
femejnt de fa puiffatice aux fuccès de fe$ armes,
entreprit de donner à fon état une nouvelle force
& en même-temps un nouveau luftre par des
voies de prudence. Le temple de Diane a Eph'efe
ésoit pour lors célèbre par tout 1 univers > on
croyoitque les villes d'Alie s’étoient réunies pour le
iconftruire à frais communs. Servais, à force de
faire valoir aux chefs des Latins, avec lefquels
il s’étoit uni à deffein, les avantages qui rcfultoient
de [’unanimité de tous les peuples de la Grèce
dans le culte des mêmes Dieux, les engagea enfin
à fe joindre aux Romains pour bâtir à Rome un
temple de Diane qui fût commun aux deux nations.
Cétoit donner évidemment à cette ville le
titre de capitale de l’ Italie, qu’ils lui avoient
tant de fois contefté par les armes. Mais quoique
les Latins fejnblaffent avoir renoncé à cette prérogative
, après avoir fait tant d’efforts pour en
jouir , un Sabin crut avoir trouvé l’occafion de
la revendiquer, & de rendre à fa patrie l’empire
qu’elle avoit perdu. Il étoit n é , dit-on, chez
tin particu ier de cette nation, un boeuf d’une
taille 8c d’ une beauté extraordinaire. Ses cornes
confervées pendant plufieurs Cèdes dans le vef-
tibülç du temple de Diane où elles avoient été
attachées, atteftoient ce prodige. Les devins
confultés fur cet événement, qui paroiffoit miraculeux
, répondirent que celui qui immolerait à
Diane cette vi&ime, procurerait à fa nation
l’empire de l’Italie. Le prêtre de la Déeffe fut
inftruit de cette réponfe. Dès que le Sabin eut
trouvé le temps qu’ il croyoit convenable pour
faire ce facrifice, il conduifit le boeuf à Rome
& le mena devant le temple de Diane. Le prêtre
Romain jugeant par la taille de la viftime, que
c ’étoit l’animal dont l'Oracle avoit parlé , 8c cherchant
à tromper le Sabin : Qu alle[-vous faire ,
lui dit-il? gardez-vous d’offrir a Diane un facrifice
impie. Que n allez-vous auparavant vous purifier
dans les eaux du Tibre qui coulent au bas de ce
vallon-
L ’étranger touché de cette remontrance 8c
craignant d’ailleurs que fa négligence ne fût un
obftacle à l’événement qu’ il attendoit, defcendit
fur le bord du Tibre. Le ^prêtre profita de ce
temps pour immoler lui-même le boe u f, & il
s’acquit par ce fervice important les bonnes grâces
du Roi & de tout le peuple. Le temple de Diane
devint fi célèbre, que le Mont Aventin fur lequel il
étoit bâti fut nommé le Mont de Diane, ( Mar*
tial. Epigr. lib. ~J , Epigr. 72 ).
Efquiliis domus eft, domus eft tibi colle Diana.
Junon s’oppofant à la marche d’Annibal vers
Rome, lui repréfente tous les Dieux de cette ville
fe préparant à le punir , s’il ofoit s’avancer} elle
lui peint Diane entr’autres dans ces termes. ( SU.
lib, 12 , v. ||p§ ) f
At au# viciais tollit fe collibuf alfa?
Molis Âventinus , viden ut Latotiia virg&
Accenfas quatiat Phlegethontis gurgite ttxdas.
Les Grecs, fuivant Appien ( Appian. d e ie ll.
civ. lib. 1. ) s’en fervirent comme d’une forte-
refiè , 8c s’y retranchèrent comme dans un lieu
de défenfe pendant la guerre civile.
II y avoit fur la même montagne un autre
temple de la lune dont parle Ovide :
Luna régit menfes ,* hujus quoque tempora menfis
Finit Aventino Luna colenda jugo.
Il n’eft pas douteux que les Romains ne fe
formaffent de cette Déeffe les mêmes idees^que
les Grecs , & qu’ils ne lui ayent donné les’memes
attributs, quoiqu’elle ait reçu de ces peuples
d’autres furnoms pour des raifons particulières.
C’eft ainfi qu’elle fut furnommée Raftana , dune
famille Romaine dans les terres de laquelle on
lui avoit vraifemblablement élevé un temple ou
quelqu’ autre monument. Cette épithete fe lit fur
une infcription trouvée à Rome ( Spon. Mifcell*
trud. antiq. ) vers la voie Appienne :
DIANAE RAESIANAE
Q. RAESIVS Q. FIL. SVRPINVS
CV.M RA ES IA HERCVLANlOLA
SACRVM.
A quelque diftanee de Rome, en fuivant la
voie Appienne on trouve une ville nommée
Aricia, 8c près de cette ville un bois fameux &
un lac confacrës à Diane. Strabon ( Strabon. lib.
v, p. 239 ) entre dans un détail circonftancie fur
la pofition A’Aricia, fur le bois (acre de la Deeffe,
& fur les cérémonies religieufes qui y etoient en
ufage. Il dit que ces facrifices avoient quelque
chofe de'barbare, 8c qu’ ils étoient femblables à
ceux que l’on offroit à Diane Taurique.
Le culte de Diane etoit établi en Campante s
elle avoit un temple célèbre fur le Mont Tifâte
où Sylla vint (Velleius, lib. 2, ) après fa victoire
rendre grâce à la Déeffe. Pofi vitloriam , qua
defcendens Montem Tifata cum C. Norbano concurrent,
Sulla grates Diana, cujus numiniregioilla,
facrata eft, folvit. Il n’étoit qu’à trente ftades de
Capoue, félon Paufanias ( Eliac. 1. ) , qui dit
avoir vu dedans une tête d’éléphant. Une infcrtp-
tion trouvée fur le Mont Tifate, fait connoitre
que le furnom de Tifaténis fut donne a Diane,
( Spon, Mifcell. Erud. antiq. )
C. VELLEIO C. F. PAL, VRBANO
MAG. FAN. DlAN. TIFAT. HONORAT0
EQVO PVBLICO AB IMP. ANTONIO
CVM AGERET AESTATIS AN* ' V.
Ç . VFLLEIVS ■ VRBANYS ET TPLLlA
JIICI PARENTES D. p , p f
Diane étoit honorée dans plufieurs autres lieux
d’Italie. ( Apollon. Argon, lib. ïv . )• Les Ifles
Abfyrtides ou Brigéides furent nommées auffi les
Ifles de Diane. Horace ( lib. i . o d . l i ) nous apprend
que le Mont Algide lui étoit confacré.' Sur
une médaille d’argent des Brutiens elle eft repréfentée
de bout tenantde la main droite un javelot,&
de la gauche une torche allumée, avec une étoile
dans le champ & un chien à fes pieds. Selon
Thucydide, elle avoit un temple aux environs de
Rhège. Enfin, fon culte étoit aufli établi en
Sicile. L ’on connoît affez la belle ftatue de Diane
de Ségefte, qui faifoit un des ornemens de la
galerie de Verrès.
» Diane , dit Winckelmann ( Hift. de l'Art. )
a plus que toutes les autres Déeffes fupérieures
les formes 8c l ’air d’une Vierge. Douée de tous
les attraits de fon fexe, elle paroît ignorer quelle
eft belle. Mais fes regards ne font point baiffés
comme ceux de Pallas. Ses yeux pleins d’alé-
greffe font dirigés fur l’objet de fes plaifirs, la
chaffe. Cette Déeffe, étant le plus fouvent re-
préfentée en pleine courfe, porte fes regards
droit en avant, 8c, fans les arrêter fur les objets
contigus, les promène de loin devant elle. Ses
cheveux font relevés de tous côtés fur la tête, 8c
forment par derrière, furie co u , un noeud, à
la manière des Vierges } mais fon front n’eft pas
ceint du diadème } 8c fa tête ne porte aucun de
ces ornemens qu’on lui a donnés dans les temps
modernes : fa taille eft plus légère & plus
fvelte que celle de Junon 8c de Pallas. Une
Diane mutilée feroit auffi aifée à reconnoïtre
parmi les autres Déeffes, qu’il eft facile , dans
Homère , de la diftinguer des belles Oréades fes
compagnes. La plupart du temps Diane ne porte
qu’un vêtement relevé, qui ne lui va que jufqu’aux
genoux j mais elle eft auffi repréfcntée quelquefois
avec une longue draperie : feule entre.toutes
les Déeffes, on la trouve fur quelques monumess
avec le fein droit découvert ».
» En 175-0, on trouva dans les fouilles d’Her-
culanum une Diane de marbre de 4 palmes de
hauteur ( environ 2 pieds 8 pouces) dont l’ouvrage
annonce les premiers temps de l’ art. Cette ftatue
eft dans l’aélion de marcher, comme la plupart
des figures de Diane. Les angles de la bouche
font tirés en haut, 8c îe menton eft d’une forme
étroite ; on voit aifément que cette figure n’eft
pas un portrait , mais qu’elle eft exécutée d’après
une idee imparfaite de la beauté. Quoi qu’il en
fo it, elle a de belles parties, 8c fes pieds font
d’une telle fineffe, qu’on n’en trouve pas de plus
élégans aux figures véritablement grecques. Quant
aux détails, les cheveux font blonds, ceux du
fommet de la tête defeendent fur le front en
petites boucles, 8c ceux des faces tombent en
fongs flocons fur les épaules} mais par derrière
àls font noués- affez loin de la tête. Du refte elle
a la tête ceinte d’un bandeau fur lequel font
travaillées de relief huit rofes rouges. Scs draperies
font blanches 5 la tunique a des manches
larges, difpofées en plis boudinés , 8c fa chla-
myde eft pliffée parallèlement ainfi que la robe.
La bordure de la tunique eft formée par trois
petites bandes j l’inférieure eft d’ un jaune d’o r }
celle qui la fuit immédiatement eft large 8c de
couleur de laque, avec des fleurons blancs pour
indiquer de la broderie : la troisième eft de la
même couleur. La courroie du carquois,qui paffede
l’épaule droite fur le fein, eft rouge, ainfi que
celle des fandales. Cette couleur rouge dominante
rappelle laftatueque Corydon promet, dans
Virgile, d’ ériger à Diane, 8c qui devoir être de
marbre avec des brodequins rouges. La ftatue
d’Herculanum étoit placée dans un petit temple
dépendant d’une maifon de campagne fituée entre
Pompeii 8c Herculanum ».
On voit dans la galerie de Vcrfailles une Diane
antique trouvée à Arles, dont la tête eft moderne.
*» Dans le petit nombre de figures entières
exécutées en albâtre, confervées à Rome, on trouve
deux Dianes au-deffous du naturel : la plus grande
eft à la maifon Verofpi, 8c la plus petite à la Villa
Borghèfe. Mais ces deux figures n’ont d’antique
8c d’albâtre que la draperie} la tête, les mains *
font modernes 8c de bronze} toutes deux font
de l’efpèce d’albâtre nommé Agatino , parce
qu’il reffemble à l’agathe , 8c qu’il en a prefque
la dureté : d’ailleurs toutes deux font drapées de
la plus grande manière. A la Villa Albani on voit
aufli en albâtre la partie fupérieure d’une Diane
dont la partie inférieure eft reftaurée ».
Dans les hymnes d’Orphée Diane eft appelée
rctwa-fxtx^yi, a longue robe. Cette épithète trouve
fon explication dans quelques monumens-antiques
fur lefquels Diane eft repréfentée avec une tunique
qui defeend jufqu’à fes pieds.
Sur une fardoine delà.collection de Stofch, ont
voit Diane transformée en cerf qui combat le
Géant Typhon ( II®. claffe n°. 126 }.
Diane paroît ailée fur des monumens étrufques.
Tantôt elle porte des flambeaux. Sur la bafe de
Pouzzole, elle a dans la main gauche des épis 8c
des pavots.
Diane Taurique tient une épée fur les farco-r
phages du palais Acaramboni.
Diane Patroa étoit repréfentée à Sicicme fous
la forme d’une colonne.
A Ephèfe les prêtres de Diane étoient eunuques.
Les femmes faifoient à Diane une offrande de-
leur ceinture après leur accouchement. On atta.-
ehoit des têtes de cerf aux murs de fes temples.
Dr a n A regina undarum, Crûtes, ( Thef. in—
cript. ) rapporte une infcription dans laquelle ont
donne ce furnom à Diane. Seroit-il relatif à h»
métamorphofe d’Aété&n ?'