un initié aux autres, j’ai bu le cycéon
, j’ai pris dans la cifte & j’ai dépofé dans le
calathus. A ces mots fymboliques 8c à leur explication
on reeonnoilfoit l’initié. Les profanes
croyoient que le cycéon des myftèrès a’Eleufis
étoit employé pour rappeler celui que la vieille
Baubo fit boire à Cérès, altérée par les fatigues
de fa longue courfe.
CYCHREUS. Voyei T éxamon.
CYCINNIS danfe des Grecs. Elle avoit retenu
le nom de fon inventeur, qui étoit un dès Satyres,
compagnon de Bacchus : elle étoit moitié grave,
moitié gaie , 8c réuniffoit ces deux cara&ères ;
telles font à-peu-près nos chaconnes , dont le
majeur a pour l’ordinaire des couplers légers,
Antiquités , Tome II.
c Y C
forts & fiers, & le mineur des couplets tendres,
doux & voluptueux.
C Y C L A D E , partie de l’habillement d:s fit»-
mes. Voye[ Amiculum.
C YC LE ( Mythologie ). « Les cycles , dit
M. Rabaud de Saint-Eftienne, devinrent desper-
fonnages dans l’écriture 8c le langage animé des
anciens. Le cycle hebdomadaire étoit figure pat
Saturne , planète du Sabat3 ou du jour du repos,
8c qui fut depuis une Divinité dont la ftatue
étoit liée de coi'des de laine qu on lui p toit aux
Saturnales. Le cycle annuel fut figuré , entre-
autres manières, par Janus au double vifage, cjui
voyolt devant 8c derrière lu i , 8c dont la c le f
ouvroit l’année. Le cycle de 1461 ans étoit de-
figné par le bel oifeau qui renaiffoit de fes cendres ,
comme l’a expliqué Gebelin. En un mot, tout
ce qui fc paffe dans 1e ciel, fut écrit 8c peint en
images. , .
Les Grecs, auxquels ces connoiffances etoient
étrangères, les avoient reçues du dehors^ fous
ces élémens. Eusèbe nous apprend que c’étoit
T’ufage des Égyptiens; ufage q ui, conferve par
leurs Prêtres dans la langue facrée ou primitive,
fe perpétua long-temps dans les temples.»
Cycle de Jules César. Numa Pompilius
avoit d’abord établi à Rome une annee lunaire.
Cette manière de compter n’étoit point exacte ,
& étoit fujette à de grands inconveniens. Jules
Céfar réforma le calendrier , & introduit une
année folaire de jours ô5 6 heures : c’eft ce
que perfonne n’ignore ; mais on ne favoit pas 11
communément qu’il eût auffi corrigé fon annee
fur les mouvemens de la lune. Quoique Macrobe
l ’eût dit en termes exprès, 8c qu’ il y eût de bonnes
rai fous d’en ufer ainfi, comme le Cardinal Nons
l’ a montré au commencement de fa Differtatioti
du cycle pafchal des Làtins, il y a eu auffi des
auteurs qui ont remarqué que l’Eglife Latine.,
avant le Concile de Nicée, fe fervoit du cycle
lunifolaire de Jules Céfar. . ^ # t
Bianchini, dans fa Differtation latine imprimée
à Rome, in-folio, en 1703, donne une description
8e une explication générale àu cycleAz Célar, que
l’on a trouvée fur un .ancien marbre. Il rapporte
i’infeription complète de ce monument, qui avoit
été gravée du temps d’Augufte, 8c qui ne fut retrouvée
que fur la fin du feizieme fiecle a Rome ,
fous la colline des jardins 8c en quelques autres
endroits. Celle de Rome avoit été placée dans le
Palais Maffei, 8c on l’y voyôit au temps où
Paule Manuce , Charles Sigonius, Jean .Gruter,
Jofeph Scajiger 8c d’autres la publièrent, 8c tachèrent
de l’expliquer. Depuis, elle avoit été égarée
jufqu’au moment ou Bianchini la retrouva. Quoiqu’elle
foit rompue, les morceaux rajuftes 1 un
avec l’autre la repréfentent entière, excepté quelques
lignes qui époient au-delïus, mais qui a©