
E.
<8 & E. Il eft difficile d’établir une règle dans
la fcience Numifmatique, fur le temps où l’un
de ces deux E a été employé de préférence à
l ’autre. Voici ce que les auteurs de la nouvelle
Diplomatique ont dit à ce fujet.
« s . . . . C e caractère oncial commence au
plus tard à fe montrer fur les médailles vers le
milieu du III. fiècle. Quoiqu’ il ne fût pas encore
ordinaire fur la fin de ce fîçcle & au commencement
du fuivant., il fe laiffe voir aflfez fouvent.
On le trouve fur plufieurs médailles de Gallien ,
d’Aurélien , de Probus , & dans quelques autres.
Mais comme il ne s’y montre qu’en qualité de
lettre détachée, foit figle, foit nombre, & que
bien d'autres lettres grecques s’y rencontrent également
, on peut douter fi cet © n’eft pas une
lettre grecque. C e qui pourroit prouver le contraire
, c’ eft i ° . que parmi ces lettres3 plufieurs
latines, qui ne fauroient fe confondre avec les
grecques, fe produifent auffi fur les rangs également
ifolées. 2°. C e qui paroît plus concluant,
ou du moins plus probable, c’ eft que bientôt après,
ces <5 entrèrent dans le corps même des mots latins
fur les médailles. On en compte plus de trente
avant Dioclétien , dans la feule collection numifmatique
deBanduri. C ’eft donc faute d’ examen,
que le P. Lupi, jéfuite, dit que ce caractère a ;
été rarement employé avant le V. fiècle ».
L ’obfervation fuivante démentira leur opinion,
& montrera le danger que l’on court en 'généra-
lifant trop les faits paléographiques.
Un beau médaillon d*or, porte d’un côté
les têtes de Ptoléméq Lagus & de fa femme >
au revers celle de Ptolémée Philadelphe avec
fon époufe. On voit à la tête Te employé, &
au revers l’E. Les deux fe voient auffi dans le
pjephifme de G é la, une des plus anciennes inf-
criptions grecques, faite long-temps-avant Aga-
thocîe.
E grec & H.
Les noms grecs terminés en que nous faifons
pafler dans notre langue, changeut feulement l’*y en é
fermé ou mafculin. Cette règle n’eft cependant
pas générale ; car les noms qui font d’un ufage
commun, prennent Ve muet ou féminin , comme
Hélène, Melpomène, Terpfichore. Ceux au contraire
qui font moins ufîtés, ont l’é fermé, tels
font A g a v é , Z é té * Arfinoé, A ïé té , Daphné,
Atéa &c. ' I
E pour AE. Voye^ a i . On le trouve fréquemment
dans les infcriptions.
, E numéral.
On trouve dans plufieurs di&ionnaires, que
la lettre E étoit chez les anciens une lettre numérale
, qui fignifioit 250, fuivant ce vers.
E quoque ducentos & quinquaginta tenebit.
Mais il faut remarquer que ce n’eft pas chez
les anciens que cet ufage des lettres latines.numérales
a eu lieu. Ifidore de Séville, auteur du fep-
tième fiècle , le dit en termes exprès au premier
livre de fes origines, chap. 3. Latini autem numéros
ad. litteras non computant, C et ufage fut introduit
dans un temps de barbarie & d’ignorance.
Du Cange a pris foin d’expliquer cet ufage au
commencement de chaque lettre de fon favant
glofîaire latin-barbare. Mais lesfaifeurs de dictionnaire
qui l’ont fuivi & qui ne l’ont point entendu ,
ont dit qu’on trouvoit cette explication des lettres
numérales dans Valérius Probus. Du Cange ne 1©
dit point, mais il affure feulement qu’on trouvoit
cette explication à la page 1683 du recueil des
anciens grammairiens, entre lefquels font Valérius
Probus , ôr Pierre Diacre. Habetur vero illud cum
Valerio Probo, Paulo Diacono j ( il falloit dire »
Petro Diacono ) Gr* aliis qui de numeris fcripferunty
editum inter grammaticos anticos. Cette édition eft
de W é k e l, in-40. de l’an 160 y.
E. ( Diplom. des chartes. ) On peut divifer les
différens é employés dans les infcriptions & dans
les chartes , en fept grandes fériés.
« L’antiquité latine n’a rien de plus ancien que
les Ede la I. grande férié 5ils font inclinés, i ° . vers
la gauche; 2°. vers la droite> 30. à traverfes, fur-
tout inférieures, horizontales 5 40. obliques j 5®.
courbées, particuliérement vers le haut; 6°. vers
le bas ; 70. fuivant. l’un Sz l’autre fens. La cinquième
fous-férié eft caraCtérifée par les prolongations de
la hafte, foit en deffus, foit en deffous , foit
en l’une ou' l’autre manière à la fois. Quelques E
de cette férié font moins anciens que les autres,
& ils étoient fort en ufage chez les efpagnols ,
aux V IL & VIII. fiècles.
Les E de la II. férié font réguliers, ou du moins
tranchent quelques-unes de leurs traverfes. Ceux
qui font à la tête des deux premières fous-féries
paffent le fécond fiècle ; les fuivans font plus
modernes, prefque en raifbn de leur rang. Première
fous-férié , terminés par des rondeurs ou
tranchées en talus ; deuxième, par des fommets
& des bafes ; troifième, irréguliers, fans être
moins anciens.
La III. divifion donne dans les anomalies les
plus extraordinaires. Il n’y en a de récentes que
dans la première fous-férié, ainfi que dans la quatrième
: les autres doivent être au moins reculées
jufqu’au moyen âge. Première fous-férié : E en F ;
deuxième, fans traverfes intérieures & fupérieures,
ôc quelquefois renverfés ; troifième , en I ; quatrième
, en H ou E long des grecs ; troifième j en
C quarré.
L ’é oncial & Ve minufcule, contenus dans
la IV. grande férié, peuvent être fuppofés def-
c en dus de l’E en forme d f , plus ou moins courbée ;
i° . en /courbée ; 2°. E onciaux ou ronds des
anciens tems.; 30. continués jufqu’au X II. fiecle,
avec des courbures particulières dans la traverfe
& autres parties ; 40. e minufcule? & curfîfs avant
le gothique.
La V* férié n’admet que des E femblables a
deux e , pofés l ’un fur l’autre.
La VI. eft toute entière livrée au gothique ;
i° . E en forme de B ordinaire; 2P. à-contre fens ;
30. Eplus ou moins en O , ouverts ou non, joints
a des C & traverfés horifontalement ; 40. en a
curfîfs, coupés par une traverfe. Plufieurs de ces
caractères appartiennent au XI. fiècle , nouvelle
preuve contre le P. Hardouin de l’antiquité de
Vé grec fermé quarrément; y°. fermés par une
ligne .droite, ou un peu concave en dehors ; 6°. en
D tranchés par le milieu ; 7 0. femblables à des D
contournés, ou à des a curfîfs, avec traverfe menée
de droite à gauche, & terminée dans la panfe ;
ces deux fous-féries font propres à l’Efpagne ;
8°. coupés par une perpendiculaire u n ie , du
moins à la traverfe ou en ovale.; 90. obliquement
traverfés; io°, terminés par une ligne doublement
courbe.
Nous ajoutons pour VII. férié, les e minuf-
cules gothiques des X IV . & X V I . fiècles. ( Nouv.
diplomat. t. II. p. 318. ) »
E A C É E S , fêtes & jeux folemnels qui fe cé-
lébroïent à Egine , en l’honneur d’Eaquè, ancien
roi de cette ifle. Les vainqueurs dépotaient dans
fon temple les couronnes de fleurs qu’ ils avoient
obtenues. ( Pindar. fckoliaft. nem. od. V I ).
E A CID E , nom qu’on donne fouvent à Achille
& à Pyrrhus fon fils, parce qu’ils defeendoient
d’Eacus. Paufanias remarque que prefque tous les
Eacides furent tués. On donnoit auffi ce nom à un
des fils de Pyrrhus & d’Andromaque. Voye^ A n -
PROMAqUE.
e a n o s . Voyei V o ile .
EANUS * Janus e’toit ainfi appelle, dit Ma-
crobe, ab eundo, parce qu’il va toujours, érant
pris pour le monde, ou le ciel qui tourne perpétuellement.
De-là vient, ajoute le même auteur,
que les phéniciens expriment cette divinité par
un dragon , qui fe tourne en cercle, & qui mord
& dévore fa queue, pour marquer que le monde
fe nourrit, fe foutient, & fe tourne en lui-même.
C’eft auffi pour la même raifon que les romains le
repréfentoient regardant de quatre-côtés. Il y avoit
à Rome des faliens, miniftres de Janus, & qu’en
appelloit auffi Eanis , du fur nom de Janus.
E A Q U E , fils de Jupiter & d’Egine, naquit
dans l’ifle d’Egine, dont il fut roi. La réputation
qu’il acquit d’être le prince le plus équitable de
fon temps, lui mérita chez les poètes une place
parmi les juges d’enfer, entre Minos & Kada-
manthe. Il fut chargé, dit-on , de juger les morts
de l’Europe. Etant le fruit d’une des infidélités
que Jupiter faifoit fouvent à Junon, cette déeffe
le perfécuta, comme les autres encans de fon
mari. Furieufe de voir le nom d’Egine fa rivale,
confacré^par la dénomination de l’ifle , à laquelle
on l’avoit donnée ,.s’ en vengea , en faifant périr
tous les peuples qui l’habitoient, par la pefte
la plus cruelle. Mais Jupiter répara ce mal par
le prodige dont on parlera au mot Myrmidons.
Ce qui augmenta la réputation de çe prince,,
c’ eft que l’Afrique étant affligée d’une grande
féchereffe , on recourut à l’oracle, qui répondit
que ce fléau cefferoit dès- que Eaque deviendroit
l’interceffeur de la Grèce. C e prince offrit des
facrifices à Jupiter, & il furvint une grande abondance
de pluie. Les éginètes, pour conferver la
mémoire de cet évènement ,qui faifoit tant d’honneur
à leur prince, élevèrent un monument nommé
Véacée 3 où étoient les ftatues de tous les députés
de la Grèce , qui vinrent pour ce fujet dans leur
ifle. Les athéniens fe préparant à une expédition
■ contre Egine > dont les habitaris ravageoient les
côtes de l’Attique > envoyèrent à Delphes con-
fulter l’oracle fur le fuccès de leur ent'reprife.
Apollon les menaça d’une ruine entière , dit Hérodote
, s’ ils faifoient la guerre aux éginètes plutôt
que dans trente ans; mais ces trente anspafles,
ils n’avoient qu’ à bâtir un temple à Eaque, &
entreprendre la guerre , & alors tout leur devoit
réuffir. Les athéniens qui brûloient d’envie de fe
venger , coupèrent l’oracle par la moitié : ils n’y
j déférèrent qu’en ce qui regardoitle temple d" Eaque 3
& ils le bâtirent fans retardement ; mais pour
les trente ans, ils s’en moquèrent ; ils allèrent
auffi-tôt attaquer Egine , & eurent tout l’avantage.
Eaque eut deux femmes, premièrement En-
déide ou Endéïs, dont il eut Pé^ée & Télamon.
Il la répudia pour époufer Pfammathé , l’une
des Néréides, dont il eut Phocus. Voyei A so p e ,