
lorfque l’ ufage d’appliquer ainli la cire étoit
ab oli, on peut affûter: que le fceau n’eft point
du temps dont la charte eft datée.
9. Un fceau qui fe trouveroit chargé d’armoiries
avant le X L fiècle , porteroit un caractère
évident de fauffeté.
10. Si la légende d’un fceau antique eft aufli
longue & dans le même goût de celles des bas
fiècles j fi l’on y trouve un nom propre qui.
n’ait pas encore été en ufage , on peut avec
raifon douter de la vérité du fceau.
1 1 . On doit tenir pour faux , ou du moins
pour très-fufpedl un ancien fceau , dans l’infcrip-
tion duquel fe trouveroit une formule récente. .
Par exemple , fi un évêque du X L fiècle s’y difoit évêque par la grâce de Dieu & du fi'ege apojlolique3 ;
le fceau feroit vifîblement fuppofé.
12. Pour juger de l’ âge des fceaux, il faut
avoir égard aux lettres employées dans leurs légendes.
Si donc l’on remarquoit dans un fceau
d uX . ou XI. fiècle le caractère gothique moderne
, on ne balanceroit pas à juger ce fceau
des bas temps.
13. Nulle copie non-authentique ne porte de
fceau 3 fans fe rendre fufpe&e de quelque mau-
vaife foi.
14. Beaucoup de chartes véritables & authentiques
ne font nulle mention des anneaux & des
fceaux dont elles font fcellées.
i j . Les fceaux perdus", brifés & détruits, en .
tout ou en partie 3 fort par vétufté, foit par
quelque accident, ne font point pour cela perdre
aux chartes leur autorité. Voye^ Digefi. lib. 37. tic. 11. le g. 1. $ .11.
16. Des fceaux contrefaits convainquent les
pièces de faux.
17. Le défaut de fceau dans les anciens titres, '
même non-foufcrits, ne fuffit pas pour infirmer
leur autorité.
18. Avant & depuis que les fceaux furent devenus
communs & néceffaires , ils ne fuppléèrent
pas feulement au défaut de fignatures, mais ils
tinrent encore allez fouvent lieu de témoins.
19. Des chartes antiques munies de fceaux ,
mais fans dates & fans fignatures, n’en doivent
pas moins être tenues pour authentiques.
C H A P I T R E X .
Réglés générales de Dom Mabillon.
1. « On doit être perfuadé, dit le P. Mabillon ,
» de la Diplomatique, & qu’au contraire bien des
o chofes m’ont échappé. C ’eft: pourquoi je defire
» & prie très - inftamment qu’on n’ interprete
» point à la rigueur les règles que je donne ici
5» comme plus communes».
m que je n’ ai lu , ni remarqué tour ce ,qui étoit » néceffaire pour la perfection de mon ouvrage J
2. « Pour faire un jufte difcernement des an-
» ciens diplômes , il faut beaucoup de prudence,
*> d’ érudition & de modération j & quiconque
« n’eft pas verfé dans l’étude de ces monumens »
y n’en doit pas entreprendre l’examen ».
$ 3. « On doit toujours juger favorablement des
« chofes, lorfqu'elles font foutenues d’une longue
« poffeflîon, comme l’ordonnent les loix civiles
» & canoniques».
4. « Pour bien juger des chartes antiques, il
» ne faut pas feulement avoir égard à l’écriture,
» ou à une feule marque d’authenticité ou de
» non authenticité, mais à la réunion de tous les
» caraClères de ces pièces ».’
j . ce Un ou deux défauts, pourvu qu’ ils ne
» foient pas eflentiels, ne doivent pas porter
» préjudice aux chartes originales».
6. ce Les témoignages des hiftorièns & des
» inferiptions ne doivent pas être préférés à
» l ’autorité des chartes véritables ».
7. ce Les additions de l’incarnation, de l’in-,
» diCtion , de glofes & d’autres chofes fembla-
» blés qui fe rencontrent, fur-tout dans les copies,
» n’empêchent pas que les chartes ne foient
» véritables».
C H A P I T R E X I .
Réglés particulières fur les originaux , les copies ,
les diverfes ejpèces de Chartes ,* Jur lu matière
, Vencre O récriture Sdes manuferits 6’ des
D ip lôm e s .
A r t i c l e p r e m i e r .
Régies particulières fur les originaux , les copies &
les diverfes efpèces de C h À r t e s .
1. Aux X. & XI. fiècles les originaux peuvent
quelquefois être difeernés des copies par des
courroies nouées.
2. Il eft des originaux, fur-tout depuis le milieu
du X I. fiècle jufqu’ au milieu du X I I . , def-
titués de courroies & de fceaux, mais munis de
fignatures réelles ou apparentes.
3. Une charte de grande importance antérieure
au X. fié le , ou poftérieure au milieu du XI.
fiècle , fi elle eft dépourvue de fceau, de noeuds
& de toute fignature, doit paflfer pour une copie
ou pour un fimple projet o’aCte.
4. Avant le XIII. fiècle, dans les affaires de
moindre conféquencè , des chartes originales
peuvent être privées de fceaux , de noeuds & de
fignatures; mais alors la nomination des témoins
tientTieu de toutes ces marques.
y. Des copies renouvellces en France, par
l’autorité royale , feroient fufpeClesavantle VIII.
fiècle.
6 . Les renouvellemens des titres ne peuvent
être fufpeCls fous prétexte de trop d’antiquité,
s’ils ne remontent au-delà du fiècle de Charlemagne.
7. C e feroit un moyen de fufpicion contre les
chartes renouvellées par les rois dè France &
d’Angleterre, fi depuis le XIII. fiècle les premiers
ne commençoiient le corps de l’aéfce par
yidimus 3 & les féconds par infpeximus.
8. On ne doit pas ordinairement fufpe&er les
yidimus3 où les lettres ne font pas copiées telles
qu’elles font dans l’original, & dont on a changé
leftyle.
* 9. Les vidimus même émanés de l ’autorité
fouveraine, ne peuvent pas faire qu’une charte
fuppofée foit véritable.
10. DepUis le X. fiècle des lettres ou aéfces,
fous le nom de fuggefiiones & fuggerend& 3 ne feront
pas à couvert de légitimes foupçons*
11 . Des indicüles en forme de lettres pofté-
îieurs au X . fiècle feroient fufpe&s.
12. Les pancartes royales qui énonceroient en
détail tous les noms des lieux , dont elles confirment
la poffeflion, feroient fufpeétes avant le
commencement du IX fiècle.
13. On ne diftingue point sûrement les notices
des autres chartes , parce que les premières commencent
ainfi : notum 3 noveritis , noverint 3 nojfe
debetis , &C.
14. Les notices des X . XI. & XII. fiècles fe
diftinguent ordinairement des autres aétes, parce
que l’on y parle à la troifième perfonne.
1 j. Une marque sûre pour diftinguer les notices
des VI. VII. .VIII, & IX. fiècles, c’eft
lorfqu’ elles commencent par notitia qualher, &c.
16. Les cara&ères des notices & des chartes
fe confondent fur la fin du XI. fiècle.
17. Des lettres qui depuis le XIII. fièclepor-
teroient le titre de formées formata, feroient
fufpeéles. Il en faut dire autant des lettres ap-
pellées tracions, ou tractatoria.
18. Depuis le XIII. fiècle les pièces intitulées
çommonitoria feroient fufpe&es.
19. Des a êtes qui réuniroient l’anathême avec
l’excommunication, non-feulement comminatoire,
mais déjà lancée contre des perfonnes défignées ,
devrûient être rejettes comme . fuppofés, s’ils
n’étoient poftériéurs au VIII-v fiècle.
. 20. Avant ces temps il ne faudroit pasregar-'
der comme fufpeétes des lettres où l’on pfbnoir-
ceroit en général des anathèmes, des exoômmu-
. nications, des malédictions contre les ufuipateurs.
des biens eccléfiaftiques, & les violateurs des
privilèges.
21. Les ftatuts portant excommunication ipfo
fafto 3 ne font guère plus anciens que le XIII.
fiècle.
22. Des lettres d’interdit fur tout un royaume
avant le X. fiècle, feroient fufpeétes ; mais des'
interdits fur des églifes particulières & leurs
dépendances ne le feroient pas.
23. En matière d’appel, des lettres antérieures
au X . fiècle, fous le nom à’apoftàlos, ou qui
en demanderoieot, n e . feroient pas exemptes de
fufpicion.
24. Des lettres qualifiées patentes au XII fiècle,
ne mériteroient pas d’être iufpeétées.
2 j. L ’ufage des chartes-parties, ou divifées par
cyrcgraphum ou par quelques autres ..mots, remonte
jufqu’au IX fiècle.
16. Les chartes divifées par 1’ajphabet & par
des figures , étoient en ufage dès le X I fiècle.
27. Une endenture ou charte dentelée, partant
la date du X . fiècle, ne devroit. pas être
fufpeétée.
28. L ’ufage des chartes divifées a duré juf-
qu’ à notre fiècle. '
29. Les chartes-parties privées de fceaux, &
les endentures fans cyrogralphes , ne doivent pas
être fufpe&es.
. 30. Les chartes de manumiflion ont eu cours
jufqu’ au X V I . fiècle inclufivement.
A r t i c l e I L
Règles particulières fur la matière & F encre des
D i p l ô m e s .
1. Les plus anciens a&es confervés jufqu’à
préfent, font fu r ie marbre, le bronze & en
papier d’Egypte»
2. On ne connoît point de diplôme en parchemin
ante'rieur au VI. fiècle.
3. Une charte latine, en papier d’Egypte ou
d’écorce , poftérieure au XIII. fiècle, pourroit
être déclarée faufTe , au commencement du XIII,