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iicus fait alîufion au culte établi dans ce lieu 3
en difant : Et quels litorea fumant altaria Cupra.
CURA. Déeffe de l’inquiétude : Hygin dit que
Cura aÿ.ant-vu de l’argille, imagina d’en former
1 homme , enfuite elle pria Jupiter d’animer Ton
^ ouvrage, & l ’obtint : cela fait , il fut queftion
fid donner un nom : la Terre prétendit que
c etoit à elle , comme ayant fourni la matière du
corps > Jupiter le lui difputa, avec raifon, comme
1 auteur de ce qu’il y a de plus noble dans fhommej
Cura eut la même prétention , parce que l ’homme
étoit fon ouvrage $ mais Saturne jugea le différend
en faveur de la Terre, & il régla que Cura
feroit maitreffe de l’homme tant qu’il vivroit.
C u r a défignoit fous les empereurs un département:
préfidé par un Curator. Dans la notice
de l’empire & dans le code, les portillons , les
chevaux & les voitures des portes font exprimées
quelquefois par le feul mot cura.
CURATOR , celui qui eft chargé d’ un département,
ou d’une infpe&ion. Voici quelques-uns
des principaux :
Curator alvei Tiberis ; Augüfte ( Sttet. C. 37.
n. 1 .) créa cèt office pour empêcher l’encombrement
du Tibre. Il eft appelé dans une ancienne
infcription 1 Curator alvei & riparum
Tiberis & Cloacarum.
CuratdY annon& , infpe&eur des vivres. g|
Curator aquarum, infpeéleur des aqueducs &
X l’emploi de leurs eaux.
Çurator corniculorum tribuni ( Muratori 1064.
3. ) , Infpecleur des greffiers du tribun.
Curator frumenti , commis aux diftributions de.
bleds.
Curator kalendarii y banquiers chargés de faire
- valoir & de prêter à intérêt les revenus des villes.
Curatores locorum publicorum judicandorum 3
jugés j des conteflations qui s’élevoient fur la
propriété des terreins, entre le M j & les citoyens.
Curator ludi.......................mùneris publiçi gladiatorii
, intendant des jeux publics.
* Curator monumenti y prépofé à la confervation
d’un monument, d’un tombeau, &c.
Curator operum publicorum, infpeéïeur des
bâtimens publics.
Curator &rarii pontifcum3 intendant des pontifes.
Curator rcgionum, commiffaire d’un quartier.
Curator reipublicst, , ou logifia 3 prépofé aux
revenus d’une municipalité.
Curator fiatuarum 3 infpeéleur de ce peuple
immenfe de ftatues, & de ces nombreux troupeaux
de chevaux fculptés qui remplifïoient lés places
& les rues de Rome, comme dit Cafliodore ,
( Par. v i t . 13. ) • populus copiojiffimus fiatuarum3
greges etiam abundantijfimï equorum. . . , .
Curatores tribuum , fyndics des tribus.
Curatores yiarum. % . . . extra urbem 3
infpe&eurs des rues de Rome.......................des
voies qui en fortoient.
C U R Curatores vicorum 3 peut-être les mêmes officiers
juges que les Curatores regionum.
Curatores urbis 3. officiers créés par Alexandre
Sévère, & chargés de rendre la juftke avec le
préfêt de la ville.
CURÉOTIS. C ’étoit le troifième jour des
Apaturies, auquel les , jeunes gens qui entroient
dans l’âge de puberté, faifoient couper
leurs cheveux dans le temple de quelque divinité,
& les confacroient à Diane ou à Apollon.
Voyez Apaturies.
CURETES. Suivant l’opinion communè, l’iflé
de Crête étoit leur patrie : leur origine étoit
auffi ancienne que leur généalogie fabuleufe
( Apollod. I. 1. §. 3. Tet^es ad Lycvpkr. p. 19.
Serv. ad Virg. I. n i 3 p. n i . ). Quelques-uns.
prétendoient que les Daéfcyles étoient les anéê-r
très des Cure tes 3 &,que la Phrygie avoit été leur
premier berceau. Éphore ajoutoit que Mînos
les emmena avec lui dans cette ifle, ( Diod. I.
v. $. 64. ) qui porta même leur nom ( R lin.
I. iv . c. x x. ). Le préfident des Broffes, pour
trancher toute difficulté, dit que « les Curetes
font les anciens prêtres de cette partie de
»5 l’Europe, voifine de l’orient & de la Grèce,
» affez femblables aux Druides des Celtes, aux
3 Saliens des Sabjns., aux forçiers ou jongleurs
» de Laponie, de’ Nigritie , ou à ceux des fauva-
*> ges de l’Amérique , de la Sibérie, du Kamt-
» chatka. C’eft affez vainement, continue-t-il,
» qu’on a beaucoup difputé fur leur véritable
M patrie, puifqu’on trouve de ces fortes de
» prêtres par-tout où la croyance groffière des
*» religions fauvages fait le fonds des préjugés
” populaires. Mais le plus célèbre collège de
» ces jongleurs étoit en Crête.
Il paroît certain qu’ils défrichèrent les premiers
cette ifle ( Curetes funt primi cultores Cre'toe.
Serv. ad virg. n. I. i l. v. 132. ) , & travaillèrent
à civilifer fes habitans. Us leur apprirent
à raffembler en troupeaux les brébis & les chèvres
épâïfes dans les campagnes , à élever des.
abeilles, à forger ou à fondre les métaux ( Diod.
I. v. v. 65. ). On leur attribuoit même des
connoiffapces en aftronomie ( Theon. ad Arat.
I. 1. v. )/E n difant qu’ils étoient fils de la
reine Méliffa, qui apprit aux Crétois de nouveaux
rites & les pompes facrées ( Luttant, div. infi.
I. 1. c. x i. y 3 on a voulu défîgner feulement
que l’introduéBon leur en étoit dite.
Gégenes , ou enfans de la terre ( Diod. L
v> §• 6 f. ) , & miniftres de Rhée., ( Strab. I. x.
p. 325, ) , foncées titres fuffifàns pour prouvêr
qu’ils adoroient très-anciennement cette Divinité,
à laquelle ils affocièrent Ouranos x ou le ciel,
regardé dans leur théogonie, comme la fource
& le père de tous les Dieux ( Diod. - 1. v.\ §*
66. ). Leur doârine étoit donc originairement
conforme à celles de toutes les hordes pélafgtc
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«jues. Ils révoltèrent contre eux celles de Crete,
quand ils voulurent innover dans les chofes' de
religion. Ces partifans de l’ancien culte etoient
les Titans, c ’efl-à-dite , dés Cretois, qui avoient
encore lés moeurs fauvages. A Gnoffe, dans un
bois facré de Cyprès, ils avoient élevé un autel
au ciel & à la terre, auxquels ils rapportoient
leur naiflance ( Id. Ibid. ). Leurs prêtres, ou
leurs jongleurs ayant voulu ajouter une troi-
flème Divinité à celle-ci, ces fauvages fe livrèrent
aux fureurs du fanatifme j c’efl: pourquoi on
fuppofa qu’ils avoient mis en pièces le nouveau
Dieu. Cet événement étoit repréfçnté dans^ les
myflères Gnofliens , dont les fymboles étoient
les dés, la balle, la roue., la paume, le fabot,
le miroir & la toifon ( Clementf Alex Prot. p.
1 5 ) / ce qui dans le fens myflique fignifïoit
que les Curetes avoient les premiers introduit
le culte de Jupiter. Pour affimiler davantage ces
cérémonies à celle de Sais , ou d’Eleufis, on
y fit jouer dans la fuite le rôle d’Horus, ou
Jacchus, à un perfonnage nommé Jafion, sun
des anciens Curetes (Serv. ad Virg. Æn. I. n i . v.
3. ubi legend. Jafionis pro Jafonis, ) , & membre
de la triade Curétique, fuivant lé langage des
Ecleéliques ( Procl. în Platon. Polit, cxxv. ) j de
même que les Da&yles, les Curhes finirent par
prêter leur nom aux Divinités des myflères de
leur pays. Ces myflères avoient beaucoup de
reffemblânce avec ceuxdeSàmothraçe & du Mont-
Ida (Strab. I. x .p . 321-22. ) . Peut-être n’y garda-
t-on pas le même fecret. Diodore de Sicile fait
mention de leur publicité à Gnoffe \Diodf l. v. §.
77. ) î mais on ne doit pas entièrement ajouter
foi au récit de cet hiftorien qui tâche d’accréditer,
au dépens de la vérité, fon fyftême favori,
l’Evhémérifme. Cette affertion hardie a pris fa
fource dans des indifcrétions multipliées, q ui,
jointes aux contes & aux rêveries des Poètes, donnèrent
lieu aux fables allégoriques fur Jafîon, dont
la connoiffance n’ eft point étrangère à mon fujet.
Homère & Héfiode difent que Cérès eut commerce
avec Jafion, dans une novale qui avoit
reçu trois labours, & que Plutus naquit de cette
union paffagère. Jupiter, félon le premier de ces
poètes, en étant informé., frappa Jafion de la
foudre ( Homer. Odyjf. I. v. v. 129-8. ) . Apollo-
dore prétend que ce héros mérita cettç punition ,
pour avoir voulu violer la Déeflè ( Bibl. I. n i . c.
x i. ). D’autres ajoutent qu’ il étoit fils de Jupiter,
dont il s’attira la colère par fon extravagance,
qui le porta à faire fes efforts pour^ jouir d’un
fantôme qui avoit la figure de Cérès ( Canon,
narrat. c. xi.^Jy ou plutôt de la ftatue de cette
Déeffe ( Saymn. Cki. defcr. orb. v. 684 ). Suivant
quelques auteurs, Cérès le tranfporta dans le
cjel avec Triptolême, & l’un & l ’autre furent
.mis âu rang des conftellations, fous le nom de
gémaux ( -AP• Hygin. aftron. poet. c. x x ti. ). ^
Nous apprenons d’Iiéfiode que çe fut en Crete
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Sc dans un canton fertile que Jafion eut les faveurs
de la Dceffe de la terre ( Theog. v. 97.1-74 ).
Diodore de Sicile 3 toujours imbu des principes
d’Evhéinère, cherché l’explicatian de cette fable
dans l'hiftoire 3 & avance qu'aux noces de Cad-
mu s Sç d’Harmonie, Cérès,fit prefent du bled
à Jafion (/. v. §. 49. ). On difoit encore .qu’oa
retrouva, chez lui la femenee de ce grain, après
un déluge qui en avoir étouffé le germe dans
toute fille de Crête ( Schol. Homer. ad Odyjf. !.
y. y. )• ün fent aifément l'allégorie >
& l’aventure de ce héros n’en .préfente que de
relatives aux travaux de l’agriculture ( Pharn.
c. x x n i r . Heracl. allegor. Homer. p. 493. m
opufe. Myth. ) . Ils produifent nccelfairement la.
véritable richeffe, repréfentée par Plutus, à.qui
Péleilldes de Gnoffe donnoic pour frère Philo-
mète. Ce dernier n’eut qu’une légère portion de
l’héritage de fon père. Réduit au plus, étroic
néceffaire , & 11e s’accordant point avec fon
aîné , il acheta des boeufs & inventa là charrue.
Cultivant avec leurs fecours la terre, il en tira
fa fubfiftance, & mérita ainfi la proteâion de
Cérès, q u i, enchantée de fa découverte 8c. de
fes efforts, le plaça, fous le nom de Bouvier,
parmi les conftellations ( H'yg. poet. ajiron. c.
iv. ) Ce récit eft purement allégorique, 8c de-
voît être compris fans peine par les Cretois
initiés aux myflères des Curetes.
C’eft néanmoins aux derniers temps du paga-
nifme,que l’invention de quelques-unes de ce»
fables femble appartenir. Elle ne peut précéder
l’époque de l’apothéofe des Curetes. Cedant alor»
d etre Parèdres, ou aififtans de Rhée ( Vers,
iricert. poete, ap. Stob. EcLog. Phys. p. y .) ,■ non-
feulement ils furent regardés comme des Divinités
fubalternes ( , . . Quia Curetes latirji
familiares appellaatur, Lactani.Jivè Luttât. a i Stac.
Thebaid. I. ir . v. 78 3 .), auxquelles on éleva des
temples ( Paufan. Mefea. c. xpxr. ) , mais encore
les Cretois les mirent aux rang des principaux
Dieux, au nom defquels ils jurpient^'obferva-
tion des traités qu’ils faifoient entr’eux ( Ja-
ram. Hierapytn. ap. Chifkul. antiq. AJiat.p. 133.)*
Il paroît par un paffage dè Paufanias , que fi on
ne confondit point les Curetei avec les Diofco-
rides, du moins on finit par avoir de la peine
à les. diftinguer ( P'kot. Cod. x x x r tu . ). ( Cet
article cjl extrait des Recherches fur Us Myfteree
de M. le baron de Sainte- Croix.
C uretes. Le nombredes Curetes qui frappent de
leurs épées fur leurs boucliers pour étouffer les cris
de Jupiter enfant, varie fur les monumens. Oj»
h’en voit, que dgux fur un autel carré du Capitole;
on en voit trois le plus fouvenr, 8e on les
confond avec les Corybantes, avec les Da&ylei
du Monçylda 8c avec les Cabires mêmes. Au
relie ils font ordinairement nuds, avec la chia-
myde, le cafque, le bouclier long 8c l’épée.
CÊSETICON. Poilus met cet air au nombre
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