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les lettres qu’il envoyoit du lieu de fon exil à
Rome, & mouillant l'on anneau, non pas avec
de la falive, comme il faifoit autrefoisj mais avec
fes larmes ( Trijl. r, 4. y .) ;
F Uns quoque me ftripfit : nec qna Jîgnabar , ad
os eft
Ante y fed ad madidus gemma relata gênas.
Dans les teftamens, on diftinguoit la première
page ou tablette à gauche * de la fécondé qui
étoit à la droite, par les m o t s cera.&c cera
imu 3 ou extrema* Sur la première étoient écrits
les noms des héritiers principaux , & ceux des
légataires fur la fécondé. Cette explication fait
entendre les vers fuiYans d'Horace ( Satir. il.
S• J3- ) : ;
. . . . . . . Quid prima fecundo
Cera velit verfu 3 folus , multifne coh&res ,
Veloci percurre oculo.
On rnêloit du minium ( le cinnabre naturel )
avec de la cire pour la colorer ; & elle fervoit
dans cet état à faire des deffins diftingués de ceux
du fond, ou à faire des remarques fur une tablette
écrite. Achille Tatius dit de Va jpfiere d‘Aratus 3
q u il y avait de la cire colorée avec du minium,
Cicéron écrit à Atticus ( m .- 2. ) : Nofirum opus
tibi approbari Utor, ex quo «yôi; ipfa pofuifti 3 qu&
mih.i florentiorcifunt vifa tuo judiciq j cerulas enim
tuas miniatulas illas extimefeebam.
, « L ’ ufage des tablettes de-bois dans les aétes
publics, difent les auteurs de ia nouvelle diplomatique.,
eft fi bien attefté par le? loi*. &- les
auteurs, qu’il feroit inutile de fe mettre en frais
pour appuyer un fait dont la vérité eft au-delfus
de tout doute. La plupart de ces tables étant
enduites de cire, il ne falioit qu’ un ftyle pour
y tracer des cara&ères. A Paris, la bibliothèque
du R o i, l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés ,
celle de Saint-Vi&or, & le couvent des Carmes
Déchauffés, pofsèdent des tablettes ainfi écrites5
mais elles ne font pas d’un âge fort reculé. 11 fe
trouve auffi, dans le tréfor royal des chartes ,
des tables de bois enduites de cire, du commencement
du X I V e fiècle ou environ.' Arrondies par
le haut, réunifiant la forme & la réalité d’un
regiftre, elles renferment le détail.'des charges
ou dettes de l’état, le paiement des officiers,
les dépenfes de la cour, les aumônes du roi, &c.
Les pages de ees fortes de tablettes font quelquefois
au nombre de vingt. Des bandes de parchemin
, collées par le dos des feuillets, en font
des livres affez proprement reliés. On ne voit
écrit fur celles du tréfor des chartes, que le redo
des feuillets, dont la moitié fupérieure demeure
fans écriture. Çelleiç de Saint-Germain forment
un carré oblong. Eltes font écrites 4 l’ordinaire
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des deux côtés, excepté la première Se h der- I
nière page, qui fervent de couverture. »
« Les tablettes des RR. PP. Carmes portent I
les mêmes caractères j mais elles font plus dans I
la forme des livres ordinaires, ainfi que celles de I
Saint-Viâor. Ces dernières renferment les depen- I
fes faites par Philippe-le-Bel, pendant une partie I
de fes voyages en 1501. Celles de la bibliothe- I
que du roi roulent fur* le même fujet, & font I
à-peu-près du genre & du caractère dés prece- I
dentes, ainfi que celles de Saint-Germain-des- I
Prés. Tout ce qu’on peut tirer de plus curieux I
de ces monumens, ce font les voyages de quel- I
ques-unsde nos rois, les villes où ils ont fejourne, I
& par où ils ont paffé } leurs aumônes, les noms I
& les dignités de plusieurs de leurs officiers & I
de divers feigneurs, le prix des denrées & la I
valeur de l’argent, eftimee fur celle des chofes I
les plus néceffaires à la vie. On trouve des tabler- I
tes femblables dans les autres royaumes. Outre I
celles d’Italie, Samuel Schmid décrit cehes de I
Helmfhd en Saxe. Tobie Eckard en parle au.ffi
dans fa defeription fur. les archives, imprimée a
Quidlembourg, en 17x7. 33
« La cire de toutes les tablettes que nous avons
vues, eft ou noire, ou d’un verd devenu fi obfcur, I
qu’il eft fouvent difficile de le diftinguer du noir.
Elle étoit apprêtée de façon , qu’elle avoir apparemment
plus de fermeté que n en a la cire oroinaire.
Du moins feroit-il aujourd hui difficile d en
effacer l’ écriture, fans l’approcher du feu. 11 y
entroit de la* poix & autres matières femblables.
Il falioit bien même que cette écriture pût réfif-
ter aux plus fâcheux accidens. Au rapport
d’Eadmer, S» Anfelme, alors prieur du Bec,
ayant trouvé une preuve invincible de la neceffite |
' fie l’exiftence de dieu , preuve fondée fur la
notion qu’ont tous les hommes, fans en excepter
les athées, de l’être très-parfait, il écrivit cet
argument fur des tablettes de eire , qu il remit
à un religieux pour être gardées précieufement.
Celui-ci les cacha dans la partie ia plus fecrete
de fon lit j nïais le lendemain il les trouva fur le
' pavé, & la cire répandue çà & là par petits
r morceaux. Ramaffés &. chacun -remis à fa place,
ils repréfentèrent l’écriture dans fa totalité. Ce
qui 11e feroit pas arrivé fans miracle, fi elle
avoit eu moins de confiftance, & fi la cire avoit
été plus molle. Baudri, abbé de Bourgeuil >
dans la defeription en vers qu’il a faite de fes
tablettes, dit que la cire en étoit verte , qu’elles
n’en étoient enduites que d’un coté , Sc que les
32 pages dont elles étoient compôfées, les deux
extérieures déduites , ne donnoient que quatorze
pages fur lefqüelles on pût écrire. Les auteurs
du moyen 'âge appellent ces tablettes tabule.
Chez les anciens, elles portoient ce nom &
celui de cers prefque indifféremment:. Elles ,n’é-
toient pas toujours de cire. La craie , le plâtre
dont on les euduifoip, les mettoieat également
e*
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«n état de recevoir toutes fortes d écritures. *
« L ’ufage des tablettes de cire s’eft maintenu
dans les journaux, & dans les livres de recettes
& de dépenfes, jufqu’à ce que le papier de chiffre
ait prévalu. Les manufactures établies en divers
endroits rendirent cette matière fi commune, oc
la réduifirent à un fi bas prix, que les tablettes
de bois enduites en cire ne pouvoient pas coûter
moins. D’ailleurs les livres de papier étoient incomparablement
plus commodes & plus agréables
à la vue. Il n’étoit pas, à la vérité, néceffaire de
renouveler fort fouvent les tablettes : on- en avoit
un certain nombre > & quand rien n obligeoit
d’en conferver l’écriture, on l’effaçoit pour en
fubftituer d’autres. Il eft peu de ces anciennes
tablettes, où l’on ne découvre quelques veftiges
d’une écriture encore plus ancienne , échappée
à l’attention de ceux qui avoient pris à tache de ■
l’anéantir. Nous en avons remarqué Sc fur les
tablettes du tréfor des chartes, & fur celles de
Saint-Germain-des-Prés , que nous avons déchiffrés
dans toute leur étendue. Mais il ne faut pas
confondre ces traits avec certains mots oublies,
& qu’on écrit après coup en interligne. » *
« Ç’eft*par la raifon que de nouvelles écritures
fe fuccédoienc les unes aux autres fur ces
tablettes , qu’on n’en trouve guères de plus
anciennes que les premières années du x i v e fiècle.
Comme bientôt après on leur fubftitua desregif-
tres de parchemin ou de papier, on ne prit plus
la peine de rajeunir le? premières. On les laiffa
d’abord dans les archives comme des meubles
inutiles. Elles devinrent avec le tems des antiquailles
3 qu’on crut devoir refpeCter. On les garde
aujourd’hui comme des curiofités, qui tirent leur
principal mérite de leur rareté. »
Cire punique. Cette préparation, qui étoit la
bafe de la peinture encauftique des anciens, avoit
la propriété de fe diffoûdre dans l’eau comme les
favons, & elle fervit à la médecine, félon Pline.
M. le chevalier de Lorgna ( Journal de Phyf. nov.
, 178y.) a retrouvé cette préparation. Il prend,
i en fuivant à la lettre le procédé de Pline, de la
| cire blanchie par l’eau de la mer, comme on le
1 pratique encore dans les provinces maritimes à
[ l’exemple des anciens. Il la jette dans une leflive
de natron, qui eft le pitre de Pline, à la quantité
d’une partie de natron contre vingt de cire.
Cette préparation a très-bien réufli pour l’encauf-
tique, & n’offr£ ajucun danger à craindre pour
la médecine.
La cire du commerce n’eft jamais affez pure j
il faut la'blanchir par les procédés indiqués dans
Pline, & fe fervir de natron d’Egypte, y
« La préparation de la cire y par M. Bachelier, fe
: fait avec l’alkali du tartre. Mais ce fa von a l’in-
! convénient d’être déliquefeent & d’altérer-cer-
taines couleurs, & notamment les bleus, ou azurs.
*oyer Encaustique.
Antiquités, Tome IL
C I R
C ire (Droit de). Voye\ C e u a r i u m .
CIRNEA, vafe à mettre le vin (Plaut. Amphfi.
l. 1. Z73.) :
Cadus erat vint : inie implevi tirneam.
CIROGRAPHE.
CYROGRAPHUM.
kf. \ « Si
les chartes parir
CHARTES-PARTIES., H
clés ne furent jamais totalement abolies, aliène
les auteurs de la nouvelle Diplomatique, du
moins la mode fetnbla-t-elle s’en palier en certains
fiëcles, pour faire place aux chartes-farn«.
Celles-ci étoient divifées en ligne droite par des
caractères, des images, des lettres majulcnles.
La défiance avoir fait changer les chartes écrites
d’une même teneur, en chartes divifées par des
lettres capitales ; un furcroît de précaution t
couper en zigzag , ou en forme de fçie , ces
mêmes lettres . & conféquemment les pièces lue
lefqüelles elles étoient écrites. C eft ce qu on
appelle indentiv*, chant indencat*, mdentau htter&
y f e r ip t u in d e n t a ta . «
« Quand on faifoit un ade double entre deux.
=, parties intéreffées, dit le P. Lobmeau (
» de Paris, tom. j . p. ix r tr . ) dans fon Glolfaire,
„ on écrivoit fur la même piece de vèhn , en
» commençant vers le milieu , Se continuant-
» jufqu’au bout de chaque côte , & entre les
» deux copies on écrivoit en grofles lettres le
» mot chyrographum, que l’on coupoit enfuite ou
I en ligne droite,, ou en ligne denteleç ; & cfia-
» cune des parties emportoit fon duplicata , a *
« repréfentation duquel* dans la fuite, on ne pou-
.. voit manquer de reconnoitre la vente de 1 acte
I par la rencontré des lettres coupees. >= Cet
ufage a èn quelque forte été renouvelé de nos
jours dans les billets de banque du fameux fyf-
tême > & même dans les billets de loterie. »
*« Le mot chyrographum n’ étoit pas fimplemént
le nom de ces chartes ï il y tenoit ençore lieu
de fymbole, à la faveur duquel on devoir recon-
noître leur vérité. Nous avons trop de chores i
dire de ces fymboles, infcriptions, lettres ou
peintures partagées par la moitié, pour nous
refufer la liberté de créer un terme d art qui
nous délivre des circonlocutions perpétuelles qu a
ne feroit pas poflible d'éviter autrement. Nous
n’en voyons point de plus propre que le mot meme
cirographc, qui fe produit fans ceffe fur les char-
t e s - tw a « , & fur les plus anciennes endentures.
Nous nous en fervirons donc pour ces.écritures
ou lettres capitales, coupees par la moitié, Sc q ui
fe trouvent à l’un ou a plufîeurs des quatre cotés,
des chartes. Et nous ne nous bornetons_pas i
en ufer ainfi, loriqu’elles porteront en tete ou
ailleurs le mot cyrographummais nous etenorons
quelquefois cette dénomination aux autres inicrip-
BOBS qu’on y fuhftitue de tems en tems. Seulement