
que depuis la guerre de T ro y e ; & que l'on
employoit encore, à cette époque, les arbres
& arbriffeaux odorans, pour donner un goût
agréable à la fumée des victimes que Ton brûloit,
ou aux fumigations religieufes. Les grecs,, toujours
avides de merveilles, difoient que cet ufage
datoit du moment où un jeune homme très-
pieux , appellé Lioanus, avoit été métamorphofé
dans l'arbre d'où diftille Xencens. Cette fable a.voit
pour fondement le nom grec de Y encens3 a /©*»o?.
Encens ( coffret à À c e r r a .
Le grain d’encens que l’on jettoit dans le feu
facré , étoit rond : Pline le dit en terme exprès
(hiß. nat. lih. X I I . c. 14. ) en parlant de l'arbre
qui porte Y encens : guod ex eo rotunditate gutta
pependit maCculum vocamus ; & il ajoute que cette
efpèce d'encens étoit confacrée à la religion , reli-
gioni tributum 3 ne fexus alter ufarparetur j on le
tenoit avec deux ou trois doigts. Laétance ( V.
io . ) dit : thura tribus digitis comprefienfa infocum
jaäare; & S. Jérôme écrit dans fon épître à
Heliodore : non eß in eo tantum fervitus idoli 3
f i quis duobus digitulis thura comprejfa in bußum ara
jaciai. Telle eft'précifément l'attitude exprimée
dans le monument que préfente le n°. 1. de la
pl. 66. du IV. vol. des recueils d’antiquît. du
C . de Caylus. Le volume ouïe rouleau que cette
figure tient dans fa main, n’eft peut-être que l'enveloppe
qui renfermoit Y encens avant le facrific'e.
Juvenal parle de Y encens, & de fon enveloppe,
dans ce vers, où il dit: (fu t. X I I I . v. 1 15 .)
.........................................................Auteur
ln carbone tuo charta pia thure foluta
Ponimus ?. . . .................................
C e que Rutgers ( Var. Crit. I. V. c. $. ) prend,
fans vraifemblance , pour un rouleau , fur lequel
étoient écrits les voeux que l'on adreffoit au dieu
dans le facrifice. .
E N CH A N T EM E N S . Voye^ C harmes ,
H é c a t e , & toutes les efpèces de D iv in a t io n .
ENC LY SEU S. Muratori ( The fi 1048. 5. )
rapporte une infeription fur laquelle Enclyfeus eft
appellé le dieu particulier de Gaza en Paleftine.
C ’eft la feule fois qu'il en eft fait mention dans
l ’antiquité.
ei-k o m îc m a , f petit manteau blanc que
portoient les efclaves grecs par-defïus leur tunique
( Pollux ) comme habit de deffus 5 il étoit
commun aux efclaves des deux fexes : de là vient
la fynonimfé des mots twcApßthrtw&kt & o-Tohttrà&eti.
ErKÛMIOrPAÆOc EIC TON AYTOKPATOFA.
ENCOMIOGRAPHÜS imperatoris. Muratori
C The fi. o. 1 . ) rapporte une inferiptiorç grecque,
trouvée à Thèbes en Béotie , fur laquelle on lit
ce furnom donné à un thébain , appellé Zofime.
ENCRE . L’ encre des anciens n’étoit pas fi
fluide que la „nôtre 5 il n'y entroit pas de vitriol.
C'eft ce que que l'on peut juger à Portici, par la
couleur des lettres qui font encore plus noires
que les manuferits, quoique ceux-ci foient prefque
convertis en charbon. Cette couleur en facilite
beaucoup la leéture > car,-fi on eût employé de
Y encre faite avec du vitriol, elle auroit change
de couleur, fur-tout ayant été expofée à la chaleur
du fe u , & elle feroit devenue jaune comme
Y encre de tous les vieux manuferits écrits fur du
parchemin. De plus , une encre de cette qualité
auroit corrodé les pellicules délicates du Papyrus,
comme il eft arrivé dans les manuferits écrits
fur des peaux : car, dans le plus ancien Virgile
& le Térence, manuferits de la bibliothèque du
Vatican, les lettrés font enfoncées dans le parchemin
; quelques-unes même y ont fait des trous,
caufés par l'acide corrofîf du vitriol.
C e qui prouve que Y encre des manuferits d'Her-
culanum n'a pas été fluide, c'eft la faillie des
lettres j ce qui s'apperçoit lorfqu'on regarde à la
lumière unp feuille, & qu'on la ticnt> horizontalement
, toutes les lettres paroiffent en relief
fur le papier, par conféquent cette encre reflem-
ble plutôt à celle de la Chine qu'à la nôtre,
& n'eft qu'une efpèce de couleur épaifTe. A cela
fe rapporte un paffage de- Démofthène ( 1 ) ,
où cet orateur reproche à Efchine, que la pauvreté
l'avoit réduit dans fa jeuneffe à balayer les
écoles, à effuyer des bancs avec une -éponge, &
à broyer Y encre , ( to pixetv rpl/3 m ) 5 ce qui montre
que Yencre demandoit les mêmes préparations que
les couleurs des peintres , & qu’elle n'étoit point
fluide. C'eft aufli ce que fait voir celle.qu'on a
trouvée dans un encrier découvert à Hercuîanum j
elle paroît comme une huile graffe avec laquelle
on pourroit encore écrire aujourd'hui.
Un favant de Naples a dit que Y encre des anciens.
pouvoit être le fuc noir du poiffon , connu
fous le nom dé seche § qui pour cela, en Italie,
s'appelle aujourd'hui calamaro. Cette liqueur étoit
nommée chez les grecs ôao? , q ui, fuivant le commentaire
d’Héfychius, n'étoit autre chofe que
le rvfi ffy7rlcts3 le noir de la fiepia. Perfonne
n'ignore que cette liqueur fert de défenfe à ce
(1 ) O rat. vre£j st<p. fol. 41. a. lin. 4.'edit.
Aid. 1554.
poiffon contre d’autres grands poiffons qui le pour-
fuivent j il lâche alors ce fuc de fa veflie , ;
ce qui rend l'eau trouble & noire, ôç le dérobé
à la vue de fes ennemis. C'eft ainfi qtie le renard ,
pourfuivi par les chiens, lâche fon urine, qui,
par la force de fon odeur , détpurne les chiens
de la voie, & facilite au renard le moyen de •
s'échapper. Mais il ne paroît par aucun paffage^,
dit Winckelmann , que les anciens aient fait
ufage de ce fuc de la seche. Nous favons cependant
que les peuples feptentrionaux préparent
aujourd’hui leur encre avec le fuc de la seche
& l’alun. Dans les fiècles de l'antiquité, les africains
compofoient leur encre avec la seche & le
jus des pavots.
- Allatius dit avoir vu de Yencre compofée de
poils de chèvre brûlés 5 cette encre étoit un peu
rougeâtre, luifante, & elle s'uniffoit fi bien au
parchemin qu'on ne pouvoit 1 en détacher, 8c
qu'elle ne changeoit jamais de couleur.
L ’encre des anciens, dit la nouvelle Diplomatique
, n'avoit de commun avec la .nôtre que la
gomme & la couleur. On l'appelloit qtramentum 1
feriptorium où librarium , pour la diftinguer de
Y'atramentum futorium ou calchantum. Au lieu que
Y encre d'aujourd'hui eft compofée de vitriol, de
noix de galle & de gomme 5 le noir de fumee ,
ou la fuie de la réfine y de la poix, des torches
& des fourneaux, étoit la bafe de celle des anciens.
A la fuie on fubftituoit quelquefois ie tartre
ou la lie de vin , l'ivoire brûlée, les charbons
pilés. L’encre 3 dont on fe fervoit pour écrire ,
quelles que fuffent les drogues dont elle étoit
compofée, fe faifoit toujours au foleil, 8c ne
paffoit peut-être jamais au feu. Telle étoit Y encre
du temps.de Diofcoride & de Pline le naturalifte.
Elle n'étoit pas encore différente au V ll.fiè c le ,
comme le prouvent les origines de S. Ifidorede
Séville.
Le noir eft tellement la couleur de Y encre,
qu'on ne conçoit pas communément que ces
deux idées puiffent être féparées. Cependant ,•
il y a eu & il V a encore des encres rouges ,
bleues , vertes & même jaunes. Les unes & les
autres, à la dernière près , furent employées plus
fréquemment par les écrivains des iqanufcrits que
celles d'or Sc d'argent. Ils en formoient les titres
& les premières lettres des livres, des chapitres,
des paragraphes. Malgré la diverli.te des drogues
& le plus ou le moins de vivacité des différens
rouges, rien de plus ordinaire aux auteurs du
moyen âge que de confondre leurs noms , &
fur-tout ceux de cinabre & de pourpre. Le vermillon
minium., avec lequel on écrivoit les titres
des livres, étoit d’un rouge incomp'arablement
plus éclatant que celui dont on reignoitles feuilles
de certains manuferits. C ’eft de toutes les couleurs
celle qui s'y reproduit le plus copftamment.
L’ufage en étoit ft général des le fiecle d Au-
gufte, qu'on regardoitcomme un ligne d une grande
affliélion, que les titres d’un livre n’ en fufîent
pas formés.
Nec titillas minio nec cedro charta notttar
Il ne s'en trouve pourtant plus où elle règne
d’un bout à l’autre. Mais dans un allez grand
nombre , elle femble partager avec l'encre noire
toute l’étendue des volumes. Telles étoient ces
anciennes rubriques, qui occupoient quelquefois
des pages entières : elles reviennent fans celle
dans les euchologes & les pontificaux. Cette couleur
n'étoit pas feulement deftinée à l’ecriture
des titres & des lettres initiales, elle étoit encore
placée à la marge ,. pour faire oblerver au
le àeu r , foit par des notes diverfement figurées,
foit par de courtes remarques, les traits du texte,
i dont l’excellence, la fingularité ou l’excès de-
! voient attirer fon attention. A la fin d un livre ,
i l’écrivain vouloit-il énoncer fon nom, en quel
lieu , en quel temps il l’avoit é c r it, pour qui &
par quel ordre'-il l'avoit fa i t , tout ce détail étoit
.fouvent exprimé en caraérères d une couleur differente
du corps de. l’ouvrage, ordinairement en
vermillon.
L ‘ encre pourpre eft beaucoup plus rare dans
les diplômes que dans les manuferits. Jamais on
n'a vu des chartes totalement écrites d’ une autre
encre que la noire. Cependant Heumann d i t ,
d’après Baldus, que ce Jurifconfulte avoit vu un
certain privilège entièrement écrit avec de l’encre
pourpre, mais peint avec tant d a r t , q ud pa-
roiffoit tantôt rouge , tantôt noir_, tantôt de couleur
d’or , fuivant que fes différentes pofitions
faifoient réfléchir la lumière. Cette merveille eft
commune à tous les manuferits & diplômes de
vélin pourpré.
L'encre rouge p^rut élevée au delfus de toutes
les autres par lé choix qu’en firent les empereurs
d’Orient, pour fouferire les lettres, aftes, diplômes
, drelfés en leur nom, ou émanés de
leur autorité. Elle étoit d'abord compofée du fang
de la pourpre , coquillage dont on peut voir une
defeription fort étendue dans Pline le naturalifte.
C ’eft avec la pourpré cuite aü feu & avec fes
écailles réduites en poudre qu’on faifoit cette
encre facrée .facrum cncaujlum , qu’ il étoit défendu ,
fous peine de la v ie , d’avoir, de rechercher ou
’ de tâcher d'obtenir des officiers qui en avoient
la garde. Agir autrement, c’étoit fe rendre fuf-
peét d’ afpirer à la tyrannie , s’expofer à la perte
de tous fes biens & même au dernier fupplice.
D'un autre c ô té , la loi qui impofoit des peines
fi rigoureufes ne permettoit pas de reconnoître
polir, refcrjts impériaux ceux où la fignature du
V v v ij