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ment le nom de fmaragdes. Ce n'étoit donc pas
d ’émeraude , mais de quelques-uns de ces faux
& grands fmaragdes , qu’étoient faites les colonnes
& les ftatues prétendues d’émeraude dont parle
l'antiquité (telle étoit encore la ftatue de Minerve
, faite d’ émeraude , ouvrage fameux de Di-
poenus & Scyllis. JW-. de Pict. vert. ) , de même
que les très-grands vafesou morceaux d’émeraudes
que Ton montre encore aujourd’hui dans quelques
endroits , tels que la grande jatte du tréfor
de Gênes , appellée 1 efaint-graal. LaCondamine,
qui s’eft trouvé à Gênes avec les princes Corfini,
petits neveux du pape Clément X I I , a eu , par
leur moyen , occafion d’ examiner attentivement
ce vafe à l’a lueur d’un flambeau. La couleur lui
partit d’un vert très-foncé ; il n’y apperçut pas
la moindre trace de ces .glaces, paillas , nuages
& autres défauts de tvanfpATence & communs d;ms
les émeraudes & dans toutes les pierres iprécieufes
un peu greffes, même dans le criiftal de roche ;
mais-il y diftingua très-bien plulieurs petits vides
femblables à des bulles d’air, de forme ronde au
oblongue , telles qufil.s’en trouve communément;
dans les criftaux ou verres fondus , fok blancs,
foit colorés. Le doute de la Condamine fur ce
vafe foit àÀfant d’émeraude ^ n’eft pas nouveau. Il
e f t , dit-il y clairement indique parles expreflions
qu’employoit Guillaume y archevêque de Tyr 3 il
y a quatre fiècles, en difant, qu'a la prife de Cé-
farée , ce vafe échut pour une grande fomme d’argent
afix génois, qui le crurent d.’ém e r a u d e& qui le .-
montrent encore .comme t e l & comme miraculeux aux
voyageurs. Au relie> continue l’auteur, il ne tient
qu’ à ceux à qui ces,foupçons peuvent déplaire,
de les détruire s’ils, ne font pas fondés ( rném. de
l'acad. des fe i ences , année 1757 , P- 340 & fuiv. )
tels que la pierre verte , pefant vingt-neuf livres,
donnée par Charlemagne au couvent de Reiehe-
nati près Conftance , que M. Coxe (Tettres
fiir la Suilfe , page m . ik foupçonne être un
ipath fluor vert , tranfparent, . f ne font que
des primes ou des prafes, où t même des verres
fàétices. On voit dans le cabinet de fainte Geneviève
deux gros fragmens: de verte' teint en
couleur d’émeraude , trouvés dans un ancien tombeau
égyptien. Or comme ces émeraudes fuppo-
fées ne .prouvent rien aujourd’hui contre l’exif-*
tence 'de la. véritable émeraude, ces mêmes erreurs
dans l’antiquité ne prouvent pas davantage.».
«cD’ après'-toTascesfkits , comment peut-on dou-'
ter de i’exiftenee de l’ émeraude en Italie, en;
Grèce & clins les autres parties de l’ancien continent,
avant la découverte du nouveau ? Comment
d’ ailleurs fe prêter à; la Tuppofition forcée:
que la nature aie réfërvé excl'ufivement à l’Amérique
cette produéfiori qui: peutife. trouver dans
tous les lieux-où elle, a formé des criftaux ? Et-
ne devonS'jhou;5";paVêtre oürcoùfpecâs ; lorfqu’il
•s'agit dVdmettre des faits extraordinaires & ifolés,
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comme le feroit celui-ci ? Mais indépendamment
de la multitude des témoignages anciens, qui
prouvent que les émeraudes étoient connues 8c
communes dans l’ ancien Continent avant la découverte
du nouveau î on fait, par des obferva-
dons récentes, qu’il fè trouve aujourd’hui des
émeraudes en Allemagne, en Angleterre, eüItalie>
& il feroit bien étrange , quoi qu’en difent quelques
voyageurs, qu’ il n’y en eût point en Afiev
Tavernier & Chardin ont écrit que les terres de
l’Orient ne produifoient point d‘émeraudes, &
néanmoins Chardin, relateur véridique convient
qu’avant la découverte du nouveau monde les
perfans tiroient des émeraudes de l’Egypte, 8c
que leurs anciens poètes en ont fait mention >
que de fon temps on connoilfoit en Perfè trois
fortes de ces pierres ; favbir , l’ émeraude d’Egypte
qui eft la plus belle, enfuite les émeraudes vieilles 8c les émeraudes nouvelles : il dit même avoir vu
plulieurs de ces pierres, mais il n’en indique pas
la d if fé r e n c e 8c il fe contente d’ajouter, que
quoiqu’ elles foient d’une très-belle couleur, 8c.
d’un poli v i f , il croit en avoir vu d’ aufli belles ,
qui venoienf des Indes occidentales, ceciprou-
veroit ce que l’on doit préfumer avec raifon,
c’ eft que Yémeraude fe trouve dans l’ancien Continent
aulfi bien que dans le nouveau, & qu’elle
eft de même nature en tous lieux ; mais comme
l’on n’ en connoît plus les mines en Egypte ni dans
l’Inde, & que néanmoins il y avoit beaucoup
d’ émeraudes en Orient avant la découverte du
Nouveau-Monde^ ces voyageurs ont imaginé que
ces anciennes émeraudes avoient été apportées du
Pérou aux Philippines, & de là aux Indes orientales
8c en Egypte. Selon Tavernier les anciens,
péruviens en faifoient commerce avec les babi-
tans des îles orientales de l’Afie ; & Chardin»
en adoptant cette opinion, dit que les émeraudes
qui , de fon femps fe trouvaient aux Indes orientale
s ,en Perfe 8c en Egypte, venoient-proba-.
blâment de cè commerce des péruviens, qui avoient*
traverfé la mer du Sud' long-temps avant que
les efpagnols enflent fait la conquête de leur
pays\ mais étoit-il néeeffaire de recourir à: une-
uippofition auffi peu fondée pour expliquer pourquoi;
l’on a cru ne voir aux Indes orientales y
en Egypte & en Perfe ,' que des émeraudes des
Indes'occidentales. La raifon en eft bien fimple y
c’eft que les émeraudes font les mêmes par-tout ,- 8c que-comme les anciens péruviens en avoient
ïamaifé une- très-grande quantité, les efpagnols
en ont tant-'apporté aux Indes orientales, qu’elles*
ont fait difparoître le nom & l'origine de celles
qui . s y trouvoient auparavant , & que par leur
entière 8c parfaite reflembïànce , ces émeraudes
de l’Afîe ont été & font encore aujourd’hui confondues
avec les- émeraudes de l’Amérique ».
«. Cette opinion que nous réfutons paroît-n’être'
que le produit d’uae erreur de nomenclature'»
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les naturaliftes récens ont donné, avec les Joail- ;
liers , la dénomination d e. pierres orientales a celles j
.qui ont une belle tranfparence j & qui en meme ;
temps font allez dures pour recevoir un pbli v it , j
& ils appellent pierres occidentales celles qu ils ,
•croient être du même genre, & qui ont moins
•d’éclat & -de dureté. Et comme Umeraude
n’eft pas plus dure, en Orient qu’ en Occident,
ils en ont conclu qu’il n’y avoit point d emeraudes
orientales, tandis qu’ils auroientMu penfer que
cette pierre étant par-tout la meme , comme le
cryftal, l’améthyfte, &c. elle ne poûvoit pas etre
reconnue ni dénommée par la différence de fon |
édat 8c de fa dureté ».
C e font, dit M. Paw , les arabes qui ont pro- j
bablement imaginé la table fmaragdinè^ ou 5^tte j
prodigieufe lame d’émeraude, fur laquelle lie r - j
niés ( perfonnage qui n’ a jamais exifte ) grava a |
la pointe du diamant le fecret du grand-oeuvre.
Il y a aujourd’hui des Bédouins auez enfans ou .•
allez imbécilles , pour croire que cette table ;
eft cachée dans le harem, ou la plus grande des
' pyramides de G i f e h mais il a fi peu éte queftion
d’y enfévelir quelque feçret, qu'on n y a pas ;
ttouvé une feule infeription, ni dans la falle a en :
haut, ni dans celle d’ en bas 5 & s’il y a eu des :
caradères hiéroglyphiques gravés fur les faces extérieures
de ce monament, il faut que le tems
les ait effacés, car il n’en refte plus de trace.
Je fais bien ce qui a donné lieu à cette tradition j
des arabes : ils ont manifeftement confondu la 1
table Jmaragâine avec ce coloffe d emeraude , -qu A-
pion , cité par Pline , difoit encore être de fon
temps , renfermé dans le labyrinthe , quoique
ce ne puifie avoir été qu’un puyrage dé verre coloré,
comme les égyptiens en faifoient déjà du temps
de Séfoftris ; car il faut rejetter l'opinion de ceux
qui difent qu’ ils y employoieht le p rêm ed é^ -
raude, mot barbare, corrompu de celui de prafe.
Cette fubftarice n’enveloppe .pas la^ vraie émeraude
, au moins dans les mines de 1 Egypte » ou 1
l’on en connaît deux : l’une à l’Occident du N i l ,
au pied de la côte Lybique, entre lpfon 8c Thata ;
& l’ autre vers le bord du Golfe Arabique, un
’ peu au-delà du vingt-cinquième degré. Cette dernière
ne paroît pas dans- l ’antiquité avoir appartenu
aux rois d’Egypte, comme oti feroit tente
de le penfer, mais aux rois de l’Ethiopie, qui
foutinrent à cette occafion une guerre, où Ion
voit qu’ils réclamèrent, comme une partie de
leur domaine, & la ville de Phylé, & k mine
d'émeraude (1 ). L ’arabe Abderrahman, quil’avoit
(1) Héliodor. Æthiopic. lib. IX,
On voit par la narration de cet auteur que les.
perfans, en conquérant l’Égypte, s’étoientaum emparés
de la mine élémertiude , & qu’ils furent obliges
..de reftituer aux éthiopiens , d’où je conclus que cette
mine leur avoit appartenu long temps avant l’époque
de la conquête.
|Si
vîfité, dît qu'on y trouve ces pierres enveloppées
dans une matière blanchâtre» quÀ\y en a de trois
efpèces , dont aucune n’eft ni preme , ni prafe,
& qu’on les rend toutes plus transparentes en les
plongeant dans l’huile chaude.
Le comte de Caylus. parlant d’une mofaïque
qui avoit appartenu à Ficoroni, & qui avoit été
trouvée à Rome , dit ( Rec. d’A n t. I I l .p l . 59,
n°. 1 . ) qu’on voyoit des émeraudes communes»
mêlées aux morceaux de, marbre de différentes
couleurs, dont fes cubes étoient formés.
EM E R IT A , dans le Portugal.
C o l . Em e r itA A u^USTA. Colonia Emerita
: Augufia.
Certe colonie romaine a fait frapper des médaillés
latines en l ’honneur d’Augufte, de Livie »
de Tibère.
S M E R I T U S : } app^llpit emeritum cbei
les romains , la récompeafe accordée à un fol-
dat qui avoir bien Cervi pendant un certain noms
bre d’années.
Les favans ne peuvent pas affurer avec certitude
fi elle confiftoit ou en argent, ou en terre,
ou dans l’une & l’autre à la fois, & s’ il n’ y
avoit aucune différence entre l’emeritum 8c 1 zp toe -
mium. L ’hiftoire nousapprend qu’Augufte accorda
X Dion. L V . ) aux prétoriens yooo drachmes, 8c
aux autres foldats 300 5 qu’ il avoit réglé le terme
de l’émérite , & les récompenfes des différentes
fortes d*émérites ; que parmi ces émérites les uns
dévoient avoir fervi feize ans, d’autres vingt.
Caligula réduifit à la moitié la récompenfe de
déméritât prétorien. Y.’ émérite ou vétéran , de
quelque rang qu’il' fû t , étoit très-eftimé, & il
ne lui étoit point permis de s’abaifler au_vil emploi
de délateur. ( Martian. I. deferri f . de jure fifei. )
ÉM IL IEN .
C . ou M . Julius Æ milius Æm il ian us
A u gu stus.
Ses médailles font :
RRRR. en or 5 on en connoît plufieurs revers.
R . en argent.
Le revers qui a pour légende Gonçordia
A q G . , eft fort rare} mais il n’appartient point
à Émilien.
RRR, en G. B. de coin romain.
T 11 ij