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« Ces ornemens confiftent dans One bordure
chargée d’animaux, de mafques, & d’attributs
des fêtes de B ac ch u stra ité s de relief. Quatre
mafques partagent cette bordure en quatre divisons
, qui comprennent chacune trois animaux
& quelques Symboles ».
« La nature des ornemens de ce plateau indique
fon ufage; il étoit deftiné à Servir des fruits ou
des raifins. C ’étoit aufli la deftination d’un plateau
d’argent trouvé il y a peu d’années auprès
de Touloufe, & envoyé à M. Portai, de l’académie
des Sciences. C e plateau, ainfi qu’une
petite coupe trouvée dans le même endroit, étoit
orné d’urie bordure, formée de même par des
mafques & des attributs bachiques. Le travail
de ces deux morceaux étoit véritablement antique
& d’un bon ftyle ».
« Après ces observations Sur le goût des ornemens
du plateau, il eft inutile de réfuter fé-
rieufement l’opinion de ceux qui ont fixé fa fabrique
au fiècle du connétable de Bourbon , Seigneur
de Charnelle ; c’ eft à-dire , au X V I . fiècle
de nôtre è re , quatorze ou quinze cents ans plus
tard que fa véritable époque ».
La partie méchanique de ce monument mérite
une attention particulière, parce qu’ elle annonce
chez les anciens la pratique familière.d’un art,
ou procédé que les anglois n’ont exercé que
depuis un demi-fîècle* & les françois feulement
depuis douze ou quinze années. C ’eft du plaqué
ou doublé que nous voulons' parler. Le plateau
antique dont nous Sommes occupés n’eft point
étamé, pratique dont Pline ( l. x x x i v . ) attribue
l’ invention aux gaulois : il n’ eft pas non plus
Amplement argenté avec un amalgame d'argent
& de mercure, mais il eft de cuivre rouge ,
doublé d’argent. La feuille du métal riche qui
recouvre le cuivre eft suffi mince que le clinquant,
& cependant elle s’étendoit Sur toutes
les parties du cuivre, Soit plates, fois traitées
de relief. Les ornemens ne font point repouffés,
c ’eft-à-dire, convexes en deflus * & concaves en
defTous ; ils ne s’annoncent par aucune dépreffion
fous le plateau i il eft donc évident que ce plateau,
moulé d’abord en cuivre pur, recouvert enfuite
de deux feuilles d’argent, a été frappé dans une
matrice, & par des procédés analogues à ceux
qu’employent aujourd’hui les fieurs Tugot &
Daumy , ces ingénieux artiftes, que l’académie
des feiences a encouragés par Son approbation,
& le gouvernement par une protection fignalée.
L ’ adhérence de la mrnce feuille d’argent au
cuivre eft fi forte, qu’ elle a réfifté en plufieurs
endroits, & au coup de feu que les payfans
qui croyoîent le plateau d*argent maffif lui ont
donné dans l’efpoir de le fondre, & à l’acidité
du vinaigre, dans lequel fon dernier pofïefleur
l’a lai fié plongé pendant quelque temps.
D R A
Nous avons parlé du doublage de ce platean^
parce qu’ il nous a mis à même de juger par
analogie les uftenfiles antiques de cuivre doublés
d’argent, trouvés à Herculanum, décrits en 1770
par M. Fougeroux, de l’académie de§ feiences,
& dans les environs de L y on , & c . que nous
ne connoiffons. que par les-récits des voyageurs.
Il eft d’ailleurs bien agréable pour ceux qui font
de l’antiquité une étude confiante, de donner
une nouvelle preuve de la multiplicité des con-
noiffances que les anciens poffédoient dans les
arts méchaniques ainfi. que dans les arts libéraux.
DOUBLE T Ê T E .
Quoique Ovide ait dit à Janus :
Jane biceps anni tacite labentis origo Z
Solus de fuperis , qui tua terga vides*
On trouve cependant que Junon Patulcia
plufieurs hermès,ontété repréfentés àdeuxvifages.
Les anciens avoient des portes dont les battans
s’ouvroiènt à volonté en dedans ou en dehors j ils'
en avoient aufti qui n’étoient fermées que par un
rideau j dans ces deux cas des gaines chargées
de buftes à double tête , & placées dans l’épaifleur
des pied - droits , faifoient un ornement commun
au dedans & au dehors. C ’eft de là fans
doute qu’ eft venue la multiplicité des buftes 3
double tête.
DOUBLE M A N T E A U . Voye^ D iplois,
DOUBLES ( lettres )• Voje1 G éminées (lefrf
très).
D O U L E U R , fille de l’érèbe & de la nuit >
félon Cicéron 5 ou de l’air & de la terre Suivant
Hygin.
Aoysapia, fetes ou jeux inftitués en l’honneur:
de Bacchus. Il en eft fait mention Sur une médaille
de Philippe &■ de Trajan-Dece , frappée
à Boftra, publiée parPellerm.
DRAjCHME , denier , ancien poids de l’A fie
& de l’Égypte.
Elle valoit en poi.ds de France, 43 grains f y
félon M. Pauéton.
Elle valoit en poids des mêmes pays,
2 grammes.
©u, 4 oboles féminités*
eu , 6 danits»
D R A
bu, 8 kikkabos.
o u , 12 kérations.
o u , 24 chalcous.
o u , 48 fitarions.
pRACHME , denier, monnoie ancienne de
l ’Egypte & de l’Afie.'
Elle valoit, félon M. Pau&on, en monnoie
Q u e lle de France, ~ ° 0\ d e liv .
Elle valoit en monnoie des mêmes pays ,
l rébiites.
o u , y gérah.
e u , 6 méhah.
ou , 12 pondiou.
o u , 24 phollis.
o u , 96 kodrantes.
o u , 192 pérutah.
D rachm e , denier, zu x , mith-calos, fève
cl’Égypte, ancien poids de l’Afie & de l’Égypte.
Elle valoit en poids de France, |||p § de livre ,
félon M. Pauélon ( Métrologie ).
D rachme , poids & monnoie des grecs*
Elle valoit en poids de France, félon M.Pauc-
ton, ( Métrologie ) 84 grains i s- , & en monnoie
I livre.
Elle valoit en poids & monnoie des grecs,
6 oboles,
o u , 36 chalcous.
On trouve une médaille d’ argent de Né ron,
avec le mot Apaxmh, qui prouve que le denier
romain étoit de la même valeur que la drachme.
Plufieurs anciens écrivains ont employé indifféremment
le denier pour la drachme.
»D R A G O N . Au nom de dragon, dit M . le comte
de là Cépède ( quàdrup. ovipares de l'hiftoire naturelle
de M . le comte de Bujfon ) l’on conçoit toujours
une idée extraordinaire. La mémoire rappelle avec
promptitude tout ce qu’on a lu , tout ce qu’on a
ouï dire fur ce monftre fameux j l’imagination
s’enflamme par le fouvenir des grandes images
qu’ il a préfentées au génie poétique : une forte
de frayeur faifit les coeurs timides, & la curio-
fité s’empare de tous les efprits. Les anciens, les
modernes ont toujours parlé du dragon. Con-
facré par la religion des premiers peuples, devenu
l’objet de leur Mythologie, miniftre des
volontés des dieux, gardien de leurs tréfors,
Servant leur amour & leur haine, fournis au
D R A 4 4Î
pouvoir des enchanteurs, vaincu par les demi-
dieux des temps antiques, entrant même dans les
allégories facrées du plus faint des recueils, il a
été chanté par les premiers poètes, & repre-
fenté avec toutes les couleurs qui pouvoient en
embellir 1-image : principal ornement des fables
pieufes, imaginées dans des temps plus récens,
dompté par les héros, & même par les jeunes
héroïnes, qui combattoient pour une loi divine ;
adopté par une fécondé Mythologie, qui plaça
les fées fur le trône des anciennes enchantereffes*
devenu l'emblème des allions éclatantes des vail-
lans chevaliers , il a vivifié la Poéfie moderne, ainfi
qu’il avoit animé l’ancienne j proclamé par la voix
févère de l’hiftoire î p ar-tout décrit, par-tout
célébré, par tout redouté, montré fous toutes
les formes, toujours revêtu de la plus grande
puilfance , immolant fes viérimes par fon regard ,
fe tranfportant au milieu des nuées avec la rapidité
de l’éclair, frappant comme la foudre»
diflipant l’obfcurité des nuits par l’éclat de fes
yeux étincelans, réunifiant l’agilité de l’aigle > la
force du lion* la grandeur du Serpent ( il y a
des ferpens qui ont plus de quarante pieds de
long. Ovipares, tom. I . ) présentant même quelquefois
une figure humaine, doué d’une intelligence
prefque divine, & adoré de nos jours
dans de grands empires de l’Orient. Le dragon
a été tout, & s’efi trouvé par-tout, hors dans
la nature. Il vivra cependant toujours, cet être
fabuleux, dans les heureux produits d’une imagination
féconde. Il embellira long-temps les images
hardies d’une Poéfie enchantereffe : le récit de
fa puiflance merveilleufe charmera les loifirs de
ceux qui ontbefoin d’être quelquefois transportés
au milieu des qhimères, & qui défirent de voir
la vérité parée des ornemens d’une fiétion agréable
: mais à la place de cet être fantaftrque»
que trouvons-nous dans la réalité ? Un animal
auflï petit que foible, un lézard innocent &: tranquille
, un des moins armés de tous les quadrupèdes
ovipares, & qui, par une conformation
particulière , a la facilité de fe tranfporter avec
agilité , & de voltiger de branche en branche
dans les forêts qu’il habite. Les efpèces d'ailes
dont il a été pourvu , fon corps de lézard, &
tous fes rapports avec les ferpens, ont fait
trouver quelque forte de reflemblance éloignée
entre ce petit. animal & le monftre imaginaire
dont nous avons parlé , & lui ont fait donner
le nom de dragon par les naturaliftes ».
C e t animal fabuleux tenoit beaucoup du fer-
pent quant à la forme j au refte, chaque poète
a décrit ceux dont il parloit, ainfi qu’il a plu à
fon imagination. C et animal ne dormoit jamais ;
c’eft pourquoi on lui confioit la garde des chpfes
précieufes. I l étoit confacré à Minerve , pour
marquer, dit-on, que la véritable fagefle ne s’endort]
jamais : il étoit suffi confacré à Bacchus,
K k k i j