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de cadence. Ceft pour cela que les anciens Grecs
exprimoient le mot danfer par celui de ,
•voulant faire connoître par-là que la danfe leur
venoit de la Sicile. Après Andron, Cléophante de
Thèbes cultiva cet art avec fuccès, & Efchile ,
qui le porta fur le théâtre, contribua beaucoup à
fa perfection.
Erato & Therplicore prélîdoient à la danfe. .
Les Grecs & les Romains eurent fur la danfe
une manière de penfer très-différente. Les premiers
3 voifins & imitateurs dés Orientaux 3 en
faifoient beaucoup de cas. Nous voyons, dans
une hymne d’Homère , Apollon jouer de la lyre 3
& marcher en cadence, x«xa »*). ùtyipi&ç. Jupiter
lui-même’, le Père des Dieux & des hommes.,
danfe au milieu de l’Olympe dans les vers d’un
ancien Poète cité par Athénée (: lib. i. c.-ip. ).
Cornélius Népos raconte d’Epaminondas, qu’ il
avoit appris l’art de la danfe Sc la mufique, & il
ajoute que ces deux arts , méprifés de fou temps
par les Romains, avoient joui chez les Grecs
d’une grande confédération : Atque k&c ad noftram
confuetudinem func Itvia , & potins contemnenda y
at in Gracia utique oiim magna laudi erant.
.. Ce mépris des Romains pour la danfe eit encore
exprimé plus fortement dans le plaidoyer de
Cicéron pour Murena : Nemo, dit ce célèbre
Orateur , feré faltat fobrius , nifi forte infanit y
ntque in folitudine 3 neque in convivio konejto. In-
tempejlivi convivii , amoeni loci 3 multarum deli-
ciarum cornes eft extrema faitatio.
Difons cependant , à -la louange des Grecs,
que s’ils attaChoient du prix à la danfe 3 c’étoit
feulement à la danfe noble & grave. Le trait fui-
vant en fournit la preuve. Clyftène, tyran de
Sicyone , ayant promis fa fille en mariage à celui
d’entre les Grecs diftingués par la naiffan.ce> qui
remportecoit les prix dans des combats Sc des
défis relatifs à tous les exercices du corps > la
refufa à l’Athénien Hippoclide, à caufe de la
molleffe Sc de la lafciveté des mouvemens qu’il
avoit exécutés en danfantf Herodot. lib. vj. cap.
128. ). On fait de plus combien étoient méprifées
les danfes lafçives des Ioniens.
Danse armée : c ’étoit la plus ancienne de
toutes les danfes profanes : elle s’ exécutoit avec
l’épée, le javelot & le bouclier. Les Grecs l’ap-
peloient mempkitique 3 & ils en atrribuoient l’invention
à Minerve.
Pyrrhus, dut en renouvela l’ufage , en a été
cependant reconnu pour l’inventeur y par quelques
anciens Ecrivains.
La jeuneffe Grecque s’exerçoit à cette danfe 3
pour fe diftiaire des ennuis du fiége de Troie.
Elle étoit très propre à former les attitudes du
corps > & pour la bien danfer, il falloir des dif-
ontions très-heureufes , & une très-grande ha-
itude.
Toutes les différentes évolutions militaires entroient
dans h compofition de cette danfe.
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D anse a stron om iqu e . Les Egyptiens en
furent les inventeurs. Par des mouvemens variés >
des pas affortis >. Sc des figures bien d'effinées > ils
repréfentoient, fur des airs de caraétère, l’ordre,
le cours des affres Sc l’harmonie de leurs mouvemens.
Cette danfe fublime pafla aux Grecs, qui
l’adoptèrent pour le théâtre. Voyez Str o ph e>
Epode 3 Scc. Platon & Lucien parlent de cette
danfe comme d’une invention divine.
D anses Bacchiques ; c’eft le nom qu’on
donnoit aux danfes inffituées par Bacchus , 8c
qui étoient exécutées parles Satyres 8c les Bac;-
chantes de fa fuite. Le plaifir 8c la joie furent
les feules armes qu’ il employa pour conquérir les
Indes, pour foumettre la Lydie, 8c pour dompter
les Tyrrhiens. Ces danfes étoient au refte de trois
efpèces : la grave, qui répondoit à nos danfes
terre à terre > la gaie > qui avoit un grand rapport
avec nos gavotes légères > avec nos. paffe- piéds'&
nos tambourins 5 enfin", la grave 8c la gaie, mêlées
l’une à l’autre , telles que font nos chacones &
nos autres airs de deux ou trois caractères. On
donnoit à ces danfes les noms dxommclic, de cor-
dace 8c de cinufs.
Danses cham pêtr e s ou rus tique s. Pan,
qui les inventa , voulut qu’elles ftiffent exécutées
dans la belle faifon > au milieu des bois. Les
Grecs 8c les Romains avoient grand foin de les
rendre très-folemnelles dans la célébration dés
fêtes du Dieu qu’ils en croyoient l’inventeur.
Elles étoient d’ un caraétère vir 8c gai. Les jeunes
filles 8c les jeunes garçons les exécutoient avec
une couronne de chêne fur la tête 8c des guirlandes
de fleurs qui defeendoient de l’épaule gauche
3 8c étoient attachées au côté droit.
D anses des Curêtes et des C ortbantesv
Selon l’ancienne Mythologie, les Curêtes 8c les
Corybantes , qui étoient les Minières de la religion
fous les premiers Titans , inventèrent cette
danfe. Ils l ’exécutoient au fôn des tambours, des
fifres > des chalumeaux , 8c au bruit tumultueux:
des fonnettes, du cliquetis des lances > des épées
8c des boucliers. La fureur divine dont ils pa-
roiffoient faifis> leur fit donner le nom-de Cory-
bantes. On prétend que c’eft par lé fecours de
çette danfe qu’ils fauvèrent de la barbarie du.
vieux Saturne le jeune Jupiter, dont l’éducation,
leur avoit été confiée.
D anses de$ Festins. Bacchus Tes inffitua è
fon retour en Egypte. Après lé feftin, le fon de
plufieurs inftrumens réunis invitoit les conyives à
de nouveaux..plaifirs ; ils danfoient des danfes de
divers genres ; c’etoient des efpèces de. bals, oà
éçlatoient la joie , la magnificence 8c l’adreffe.
Philoftrate attribue à Cornus l’invention de ces
danfes, 8c Diodore prétend que nous la devons
à Therplicore..
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Danse dis F unérailles- « I
■ k tute a donné à l’hommo des fefieOe . g
„ toutes fes différentes fenfations,
» de fituation de l ame que la danfe ne « |
„ p e in d r e : s u f f i l e s A n c i e n s , q u i fm v o i e n t d a n s le s I a r t s le s id é e s p r im i t i v e s f l n e
» d e la f a i r e f e r v i r d a n s le s o c c a s io n s d a l e g r e f f e ,
| ils l’employoient encore dans les circonftances
» folêmnelles de trifteffe & M S , , R K g
,» Dans les funérailles des Rois d Athènes, une
» troupe d'élite I vêtue de longues robes blan-
„ ches , commençoit la marche i deux rangs
» jeunes garçons précédoient le cercueil, qu
1 Jétoit entouré par deux rangs de jeunes vierges.
» U s p o r t o i e n t t o u s d e s c o u r o n n e s d e b r a n c h e s
H d e c y p r è s , & f o rm o i e n t d e s d a n f e s g r a v e s SC
„ maieftueufes fur des fymphomes lugubres. .
„ Elles étoient jouées par plufïeürs Muficiens
» diftribués entre-les deux premières troupes. |
„ Les Prêtres des différentes Divinités adorees
» dans l'Attique, revêtus des marques diitinc-
„ tives de leur caraâère, vendent enfuite. Us
» marchoient lentement & en mefure, en chan-
tant des vers à la louange du Roi mort.
» Cette pompe étoit fuivie d un grand nombre
» de vieilles femmes couvertes de longs manteaux
„ noirs. Elles pleuroient & faifoient les contor-
,> fions les plus.outrées, en pouffant des f“ "? 10^
„ & d-s cris. On les nommoit Us Plcureufes-, Sc
on régloit leur falaire fur les extravagances plus
k ou moins grandes qu’on leur avoit vu faire.
B 1 Les funérailles des particuliers, formées fur
» ce modèle , étoient proportionnées a la dignité
H des-morts & à la vanité des furvivans: 1 orgueil
» eft à-peu-près le même chez tous les hommes;
les nuances qu’on croit y appercevoir font peut-
~ être moins en eux-mêmes, que dans les moyens
» divers de le développer, que
» prodigue ou leur refufe ». CTraaé h jonque de
la Danfe , tome /. /. il- v i. J.
Danse des L acédémoniens. Lycurgue, par
une loi expreffe, ordonna que les jeunes Spartiates,
dès l’àge de fept ans, commenceroient a
s’exercer à des danfes furie mode phrygien Elles
f ’exécutoient avec des javelots , epees & des
boucliers. On voit que la danfe armée a e te 1 dee
primitive de cette inftitution,. & le Roi Numa
?orma la danfe des Saliens de 1 une & de 1 autre.
La gymnopédie fut de l’inftitution expreffe de
Lvcurlue. Cettt.danfe étoit compofee de deux,
c & s , l’un d’hommes faits, l’autre denfaus :
ils danfoient nuds, en chantant des hymnes en
l’honneur d’Apollon. Ceux qui menoient les deux
choeurs étoient couronnés de palmes. ^ .
La danfe de l’innocence étoit très-ancienne a
Lacédémone I les jeunes filles l’executoient nues
devant l’autel de Diane, avec des attitudes douces
& modeftes, & des pas lents Helene
s’exerçoit à cette danfe lorfque Thefee la v i t , en
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devint amoureux, & l’enleva. Il y a des Auteurs
qui prétendent que Pâtis conçut anffi pour elle,
cette violente paffion qui coûta tant, de lang a
la Grèce Sc à l’Afie, en lui voyant executrer cette
même danfe. Lycurgue, en portant la- réforme
dans les loix & les moeurs d e s Lacedemoniens |
conferva cette danfe, qui ceffa des-lors d etre
dangereufe. ... . .
Dans cette République extraordinaire, les vieillards
avoient des danfes perticulieres qu ils execu-
toient en l’honneur de Saturne , Sc en chantant
les louanges des premiers âges. .
Dans une efpèce de branlé qu on appeloit hor-
mus , un jeûné homme lefte & vigoureux, &
d’une contenance fière , menoit la danfe ,* une
trouoe de jeunes garçons doubloit les pas ; une
troupe de jeunes filles venoit immédiatement apres
eux avec des pas lents, & d’ un air modelte. Les
premiers fe retournoient vivement, fomeloient
avec la- troupe de jeunes filles, Sc repreientoient
ainfi l’union & l’harmonie de la tempérance & dé
la force. Les jeunes garçons doubloient les pas
qu’ils faifoient dans cette danfe , tandis que les
jeunes filles ne les faifoient que Amples ; voila
toute la magie des deux mouvemens difrerens des
uns des autres en exécutant le meme air.
D anse des L apith.es. Elle s’exécutoit au
fon de la flûte, -à la fin desfeftins , pour celebrer
quelque grande vi&oire. On croit qu elle rut inventée
par Pirrithoüs. Elle étoit difficile Sc pénible,
parce qu elle étoit une imitation du combat
des Centaures & des Lapithes : les differens mouvemens
de ces monftres moitié hommes & moitié
chevaux, qu’il étoit néceffaire de rendre., exi-
geoient beaucoup de force-; c eft par cette raifon
qu’elle fut abandonnée aux payfans. Lucien nous
apprend qu’eux feuls l’exécutoient de fon temps.
D anse DE l’ÀRCHIMINE, dans les funérailles
des Romains. On adopta fûcceiTivement à Rome
toutes les cérémonies des funérailles des Athéniens,
mais on y ajouta un ufage, digne de la
fageffe*des anciens Egyptiens
« Un homme inftruit dans 1 art de contrefaire
,, pair 3 la marche , les maniérés des autres hom-
A mes , étoit choifî pour précéder le cercueil : il
» prenoit les habits du défunt, Sc fe couvroit le
„ vifage d’un mafque qui retraçoit tous fes traits; :
I fur les fymphonies lugubres qu’on executoit
« pendant la marche, il pe rm it dans fa danfe
» les a étions les plus, marquées du perfonnage
>, qu’il repréfentoit.
a, C’étoit une oraifon funèbre muette, qui
» retraçoit aux yèüx du public toute a vie du
» citoven qui n’étoit plus.
» VArckimine, c’étoit ainfi q u ’ o n nommoit cet
» Orateur funèbre, étoit fans partialité ; il ne tai-
„ foit grâce , ni en faveur des grandes places du
»3 mort, ni par la crainte du pouvoir de fes
s® fucceffeurs.