& Lothaire, qu'il eft réellement de parchemin
ou de quelqu’autre matière fort diftingueB de la
peau de poiflon , & que les autres chartes fem-
blables de Rois & d’Empereurs, dont Puricelli fe
déclare témoin oculaire , après un ferieux examen,
ont paru n'avoir rien de commun avec cette
peau. Au lieu de cela, Muratoti allègue pour preuve
de leur non- exiftence qu'il n'a pas vu ces pièces.
Encore s'il nous avoit affiné que tous les titres
de ce Chartrier lui avoient pafle par les mains,
peut-être auroit-on moins de répugnance à s en
rapporter à un argument négatif préférablement
à un autre qui dans l'égalité des circonftances
devroit l'emporter. Ce fera donc porter la déférence
aufli loin qu'elle pourra aller pour 1 autorité
de Muratori, que de regarder la queftion comme
indécife fur l'exiftence des monumens qui le déterminent
à contefter en général celle des chartes en
peau de poiflon : Et adhuc fu b judice l ' s eft. »
«c Les cuirs des animaux paffes recevoient
l'écriture du côté qu'ils étoient dépouillés de leurs
poils. Allatius ( Anijnadverf. in antiq. Etrufc.
fragm. n. 63. p. i l 4 .) dit avoir vu dans les Bibliothèques
de Grèce, d'Italie & d'Allemagne
plufieurs volumes ou.rouleaux en cuir qui portent
des caractères hébraïques fans points. Les diverfes
pièces qui les compofent ne font point collees, !
mais feulement coufues enfemble. L’ ufage de ces
rouleaux eft aflez général chez les Juifs. Leurs
fynagogues en poùrroient fournir bien des preuves.
Mais fans y avoir recours, on en trouvera
dans la Bibliothèque du Vatican. {Ibid. ) , dans
celle du Roi, dans les villes de Livourne & de
Bologne en Italie. ( PaUograph; c. 1. pag. 17,
ftîaffei, Iftor. Diplont. p. 73.) » ■
« On conferve dans le Couvent de Saint Dominique
de Bologne, dans un reliquaire fermé
fous deux clefs, dont l’ une eft gardée par le Sénat
de la V ille , & l’autre par les Religieux, les deux
Livres d'Efdras écrits fur un rouleau de cuir.
L'Auteur de la Bibliothèque du Vatican (p. 394*
39 j . ) ne craint pas d’avancer que ces Livres font
de la main d’Efdras même. Mais il faudroît des
preuves bien fortes pour conftater un fait fi fin-
gulier. On montre dans la Bibliothèque des Chanoines
Réguliers de Saint Sauveur de la meme
Ville un autre rouleau en cuir, contenant le Livre
d'Efther dans fa langue originale. »
« Pétrarque habillé d’une fîmple {Franc.
Bouhi. eleg. lib. 1.) vefte de cuir paffe écrivoit
fur elle les penfées qu’il cfaignoit de perdre à proportion
qu’elles fe préfentoient à fon efprit. Cette
vefte pleine d’écritures & couverte de ratures étoit
encore en 1527 confervée & refpe&ée comme un
monument précieux de Littérature par Jaque Sa-
dolet, Jean Cafa & Louis Bucatello, noms fameux
dans la République des Lettres. La vénération
qu’on avoit pour les Livres de S. Athanafe
faifoitdireàun Abbé ( Prat. fpirit. cap. 40.) qu au
défaut de papier il falloir les écrire furies habits. »
ee Ulpien, au trente-deuxième Livre du Digefté
(§. 2. Leg. 52.) ne diftingue pas, comme l'a cru
D. Mabillon ( De re Dipl. lib. 2. cap. 8. n. 2 .) , le
parchemin du cuir. Au contraire, il entend par
ce dernier la peau de certaines plantes, auffi-bien
que celle des animaux ; mais il fait réellement ailleurs
(L>. lib. 37. tit, 1. leg. 1 .) cette diftinttion.
Notre favant Bénédictin afliire qu on s eft tare;
ment fervi de cuir pour dreffer des chartes, U
cependant on en a jamais fait cet ufage. Celapour-
roic avoir befôin de quelque reftriétion par rapport
aux temps, aux lieux & aux perfonnes.M |
ce L'ufage d'écrire fur les peaux eft fi^ ancien
qu'on ne fauroit en aflïgner l'époque. Pline 1 Hil-
torien marchant fur les traces de V arron attribue
à Eumène,Roi de Pergame en Afie, 1 invention
du parchemin. Ifidore de Séville n'en fait pas remonter
( Qrig. lib. 6. cap. i l. ) plus haut l ’origine.
Güilandini réfute ( Papyr. memb. VI. pag* f t 1,
feq. 5 les deux premiers (car il ne parle point du
trôifième ) par l’autorité de Jofeph {Antiquit. Jud.
lib. 11. cap. 2.X, & mieux par celle d'Herodote
{In Terpfichore, lib. y. cap. 58,0, qui dit que les
Ioniens au défaut de papier d’Egypte fe fervirent
de peaux de chèvre & de mouton, 8z .que de fon
temps plufieurs Barbares éerivoient encore fur ces
fortes de peaux. » .
cc Les anciens Perfes, au rapport de Diodore
{Lib. 2.) de Sicile & de Ctéfiâs, éerivoient fur
des peaux ou des parchemins les annales de leur
nation. Il femble donc du premier coup-d’oeil que
Varron & Pline font tombés dans une mepfife
bien marquée } mais 11e pourroit-on pas fuppofec
qu'ils n'auroient point prétendu fixer aux'-regnes
d’Eumène & de Ptolémée Philadelphe 1 ufage
d’écrire fur les peaux, mais feulement la fabrique
du parchemin tel que nous le faifonsaujourdhuiî
Il auroit même pu arriver que cet art auroit plutôt
été apporté des pays barbares qu’inventé a Pergame.
Perfectionné dans cette V ille , il y auroit
pris faveur, & de là fe feroit répandu dé toutes
parts. C’en étoit aflez pour lui faire, impofer le
nom ( Hieron. Epift. ad Chrom.) de Pergamenum.
Voflïus ne {De arte Gram, lib. 1. cap.^S.p. I34*j
s’éloigne pas beaucoup de cette maniéré de concilier
toutes chofes. »
«e Ce que nous difons dû parchemin ^convient
au vélin, qui n’ en diffère que parce qu il eft de
peau de veau, au lieu que l’autre eft de peau de
mouton. On poliflbit l’un & I autre avec ta pierre
ponce. Les premiers ouvriers en parchemin n en
favoient fabriquer que de jaunâtre {Ifidor. f tr‘lg\
lib. 6. cap. 1. )• On trouva le fecret à Rome de lua
donner de 1a blancheur } mais comme il fe falifloit
aifément, fc que d’ailleurs il fàtiguoit ta vue ,
cette découverte eut peu de fuccès. »
« Indépendamment du nouveau fecret on dif-
tinguoit autrefois 4Ibid. ) trois fortes de parchemins,
le blanc, le jaune & le pourpre. Le blanc
rétoit par W jatotf ïéilftiffoit wsdeuxeouleurs
partagées fur chacun des cotes de fes feuilles.
De là ce vers de Perfé :
Jam .liber & pofitis bicolor membrana capillis.
Le parchemin de couleur de pourpre étoit pour
l’ordinaire également teint des deux côtés , deftiné ]
à recevoir des! lettres d’or & d’argent. On a non-
feulement écrit des Livres facrés, & fur-tout des
Pfeautiers (Hieronprolog. in Job.) en parchemin
pourpré, mais nombre de Bibliothèques & de
Tréfors d’Églifes renferment d’anciens Miflels où
le vélin couleur de pourpre eft prodigué avec plus
ou moins de profufion.* Quelques-uns même ;
n’offrent que des feuilles teintes en pourpre, fans j
aucun mélange de feuilles ordinaires. Nous n’avons
point vu de Diplômes ainfi colorés. Quoiqu’il en
exifte quelques-uns, on peut dire qu’ils font aflèz
rares. Voilà tout ce que nous avons à remarquer j
fur la nature & les efpèces de parchemin. L ’ancienne
manière de le fabriquer ne différoit en rien :
d’eflentiel de 1a nôtre. Nous allons donc nous borner
à l’ufage du parchemin par rapport aux
chartes. »
« Si les plus anciens manuferits, confervés juf-
qu’à préfent, font en parchemin,,les plus anciens
Diplômes font aufli en papier d’Egypte. On n’a
découvert en parchemin nulle .charte antérieure
au fixième fiècle. Faute d’avoir été aflez au fait
de (a matière fur laquelle fe trouvent écrits quelques
Diplômes de nos Rois, Mafféi ( Iftor. Diplom.
pag. 80.) recule jufqu’au huitième fiècle le commencement
de 1 ufage de faire fervir le parchemin
à l’expédition des chartes, & fon progrès au
règne de Didier, Roi des Lombards: en un mot,
dit-il, on n’a point encore vu, que je fâche, de
Diplôme original en autre matière qu’en çapier,
avant l’an 700 } mais il auroit appris qu’on en
avoit vu s’il eût jeté les yeux fur les pages 380
& 472 de ta Diplomatique de D. Mabillon. Du
refte, il eft jufte d’applaudir à la fagefle de fa critique.
Loin de tenir pour faux, félon 1a méthode
de certaines gens, tout Diplôme en parchemin,
dont ta date précéderoit le huitième fiècle, parce
qu’il n’en avoit vu aucun, ou qu’il croyoit que
les autres Antiquaires n’avoient pas été plus heureux
dans leurs recherches ; il ne nie pas qu’il ne
$*en puifîe trouver, ni qu’on écrivît quelques
chartes fur cette matière.. Convaincu par le témoignage
des Auteurs & le tangage muet des manuferits
en parchemin, il fe contente de juger qu’or-
dinairemerît on le deftinoit pour les livres , & le
papier pour les aéfes publics. La propofition eft
trop raifonnable pour que nous faflions difficulté
d’y fouferire dans toutes fes parties. »
« Quoique l’Italie l’emporte fur ta France &
l ’Angleterre pour les antiquités qu’elle tire de fon
fein, il réfulte de l’aveu du favant Marquis que
ces deux Royaumes’ontfiir elle l’avantage de pof-
féder plufieurs Diplômes originaux en pavçhemin
du feptième fiècle. Avouons-le cependant} ni
l’Angleterre {Hickes Ling. vet. fept. chef, prsfat.
pag. 3 2 .) , ni l’Allemagne {Chron. Godwic.
tom. l.p . 82. ) n’employ,èrentjamais,pourdreflec
leurs aéles, le papier d’Egypte ou de coton. Le
parchemin fut l’ unique matière dont elles firent
’ ufage avant la découverte du papier de chiffe.
Ainfi en fuppofant que le judicieux Gudenus
( Sylloge varior. Diplomate pref. pag, 2.) n aura,
eu en vue que fa patrie#, il aura pu établir cette
règle: qu’avant l’an 1280cous les Diplômes 8c
A&es de quelque nature qu’ils foient font en
parchemin.».
« De plufieurs pièces de parchemin attachées
enfemble on formoit des rouleaux appelés volumes
{lfed. lib. 6. cap. 12.) a volvendo, ou rôles a.
rotâ3 ou cylindres àiro KoXuJpov ( Laert. inEpicur
parce qu’ils en empruntoient ta forme, & que les
bâtons fur lefquels on les rouloit étoient réellement
de petits cylindres de bois, de corne {Martial.
lib. i l . Epigram. 6 1 . ) , d’os, d’ivoire, de
verre ou de quelque métal. Les bouts en étoient
terminés par des globes ou des pointes de diverfes
figures, tant pour tenir en état les diverfes pièces
roulées, que pour les orner. Les anciens Juifs unif-
foient les différens morceaux de leurs rouleaux
facrés avec tant d’art, qu’on ne pouvoit en apper-
cevoir 1a jointure. Ce fut, félon jofeph, un fujet
d’admiration pour ( Jofeph. Antiquit. Jud. l. 12.
. c. 2. ) Ptolémée Philadelphe lorfque les foixante^r
dix vieillards envoyés par le grand Prêtre déplièrent
en fa préfence les rouleaux où 1a Loi de
Dieu étoit écrite en lettres d’or. » |
« Il s’en faut beaucoup qu’on ait dans ta fuite
pris ta même peine pour joindre autant de pièce«
de parchemin qu’en demandoit l’aéle qu’on fc
propofoit d’écrire. Souvent au lieu de les coler
on fe contentoit de les coudre enfemble ou de
les unir par des attaches de 1a même matière, pratique
dont les exemples fe font multipliés fans
nombre dans les bas fiècles, lors même que les
aétes étoient aflèz courts pour être renfermés en
moins d’un quart de feuille. Les procédures,
aétes judiciaires ( Sylloge varior. Diplomat. prsf.
p, 3 .) , enquêtes étoient fouvent fur des rouleaux
de plufieurs toifes de long} mais en général
il étoit rare que les rouleaux fufîènt écrits
des deux côtés> » ^ #
« Soit que ta fineffe du papier d’Egypte ait dé^
terminé les Anciens à ne l’écrire que d’un cô té ,
foit que l’importance des pièces, jointe à la dignité
de ceux à qui on les adrefloit ou au nom dé qui elles
étoient écrites, ne permît pas d’en remplir les deux
côtés, l’ufage de ne point écrire fur le dos des
chartes ne devint pas moins ordinaire à l’égard du
parchemin que du papier. Les lettres des Princes,
des Magiftrats & des Généraux Romains n’étoient
-jamais.( Hugo de prima ferib. orig. pag. 188. )
écrites qu’en dedans, & fuivant la longueur de ta
[ feuille avant Céfati il étoit inoui que des pe#*