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Tous ces chiens font des métis {impies , 6c
•viennent du mélange de deux races pures ; mais
il y a encore d’autres chiens qu’on pourroit appel- 1er doubles-métis ; parce qu’ils viennent du mélange
d’une race pure 6c d’une race déjà mêlée ; tels font :
Le roquet, qui vient du doguin & du petit danois.
Le chien d’Alicante, qui vient du doguin 6c du
petit épagneul.
Le chien de Malte ou bichon , qui vient du petit
épagneul Sc du petit barbet.
Enfin , il y a des chiens qu’on pourroit appeller
triples métis, parce qu’ils viennent, du mélange de
deux races déjà mêlées toutes, deux : tel eft le chien
d'Artois, {(fois ou quatre-vingt , qui vient du doguin
& du roquet; tels font encore les chiens
que l’on appelle vulgairement chiens des rues , qui
reffemblent à tous les chiens en général , fans
reflembler à aucun en particulier ,. parce qu’ils
proviennent du mélange de races déjà plufieurs
fois mêlées.
Le dogue d’Angleterre, celui de forte race , &
le doguin , ont le nez fi court, qu’ils ont peu
d’odorat. Il paroft aufli que la fineffe de l’odorat
dans les chiens dépend de la groffeur plus qué de
la longueur du mufeau ; car le lévrier, le mâtin
& le grand danois,-qui ont le mufeau fort alongé ,
ont beaucoup moins de nez que le chien courant,
le braque & le ballet, 6ç même que l’épagneul
6c le. barbet, qui ont tous, à proportion de leur
taille , le mufeau moins long, mais plus gros, que
les premiers., • .
Rien de plus oppofé, fans doute, que le naturel
du chien Si celui du loup ; d’une part, familiarité
, intelligence, attachement admirables :
de l’autre , inftinér fauvage & cruauté farouche,
que rien ne peut adoucir, apprivoifer, ni dompter :
-nulle antipathié, même plus violente Sc 'plus marquée
que celle qui régné conftamment entre cés deux
'animaux ; néanmoins, le loup & lé chien, fi diffé-
rens par les qualités morales , font entièrement &
exa&ement femblables dans toute leur organifation
phyfique , au point que s’ils ne produifent pas
enfemble, c’eff beaucoup plus la difficulté des rencontres
, le fentiment antipathique & la haine invétérée
qui les en empêche , qu’aucune difproportion
ou différence organique. Cependant, cette opposition
du naturel paroiffoit à plufieurs Naturaliftes fi
caraélériftique & fi puiffante , qu’ils avoient jugé
l’union impoffible ou du moins infruélueufe ; &
des effais dirigés avec toutes fortes de foins ,
fous les yeux de M. le Comte de Buffon ,
étoient, en- effet, reftés inutiles ; mais le hazard ,
fouvent plus heureux que les tentatives, a fait
éclorre cette race métive , & réfolu le problème.
C’eft cheï M.. le Marquis de Spontin - jBeaufort
que font nés ces, loups-chiens, d’une louve habituée
de jeuneffe dans la baffe-cour avec un chien
avec lequel , l’antipathie vaincue, elle avoit fini
par s’affeélionner.
Les Grecs favoient que l’efpèce du loup &
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celle du chien pouvoient s’allier 6c produire en-
lemble , & ils avoient donné le nom de crocotte
au métis né de leur accouplement. Il eft vrai
qu’ils avoient, félon leur coutume , chargé de
tables l’hiftoire du crocotte ; mais il n’en- réfulte
pas moins qu’ils avoient eu la corinoiffance d’un
fait dont la tradition s’étoit perdue pour nos Naturaliftes
modernes.
Du refte, ces loups-chiens, dont la race a .été
envoyée à M. de buffon , qui en obferve les
dég radations & les. nuances én la croifant., pa-
roiffent , aù. premier afp e 61, être beaucoup plus
loups que chiens ; 6c les fignes du naturel intérieur
ne démentent point cette apparence ; ils font fau-
vages , craintifs 6c farouches; ils hurlent plus qu’ils
n’aboient ; & fi , de cette alliance, entre les efpèces
du loup Sc du chien , on vouloit conclure leur
identité originaire , ( ce qui néanmoins feroit
étendre la cpnclufion au-delà de ce que le fait
nous préfente ) , il faudroit avouer que cette origine
eft prodigieufement éloignée , Sc croire que
l’éducatiop , le difputant à la nature , auroit ici
créé en quelque forte une efpèce, puifque c’eft
une véritable création dans l’ordrè des êtres
que de donner à l’un d’eux un naturel nouveau
Sc entièrement oppofé à celui dont il étoitdoué,
& tel que celui du; chien, comparé à celui du
loup , fi enfin il eft vrai que le loup foit le chien
de la Nature.
C h ie n - c r a b e . Voye^ C r a b ie r .
C h ie n -v o l a n t , de la Nouvelle Efpagne, eft le
vampire, très-grande chauve-fouris. E V a m p ir e .
CHIENGTUENDEN, en Perfe, rhinocéros.
Voyei ce mot.
CHINCHE ( l e ) , eft la troifième efpèce du
genre des mouffettes : il eft blanc fur le dos &,noir
fur les flancs, avec la tête toute noire , à {’exception
d’une bande blanche, qui s’étend depuis le
chignon jufqu’au chanfrein;il a les oreilles larges
6c prefque femblables à celles de l’homme ; les
cartilages qui les compofent ont leurs bords ren-
verfés en-dedans, leurs lobes ou parties inférieures
pendent un peu en-bas, Sc toute la dif-
pofition de fes oreilles marque que cet animal a
lé fens de l’ouie fort délicat; fa queue eft très-
touffue, & fournie de très-longs, poils blancs,
mêlés de noir. Voye% M o u f f e t t e Sc C o a s e .
Le cliincille, d’Acofta, qui fe trouve au Pérou,
paroît être le même animal que le chinche s qui
ne fe rencontre que dans les climats les plus chauds
de l’Amérique méridionale.
CHINCHIN, en Tartarie, pithèque, efpèce de
finge fans queue. Voye£ P it h è q u e .
CHINCILLE, d’Acofta. Voyeç C hinche.
CHIRI, au Malabar, eft la Mangoufte. Voyeç
M a n g o u s t e .
CHOAG-KAMA, au cap deBonne-Efpérance,
papiorf,, efpèce de babouin. Voyeç P a p i o n .
CHUCHIE, dans quelques endroits de l’Amérique
, eft le pécari, Voye£ PÉCARI.
CHUCIA ou CHIURCA, de Cardan, eft le
farigue. Voyeç S a r ig u e .
CHULON ou CHELASON, eft le nom du
lynx ou loup-cervier , en Tâttarie.
CIR.QUINÇON, tatou à dix-huit bandes.
^yq-TATOUX.
CITLI, de Fernandez , paroît être le même
animal que le tapeti de Marcgrave. Voyeç T a p e t i .
CIVETTE ( la ) , appellée par quelques - uns
chat tnufquê , n’a rien de commun avec le chat que
l’agilité, & reffembleroit plutôt au renard, fur-
tout par.la tête ; elle a la robe marquée de bandes
6c de taches, ce qui l’a fait prendre aufli quelquefois
pour une petite panthère ; mais ce qui carac-
térife la civette , c’eft qu’elle a auprès des parties
de la génération une ouverture dans laquelle fe
trouve une liqueur odorante, une humeur épaiffe,
d’une confiftance femblable à celle des pommades,
& dont le parfum , quoique très-fort, eft agréable
au fortir même du corps de l’animal.
Ce-parfum, bien différent du mufc, eft fi fort
qu’il fe communique à toutes les parties du corps
de la civette ; le poil en eft imbu Sc la peau pénétrée
, au point que l’odeur s’en conferve longtemps
après la mort de l’animal, &. que vivant
l’on ne peut en foutenir la violence, fur-tout fi
le lieu eft renfermé.
Pour recueillir ce parfum, on met la civette
dans une cage étroite où elle ne peut fe tourner;
on ouvre la cage par le bout, on tire, l’animal par
la queue , & on le contraint de demeurer dans
cette fituation en mettant un bâton en travers des
barreaux de la cage , au moyen duquel on lui
gêne les jambes de derrière , enfuite on fait entrer
une petite cuillier dans le fac qui contient le par- .
fum ; on racle exaélement toutes les parois inté-, j
rieures de ce fac , & on met la matière qu’on j
en tire dans un vafe qu’on couvre avec foin. 1
Cette opération fe répète deux ou trois fois par !
femaine. La quantité de l’humeur odorante dé-
pend beaucoup de la qualité de la nourriture &
de l’appétit de l’animal ; il en rend d’autant plus ,
qu’il eft mieux 6c plus délicatement nourri. De
la chair crue Sc hachée, des oeufs, du riz, de
petits animaux, dès oifeaux , de la jeune volaille,
& fur-tout du poiffon, font les mets qu’il faut
lui offrir., 6c varier de manière à entretenir fa
-tenté Sc exciter fon goût.
Le réfervôir qui contient la liqueur odorante
de la civette, eft au-deffous de l’anus, & au-deflus
d’un autre orifice, fi femblable dans les deux,
îexes, que fans la diffeélion foutes les civettes pour-
roientparoître femelles. Comme on a remarqué que
tes civettes font incommodées de cette liqueur ,
quand les vaiffeaux qui la contiennent en font
trop pleins , on Aleur a aufli trouvé des mufcles
dont elles fe fervent pour comprimer ces vâif-
feaux &. là faire fortir. Quoiqu’elle foit en plus
grande quantité dans ces réfervoirs & qu’elle s’y
perfeélionne mieux, il y a lieu de croire qu’elle
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fe répand aufli en fueur par toute la peau ; en
effet, Je poil des civettes fent bon , &. particulièrement
celui du mâle.
Les civettes font naturellement farouches, 6c
même un peu féroces; cependant on les appri-
voife aifément, au moins affez pour les appro-?
cher 6c les manier fans grand danger : elles ont
les dents fortes & tranchantes, mais leurs ongles
font foibles & émouffés ; elles font agiles Sc meme
légères , quoique leur corps foit affez épais ; elles
fautent comme les chats Sc peuvent aufli courir
comme les chiens ; leurs yeux brillent la nuit,
& il eft à croire qu’elles voient dans l’obfcurité ;
lorfque les petits animaux ,■ oifeaux , volailles
leur manquent, elles mangent des racices Sc des
fruits; elles boivent peu 6c n’habitent pas dans
les terres humides , elles fe tiennent volontiers
dans les fables brulans 6c dans les montagnes arides.
Les civettes produifent en affez grand nombre
dans leur climat 6c non ailleurs. Quoiqu’origi-
naires des contrées les plus chaudes de l’Afrique
6c de l’Afie , elles peuvent cependant vivre dans
les pays tempérés , 6c même froids, pourvu qu’on
les défende avec foin des injures de l’air qu’on,
leur donne des alimens fucculens 6c choifis ; on
en nourrit un affez grand nombre en Hollande où l’on fait commerce de leur parfum. La civette
( parfum ) , faite à Amfterdam , eft préférée à celle
qui vient du Levant ou des Indes, qui eft ordinairement
moins pure : celle qu’on tire de Guinée
feroit la meilleure de toutes, fi les Nègres, ainfi
que les Indiens 6c les Lévantins, ne le falfifioient
en y mêlant des fucs de végétaux, comme du ftorax
& autres drogues balfamiques Sc odoriférentes.
Au refte, on ne fait plus guère à préfent ufage
de ce parfum , que l’on appelle en françois civette
comme l’animal, 6c çibet ou algallia , en Arabie ,
aux ‘Indes & dans le Levant, où l’on en fait une
plus grande confommation qu’en Europe.
L’efpèce qui fournit en Afie ce parfum, eft un peu
différente de la civette que nous venons de décrire ,
6c cette efpèce eft celle du iftbet. Il eft vrai que
la civette 6c le zibet ont entr’eux des rapports effen-
tiels de confohnation , tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur: cependant ils diffèrent l’un de l’autre
par un affez grand nombre d’autres cara&ères pour
qu’on puifle les regarder comme faifant deux efpèces
différentes.; car outre les différences qui fe trouvent
dans les parties intérieures de ces animaux,
& dans la ftruéhire des réfervoirs qui contiennent
leur parfum, ils diffèrent encore à . l’extérieur ,
en ce que la civette a la taille plus courte &. plus
épaiffe que le zibet, le mufeau moins long , plus
gros & un peu convexe , la queue moins longue ,
6c tachée plus foiblement, le poil plus long 6c
moins doux , les joues & le deffous des yeux noirs,
avec une crinière de longs poils fur le cou 6c le
long de l’épine du dos. Au refte , ces animaux ont
à-peu-près les mêmes habitudes naturelles. Voyez
Z ib e t .
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