
de lin blanc, placées fur la poitrine. Ils lapor-
toient, fuivant Diodore, dans , le deuil pour les
rois ; mais ni l’un ni l’autre n’ont dit s’ils avoient
d’autres habilleinens.
Les femmes, félon-Hérodote, ne pouvoient
faire les fondions des prêtres ; ainfi celles que
nous voyons fur les bas reliefs devroient être exclues
du facerdoce. Cependant Strabon { liv . 1 7 ,
fo l. 295. ) parle de prêtreffes 3 & Bannier ( Mythologie
, tom. II. fol. 399. ) leur donne la chevelure
des prêtres. Ce dernier place fur la tête
des uns & des autres des couronnes de fleurs ,.
comme on en voit aux figures du bas-relief du
palais Mattéi, qui portent les inftrumens des fa- 1
crifices & les emblèmes- des divinités. Il fe pour-
roit , au refte , que l’ inftitution des prêtreffes
fût poftérieure à Hérodote , ou que cet hifto-
xien parlât feulement des femmes mariées, comme
le penfe J.e comte de Caylus. ( Recueil d’antiquités,
tom. 7 , fol. 58.)
Des armes. Il feroit difficile d’indiquer quelles
ont été les armes défenfives des égyptiens. Hérodote
( liv. 7. c. 7. ) d it , à la vérité, qu’ils por-
toient des cafques 3 mais cela n’apprend pas la
forme qu’avoient ces cafques , qui differoient fans
doute du cafque royal. Une figure du bas-relief
égyptien du palais Mattéi, eft la feule quipour-
roit nous donner une idée de cette armure 3 elle
porte un bonnet lié autour de la tête, & orné
de deux plumes, forme affez femblable à quelques
cafques. grecs, quoique , fuivant Hérodote,
la forme égyptienne étoit plus coupée & moins
fimple. La cuiraffe étoit ordinairement de lin
? Hérodote lib. 12 ,c . 12 ) , comme celle qu’Amafis
envoya à Lacédémone, & qui étoit tiffue'de
fils, dont chacun, malgré fa firieffe , étoit com-
pofé de trois cents foixante autres fils. Elle étoit
enrichie de broderies en or , en laine & en coton-,
femblables à celles que • l’on remarque , fur les
cuiraffes grecques. V o y e z C u ir a s se . ■
Les boucliers égyptiens étoient grand?. & très-
convexes. Les armes offenfives étoient ( Hérodote)
une épée dont on ignore la forme, la
pique, le poignard & la hache.
Uufage des .enfeignes, pu étendards, a commencé
de bonne heure chez les. égyptiens'. G ’ é-
toient des figures d’animaux , portés par les chefs
au bout d’une pique, qui faifoiènt reconnoitre à
chaque foldat fa compagnie , & ethpêchoient le
défordre. ( Diodore de Sicile. ) Cette invention
ayant procuré des victoires, lé peuple crut les devoir
à ces animaux; &’ c ’eft, félon Diodore,
ce qui en a occafionné le culte. .
’ La cavalerie & les chariots de guerre étoient
connus en Egypte du temps de Séfoftris,,.;( De
l’origine des loix, arts & fciences, tom.
fol. 618.) Séfoftris ( Diodore ) fe faifoit tramer
dans un char à quatre chevaux attelés de front-,
II ri’eft pas poflible de' décrire la forme de ces
chars, parce qu’on n’en retrouve fur aucun monument
égyptien. Cependant un auteur moderne
affure feul, que l’ on voit des chars fur quelques
monumens de la Thébaïde. ( Recherches philosophiques
fur les égyptiens & chinois, tom. z , fol*
l i o . )
Des facrifices & de quelques ufages particuliers,
des égyptiens.
Les égyptiens adoroient plufieurs animaux ;
mais ils étoient bornés par leur culte, meme
dans le choix des vidtimes. C ’étoient des boeufs
ou des veaux qu’ils immoloient le plus fouvent.
Hérodote ( libro fecundo ) détaille quelques particularités
de ces facrifices. Un des prêtres exa-
minoit la viétîrae ; elle ne pouvoit, avoir aucuns
poils noirs , ni ceux de la queue hériffés ou inégaux.
Il falloit trouver fur la langue de l’animal
les marques qui, félon les principes des prêtres ,
prouvoient fa pureté. Après ce rigoureux examen^
on lui appliquoit par le moyen d’une terre
argilleufe , une marque imprimée fur du-papyrus•*
Enfuite il étoit conduitprès de l’autel, on allumoit
le bois , puis on confacroit l’animal en faifant fur
fa tête des libations de v u i, enfin on rimrhploit.
La tête étoit jett.ée au loin, avec des imprécations
, comme étant chargée des maux ou des
malheurs, dont pouvoient fe voir menacés ceux
( qui offroient le facrifice, & même l’Egypte entière.
« Lorsqu’ils facrifient un boeuf à lf is ,
i ( c’eft encore Hérodote qui parle)i.lsen vuident
! le ventre, y laiffant feulement la graiffe; abattent
enfutte toutes les extrémités de la bête, puis
rempliffent le corps de farine, de miel, de figues,
de myrrhe, d’encens & d’autres aromates;»
Ainfi préparé, on place ce corps fur ie feu, & on l’ar-
rofe d’ huile & de vin». Ces cérémonies dévoient
pratiquer à jeun 5 & pendant tout le temps-que.
la viàime étoit fur le fe u , on fe frappoit la
poitrine : mais après, le facrifice, on mangeoit
les, ’ relies . des vidtimés.
Quant à la forme des autels des égyptiens,
elle'eft décrite à l’article A utel. Gé peuple avoit,
comme les grecs, l’ufage dés marche-pieds pour
les perfonnes diftinguées.
Des repas. Suivant Diodore, les égyptiens ont
connu de' bonne heure l’ iffkge de manger couchés
fur des lits. Il dit , en ' parlant du tombeau d’Ofi-
ipa'ndias., & des édifices qui d’accompagnoient
un des plus beaux palais ,. contenant vingt tables
entourées de leurs lit s , fur lefquelles. éipient les
images de Jupiter , de Jftnôn & du roi mime* ' ■
"En Égypte il étoit d’ ufage à la fin des repas ;
de-voir entrer dans la falle un ferviteur portant
la repréfentation d’une momie , ou corps mort
embaumé , de la grandeur d’une ou de deux
.coudées, qu’il montroit à tout le monde, en.
difant : buvez & divertijfe^-vous, . vous deviendrez
femblables a ceci. Quelques auteurs difent: que
'.c’étoit un fquelette; mais on fait que la religion
égyptienne défendoit la diffedtion d’un corps hu--
' main. On ne doit pas s’étonner de trouver cette
Mfarrerie chez un peuple, qui différoit prefqu en
toutes chofes des autres nations. En effet, les
égyptiens écrivoient de la droite a la gauche 3
les femmes en Égypte portoient les fardeaux fur
les épaules , & les hommes les portoient fur la
tè te , & c . On peut voir d’autres fîngularites de
..cette efpèce dans Hérodote ( h'é» 2* )•
Il ne faut pas , dit M. André Lens, peintre •
de Bruxelles , auteur du cofiume des peuples an-,
ciens , que la roideur du ftyle égyptien empêché
les artiftes de retracer leurs habits ,
ou leurs ornemens. On peut leur conferver la~r
forme caradériftique, ' en évitant cette roideur.;
il rie faut jamais s’éloigner du bon goû t, mais
imi&er les grecs, qui ont toujours écarté de leurs
composions ce qui pouvoit ternir la nobleffe dans
les figures principales. Ils ont fait renaître dans
leurs ouvrages les diverfes nations , én prononçant
leur cara&ériftiqüe fur quelques figures de
moindre conféquence :: tel, e ft, par exemple, le
beau bas-relief de la villa Borgèfe y fur lequel
Priam eft repréfenté au pied d’Achille fans le
bonnet phrygien. Il eft fâcheux, que les anciens
écrivains ne nous aient pas trahirais des details
plus diftin&s fur les habillemens des égyptiens,
parce les monuvnens qui nous relient de ce peuple
, paroiffent pour-la plupart être, exagérés. Il
.paroît vraifemblable que ce ftyle fingulier , ayant :
été une fois admis par le gouvernement, étoit
devenu une loi pour -l’artifte, a qui il étoit de-
. fendu très-expreffément de s’en écarter, félon-
Platon. •
Les ^rts & les*fciences Ayant été tranfportés
de- Y Égypte dans la • . Grèce,- dont lès fages
d’ ailleurs voy-ageoient continuellement en Egypte
-f il eft affez probable, que la . différence, dans
. l ’habillement n’étoit pas auffi: grande que les;
monumens paroiffent l’ indiquer. La plupart de
. ceux-ci , qui étoient fymboliquesou des copies
ferviles & maniérées des plus anciennes
fculptures-, ne reffembloient peut-être en rien à
l’ ûfage ordinaire. Cette conje&ure a engagé M*
Lens à ne faire ufage(dans fon cqfiume que nous
citons fouverit avec plaifir ) que des monumens
les moins bifarres &. lès moins- éloignés du goût
dès grecs. On peut fe conformer, a ce g oû t, quand
on ri’a pas des - preuves .pofitives d ufages contraires
i & on peut le faire, avec d’autant moins
de fcrùpule , que la Grèce fu t , a diverfes repri-
fes , peuplée par des égyptiens & des Phéniciens,
tels que Danaüs & Cadmus.
Monumens & ftyle des égyptiens.
Winckelmann va parler ici. Les égyptiens,
-dit-il ( hift. de l ’art , liv . 2 . ) , fe^ font peu
écartés de leur premier ftyle 3 auffi n ont-ils jamais
atteint dans l’ art ce degre de perfection
auquel font parvenus les grecs. Plufieurs caufes
les en ont. empêché : la forme de leurs corps,
leurs opinions, leurs coutumes-, leurs loix civiles
& religieufes, le peu d’eftime qu’ils avoient pour
les artiftes, & fans doute un defaut de talent 8c
d’élévation de la part de ceux-ci.
La première caufe du caractère particulier de
l’ art des égyptiens , fe trouve dans leur configuration
, qui n’avoit pas. l’avantage d’exalter l’ame
de leurs artiftes, & d’élever leur imagination à
la beauté idéale. La nature qui avoit tant favorifé
les femmes égyptiennes du côté de la fécondité
( Plia. I. 7 'C 30. Seneca, nat. qu, /. 3. c. 2?;) ,
les avoit .fingulièrement négligées à l’égard de la
figure. Avare de fes dons pour les femrnes de
Y Égypte, elle les prodiguoît à celles del’ Ltrurie
& de la Grèce. Cette obfervation porte fur une
formechinoifequi caradérife les égyptiens, &que
l’on remarque conftamment à leurs ftatues , aux
figures de leurs obélifques & de leurs pierres
gravées ( on ne fauroit fe former une idée plus
nette de • la forme des têtes égyptiennes, qu’en”
confultant le deffin d’une momie dans Béger.
Thef. Brand. t. y p. 402. & celui de la momie
•décrite par Gordon i.Ejfay toward cxplaning the
hieroglyphica . figures on the cojjin o f an ant/ent
mummy, London, 17 57* /h/. ) Elle n ainoit pas
dû échapper à ceux qui de nos jours ont tant
écrit fur la reffemblance des chinois avec les
anciens égyptiens. Efchyle dit pofitivement que
ce peuplé différoit des grecs par la configuration.
( JEfch. fuppl. v. 506. ) Ses artiftes ne pouvoient
donc pas chercher la variété, puifqu’ elle ne fe
- trouvôit pas dans ..la nature qu’ ils avoient fous
les yeux. La température, conftamment égale du
: pays , faifoit-que la nature toujours une dans fes
operations i & .toujours plus uniforme aux extrémités
qu’ au centre, ne s’écartoit guère de fes
formes exagérées. La conformation particulier^
aux têtes des ftatues égyptiennes, fe retrouve auffi
dans les têtes des perfonnes peintes fur les momies.
- On fait de plus que les égyptiens avoient Iè
teint bafané ( Herûdot. liv. 2. Propert. Hv. 2,
E l. 24. v. .1 y. fufç is JEgypti alumnis ) , couleur
qu’on donne aux têtes repréfentées fur les momies
peintes ( prohlem. f e ü . 14- P- 1X4- ! * ef ‘
Sylbourg ) de là vient que le mot
gnifioit halé, brûlé par le fojeil ( Euflath. a.d