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c elîes des grecs. Denys d'Halicarnafle raconte
comment Horace fut exp ié, pour avoir tué fa
foeur. « Après qu'Horace fut abfous du crime de
*> parricide, le r o i, qui ne crut pas que, dans 33 une ville qui faifoic profefliot) de craindre les 33 dieux, le jugement des hommes fuffît pour 33 abfoudre un criminel , fit venir les pontifes,
v & voulut qu'ils appaifalTent les dieux & les 33 génies, & que le coupable pafiât par toutes
*» les épreuves qui étoient en ufage pour expier 33 les crimes où la volonté n'avoit point eu de
« part. Les pontifes élevèrent donc deux autels j 33 l un à Junon , protectrice des foeurs ; l'autre 33 au génie du pays : on offrit fur ces autels plu-
33 fieurs facrifices à*expiation , après lefquèls on
» fit pafler le coupable fous le joug ».
Expiation pour les villes & pour les lieux particuliers.
11 y avoit, dans le calendrier romain 3
des jours, marqués pour Y expiation de la ville de
Rome : c'étoit le cinq de février 3 où l'on im-
moloit pour cela les victimes amburbiales. Outre
cette fête annuelle, il y en avoir une qui reve-
noit tous les cinq ans 5 & c'eft du mot lufirare3
expier, qu'on donnoit le nom de luftre à un
efpace de cinq ans. Voye% A m b a r v a l e s ,
C o MPIT ALE S.
Expiation des armées. V o y e i Armilustres.
Expiation pour les temples & pour les lieux
facrés. Si quelque criminel entroit dans un lieu
facré ^ le jieu étoit profané j il falloir Yexpier.
CEdipe , exilé dç fon pays , alla par hafard vers
Athènes, & s’arrêta à Colone, près du temple
des euménides , dans un bois facré : les habitans
lâchant qu'il étoit criminel, l'obligèrent défaire
les. expiations néceffaires. Ces expiations confif-
toient à faire des libations d'eau tirée de trois
fourecs, à couronner des coupes facrées de bandelettes
de laine récemment enlevée de la toifon
d ’une jeune brebis, à répandre de l’eau pure,
& non du v in , à verfer entièrement & d’un
feul jet la dernière libation, le tout enfournant
le vifage vers le foleil > enfin, il falloit offrir trois
fois neuf branches d’olivier (nombre myftérieux ) ,
en prononçant une prière aux euménides. OEdipe,
que fon état rendoit incapable de faire une pa-
reillè cérémonie, en chargea Ifmène fa fille.
Outre ces expiations, il y en avoit encore
pour être initiés aux grands & petits myllères
d’Éleufis, à ceux deMythra, aux Orgies , &c.
il y en avoit pour toutes les actions de la vie
un peu importantes : les.noces, les funérailles,
les voyages étoient précédés ou fuivis expiation.
Tout ce qui étoit réputé de mauvais augure,
la rencontre d’une belette, d'un corbeau ou d'un
liè vre , un orage imprévu, un fonge, & mille
autres accidens obligeoient de recourir aux expiations.
E X P
E X P L IC A T IO N des monumens. Il exifte beaucoup
de morceaux antiques, en marbre meme ,
qu'on ne peut expliquer d’une manière fatisfai-
fante, ou parce qu’ils font le fruit de l’imagination
bifarre de quelque arcifte , ou parce que
les faits & les traditions auxquels ils étoient relatifs
, font entièrement oubliés. Chez les anciens
grecs , la lignification de plufieurs figures fym-
boliques étoit déjà perdue. Paufanias avoue qu'il
ignore ce que vouloient dire les éthiopiens placés
fur la coupe de Néméfis,' cifelée par Phidias >
& pour quelle raifon Théognète portoit en main
une grenade & une pomme de pin. Ces exemples
dpivent rendre très-réfervés dans l’explication
des anciens monumens, les modernes qui
manquent plus certainement de lumière fur cet
objet que Paufanias.
E X P L IC I T de Pfalmo L X X X . I n c i p i t de
Pfalmo L X X X I . Ces formules en pleine capitale
j & qui annoncent la fin d’une pièce ou d’un
livre, & le commencement d’ un autre , font
fréquentes dans les anciens manuferits. Le mot
explicit 3 placé à la fin d’ un ouvrage , eft. peu-
latin : ce h* eft que l’abrégé d'explicitas , pour dire
Jermo 3 ou liber abfolutus. Martial a dit en ce
fens : verfibus explicitum eft omne duobus opus. Le
même poète dit encore : explicitum nobis ufque
ad fua cornua librum , & quaft jjerlcEtum > fep-
ticiane, refers. C'étoit un ufage ordinaire au
temps de St. Jérôme, d'employer les mots explicit
ou féliciter 3 ou quelqu'autre mot femblable,
pour marquer la fin d'un ouvrage, & pour le
diftinguer du fuivant. On trouve dans les jurif-
confultes : explicitus eft articulas. Cette formule
qui convenoit aux livres en forme de rouleaux ,
a paffé en ufage pour les livres compofés de cahiers
reliés enfemble.
E X P L O D E R E 3 frapper le théâtre avec les
pieds, pour marquer la mefure du rythme.
EXPOSITION des enfans. Cette coutume
barbare étoit répandue dans toute la Grèce,
excepté à Thèbes-, où une loi très-expreffe l'avoit
abolie. Les grecs expofoient les enfans qu'ils ne
vouloient pas nourrir, avec des marques, habits,
joyaux, & c . , qui fervoient à les faire connoître
dans la fuite. C'eft ordinairement le noeud de
leurs comédies.
Les grecs expofoient leurs enfans dans les carrefours.
Les romains fur le rivage des fleuves,
à l'entrée des cloaques, ou près de la colonne
laciaria , ou du b a {fin creirfé dans le Vélabre.
Les empereurs chrétiens défendirent fous des peines
très-graves, d’expofer les enfans.
E X S E R T U S , expreflion quidéfignoit chez les
romains un homme fans tunique , vêtu de la toge
feule, & ayant l’épaule droite & le bras droit
dégagés de la toge^
E X T
E X S U P E R A N T1S S IM U S (Jupiter).
Ou connoît une infeription dans laquelle Jupiter
porte ce nom,
i . o . M.
S y M M o
E X S V P E R A N
T I S S I M O.
Cette épithète a été imaginée pour rendre toute
la force du grec vretwirtpreiroc. C e Jupiter eft repréfenté
fur une pierre gravée du duc.d Orléans ,
avec de la barbe, une robe longue , le modius
fur la tê te , une corne d'abondance à la main
gauche , & tenant de la droite une patère , fur
laquelle eft pofé' un papillon. La Chauffe a pris
cef emblème pour un facrifice ^offert a 1 ame d un
mort. Mais il faut y reccnnoître Jupiter exfupe-^
rantijftmus. Il étoit repréfenté fur un^ bas-relief
du commandeur del Po%%o, avec les memes attri-
but$ > mais fans modius 3 & avec un diademe qui
s’élevoit en pointe. Spanheim , dans les Cefars
de Julien, a fait d’ utiles remarques fur l’épithète
d'éxfuperantijfimus. Il eft tresrrare aurefte,
de voir Jupiter avec la corne d.abondance.
EXTISP ICE S ; on donnoit aux arufpices ce
nom, qui eft compofé de deux mots latins » exta3
entrailles, & infpicere,-confidérer. Il y avoit en
Grèce deux familles célèbres dans l’art des Extif-
pices 3 les Iamides & lesClytydes. Les étrufques
reçurent cet art des pélafges ou anciens grecs,
& ils le tranfmirent aux romains.
E X V 621
Ôn en voit un repréfenté fur un bas-relier
de la ville Borghèfe, publié par Winckelmann ,
dans fes monumenti, n°. 83.
E X T R A O R D IN A IR E , f. m. Les romains
avoient un corps de troupes, compofé de cavalerie
& d’infanterie, qu'on appelloit les extraordinaires.
Ils campoient communément près de la
tente du général, pour être plus a portée d'exécuter
fes ordres. On les nommoit ainfi, parce
qu'ils campoient extra ordinem du relie des trou-
■ pes. C ’eft de là que vinrent les prétoriens. Il y
; avoit aufli dans le camp des romains une porte ap-
pellée la porte extraordinaire. On croit qu’ elle le
qommoit ainfi , parce qu'elle étoit près de l'endroit
où campoient les extraordinaires , & qu'elle
étoit la même que la prétorienne, Yoifine du
prétoire, ou de la tente du général.
EXVERRÆ. Voyei Éverriateur.
E X - V O T O ; on appelle les offrandes pro-'
mifes par un voeu , des ex-voto, expreflion latine
quel’ufage a fait pafler dans notre langue. Les anciens
nous ont en ce point fervi d’exemple : ils
ornoient leurs temples de tableaux, qu'ils âppelloient
tabelU votive•............. Ces tableaux étoient
aufli nommés ex-vçto, parce que la plupart étoient
accompagnés d'une infeription qui finiffoit par
ces mots, ex-voto , pour marquer ou que le donateur
s'acquittoit de la promeffe qu’il avoit faite
à quelque divinité dans un extrême danger, ou
pour rendre public un bienfait reçu de la bonté
des dieux , en général ou en particulier. Jacques
Philippe Thomaflin a fait un traité n s T abules
v o t i v e s ,