
roi «les Phlégiens, fut le quatrième qui pilla
le temple de Delphes , environ 1295 ans avant
J. C. Soixante & dix:huit ans après., Pyrrhus,
fils d’Achille , tenta la même entreprile. Les
Criffens portèrent leurs miins impi.S fur les
richeffes de ce temple,- 605 ans avant J. C. Le
fameux Xerxès, l’an 480 avant J. C . , envoya
à Delphes un détachement de fon armée formidable,
avec ordre de piller le temple d Apollon,
ëc de le détruire 5 mais fon entreprife ne réuflit pas.
Les Phocéens, peuple voiiin de Delphes,
pillèrent le temple à trois différentes réprifes,
dont la première s’exécuta 3 6 y ans avant 1 ere
chrétienne. Les Gaulois qui n’avoient pas moins
d’avidiré que les Phocéens, tentèrent deux fois
le même pillage ; la première fois l’an 279 avant
J. C. fous Brennus qui y fut tu é , & fa fécondé
fois 114 ans avant J. C . , .avec un fucéès plus
heureux, mais non pas fans avoir perdu beaucoup
de monde à cette expédition. Trente ans après,
ç’èft-à-dire, 84 ans avant l’ère vulgaire, les Thra-
ces portèrent leurs mains facriléges fur le temple
de Delphes, 8c le brûlèrent Pan 670 de Rome.
Enfin l’an 819 de la fondation de cette capitale
du monde > Néron voyageant en Grèce,
n’oublia pas de vifiter le temple dApollon, &
y ayant trouvé à fon gré 500 belles ftatues de
bronze, tant d’hommes illuftres que de Dieux,
il les enleva, les chargea fur fes vaiffeaux, 8c
les emporta avec lui à Rome. Ce font la les
principaux pillages qu’effuya le fameux temple
de Delphes, avant 8c même depuis la ceffation
de fes oracles. '• .
On conçoit bien qu’un temple de_ cet ordre
demandoit un grand nombre de miniftres pour
le deffervir ; & jamais fon autel n’en manqua.
Il y avoit d’abord plufieurs collèges de devins 5
cinq facrificateurs perpétuels, ou chefs , immo-
loient les viétimes, faifoient paffer la facrificature
à leurs enfans, & avoient fous eux quantité de
facrificateurs fubalternes ; un nombreux cortège
de prêtres étoient chargés, les uns du dehors,
& les autres de l’ intérieur du temple : ceux qui
paffoient pour être les mieux inftruits de fes
antiquités, les expliquoient aux étrangers, &
leur montroient foigneüfement toutes les offrandes
que la piété. des1 peuples avo:t confacrées ;
Ils leur apprenoient par qui telle ftatue, ou tel
tableau avoit été envoyé, quel en etoit lé ftâ-
tuaire ou le peintre , dans quel temps' 8c à quelle
occafion on l’avoit envoyé.-
A l’entrce du fanéfuaire habitoit le gardien
de l’or d’Apollon ; emploi de confiance, mais
des plus étendus 8c des plus pénibles. Les prophètes
défignés pour accompagner la Pythie dans
le fanétuaire, 8c pour être affis autour du trépied
facré, tenoicnt un des premiers rangs entre les
miniftres d’Apollon, parce que c’ étoit à eux que
l’on adrefloit lés demandes, 8c que l’on recevojt
4’eu? les réponfes de f oracle,.
En Portant du fanéfcuaire on trouvoit les femmes
confacrées au fervice du Dieu , qui fè ran-
geoient en haie fur le perron, pour empecher
que les profanes n’ approchaflent du trépied. D autres
prêtreffes étoient occupées à la garde- a
l’entretien du feu facré qui brûloit jour 8c nuit.
Il y avoit encore des hommes 8c des femmes
prépofés uniquement pour , les bains 8c les purifications
du temple. : y r
Si nous ajoutons à toutes ces perfcnnes confacrées,
les joueurs d’inftrumens, les hérauts qui
annon'çoient les feftins publics les choeurs : de
jeunes garçons 8c de jeunes filles, choifis pour
chanter les louanges. 8c pour dan fer les danfes
en ufagedans le temple d'Apollon; nous conclurons
fans peine, que la plus grande partie dès
habitans de Delphes étoit employée à le ferYir
( Article du Chevalier du Jaucourt ).
Delphes ( Oracle de ). C’étoit le plus fameux
oracle du paganifme, qui devint, pour ainfi dire,
l'oracle de toute la terre; il précéda le regne-éde
Cadmus, 8c fubfîftoit même avant le déluge de
Deucalion.
Diodore de Sicile , Strabon, Paufanias , Plutarque,
racontent que des chèvres qui paiffoient
dans les vallées du mont Parnaffe, s’ étant avancées
vers une efpçce d’antre peu connu, .firent
des bonds étonnans i 8c pouffèrent des c r i e x traordinaires.
Bientôt les pâtres, les villageois,
8c tous les habitans du lieu, éprouvèrent à leur
tour les mêmes affections, 8c fe perfuaderent que
quelque dieu étoit venu fe cacher dans le fond
de l’abîmé, afin d’y rendre fes oraclesi On attribua
d’abord l’oracle à Neptune 8c à la Terre ; delà
Terre, l’oracle paffa à Thémis fa fille : enfuite
elle s’en démit en faveur d’Apollon, qu elle che-
riffoit particulièrement. Enfin celui-ci demeura
par fon habileté dans la fcience de deviner, a laquelle
il s’étoit appliqué dès fa plus tendre jeu-
neffe, demeura, dis-je, maître de l'oracle, 8c1
l’éleva au plus haut point de célébrité. Ce détail
fabuleux fe trouve chez les hiftoriens comme
chez les poètes.
Apollon fut donc le dernier poffeffeur de l ’Oracle
de Delphes, & s’y mainf nt avec plus ou moins
de gloire, fuivant les conjonctures, le degré de
fuperftition des peuples ,- ou l’induftrie des prêtres
, jufqu’au temps que les Thraces pillèrent:
fon dernier temple, Sc le brûlèrent vers 1 an 670
de la fondation de Rome. Pçndant ce long efpace
de Cèdes , le temple d’Apollon regorgea de pre-
fens qu’on y envoyoit de toutes les parties du
monde. Les Rois, les Potentats, les Républiques,
8ç les particuliers n’enrreprenoient rien fans l’avoir
confulté. Tout ce qu’ il y avoit d’habitans a
Delphes travaiiloit à l’envi à lui procurer des con-
fultations , 8c à lui attirer les étrangers , afin de
leur vendre les oracles au prix des plus fomptueux
I facrifices 8c des plus magnifiques offrandes. Tous
fP.S
ces habitans étoient occupés à l'entretien, du temple,.
aux facrifices, ou aux cérémonies qui concer-
doient les oracles ; tous briguoient avec zèle
l ’honneur d’ être les miniftres d’un Dieu qui les
-combloit chaque jour de nouveaux bienfaits
( V^oyez l'article précédent. ').
Parmi "ce s miniftre-î fe diftinguôient ceux qu’on
nom » oit le s Prophètes , ■ srpoçvjai. ils avoient fous
eux des poètes qui metcoient les oracles en vers.;
fâi'r il n’y a eu que de .courts intervalles de temps
.pensât Iefquels on les rendit en profe. L ’antre
d’où forcoient les oracles, étoit fitué vers le mi
lieu du mont Parnaffe, du côté qui regardoit le
midi. C’ttoient les prophètes qui recevoient les
paroles de la Pythie : elle' montoit fur le trépied
facré pour rendre les oracles du Dieu , quand il
vouloit bien fe communiquer aux hommes ; mais
les oracles qu’elle prononçoit n’étoient point faits
pour le plaifîr des oreilles, ni pour porter dans
î’ame ce tendre intérêt qu’excitoient les poëfïes
de Sapho. La voix de la Pythie, dit Plutarque,
atteignoit jufqu’au de-là de dix fiècles, à caufe
du Dieu qui la faifoit parler.
C’eft à l'oracle d’Apollon que la ville de Delphes
dur fa n iû ance 8c fon agrandiffement ; elle lui
dut fa-réputation, 8c ce grand éclat qui la fit ré- .
garder comme le centre de la religion, comme le
féjour favori des Dieux. Quoique cette ville n’eût
autour d’elle que des précipices 8c des rochers
pour pourvoir a fes befoins, ' oracle d’Apollon
lui tenoit lieu des plus riches coteaux 8c des
plaines les plus fertiles ; mais ce Dieu ne fe. prê-
toit pas toujours à la euriofité des confultans ;
d’ailleurs il étoit très avide de facrifices, 8c très-
•difficile à leur égard. Si on entroit dans le
fanétuaire du temple fans avoir ' facrifié, le Dieu
étoit fourd , la Pythie étoit muette ( Voye£ fur
cette matière Plutarqrre ; les mcm. de T Acad, des
Infcript. Y an Dale , de oraculis Ethnicorum , 8c
■ i'hijloire des oracles de Fontenelle ). J’ai parcouru
tous ces ouvrages la plume à la main ; 8c le faifant
dans les mêmes vues que Montagne , je pratique
4a méthode : « Ce que je l i s , je m’en dégorge,
» non fans deffein de publique inftruétion ; je
?» prête attentivement l’oreiile aux. livres de ce
» genre , en guettant fi j’en puis fripponner beau-
W, coup de chôfes pour émailler ou étaler celui-ci
Ç'Arttcle êutCkevààe Jaucourt. )-.W'
D elphes.^Voye^ Py th ie , T e.epied.’ "
D elphes , dans la Phocide. A e Ai a n :
M. Peller-in doute fi l’on doit, attribuer I"cette
ville uhe'médaîllé d’argent autonome, fur laquelle
on ne lit querie mot ; 8c il croit que
c’éft vraifembla'blernçnt lë nom d’un Magiftrat.
-Cet« v ilk .a fait frapper des médaillés^w^pé^
riales grecques en l’honneui; d’Hadrien , d’Anti-
pôüs, de FauftinC-rnère , dë'Caracaila.
. iDELPHîNIES,. fêtes.que les habitarjs d’Fginp
AiUiÿuités ? Terne 11f
céjébroient en l'honneur d’Apollon Delphi us. Ce
.Dieu avoit été ainfi appelé depuis qu’il avoit pris
la forme d’an,dauphin pour conduire Caftalius ëç
fa colonie de l’ifle de Crète, au Sinus CriJfÆus,
aux environs duquel on bâtit dans la fuite la ville
de Delphes ,r fi fameufe-par l’Oracle d’Apollon.
D E L PH IN IUM , une des Cours de Judicature
des Athéniens ; on y écoutoit ceux qui ne défa-
voiîoient point un meurtre, mais quiprétendoient
l’avoir commis innocemment. On en attribue l’inf-
titution à Égée ; 8c fon fils, accuf4.de la mort de
Pallante, fut, à ce qu’on dit, le premier coupable
qu'on y jugea. On l'appela Delphinium , à caufq
de la proximité du lieu où elle tenoit fes léarr-
ces 3 8c du temple d’Apollon Delvhinius.
DE LPHÎN TUS, nom d’un des mois de l’année
chez les Éginètes. Il étoit ainfi nomme d’Apollon
de Delphes , parce qu’en ce mois-là , Egine célébrait
les Hydrophories en l’honneur de cet Apol-
làïï (Sckoliajfe de P induré fur le 82e vers de la v*
Ode des Neméenms, & M. Ménage, notes fur
La'êrce , p. i 3. ). Dodwel ( de Cyclis 3,p. 114. )
dit que le mois Delphinius répondoit au Panemus
des Macédoniens, c’ eft-à-dire , à notre mois de
Juin.
DE.LFHU6 , fils d’Apollon 8c de Thyias, Prê-
treffc de Bacchus, donna fon nom à la ville de-
Delphes,1 V Thyias.
DELUBRtJM. Quoique ce mot foit fouvent
fynônyme de tempïum , il en différait cependant
dans la langue des-Augfires'8c des Pontifes. Afco-
nius, commentateur dé Cicérôn (/j. 17 .) rapporte
à ce fujet deux opinions anciennes : la première-
dontroit cxcltifivement le nom delubrum à plufieurs
petites &des réunies fous un même toit; la féconde
réfervoît ce nom pour les temples dans Iefquels on
confervoit de grands vafes d’ airain (labra)employés
pour laver les corps des'/morts-: tels étoient les
temples de Jupiter à Dodone , ou d’Apollon %
Delphes, tous deux célèbres par le grand nombre
‘dé baffins 8c de trépieds qui y. étoient dépofes y
in quorum delubris• Lebetes , tripodcfque viftntur.
Servius rapporte ces deux opinions, 8c en ajoute
une troifième : celle-ci “dérive le moi delubrum.
d’une'.ftâtue dé Divinité" confacrée fur le lieu
'mêmé V parce que lès premiers Romains appelèrent
liber une ftatue groflièrement ébauchée, un tronc
à peine écorce 8c dégroffi , a libro , hoc efi, k
rafo ligno facïum, quod grscè Z.oayov dicitur7 Ma-
crobe a cité* Varron'C^f.^zi/, c. 4. ) | qui appelle
delubrum k.n temple finalement confacrc ( tdet ) >
auquel étoit joint un efpace de terrein vuide de
bâtimens, une place. Mais à cette première étymologie,
Varron en ajoute une fécondé qui paraît lui
plaire -davantage , 8c qui nous parait auffi la plus
nat-urelle: delubrum défigne alors l’endroit lè plus
retiré, le' plus faint, des temples, celui où etoit
plâcee .fetue tleJaDivinité; delubrum, in