
*4 CLE
o Ofiris Sc d’Ifis. M. Anquetil a retrouvé bailleurs
entre les mains des Indiens une croix fans
panneton, furmontée d'un cercle, qui leur férvoit
habituellement de clef.
Winckelmann, qui. dans fon admirable Hifioire
'de l ’Art -che^ les Anciens ( 1. l . c. 2.) , a fi bien
développé les caractères des divers ftyles, eft le
premier^ qui ait fait diftinguer celui des anciennes
figures égyptiennes, d'avec le ftyle imité des tems
poftérieurs, & fur-tout du règne d'Hadrien, il
■ reconnoît ces deux Ifis de marbre pour un ouvrage
grec 3 fait à Rome dans le haut-empire. Nous
pouvons donc conclure avec certitude que fous
-les empereurs, & les artiftes grecs, & les Romains
qui les fïyifoient travailler, & les prêtres égyptiens
qui initioient les Romains aux myftères des
divinités du N i l , croyoient que la croix égyptienne
n'étoit qu’une fimple clef 3 puifqu’ils l'ont
remplacée par celle-ci dans les mains des deux l i s
du Capitole.
Au relie , cette opinion n’étoit pas particulière
aux Grecs , qui exerçoient à Rome les arts du
deflfin. Elle avoit été celle des habitans de la
Grèce , dans les beaux jours d’Athènes & de
Lacédémone. Ils plaçoient des clefs dans les
mains d'un grand nombre de leurs divinités que
Cet attribut faifoit appeler perte-clefs, ;
tels étoient Minerve, Hécate , le Soleil & l'Amour.
Ces attributs , apportés anciennement dans
la Grèce avec les divinités qui remplacèrent Ifis,
Ofiris, & les autres dieux égyptiens , s’y con-’"*
fervèrent lohg-tems ; mais leur véritable lignification
n’y fut jamais connue, ou elle fe perdit,
parce qu'il n'y avoit point encore d'écrivains.
On tirera cette conclufion, en examinant la futilité
des raifons que les poètes des fiècles poftérieurs
fubftituèrent aux traditions égyptiennes. Proclus
(v . 3» Apud. Fabric. Bibl. Gr. vol. 8. p. yo8. ) ,
dans fon hymne au Soleil, lui donne pour attribut
une clef, parce, qu’il ouvre les portes du jour.
Câllimaque (Spànhem. Obf in Callim. pag. f8 i ,) :
en donne une pareille à Minerve, parce qu’elle
favoit, félon Efchyle (Eumenid. v. 830.) , trouver
les cltfs de l’endroit où Jupiter dépofoit fon
foudre. La clef dans les mains d’Hécate à triple
vifage, défïgnoit celle du Tàrtare. C'étoit fans
doute la même raifon qui fit nommer Ëaque porte-
c le f, Ktyoovx,os, fur une infcription rapportée par
Muratori ( Thtf. Infer. p. 1321.J, Dans l'Bippo-
Irthe d'Euripide fv . 538. J , l'Amour eft le porte-
* le f de l'appartement de Vénus, fa mère ;
Tov tas ÀcPpooiTcif
■ Q'iXtcitov B-uXâftav
JüXqà'eufcoi, < / t
Cette allégorie mgénieufe n’a pasbefoin d’ être
expliquée \ mais elle nous fait comprendre l'in-
tension de l'atisaUr de l'hymne à l'Amour, attrl
C L ë
bué à Orphée , qui l'appelle aüfiî porté - clefs
L'artifte qui a gravé une belle fardoine de la
colleéfcion de Stôfch ( i fa c lajfe ,n°. 7 3°- ) y a
amplifié, fi l'on peut parler ainfi, cette meme
allégorie, en faifant porter à un Amour Un trouf-
feau de clefs, au-lieu d’une feule que lui avoient
donnée les anciens poètes grecs.
C'eft ainfi que les fiècles poftérieurs ont doublé
le foudre de Jupiter , le gouvernail de la
Fortune , le vifage de Janus, d’Acca-Laurentia ,
qu'ils ont triplé même le corps d’Hécate, de
Geryon , la tete de Cerbère , &e- &c. On a cru
fans doute donner une plus grande idée de la
puiftance des dieux, en multipliant & lès attributs
qui les indiquoient, & les figures qui les
repréfentoient. Cette caufe, puifée dans la nature
de l’efprit humain , expliqueroit peut-être naturellement
le goût inné des Afiatiques, eonfideréS
depuis l'Ionie jufqu’aux pays q u i, habités autrefois
par les Sine,, le font aujourd’hui par les
Chinois & les Japonois, pour les ftatues chargées
de plufiéurstêtes,de plufiéurs bras ou de plusieurs
corps, Mais cette explication fimple pourra
déplaire à ces écrivains toujours empreflesà re-
pouffer les chofes qui fe préfentent d’elles-
mêmes à l’efprit, tandis qu’ ils admettent les abfur-
dités les^-plus révoltantes , & qu'ils tourmentent
de la manière la plus cruelle & la plus arbitraire
les anciens auteurs, pour les rendre complices
des égaremens de leur imagination.
Si nous voulions rapporter tous les attributs
que tiennent les figures égyptiennes, à l’agriculture
, nous pourrions ici nous étayer du témoignage
de Cleyton, qui a reconnu dans la croix:
égyptienne un plantoir y un inftrumerit du jardinage
j mais nous lai fiero ns cette explication
détournée, pour embraffer celle du comte de
Caylus, & nous croyons avec lui que c'étoit
une fimple clef Ainfi le penfoient les artifles de$
fiècles poftérieurs, qui ont fculpté les deux Ifis
du Capitole ; ainfi l’avoient penfé les Grecs des
anciens tems , qui donnèrent la clef d Ifis à
Minerve & à Hécate •, divinités par lefquelles ils
rerhplaçoient î'Ifis égyptienne; &,la c le f df Ofiris
au Soleil', qui le repréfentort.
Qu’eft-ce que les anciens habitans de l'Egypte
avoient voulu défigner en mettant une c le f dans
les mains d’Ofiris & d’Ifis ? Nous le trouverons
en étudiant les dogmes des Egyptiens. Plutarque
dit que ce peuple plaçoit lès régions du midi
fous la direction immédiate d’Ofiris, & les contrées
du nord fous celle de Typhon, -dont la mer
étoit l ’écume fatale. Delà vient qu’ils regardèrent
le Nil comme irn écoulement d’Ofiris. C'étoit
donc ce dieu qui amenoit de^ l’Ethiopie en
Egypte les eaux du fleuve faîutaire $ c’étoit lut
qui ouvrait les canaux deftinés à les répandre ,
& les réfervoirs où l'on en confervoit une partie.
Une c le f n’etoit-eîîe pas le fymbole naturel de
cette opération, à laquelle les Egyptiens rappor-
C L È
loieftt tous les phénomènes de la nature & tous
leurs dogmes religieux ? . ,
. Ofiris d'ailleurs étoit la force produôtive de
la nature, ce qui étoit indiqué par fon attitude
iobfcènè, que les Grecs & .les Latins rappelèrent
dansles ftatues du dieu des jardins. Une c le f deye-
hoit encore Ton fymbole fous ce nouveau rapport.
Quelques Grecs, & plufiéurs antiquaires
modernes à leur exemple, ont paru fe rapprocher
de notre explication, en donnant à cet attribut
le nom du phallus , avec lequel il ri a cependant
aucune reffémbîance fenfiblè. A
Quant à Ifis, que les Egyptiens croyoient etre
la Lune, elle pouvoit , à ce titre, porter auffi
une clefj car c'étoit à la Lune qu'ils attribuoient
les accroifiemehs du Nil ., parce qu ils la faifoient
fouveraine des vents, & fur tout des vents du
midi, toujours Favorables à ces aCcroifiemens.
N'étoient-ce pas allez de raifons pour lui donner
le même attribut qu'à Ofiris, confidéré comme
le père du Nil ?
C lef furvlès médailles des ifles Cleiies (On
voit une). : \ :
C lef des f ê t e s m o b il e s ,
ce Les anciens appeloient ces clefs, claves ter-
fhinorum. Notis, les appelons les clefs des fetes
mobiles, parce qu’on' s’en fervoit autrefois pour ■
connoître quels jours du mois tomboient les fêtes
mobiles , le dimanche de la feptuagéfime , le
premier dimanche de carême, le jour de pâques,
le dimanche des rogations, & enfin le jour de la
Pentecôte. On trouve ces clefs marquées parmi les
dates de quelques chartes. Voici la manière dont
les anciens en faifoient ufage. »
Suivant leur langage, 11 terme de la feptuagéfime
étoit le 7 janvier j celui du premier dimanche
de carême-, le 28 du même mois 5 celui de
pâquêà, le 11 mars j celui des rogations , le 15
avril 5 celui de la pentecôte , le 29 du même
mois. C’eft de ces jours fixes qu’il falloit partir,
ou commencer à .compter, pour trouver les jours
de ces fêtes mobiles par le moyen de ces clefs.
Un exemple rendra ceci plus intelligible. L ’année
$33 de Jéfus-Chrift , comme on le voit dans la
table chronologique, avoit 15 pour clef des fêtes
mobiles. Je veux favoir, parU’ufage de ce nombre
, quel jour tomboit, en cette année 533 de
Jéfus-Chrift., le dimanche de la feptuagéfime. Je
commence par compter un le 7 janvier , deux le
8 , & ainfi de fuite jufqu’ à iy inclufivement, ce
qui me conduit jufqu’au 21 de ce mois auffi inclufivement.
Le dimanche après ce 21 eft celui
dé la feptuagéfime ÿ & je vois par la lettre dominicale,
qui eft B , que ce dimanche eft le 23
janvier, parce que la lettre dominicale B répond
à ce quantième. Cette opération faite, j’en fais
une fécondé , en commençant par compter uh le
28 janvier, & je fûts conduit par mon nombre
3 «jusqu'au il février inclufivement. Le dimanche
CLE 8$
qui fuit ce jo u r , eft le premier dimanche de
carême, & toujours par ma lettre dominicale B ?
je trouve que ce dimanche tomboit la 533e année
de Jéfus-Chrift J e 13 février. Je fats une troifième
opération femblable aux deux premières , en?
commençant par compter un au 11 mars, & j#
trouve que le jour de pâqües tomboit le 27 di*
même mois. J’en fais une quatrième pour compter
un le 15 avril, & je trouve que le dimanche de$
rogations, qui eft le cinquième après pâques y
étoit le 1 mai. Enfin je fais une dernière opération
en commençant par compter Un le 19 avril y
& je trouve que le jour de la pentecôte tombo-iç
le i ; mai de la 533e année du Sauveur. Tel eft
l'ufage que les anciens faifoient des clefs des
fêtes mobiles. Pour m’ affurer de la certitude dtj
ce calcul, je jette les yeux fur le calendrier^ de?
notre calendrier folaire perpétuel, ^ ou pâques?
tombe Je 27 mars, & où toutes les fêtes mobiles
de l’année font marquées ; & je trouve que j’ai
fort bien rencontré , en me fervant des clefs
dont nos anciens faifoient ufage pour indiquer
les jours ou ces fêtes tômboient, d’011 je conclus
que leur méthode étoit bonne. Mais je fuis dif-
penfé de m'en fervir, ayant aujourd’hui un calerv-
drier perpétuel, qui m’indique toutes les fêteS
mobiles & immobiles fans la moindre opération
{VArt de vérifier les dates.'y* »'
CLEIDES , ifles. Sans infcription*
. Leurs médailles autonomes font :
RRRR. .en bronze. * . . Fdleriru 0 . en ,or*
O. en argent.
Le fymbole de ces ifles eft une c le f, & leur
type eft un aigle volant.
cc Cette médaille doit, par fon type qui repré-
fente une clef antique , appartenir aux ifles Clei-
des 3 du mot Kxùc, qui fignifie une clef. Elle £
d’ ailleurs au revers un difeau volant, qui étoit
le type commun des monnaies de plufiéurs autres
ifles ,& villes maritimes, comme de Seriphus s
Siphnus ÿ Malea, & ç . Les Cleides étoient fifuées
près de Tille de Chypre, vis-à-vis un promontoire
qui portoit le meme nom. Les anciens ne font
pas- d’accord fur leur nombre* Il n’y en avoit que
deux, félon Strabon. Pline en compte quatre*
C’eft de Larnaca en Chypre que cette médaille
eft venue ( Comte de Caylus, J. pL 57, C.). »
CLEIDOMATIE. V~oyei C lédôMAn t ië *
CLEMENCE , vertu mife au rang des divinités.
Il fut réfolu, dit Plutarque, de bâtir au
temple à la Clémence de Céfàr ; & en effet, «m
en voit un fur une de fes médailles. Les fymboles
de^da Clémence font un rameau , la patère la
halte pure. Claudien dit que cette divinité ne
doit a voir ni temple, ni ftatue parce qu’elle ne
I doit habiter due dans les coeurs. Il- fait de S&
Clémence belle defeription dans fon poena«