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rance & l’étonnement : on crut que les ftatues
de Dédale étoient en effet animées, ite qu'elles
fe mouvoient d'elles-mêmes................. ...... On
lui attribue l’invention de la hache, du v ile b r e quin
j du niveau, de la colle-forte, de la colle
de poifion & de la fcie j ainfî Dédale perfectionna
tout-à-la-fois la fculpture , les méchaniques ,
farchiteCture , l’aftrologie & la navigation. . .
. . . Il eft étonnant qu’aucun des écrivains
anciens & modernes qui ont fait mention de
Dédale 3 ne fe foit avifé de former le moindre
doute fur fon exiftence j il nous femble cependant
que , lî l’on veut bien faire attention à
toutes les découvertes dont on le dit auteur 3
à la variété des talens & des connoiiTances qu’on
lui attribue j & au temps où il vécut , on fera
tenté de le regarder comme un perfonage purement
fictif. & qu’on ne verra dans fa vie qu’une
fable relative à l’origine départs dans la Grèce. »
Pierres gravées du Palais Royal. I. pag. 289. ).
On voit à la villa Albani deux bas-reliefs fur
lefquels font repréfentés Dédale & Icare. Dédale
fabrique fur l’un, des ailes pour lui, Ton
fils eft auprès, ayant les fiennes liées a fon dos
avec des bandelettes. Il fabrique fur l'autre marbre
la fécondé aile d’Icare. Sur les deux il fe
1 fert d’ une petite hache (Zxéveipv,» ) ;'c e qui annonce
que ces ailes étoient de bois, & non de
plumes attachées avec de la c ire, comme l’ont
dit les poètes ( Monum. inediti Winkelmann. ).
Les aventures de Dédale & d’Icare ont fouvent
été traitées par les graveurs de pierres. Voici
celles que nous fournit la feule collection de
Stofch. Sur une Agathe-Onyx Dédale aflis fai-
fant une aile pour fon fils Icare. Quatres autres
pierres repjréfentent le même fujet, & une ( T .
i l . Tab, X X X IX .-n ° . 2 . ) pierre gravée dans
le Mufeum Plorentinum, offre la même idée.
Sur une pâte de verre, Dédale travaille à Ja
fécondé aile pour Icare, qui eft debout dçvant
lui , avec la première aile que fon père lui a déjà
attachée. On voit le même fujet parmi les ( T .
i l . PI. L IV . ) pierres de Gravelte.
Sur une autre pare de verre, Icare eft debout j
& fon père , un genou en terre 3 lui attache
les ailes avec des bandelettes qu’ il tient en main.
On voit aufli fur un jafpe noir Icare debout, avec
les deux ailes attachées à fon des. Sur une Sarr
doine, Dédale eft en attitude de fappliant à genoux
devant fon fils Icare, qu’ il conjure de ne
pas élever fon vol trop haut. La même idée fe
voit exprimée fur une ( Mus. Flor. tom. il. tab.
x x x t x , ) Pierre gravée du çabinep Vettori à Rome.
On trouve fur une pâte de verre , Icare volant
au-de (Tus de la mer, tel qu’ il eft gravé fur une
( Majfei Gsmm. tom. iv. tav. x x i l. ) Agathe
dans le Recueil de Mafféi. Enfin une pâte antique
offre Icare tombant dans la mer , fur le bord
de laquelle on voit fon père é p lo ré , levant les
mains vers le ciel.
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DEDALES , fêtes que les Platée ns, peuple
de Béotie, célëbroient depuis leur r etour dans
leur patrie : c’étoit pour remercier les Dieux de
ce qu’ils y- étoient rentrés, après en avoir été
chafles par les Thébains, & après avoir demeuré
foixante ans chez les Athéniens , qui donnèrent
généreufement afyle dans leur ville à ces infortunés
citoyens. D’autres difent que ces fêtes furent
inftituées au fujet d’üne ftatue de bois, qui repré-
fentoit Platéa fille d’Afopus, & dont Jupiter fe
fervit pôur confondre la jaloufie de Junon. Les
Platéens, ajoutent-ils , en mémoire de cet événement,
donnèrent à ces fêtes le nom de Dédales*
parce qu’anciennement toutes les ftatues de bois
étoient appelés Dédales. Paufanias(X. ix. e. 3.)
rapporte les- cérémonies de cette fête , & il
diftingue deux fortes de ces folemnités, les grands
& les petits dédales. Les premiers auxquels tous
les Béotiens affiftoient , ne fe célébrqient que
de foixante à foixante ans: ce qui revient à la
première origine que nous avons rapportée. Les
petits dédales étoient moins folemnels ; ils fe
céiébroient tous les ans félon quelques écrivains,
& félon d’autres, tous les ffpt ans. On réfcryoit
pour porter en proceflion , le jour de cette fête,
toutes les ftatues que l’on avoit faites pendant
l’année , & huit villes tiroient au fort à qui
auroit l’honneur de porter ces ftatues : Platée,
Coronéê ,, The (pie, Tanagre, Chéronée, Orchq-
mene, Lebadée & Thèbes.Cette diftinélion concilie
la fécondé opinion fur l’origine des Dédales*
avec la première*.
DÉDALION , fils de Lucifer, & père de
Chione, fut fi fâché de la mort de fa fille Chione,
que de défefpoir il fe précipita du fomme-t du
m§nt Parnafle. Apollon touché de compaflion
pour lui, le foudnt dans fa chute, & échangea
enépervier. Ovide décrit fort au long cette fable.
V o y cChione.
DÉDICACE. Les anciens dédioient aux divinités
des boucliers , des ftatues , des trépieds, des
places, des autels, des portiques, des temples,
des théâtres, dès amphithéâtres , & d’autres
lieux publics ou privés. Les Romains quj déifièrent
leurs Empereurs, leur prodiguèrent ces honneurs
religieux. La dédicace des trépieds & des
autres moindres offrandes étoit exprimée chez les
Grecs par les mots aneqhke , ou iapYsato »
& chez les Romains,-par leurs équivalens, pofuit
& dedicavit. On ignore s’il falloit chez les Grecs
une permiffion pour dédier un monument public
à quelque divinité, & de qui on devoit l’pbte;nir.
Quant aux cérémonies de la dédicace , elles étoierit
les mêmes que celles des Romains dont on verra
plus bas la defcription.
Les defcendans de Romulus adoptèrent l’tifage
religieux de dédier les monumens publics' & privés
de toute efpèce aux divinités. Tite fit une
’ dédicace folemnelle du célèbre amphithéâtre ap-
Bl*
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pelé aujourd’hui Colifée ( Suét. c. 7. n. r / . ) ‘
Amphithéâtre dedicato . • • • Mùnus edtdit
apparatijfimum largijftmumque. Néron célébra^ ]a
dédicace de fa maifon dorée par des feftins, des
•jeux publics, & par d’immenfes largefles qu il fit
air peuple. < ,
On gravait fur les frontifpices des monumens
Romains le nom de celui qui les avoit dédiés.
C'eft ainfî qu’on lit encore celui d Agrippa fur
.la frife extérieure du Panthéon. Sylla rebâtit le
Capitole j mais le feul bonheur qui manqua a
la félicité confiante de ce Dictateur , dit Tacite
( Hi f i j n i. 72. 6.) fut d’en faire la dédicace,
afin d’y voir fon nom gravé & tranfmis a la
poftérité : Curam vicior Sylla fufeepit, neque
tamen dedicavit hoc foliim ejus feliçitati ncga-
tum. Cet honneur étoit réfervé à Lutatius Ca-
tulus dont le nom brilla long-temps fur le Capitole
au milieu de ceux des Empereur?. Lutatii
Catullï nom en, ajoute le même^hiftorien , inter
tQt C&farum opéra ufque ad ViteLlium mànfit.
Du temps de la République, le peuple aftèrci"
blé par\tribus déféroit à celui qu’il lui plaifoit
de choifir, l’honneur des dédicaces ,• & l’on regar-
doit ces .cérémonies comme, vaines & inutiles ,
Io.rfqu’elles n’avoient p;s été aucarifées par un
plébifcite , ou par un Senatus-Confulte ( Cicer.
Attic. ïv. 2. & pro domo c3 53»)' ^es Empereurs
Ce réfervèrent' pour eux, ou pour leurs reprefén-
•tar.s, l’honneur des dédicaces. - .
Voici les principales cérémonies que les anciens
obfervoient dans la dédicace de leuis temples..
D’abord on ornoit le nouveau temple de
guirlandes & de fêlions de fleurs. Les Veftales
4’entouroient, portant à la main des branches d olivier,
& elles. arrofpient d’eau lullrale les dehors du
temple : celui qui le dédioit s’app- oefioit, accompagné
du Pontife qui l’appeloir pour tenir le
poteau de la porte. Il répétoit enfuite mot pour
mot, d’après le pontife, les paroles de la dédicace :
c’eût été d’un très-mauvais augure, que d’en
omettre ou d’en changer une feule fyllabe. Le
pontife après cela offtoit une viétime dans le
parvis > en entrant dans le temple, il oignoit d’hnile
la ftatue du Dieu auquel le temple étoit dédié,
& la mettôit fur. un -oreiller ( pulvinar ) aufli
frotté d huile. La cérémonie étoit çonfaciée à' la
poftérité par une infeription qui portoit l’année
de la dédicace, &. le nom de celui qui l’avoit
faite. On en renouveloit tous les ans la mémoire
à pareil jour , par'un facrîfice ou par quelque
autre folemnité farticuliète.
On voit fur une cornaline du Baron de Stofch
(Ilclaffe 1 8 9 9 . ) , une feiiime qui, de la main
droite, verfe quelque liqueur fur un autel
de la main gauche élevée tient un plat de fruits,
tandis que de l’autre côté de l’autel il y a ^un
homme qui joue des deux flûtes. Il femble qu’on
a repréfenté dans cette gravure la dédicace d’un
, que les pauvres gens faifoient en offrant
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fimplement . un vafe plein de légumes cuits
(.Arifioph. Plut.'n . 1 198. Conf.fchoL. & Spanhem.
JSfot. ad h. I .) porté par une femme autour-de.
l’image, ou de l’autel qu’on dedioit.
D ED IT IT IU S libertus. Cajus '( §. 3. Inftitut.
dejur. perfon. ) & Ulpien (§. H . tic. 1. fragment )
appellent ainfi des affranchis fur ie.yifage defquels
on voyoit encore les marques des fupp^ces qu’ ils
avoient foufferts pendant leur efclavage, ou les
ftigmates, témoins de leur fuite. C etoit la plus
vile -cia(Te des affranchis'} & ils ne pouvoïent jamais
jouir des droits & privilèges des citoyens
Romains^ Juftinien les délivra de cette flétriffure ,
il abolit la clafïe des affranchis dedititii.
DEDUCTORES , ciien.s d’um citoyen diftin-
gué & puiffant dans. Rome, On les. appeloit ainfi ,
parce qu’ils l’accompagnoient au Forum ,8c. m
-Sénar.
DÉESSES , Divinités du fexe féminin qu’a d o-■
roient les anciens. Entre les douze Divinités de la
première claffe, il y avoir fix Déejfes 5 favoir,-
Junon , Vefta, Minerve, Gérés , Diane & Venus.
On diftinguoit aufli les Déejfes du Ciel, les Déejfes-
delà Terre & les Déejfes des Enfers. Il y eut des ■
Déejfes qui s’allièrent avec des mortels, comme.
Thétis avec Pélée 3 Vénus avec Anchife , & c .
Mais c’ étoit une croyance généralement reçue-,
que les mortels favorifés ainfî par les Deejfes ne
vivpieot pas long-temps 5 c’eft pourquoi Anchife
rayant reconnu Vénus pour une Divinité, la iiip-
plia d’avoir compafiion de lui 5 mais la Deejfe. le
; raffura fur fon fort , pourvu qu’il fût décret.
PoyefAiscmsr., D e m i -D é e s s e . 7
Les anciens ne s’étoient pas contentes de fe
créer des Dieux-femmes ou d’admettre les deux
fexe s parmi les Dieux > ils- ea'av ovent auffi d hermaphrodites.
Amfi Diane, félon quelques favansy
étoit homme & femme 3 & s appeloit Lunus ou
Lunà. Mithra chez les Perfes étoit Dieu & Déejfe y
Sc le fexe de Vénus & de Vulcain étoit aufli dou-
j teux. De-là vient que dans leurs invocations les
Romains difoient, fi vous êtes Dieu, ou fî vous
êtes Déejfe , comme Aulu-Gelle nous l’apprend
{ (.1, il. c. 28. ). Arnobe ( Adv. Gent. I. nLf) fe
moque de ces différences de fexe parmi les Dieux,
& dit que Cicéron & les plus fages a entre les
Grecs & les Romains sen font moques ouvertement.
i
DÉESSES-MÈRES, •>
DEÆ MATRES, > ’ Divinités qui prdî-
D EÆ M A IRÆ , )
doient à la campagne & aux fruits de la terre ,
puifqu’on les'voit repréfèntées avec des fleurs &
des fruits à la main , avant quelquefois la corne
d’abondance : on leur faîfoit des offrandes de lait
• & dè miel, & on leur facrifioit le cochon, qui
fait beaucoup de mal aux champs. Ces Deejfes-
mens étoient, félon certains Mythologues cités
T t