étoit dorée, dit Philoftrate, pofée fur un chêne, '
& environnée de gens qui arrivoient de toute la
Grèce, les uns pour facrifier , les autres pour i
confulter l’Oracle. 11 y avoit cependant des Prêtres
& des Prêtrelles qui s’enrichilïoient de leurs
offrandes. Sophocle dit que des colombes de la
foret de Dodone avoient donné à Hercule un
Oracle qui déterminoit la fin de fa vie. Voye%
D odone.
COLOMBES mejfagéres. Voye£ PIGEONS -meff'a-
gers.
Colombes qui volent fur les médailles frappées
dans les ifles(On voit ordinairement des).
De ce que Phiioflrate a dit dans fes tableaux,
que la colombe de Dodone étoit dorée , il ne faut
pas en conclure que fon plumage fût de couleur
d ‘or. Dorée zR une épithète qui fîgnifiz belle ou
agréable. Virgile a dit Vmus dorée y & Pindare
les voluptés dorées. On fait d’ailleurs par Hérodote
& par les Mythologues , que ces prétendues
colombes étoienrde vieilles femmes.
COLONARII. V'oye^ L a tm i celonarii. ~
COLONATE , furnora de Bacchus, ainfi nommé
du temple qui lui étoit confacré fur une éminence
appelée colonna y auprès de Lacédémone.
COLONE , dans la Meffenie. ko à&n a o n .
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR.. . . en bronze.. . . Pelleri/L' -
O . . . en argent.
O . . . en or.
COLONIES. Les plus anciennes colonies dont
l’hîftoire faflè mention, font celles qui forrirent
d’Egypte pour peupler la Phénicie, & de proche
en proche l’Archipel & le continent de la Grèce.
On ignore entièrement les principes politiques fur
lefquels furent fondées ces colonies Égyptiennes. !
Mais on fait qu’en fondant le royaume d’Argos ;
& celui d’Athènes, elles portèrent dans la Grèce
leurs loix, leurs coutumes , le goût des arts & leur
religion. C’eft aufS aux Phéniciens, fondateurs de
Tfcèbes , que les Grecs/urent redevables de l’écriture
, du commerce & de la navigation.
Les Grecs imitèrent les Égyptiens & les Phé- |
okiens 5 ils fondèrent comme eux un grand nom- j
b te de coloniesM. de Bougainville compofa, en I
J745 y un Mémoire fur les colonies Grecques, !
qui mérita le prix propofé par l’Académie des i
Infcrïptions & Belles-Lettres. Nous en donne- ■
To ns ici un extrait, qui mettra le Lecteur à même
de comparer fur ce point la politique des Grecs
& celle des Romains.
Le retour des Héraclides eft l’époque & la
caufe de la tranfmigration des Grecs dans les pays
étrangers. Thucydide l’avance en termes formels,
& un examen attentif découvre aifément la vérité
de cette opinion.
Les principales contrées dans lefquelles ils s’éta- !
b’irent, font les ifle s de la mer Égée, toute la
côte maritime de l’Afie , d’Italie & la. Sicile. .
Les Eoliens, chalfés par les_ Doriens de ht
partie du Péloponèfe qu’ils avoient ufurpée du
temps de Pélops , ouvrirent la route aux autres
Grecs. Orefte avoit été l’auteur ( Strab. I. xm .
p. y82. ) de cette colonie ; mais ce Prince étant
mort dans l’Arcadie , laiffa l’exécution de fon
projet à fes defeendans ( Strab. L x iv .p . 653.) 3
q u i, après avoir long-temps erré, fe répandirent
dans toute la côte de l’A fle , depuis Cyzique juf-
qu’au Calque , & fondèrent douze villes , dont
Smyrne étoit la plus confidérable.
Énviron quatre générations après, la plupart
des Doriens que Codrus avoit établis à Megare ,
pafsèrent dans l’Afie , où ils bâtirent les villes de
Cnide & d’Halicarnaffe, fans compter celles qu ils
conftruifirent dans les ifles de Rhodes & de Cos»
Ces villes Doriennes, au nombre de jîx, ( Strabv
L v in . p. 585. ) formèrent une fociété réduite
depuis à cinq par l’exclufion d’Haiicarnafle.
Enfin, vers le même temps, les Ioniens, forces
d’abandonner leurs demeures dans le Péloponèie ,
formèrent une multitude nombreufe, à laquelle
fe joignirent les defeendans de Neftor , & un
grand nombre d’autres peuples. Réunis fous la
conduite d’Androclus, fils de Codrus , ils traversèrent
la mer , & s’établirent dans l.es^ plus belles,
parties de l’Afie mineure, où ils fondèrent douze,
villes , qui, par leur étroite union, composèrent
le corps IoniqtïêT 7
Les principales vues des peuples du Peloponefe
fe tournèrent du côté de l’Italie & de la Sicile.
Crotone & Tarente font des colonies Lacédemo-
niennes. Archias de Corinthe rônda. Syracufe *
qui, ayant elle.-même peuplé la Siale.de. pjuüeurs
villes iffues de fon fein, rendir Dorienne une partie
confidérable de cette ifle.
Les Grecs pénétrèrent encore d’ans pluneurs
autres contrées. Les Phocéens d Afie fondèrent
dans les Gaules MarfeMle, qui devint la métropole
de quelques villes, entre-autres d Antibes
de Nice. L’Efpagne eut auffi des villes. Grecques
( Strab. L I il. p. 140. )> & Cyrène , Tune des
plus puilfantes de l’Afrique, cette republique,
longtemps rivale de Carthage , tir oit fon origine-
d’une, colonie de Lacédémoniens \ fans parler de
Naucratîs, fituée à une des embouchures du Nil „
de Byzance, de Périnthe, de Sinope, d" Heraclee *
& de tant d’autres répandues^ dans la Thrace ,
dans le Pont, & jufqu aux extrémités de r Afie.
Un grand nombre de motifs difi’érens avoient
donné naiffance à tant dt colonies fondées par les
nations Grecques, foit dans l’intérieur même„
fok hors du fein de la Grèce. Ces migrations
étoient ou forcées, comme quelques-unesdecelles
dont nous venons de parler , ou volontaires.
Dans les premiers temps où les établifîemens
étoient encore peufolides > & la (orme de^chaque:
gouvernement mal affurée, la crainte d une în-
vafion prochaine , le defir d’éviter des voifins;
dangereux ». détermincient les. Grecs a. changer:
facMèraent ' dé demeure : l’amour de l'indepen- |
dance leur faifoit quelquefois ^abandonner leur
patrie, comme firent les Meiféniens, pour chercher
fous la conduite d'Aïifiomènes une terre
étrangère, niais libre : quelquefois la curiofité
feule les éloignoit de leur pays natal. La béaute
du climat, la fertilité du terroir âttiroient alors,
oufixoient leurs pas irréfolus dans des lieux qui leur
offroient une retraite sûre ou un féjour agréable.
Tantôt un Prince, mécontent de voir régner à fa
place ou fon frère ou l’ufurpateur du trône de fes
pères, & quelquefois même la liberté s’établir
lur les ruines du pouvoir fuprême, alloit fe faire
un royaume, 8c devenoit le chef d’une colonie
nombreufe., compofée de gens que la légèreté ,
l’efpérance , des raifons ' fouvent plus prenantes
attachaient à fa fortune. Tantôt une maladie con-
tagieufe, une famine rendoient une ville déferte,
& tranfportoient ailleurs feshabitans. Combien de
colonies- n’ont pas été. fondées par l’ordre des
Gracies ? Combien d’autres ont du leur établif-
fement à des voeux folemnels faits dans diverfes
circonftances? Enfin un des motifs les plus.communs
étoit la trop grande multitude des citoyens,
dont une partie fe voyoit dans la néceflité de s’exiler
elle-même.
lorfque l’enfance de la Grèce fut paffée, &.
que ces petits royaumes dont elle étoit remplie
£e furent changés en autant de républiques indépendantes
, l’égalité qui régnoit entre ces diffé-
rens états dura peu 5 quelques-uns s’ élevèrent
bientôt au-ddfus des autres , & tinrent le premier
rang dans la Grèce. Telles furent Athènes ,
Lacédémone, Thèbcs & Corinthe. L’ambition
les rendit rivales , & les deux premières fur-tout
ayant le plus brillé dans la défenfe contre les Per-
fes, partagèrent entre-elles l’autorité principale ,
- & forcèrent prefque toutes,les villes à entrer dans
leur alliance. Ainfi , il. Te forma dans le fein de la
_ Grèce deux ligues , dont l’une avoit les Athéniens
à fa tête , l’autre reconnoiiToit les habitans
de Lacédémone pour chefs. De-là ces guerres fan-
glantes entre les deux républiques , auxquelles
tout ce qui portoit le nom'‘Grec avoit part, &
fur-tout celle dont Thucydide nous a lai (Té l’hif-
toire. Cette jaloufiè réciproque donna aux Grecs '
fie nouveaux motifs pour faire à l’envi des établif-
femens. Failoit-il contenir un peuple fournis, s’af-
furer la conquête d’une Province ? On y bàtilfoit
une ville, on envoyoit une colonie dans fa capitale,
dont on chaffoit les habitans. Une ifle avoit
un port commode, pouvoit affiner la navigation ,
fervir d’entrepôt au commerce, faciliter la communication
d'un pays à l’autre ; une ville étoit le
centre ou la clef d’une région , offroit une barrière
8c une retraite, une place d’armes j on y
faifoit pafifer un nombre de citoyens fuffifant pour
la peupler ou la conferver. C’étoit autant d’avantages
dont aucun n’échappoit à la politique des
Grecs.
De l’expofé fie tous ces motifs, il réfulte né-
-ceffairement que toutes les colonies Grecques
n’étoient pas d’une même efpèce ; aufli ces éta-
bliilemens avoient-ils entre-eux des différences
eflèntielles qui naifloient de la natute meme des
lieux pour lefquels ils étoient de {linges, & des
raifons qui les occafionnoient j différences que
les Grecs avoient foin de marquer exprefféme’nt
parcelle des noms qu’ ite leur donnoient} car ils
n’étoient pas tous indifféremment défignés par le
r même. Notre langue n’a qu’un feut terme pour
exprimer toutes fortes de migrations.hors du lieu
fie la naiffance j elle leur donne à toutes indiltinc-
tement le nom de colonie. Ce n’ çft pas la meme
chofe chez les Grecs , & le nom d
( apoïkia ) qui paroît d’abord général, & peut-
être unique , ceffe de l’être quand on examine la
matière de plus près. On ne s'en fervoit que pour
défigner les colonies envoyées dans des pays barbares
ou déferts, dans la feule vue de les peupler.
Il convient, par exemple, à prefque toutes celles
dont nous avons parlé jufqu’à préfent. Mais lorf-
! que, pour punir une ville rébelle, ou pour.saf- J furer de la fidélité d’un pays, de h poffeffion
d’ une province, la république viélorieufe ou fou-
veraine, fans en exclure les anciens“ habitans, y
faifoit paffer une partie de fes citoyens , q ui,
mêlés aux originaires, les obligeoient de partager
leurs biens avec eux , alors ceux qui formoient
cette colonie portoient, au lieu du nom d’éjroikoi
( apoïkoi ) , celui de *Arp5^<n (clérouchoï), nom
fort propre , & qui préfente en même-tems l’idée
de la manière dont ils étoient choifïs, de la distribution
qu’on devoit leur faire dans leur nouvelle
habitation, & de la forme même dont on ÿ
procédoit. C ’efl: la définition quen donnent Démof-
thène, dans une de fes harangues contrePhi'ippe,
citée par Harpocratiqn, & Ifocrate, dans Ion panégyrique.
Le mot grec KXÜpos ( cleros ) traduit
littéralement, lignifie fort, & le Schoîiafle de
Thucydide, l’explique par celui de ( meris
portion ; explication fort juite , parce qu’en effet
on donnoit le nom de kxîîçoç ( cleros ) a ces portions
de terre qu’on aflignoit par fort aux non- -
veaux habitans d’une ville conquife.
11 faut obferver foigneufement que ceux qui
étoient envoyés dans ces villes conquifes ne per-
doient pas leur qualité de citoyen. Les Athéniens,
quoique tranfportés hors de leur patrie,' étoient
toujours cenfés attachés à une Tribu & a un
bourg de i’Attique. C’efl: ainfi qu’Epicure, quoique
fils d’un habitant de Samos, étoit; appelé Athénien
par Diogène Laerce ( Dioge. Laerc. in Epk. ),
& qu’ il faifoit partie, félon les auteurs, du bourg
de Gargette & de la tribu Egeïde. ( Ælian. Va-
riat. iv. 13. ) . , , „ , '
Voici le détail des cérémonies ufîtées dans I’éta-
bliffement des colonies. Elles étoient uniformes
par toute la Grèce. Nous ne parlons ici que des
colonies envoyées au nom de la republique, car
ï ij