îiS c o u Mais ordinairement les vêtemens des Naïades
font verts comme ceux des fleuves chantés par les
Poètes ( Seat. Theb. I. 9 , p. 354. ). Au refte, ces
deux couleurs font fymboliques , & désignent
l'eau j la verte fur-tout fait allufion aux rives bordées
d'arbrifléaux. »
COULOIR. V o y e i Bronze & C olum .
COUPES ( fête des ) . Démophoon, Roi d’Athènes
3 voyant Orefte chargé d'un parricide,
ne voulut ni l'admettre à fa table , ni l'éconduire.
Pour fe tirer d'embarras 3 il le fit fervir fé-
parément j & afin de juftifier cette efpèce d’affront
, il voulut qu’on préfentât à chaque convive
une coupe particulière, contre I'ufage de ce temps-
là , où tout le monde buvoit dans la même. En
mémoire de cet événement , les Athéniens établirent
une fête, où l’on faifoit la même chofe
dans le repas facré.
« Je faifirai cette occafîon, dit Winckelmann,
{flifi. de l'A r t, /. 4 , ch. 6.) pour parler de quatre
coupes d'un or pur, delà forme & de la grandeur
d’une foucoupe à café > elles ont été trouvées
dans les anciens tombeaux près de Girgenti, &
fe voient dans le cabinet de M. Lucchefi , Evêque
de cette ville. J’ai cru devoir décrire ces morceaux
précieux , parce que les ornemens qui les
entourent paroiifent reffembler à la fabrique des
médailles les plus anciennes de la Sicile, & être
du même âge. Deux de ces coupes ou foûcoupes
ont extérieurement une bordure, dont les ornemens
confident en boeufs, travail qui peut être
appelé boffelage. On voit que cette bordure a été
frappée avec un poinçon de relief, appliqué en-
dedans du bord , pour faire fortir la boue de l'autre
coté. Les deux autres foûcoupes ont pour ornement
une bordure de points faits au poinçon.
Par rapport à l’explication des boeufs qui décorent
les deux premières foûcoupes, je ne crois
pas qu'il foit néceflaire de remonter, avec le pof-
feffeur de ces antiques , jufqu’au boeuf Apis des
Égyptiens. On fait que chez les Grecs les boeufs
étoient confacrés au Soleil, & qu'ils traînoient le
char de Diane. Le boeuf peut être auffi confidéré
comme l’emblème de l’agriculture, & c'eft ce que'
paroît indiquer celui qui fe rencontre fur quelques
médailles de la Grande-Grèce, parce que ces animaux
tirent la charrue, & fervent à toute l’économie
rurale. »
C oupe des pierres. « Pour les voûtes des aqué-
ducs , des ponts & des arcs de triomphe , on
tailloit ( dit Winckelmann ) les pierres en forme
de coin ; ce que Perrault auroit pu favoir fans
aller à Rome, s’il n’avojtpas voulu prouver que
les anciens n’éntendoient pas la coupe des pierres
{ Parai, des Anciens & des Modernes ,t . 1 ,v . 171.),
& que par cette raifon ils ne faifoient pas d'arcades
de pierres, mais feulement de briques. Cet
Écrivain ne s'eft pas rappelé que Vitruve même
parle ( lib. v i , c. 2 , p. 2 4 9 , /. 28 , éd.Lugd. i
C O U
1552 , 4. ) d’arcades conftruites de pierres taillées
en forme de coin. Il fait dire aulfi à fes interlocuteurs
que cette ignorance *des anciens les oblr-
geoit à faire des architraves qui alloient d'une
colonne à une autre, & que comme on ne trou-
voie pas toujours des pierres d’une grandeur re-
quife , on étoit contraint de rapprocher davantage
les colonnes. Mais tout cela n'eft pas moins
faux que ce qu> précède ; car on voit aux relies
d*un des plus anciens édifices de Rome, au Capitole,
qui étoit la demeure des Sénateurs , on voit
encore la partie d'en-bas de l’architrave, à laquelle
pendent ce qu'on appelle les gouttes, avec huit
chapiteaux doriques : fefpace qui eft entre deux
de ces chapiteaux prouve qu'il en manque un 5 & ,
autant qu'on peut le voir par l’architrave, il doit
y en avoir eu feize. Cette face eft faite de petites
pierres de deux palmes chacune , lefquelles.
font taillées de la même manière qu’on le feroit
aujourd’hui en pareil cas. »
COUPOLE. Voye\[ Dosmeî
COUREUR, curfor. Les Romains donnoient ce
nom à des valets-de-pieds qui .étoient toujours
prêts à exécuter les ordres de leurs maîtres.
C ou r eu r du cirque. Après les courfes de char,
venoient ordinairement les courfes des coureurs.
On en choififfoit à Rome un dans chacune dés
quatre fa&ions, & ils faifoient tous les quatre
plufieurs fois le tour du cirque entier. Pline parle
de certains coureurs ( v u . 10. ) qui avoient parcouru
dans le cirque 160000 pas ( 37 lieues de
2284 toifes, ou petites lieues ) : Nune quidem in
circo quosdam curfor es centum fexaginta millia paf-
fuum tolerare non ignoramus.
Les coureurs chez les Grecs portoient pour tout
vêtement une écharpe autour des reins. Mais cette
écharpe s’étant détachée , & ayant fait tomber
l’athlète Orfippus de Lacédémone, on leur permit
de courir tout nuds. Les Romains , du temps
de Denys d’ Halicarnaffe ( v u . p. 475. ) faifoient
porter l’écharpe à leurs coureurs. Ces athlètes fe
frottoient d’huile comme les autres ( Stat. Theb.
vi. 573. ). ; .
A la foixante-cinquième Olympiade ( Paufan.
Eliac. 1. p. 15y.), on établit aux jeux olympiques
des prix pour les athlètes, qui couroient vêtus
& armés de lances & de boucliers. Démarre fut
le premier vainqueur de ces courfes.
COURIER. Les anciens connoiflpient I'ufage
des eouriers ; ils en ont eu de deux fortes. i ° . des
eouriers à pied, que les Grecs appeloient Heme-
! rodromi , c'eft-à-dire , eouriers d'un jour. Pline,
Cornelius-Népos & Céfar parlent de quelques-
uns de ces eouriers qui avoient fait vingt, trente ,
trente-fix lieues & demie en un jour , & jufqu’a
la valeur même de quarante dans le cirque pour
remporter les prix. i° . Des eouriers à cheval, qui
changeoient de chevaux comme on fait aujourd’hui.
C O U
Xénophon attribue I'ufage des premiers eouriers
à Cyrus 5 Hérodote dit qu’il étoit ordinaire chez
les Perfes, & qu’ il n'y avoir rien dans le monde
de plus vite que ces fortes de Meflagers (/. vur ,
c. 97 & 98. ).
Cyrus, félon Xénophon , examina ce qu un
cheval pouvoir faire de chemin par jour, & à
chaque journée de cheval il fit bâtir des écuries,
y mit des chevaux & des gens pour en avoir foin.
Il y avoit auffi dans chacune de ces portes un
homme q u i, quand il a r ri voie un courier, prenoit
le paquet qu’il apportoit, & montoit fur un cheval
frais : tandis que le premier fe repofoit avec
fon cheval, le fécond alloit porter les dépêches
à une journée de-là , où il trouvoit un nouveau
cavalier qu’il en chargeoit, & ainfî de même juf-
qu’ à la cour.
Il n’eft pas sûr que les Grecs ni les Romains ayent
eu de ces fortes de portes réglées avant Augufte,
qui les établit le premier} mais on couroit en
char. On courut enfuite à cheval, comme il paroît
par l’Hiftoire Eccîéfiaftique de Socrate (, /. rm .
c- . , . Dans l'empire d'Occident on appeloit les couriers,
viatores y & fous les Empereurs de Conftan-
tinople, curfores , d'où eft venu leur nom moderne.
On voit encore que fous Dioclétien il y avoit
des relais établis de diftance en diftance. Lorfque
Conftantin eut apprit la mort de fon père Conf-
tance, qui gouvernoit les Gaules & les Iiles Britanniques
, il prit fecrètement & nuitamment la
porte pour aller lui fuccéder dans les Gaules } &
dans chaque relais où il arrivoit, il faifoit couper
le jarret des chevaux qu'il y laifloit, afin qu'on fut
hors d'état de le fuivre & de l ’arrêter, comme on
en eut le deflfein le lendemain matin.
Les eouriers des Empereurs étoient reconnoif-
fables aux plumes qu’ils portoient à leur bonnet.
Habent pgnnas in capite , unde intelligitur fefii-
natio itineris , dit un vieux Gloffaire , cité par
Godefroi ( ad l. 1. Cod. Th. de Car. ).
COURONNE. L ’antiquité la plus reculée ne
déféra les couronnes qu'à la Divinité. Bacchus fut
tin des premiers qui s'en para. Bientôt après, les
facrificateurs en mirent fur leurs têtes & fur celles
des vi&imes. Athénée, ( /. x v . ) & Q. Fabius
Pi&or ( /. 7. ),_difent que Janus fut l'inventeur
des couronnes , que c'eft lui qui s’ en fervit le premier
dans les facrifices. Mais Pline ( /. xvi. c. 4.)
dit que ce fut Bacchus. Selon Phérécydes, cité
par Tertullien ( de Coron, c. 7 . ) , Saturne eft le premier
qui fe foit couronné ; félon Diodore , ce
fut Jupiter, après fa vi&oire fur les Titans. Léon
l ’Egyptien affure qu’Ifis fe couronna la première
d'épies de b lé , dont elle avoit appris I’ufage aux
hommes. Il ajoute que Claudius Saturnius avoit
compofé un livre des couronnes , où il traitoit de
leur origine, de leurs caufes, de leurs efpèces, Ôc
des cérémonies qu’on obfervoit relativement
elles.
Les premières couronnes n’étoient qu'une bandelette
dont on fe ceignoit la tête, qui fe lioit par
derrière , & que l'on nomma bandeau royal ,
comme on le voit aux têtes de Jupiter fur les médailles
desJPtolémées d'Egypte. Les Rois de Syrie
font aufli fouvent couronnés de même. Quelquefois
on les faifoit de deux bandelettes, enfuite
on prit des rameaux de différens arbres, puis 011
y ajouta des fleurs 5 tk Tertullien (à l'endroit cité )
avoit vu dans le livre de Claudius Saturnins, qu’il
n'y avoit aucune plante dont on n eût fait des
couronnes. Pline ( /. xxr. c. 3. ) dit que P. Clau-
ditis Pulcher fut le premier qui ajouta aux couronnes
une petite lame ou bande de métal. Les
Rois Macédoniens de Syrie font les premiers qui
portent fur les médailles la couronne rayonnante,
radiata. Les couronnes des Dieux etoient différentes.
Celle de Jupiter étoit de fleurs : elle eft
fouvent de laurier fur les médailles} celle de Junon,
de vigne } celle de Bacchus, de vigne, de raifins,
de pampres , de branches de.lierre chargées de
fleurs & de fruits}. celle de Caftor , de. Pollux &
; des Fleuves , de rofeaux} celle d^pollon , de
rofeaux ou de laurier 5 celle de Saturne, de figues
nouvelles & fraîches} celle d’Hercule , de peuplier
} celle de Pan fe faifoit de pin ou d'yèble 5
celle de Lucine, de diefame ; celle des Heures,
de fruits propres de chaque faifon } celles des
Grâces , de branches d'olivier, de même que
celle de Minerve ; celle de Vénus, de rofes } celle
de Cérès , d'épis, de même que celle d’Ifis ;
; celle des Lares, de myrte ou de romarin, & c .
Non-feulement lés couronnes étoient employées
jS pour les ftatues & les images des Dieux, pour les
Prêtres dans les facrifices, pour les Rois & les
Empereurs, mais encore on couronnoit les autels,
les temples, les portes des maifons, les vafes
facrés, les vi&imes, les navires , &c. les Poètes,
ceux qui remportoient la viftoire dans les jeux fo-
lemnels, les gens de guerre qui fe diftinguoient
dans quelque aérion , &c.
Cette marque d honneur que les Romains avoient
empruntée des Grecs, anima le zèle des citoyens
dans les premiers temps de la république, & pro-
duifit des efforts généreux, des a&es de bravoure
& de vertu. Mais on abufa bientôt de ces fortes
de récompenfes 5 elles furent prodiguées. Alors le
luxe ne permit plus de les former Amplement de
feuilles ou de branches légères ; & l'avarice des
Généraux les multiplia à un tel point que , félon
Appien, on en porta plus de dix mille d’or dans
la pompe funèbre de Sylla. Suétone dit qu’Augufte
en donna une d’or à Jupiter Capitolin , qui pefoit
plus de feize milliers. Enfin les couronnes d’or devinrent
, fous les Empereurs, des impôts auxquels
étoient affujettis tous les pays conquis.
La couronne des Empereurs étoit ordinairement
de laurier 5 le droit de la porter fut accordé à